Sérigraphie, impression numérique connexe & Labeur : comment acter de la fusion des conventions collectives ?

En application des dispositions de l’article L2261-32 du code du travail, les pouvoirs publics ont procédé à la fusion de la convention collective des industries de la sérigraphie et des procédés d’impression numérique connexes (IDCC 614), avec la convention nationale de l’imprimerie de Labeur et des industries graphiques (IDCC 184). Un rattachement devenu opérant le 1er février 2024, généralisant de fait sur les bulletins de salaire le code d’identification CCN 0184.

Si la convention collective de la sérigraphie et des procédés d’impression numériques connexes ressemble pour l’essentiel de ses dispositions à celle du Labeur, la classification des emplois, la structuration d’une couverture de prévoyance collective et – dans certains cas – les aspects Formation (certificats de qualification et diplômes notamment), nécessitent quelques ajustements. De façon à faciliter le basculement, il a ainsi été décidé :

– Que les entreprises relevant de l’ex-champ de la sérigraphie n’auraient pas, au titre de l’année 2024, à contribuer aux collectes conventionnelles IDCC 184.
– Que la politique salariale portant sur les minimas conventionnels devait être repensée pour tenir compte des spécificités des industries créatives.
– Que nous devions construire des emplois repères dédiés à la spécificité des sérigraphes et imprimeurs numériques grand format, jusque sur les fonctions support. Un travail qui relève d’une phase d’accompagnement des entreprises sur des classifications encore sujettes à réflexion, au vu des demandes qui parviennent à l’UNIIC.
– De proposer une couverture de prévoyance collective, sous l’égide du Groupe Lourmel, dédiée à la spécificité des métiers anciennement rattachés à l’IDCC 614.

Nos services sont mobilisés pour vous accompagner sur ces sujets, n’hésitez pas à vous rapprocher de nous.

Huiles minérales – où en est-on ?

Indésirables dans le packaging alimentaire, les hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH) sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens cancérigènes. Exclues à cette fin des procédés d’impression d’emballage, ces MOAH demeuraient toutefois potentiellement présentes dans les encres offset (heatset et coldset), risquant de contaminer les packagings (primaires et secondaires) recyclés.
Sur demande de la DGPR, un groupe de travail lancé par Citeo avec les différentes parties prenantes, a vu l’UNIIC s’engager, depuis 2017, à travailler sur des encres alternatives : les imprimeurs et acteurs amont/aval (producteurs d’encres, fournisseurs et transformateurs d’emballages, éditeurs, industriels de recyclage etc.) ont ainsi travaillé sur des solutions alternatives techniquement disponibles et économiquement supportables. Depuis 2022, de nouvelles formulations ont résulté de ces travaux, avec un taux d’appropriation de 97 % par les industriels français. Mais, comme nous le mentionnions avec la FIPEC dans un communiqué commun en décembre 2022, “l’arrêté du 13 avril 2022 précisant les substances contenues dans les huiles minérales dont l’utilisation est interdite sur les emballages et pour les impressions à destination du public (…) provoque une déstabilisation de toute la filière puisque les modalités de contrôle rendent impossible la mise en œuvre de la loi : toutes les encres, dont les encres à base végétale, seront de fait interdites, à échéance 2025, sur le marché français, si les seuils limites restent sous les capacités de détection de l’industrie et des laboratoires.

Travaillant tant auprès de l’Etat que de l’ANSES, l’UNIIC poursuit son travail d’information, en portant notamment à la connaissance de nos interlocuteurs les réalités suivantes :

– Limiter les contaminations de MOAH à la source via une réglementation française apparaît d’autant plus inenvisageable que les flux de matières imprimées sont à minima européens, voire mondiaux. La traçabilité des papiers récupérés – lesquels sont envoyés par balles à l’étranger pour une production recyclée qui n’existe, hélas, quasiment plus en France – est ainsi en l’état impossible à assurer. L’autre solution, qui consisterait à revoir le schéma de collecte des déchets pour éviter tout mélange problématique, se heurte (entre autres) au fait que ce sont les collectivités elles-mêmes qui en déterminent les propriétés de façon indépendante et – donc – hétérogène.
Où effectue-t-on les contrôles ? Si ce sont les encres d’imprimerie qui ont concentré l’attention du législateur, les dérivés d’huiles minérales – à l’état de traces – peuvent tout à fait provenir du substrat lui-même, des colles & adhésifs ou d’une contamination croisée via les aliments eux-mêmes. Elles peuvent également être présentes dans les camions et conteneurs dédiés à assurer le transport des marchandises imprimées.
– Si le secteur s’est déjà attaché à produire de nouvelles formulations d’encres largement exemptes de dérivés d’huiles minérales, aller plus loin – jusqu’à en éliminer toute trace – suppose des travaux d’identification des problématiques, puis de recherche & développement, qui nécessitent 3 à 5 ans de travail supplémentaire. Un temps qui nous met déjà hors-délai vis-à-vis de la règlementation, telle que définie à ce jour.

Pour rappel, la nouvelle législation relative aux seuils maximum tolérés de dérivés d’huiles minérales dans les produits imprimés est appelée à s’appliquer au 1er janvier 2025.

 

Quid de la place des femmes dans les Industries Graphiques ?

A l’initiative de la CCFI, une conférence dont le sujet – sensible – apparaît à la fois dans l’air du temps, tout en étant très inhabituel dans le paysage thématique des Industries Graphiques. Et s’il était temps de se poser la question de la place des femmes dans les métiers de l’impression ?

Dans la continuité des travaux qui interrogent l’attractivité de nos métiers, leur féminisation apparaît comme un nécessaire axe de progrès. « Idéalement, nous avons besoin de tous les profils. C’est en soi une bonne raison de se demander si les femmes sont favorablement accueillies » résumait Marion Meekel (CCFI) en ouverture des débats. Car personne ne nie d’évidentes réalités : notre industrie manque de bras, les difficultés de recrutement dont témoignent les chefs d’entreprises en font largement état. Par ailleurs, la diversité des profils est effectivement un atout, les besoins en ateliers ramenant de moins en moins à des stéréotypes de genres – qu’il faudra dépasser pour de bon – supposant qu’il faille être grand et fort pour supporter la pénibilité supposée des tâches. S’il s’agit déjà là d’une idée reçue que le secteur s’attache à combattre pour redorer son attractivité, elle tend encore (de moins en moins, heureusement) à éloigner les femmes des métiers de la production.

On compte 34 % de femmes et 66 % d’hommes dans les effectifs du Labeur en France.

Les femmes se sont déjà historiquement imposées dans l’imprimerie

« La présence des femmes dans les imprimeries est avérée dès le XVIème siècle » souligne Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie du musée de l’imprimerie de Lyon. « Il était toutefois beaucoup plus difficile pour elles de s’imposer en tant que femmes dans les ateliers » précise-t-elle sans surprise, rappelant à ce titre que celles-ci étaient donc d’autant plus méritantes. La cohabitation n’a ainsi pas toujours été sans heurts, au point qu’une grève éclata au XIXème siècle pour s’opposer à leur embauche en ateliers, certains hommes n’appréciant pas que cette main d’œuvre moins bien payée obtienne les faveurs de chefs d’entreprises qui « les trouvaient souvent plus habiles dans les métiers de la typographie ». Si la Justice tranchera en faveur des femmes sur ce conflit, elles ne pouvaient toutefois à l’époque pas travailler de nuit. Et aujourd’hui ? « On compte 34 % de femmes et 66 % d’hommes dans les effectifs du Labeur en France » indique Pierre Barki, Président de Culture Papier et à la tête de Barki Agency. Un ratio inférieur à celui de l’Industrie en général, puisque la parité – même si elle cache encore des assignations à des postes particuliers, en fonction du genre – est quasi-atteinte : les femmes occupent en effet 48 % des postes en Industrie. Quant aux salaires, les femmes sont en moyenne rétribuées à 13 % de moins que les hommes, en raison d’une légère surreprésentation de ces dernières dans les catégories ouvrières.

En fin d’année 2022 a eu lieu la présentation du guide pour favoriser la mixité dans les métiers de l’industrie de l’imprimerie et de la communication graphique. Ce guide a vocation à sensibiliser le grand public et les entreprises sur la mixité au sein du personnel des industries tout en répondant concrètement aux différents préjugés de la branche. L’UNIIC HAUTS-DE-FRANCE, MARNE ET ARDENNES est partenaire et solidaire de cette action, initiée par l’AMIGRAF, le CORIF, le Département du Nord et la Région Hauts-de-France. Pour obtenir le guide, complétez le formulaire suivant.

La peur de s’exprimer encore ancrée

« Il a été très difficile de faire parler de jeunes professionnelles. La peur d’un préjudice dans l’exercice de leur fonction est très net » pose pour premier constat Isabelle Erb-Polouchine, vice-présidente de la CCFI. Un questionnaire sur les comportements sexistes vécus ou constatés en entreprises, avec toutes les conséquences qui peuvent y être liées, a en effet vu la CCFI obtenir 150 réponses : destiné prioritairement aux jeunes entrants (avec 52 % d’hommes ce qui est une indication en soi), lesdites réponses traduisent l’existence persistante de discriminations à l’embauche, de comportements problématiques (remarques déplacées, harcèlement etc.), de critiques plus dures à l’attention des femmes, de surreprésentation féminine dans les bureaux de fabrication ou encore de rémunération négociées à la baisse. « Seuls 10 % des répondants estiment que tous ces problèmes sont derrière nous » synthétise Isabelle Erb-Polouchine, comme pour nous exhorter à ne pas relâcher l’effort et rester vigilant. Si Virginie Hamm-Boulard, directrice de Brodard & Taupin (groupe CPI), témoigne d’une trajectoire professionnelle plutôt sereine où la bienveillance a toujours primé, elle le reconnaît : « J’ai commencé avec un statut cadre et c’est probablement ce qui m’a protégée », elle qui ne compte que « 17 % de femmes » dans son effectif et dont le bagage technique lui aura épargné les jugements suspicieux. De là à dire que tout fut rose… « Dans les années 90, on m’a reproché un management trop… féminin. On a jugé que je manquais de fermeté » ajoute-t-elle, s’agissant ici de stéréotypes de genre qui, bien que sur le reculoir, ont encore aujourd’hui la dent dure.

Les femmes qui ont ‘réussi’ ont dû, plus que les hommes, ‘faire leurs preuves’, imposer leur vision et, davantage que leurs homologues masculins, faire la démonstration qu’elles méritaient d’être là.

Pour une meilleure inclusivité, lutter contre les stéréotypes de genres

Les stéréotypes de genre ont cela de problématique qu’ils prennent souvent les traits de maladresses involontaires, drapés dans des « compliments » qui se veulent bienveillants. Dire des femmes qu’elles sont plus douces et meilleures intermédiaires que les hommes avec les clients, fait à ce titre figure d’exemple particulièrement parlant. De ces comportements anodins – souvent acceptés pour ne pas générer de conflits – découlent des catégorisations dont les écueils sont plus concrets, en cela qu’ils se traduisent en inégalités de traitement mesurables. « La RSE couvre un très large champ de thématiques. L’enjeu 7 du label Print’Ethic a ainsi pour but de faire un bilan chiffré, en se basant sur l’index Egapro » souligne Valérie Bobin-Ciekala (Responsable RSE chez Ambition Graphique, créatrice du label Print’Ethic), soit, entre autres : calculer et publier les écarts éventuels de représentation entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants, estimer déjà leur simple capacité à y accéder, notamment par le biais de la formation. Une mise à plat nécessaire, alors que les témoignages recueillis par la CCFI font état d’un constat assez clair : les femmes qui ont ‘réussi’ ont dû, plus que les hommes, ‘faire leurs preuves’, imposer leur vision et, davantage que leurs homologues masculins, faire la démonstration qu’elles méritaient d’être là. Lorsque Larisa Chatelet, artiste typographe (imprimerie Laville) fait le récit d’une trajectoire qui l’a vue passer des Beaux-Arts aux ateliers d’impression, sans formation technique et – qui plus est – sans parler couramment le français à ses débuts, l’on se doute que le basculement n’a pas été évident. « J’ai été bien accueillie, mais j’ai dû me faire ma place et il a fallu du temps pour que j’impose ma vision » confirme-t-elle, persuadée que « quand on a un profil artistique, on a des idées, y compris dans les domaines techniques liés à la fabrication ». Une ouverture qui a par ailleurs ses mérites, puisque se tourner vers des profils atypiques permet certainement de donner leur chance à des visions neuves, dénuées d’idées préconçues et bénéficiant d’un recul précieux. C’est en tout cas le constat fait par l’imprimerie Laville, qui décrit l’apport de Larisa Chatelet comme une véritable plus-value d’entreprise.

Voir le résumé de la CCFI

Demander le guide de l’UNIIC Hauts-de France

Oui Pub – La messe n’est pas dite

Plusieurs questions nous parviennent sur le devenir de l’expérimentation Oui Pub, qui doit s’achever le 30 avril 2025, après avoir été mise en place dans 14 localités. Explications.

L’UNIIC participe au Comité de Pilotage ‘Oui Pub’, une implication qui court depuis 2020, aux côtés notamment de la Fédération du Commerce Associé (FCA), la Copacel, les acteurs de la distribution (Mediapost et Milee), les grandes enseignes alimentaires, l’Ademe, l’Inspection Générale de l’Emploi et du Développement Durable (IGEDD), des représentants des localités engagées etc. L’objectif : dresser des constats intermédiaires, quantifier de premiers effets, mettre le doigt sur des points de dissension et, le cas échéant, faire entendre nos réserves.

L’UNIIC est intervenue pour souligner différents points (conséquences socioéconomiques attachées au secteur élargi de l’imprimerie, manquements apparents de l’expérimentation etc.). Pour ce faire, nous avons adressé un questionnaire à des imprimeurs directement positionnés sur ces marchés, pour quantifier au mieux les effets de l’expérimentation sur les profils les plus exposés. Etant entendu que les conséquences en sont étendues en cascade, les marchés de la publicité s’en trouvant reconfigurés au-delà des zones-test, affectant l’activité dans son entier.

A ce stade, plusieurs points majeurs sont à souligner :

–              Le taux d’apposition Oui Pub – très irrégulier selon les localités considérées – souligne combien tout le monde n’a pas joué le jeu d’une communication transparente. Quasi-nul dans certaines zones, proche des 50 % dans d’autres : tel différentiel ne semble pouvoir être expliqué que par le fait que l’existence même d’un Oui Pub n’a pas été portée à la connaissance de tous les usagers, dont une part importante ignore toujours qu’elle se trouve en zone d’expérimentation. De son côté, Mediapost indique renoncer à servir les boites aux lettres, en dessous d’un taux d’apposition de 30 %.

–              L’UNIIC s’investit pour alimenter les pouvoirs publics sur la quantification et la qualification des conséquences économiques et sociales de l’expérimentation. C’est dans ce contexte que nous surveillerons avec attention l’indicateur 2, qui porte sur le volume de la production et la diffusion estimées des IPSA (Imprimés Publicitaires Sans Adresse), des IPA (Imprimés Publicitaires Adressés) et des messages numériques, quel que soit le format. Pour mesurer les impacts en termes de gestion des déchets et donc de paralysie de l’économie circulaire, l’UNIIC sera particulièrement vigilante quant aux évolutions des tonnages de déchets.

–              L’UNIIC pousse pour l’élaboration d’une ACV comparative entre les modes de communication imprimés et numériques, de façon à sortir des arguments présumés sur les bienfaits d’une dématérialisation dont on sous-estime encore les impacts. Car il faut le rappeler : les décisions relatives à l’arrêt d’une distribution d’IPSA ne signifient en rien une suppression de la communication associée, les prospectus étant le plus souvent ‘simplement’ réaffectés à d’autres canaux, dotés de leurs propres impacts. En première ligne pour exiger en son temps, y compris auprès des parlementaires, une mesure scientifique de l’évaluation environnementale comparative des campagnes par voie de distribution d’imprimés et par voie numérique, l’UNIIC s’attachera à tirer toutes les conséquences de l’unité dite fonctionnelle puisque l’étude comparative se placera à l’échelle d’un catalogue. Afin qu’il n’y ait aucun biais, nous nous attacherons à ce que soient prises en compte toutes les pratiques actuelles, tant en matière de publicité digitale qu’en matière de formats papier.

–              Il apparaît que le Stop Pub est plus respectueux de la volonté des usagers : 89 % des usagers ayant apposé un ‘Stop Pub’ sur leur boite aux lettres disent être à l’aise avec l’idée de ne plus recevoir aucun prospectus, au risque de rater une information intéressante. A l’inverse, ce même taux n’est plus que de 34 % dans un système ‘Oui Pub’, une nette majorité d’usagers n’apposant pas de macaron ‘Oui Pub’ admettant en effet qu’elle préfèrerait continuer de recevoir les prospectus les plus susceptibles de les intéresser, selon l’enquête menée par Galileo pour l’Ademe.

Les travaux se poursuivent et l’UNIIC s’engage à faire entendre des arguments qui portent suffisamment pour que l’extension de l’expérimentation Oui Pub à l’ensemble du territoire ne soit pas déjà jouée. Un combat qui n’est bien sûr pas anodin, même s’il apparaît clair que les marchés de l’imprimé publicitaire s’en trouveront sévèrement affectés de toute façon, la démassification desdits marchés étant déjà engagée.

Nous ne manquerons pas de vous informer très prochainement sur notre implication au sein du groupe de travail sur l’ACV, qui va désormais constituer un chantier majeur.

Imprim’Luxe – Dix ans et des idées plein la tête

Dix ans, c’est un cap qu’Imprim’Luxe ne s’est pas privé de célébrer, cette longévité marquant la réussite d’un projet qui n’a toutefois pas fait le tour de sa question. Car Pierre Ballet, recevant pour l’occasion Hubert Védrine et Arnaud Montebourg – qu’on ne présente évidemment plus – décrit l’avenir du label dont il est le Président avec un objectif clair : resserrer plus encore les liens avec les donneurs d’ordre.

C’est à L’Automobile Club de France que le label donnait rendez-vous à ses plus fidèles soutiens, avec des invités de prestige. Malheureusement, se sent-on obligé de préciser, la venue d’Hubert Védrine pour cet anniversaire d’Imprim’Luxe survient dans un contexte de tensions géopolitiques à ce point explosif, que son intervention était d’autant plus attendue. « On me demande ce que l’état du monde induit aujourd’hui pour vos activités. Vous pensez bien qu’en quelques minutes, je resterai très général » souligne-t-il alors, lui qui se décrit comme un « réaliste » qui aura été contraint de l’être, fort de sa carrière de diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand.

Hubert Védrine, ancien Ministre des Affaires étrangères entre 1997 et 2002 (Gouvernement Jospin).

Fracturée, la mondialisation tient bon

« Nous vivons une ère de la mondialisation fracturée. C’est parfois difficile à entendre pour les occidentaux, qui ont tendance à se voir comme étant à l’avant-garde de la civilisation, de la morale et du progrès, mais après l’attaque de Poutine en Ukraine, il y a quarante pays – qui pèsent pour les deux tiers de l’Humanité – qui n’ont pas voulu choisir lors de l’assemblée générale des Nations Unies. Parmi ceux-là, certains n’ont aucune sympathie pour la Russie, mais ils se refusent simplement à être dans le camp occidental de façon automatique » commente Hubert Védrine, ajoutant qu’à la lumière de la guerre au Proche-Orient, « Pour un milliard de musulmans, ce que l’occident perçoit comme étant du terrorisme et de l’antisémitisme, est un acte de résistance ». Une fracture ouverte, donc, mais qui ne remet nullement en cause la réalité d’une mondialisation toujours opérante. « Typiquement, les entreprises du luxe ne souffriront pas forcément de ces fractures et continueront de toucher des cibles avec du pouvoir d’achat, en se rendant désirable à l’international » ajoute-t-il en effet, se refusant à confondre une mondialisation fracturée avec un mouvement hypothétique de démondialisation. « Aux entreprises de ne pas trop s’occidentaliser elles-mêmes », pose-t-il toutefois comme condition, revenant ici un peu à ses racines de conseiller diplomatique. Ainsi devine-t-on ici une première forme de divergence avec Arnaud Montebourg, qui avait été l’un des premiers hommes politiques français à se faire porte-étendard de ladite « démondialisation », non sans y aller de sa propre définition d’un concept qu’il ne nomme toutefois plus de la sorte…

Arnaud Montebourg, ancien Ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.

Le made in France comme acte de résistance

Pourtant, de divergences débattues de haute lutte il n’y aura pas : « Dans un rapport qu’il avait rendu au Président Sarkozy sur l’avenir de la mondialisation, Hubert Védrine réhabilitait la nation comme premier outil collectif d’action économique » précise en effet Arnaud Montebourg, qualifiant à cet égard Hubert Védrine de « visionnaire ». S’appuyant ainsi sur ce combat commun, l’ancien Ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique de France, le redit en 2023 avec la même verve qu’alors : la construction européenne a selon lui été le théâtre d’une « soumission » autorisant pêle-mêle « le dumping et la concurrence déloyale » et ayant pour conséquence des « destructions économiques », faute d’un cadre protecteur suffisant. Dénonçant les logiques moins-disantes qu’engagent trop souvent les mises en concurrences mondialisées, Arnaud Montebourg voit en l’existence du made in France une forme de résistance nécessaire : non, il ne s’agira pas de s’aligner. « La mondialisation n’était pas un fait contre lequel on ne pouvait rien. C’était un fait politique concerté, décidé, organisé » embraye-t-il, refusant de voir en la désindustrialisation qui s’en est suivie, une fatalité. « Le made in France, c’est la possibilité pour une nation de mettre tous les jours, le pain et le couvert. C’est une vision purement mercantiliste : je dois assurer le pain quotidien de mes concitoyens. Moi ça ne m’intéresse pas de développer la Chine » s’emporte-t-il déjà, appelant de fait chaque nation à se donner les moyens politiques de sa propre survivance économique. « Nous avons le pire déficit extérieur de l’Union Européenne » se désole-t-il ensuite, faisant en creux le constat d’un redressement manqué et d’un endettement progressif. A sa modeste échelle, sur un secteur – celui du luxe – qui bénéficie d’évidents atouts intrinsèques pour s’exporter à bon prix, Imprim’Luxe mène sa part du combat : porter haut l’image de l’industrie française, au profit (car ce n’est pas un gros mot) des entreprises qui adhèrent au label. Pas de triomphalisme pour autant, Pierre Ballet définissant parfaitement les enjeux : « Nous constatons qu’en 2022, certaines grandes maisons – comme Hermès ou Chanel – ont décidé de relocaliser en France la fabrication de nombre de leurs packagings, pour des raisons de stratégie RSE sûrement, mais aussi pour accompagner et soutenir notre industrie ». Evoquant l’action d’Imprim’Luxe davantage à ce jour comme un liant précieux qui aura permis des « fertilisations croisées entre les labellisés » que comme un moteur de relocalisation directe, il ne veut pas s’en tenir là. « Je pense qu’il nous faudra travailler auprès de structures qui ont des contacts avec les donneurs d’ordre que nous n’avons pas à l’heure actuelle, pour aller plus loin et devenir plus encore, un indicateur d’excellence pour les maisons du luxe » formule-t-il comme vœu, évoquant pour ce faire un management repensé, une équipe rajeunie et des objectifs redéfinis. De toute évidence, s’il y avait déjà une brèche il y a dix ans, elle s’est accentuée dans une ère Post-Covid qui a ravivé des manques productifs malheureux, en sus d’un travail de reconsidération des circuits courts, à des fins (notamment) de lutte pour le climat. De telle sorte qu’au moment de souffler sa dixième bougie, Imprim’Luxe fait état d’une vision claire et ambitieuse de son avenir : il faut se signaler face aux donneurs d’ordre comme les porteurs d’une solution vertueuse de relocalisation, avec le prestige intact du made in France. De quoi, c’est certain, s’assurer encore de beaux anniversaires.

Retrouvez les photos de la soirée

Pierre Ballet, Président d’Imprim’Luxe.

Attractivité & consolidation industrielle – Les grands chantiers du secteur graphique

Cet article est paru dans Acteurs de la Filière Graphique n°143 (septembre 2023)


A l’occasion d’une journée organisée par l’UNIIC le 6 juillet dernier dans les locaux de Grafipolis à Nantes, l’heure était à repenser les axes stratégiques par lesquels une reconsolidation industrielle du tissu graphique peut s’envisager, tant à l’échelle collective & régionale (celles des Pays de la Loire), qu’à celle des entreprises elles-mêmes…

Bien sûr, rien d’innocent à ce que soit une école – à savoir Grafipolis – qui accueille l’évènement, tant la double thématique attractivité/formation concerne de près le devenir de nos métiers, en proie à des difficultés de recrutement d’autant plus sensibles que le temps presse : avec une pyramide des âges dans les Industries Graphiques qui suggère un renouvellement urgent du personnel, tant au sein des instances dirigeantes qu’au sein des équipes de production, il importe de renouer des liens rapidement avec les jeunes générations.

« Les jeunes ne connaissent pas assez les métiers de l’impression. » John Podlesnik (Grafipolis)

Attractivité : la nécessité d’efforts conjoints

« Notre travail, c’est d’amener ces jeunes à vous dans les meilleures conditions. Nous sommes une porte d’entrée » rappelle John Podlesnik, Directeur de Grafipolis, à la quarantaine d’imprimeurs ayant fait le déplacement. Une mission que l’école s’attache à assurer de son mieux, même si Daniel Legrier (Responsable du développement commercial) ne tarde pas à reconnaître que la complexité de la tâche nécessite des efforts conjoints, à la fois bien sûr des centres de formation, mais aussi des entreprises et organismes représentatifs : « Nous aurons du mal à remplir nos groupes sans votre aide. Sur l’année écoulée, nous avons couvert 19 salons sur la région Grand Ouest. On capte des apprentis, mais nous avons besoin de votre aide pour faire mieux », développe-t-il. La faute à nombre de phénomènes cumulés qui ternissent l’image du secteur ou l’invisibilise, tandis que les métiers du numérique jouissent d’une omniprésence presque obsessionnelle : plus encore avec l’émergence de l’IA, ce sont les « licornes digitales » qui bénéficient en effet d’un appui quasi-inconditionnel des pouvoirs publics, renvoyant ainsi le print à ses perspectives de déclin, sinon totalement fantasmées (soyons de bonne foi), à tout le moins très surévaluées et teintées d’un fatalisme qu’il faut absolument combattre. « Les jeunes ne connaissent pas assez les métiers de l’impression » se désole John Podlesnik, sans manquer de souligner que « lorsque l’on va contre les idées préconçues et que nous leur montrons qui nous sommes, il y a un intérêt ! Je ne suis absolument pas d’accord avec l’idée que les jeunes ne veulent pas bosser et seraient démotivés » insiste-t-il. Un positivisme assumé, qui ne nous laisse toutefois qu’une marge de manœuvre restreinte : à défaut de rayonner suffisamment par eux-mêmes, les métiers graphiques ont en effet besoin – plus que jamais – d’être portés par les entreprises et par le collectif. « Ouvrez-leur vos portes ! J’entends par là au sens premier : les portes ouvertes en entreprise, c’est une manière d’aller chercher ces jeunes, d’être ambassadeur de son métier » s’enthousiasme le Directeur de Grafipolis, conscient toutefois que ce n’est pas forcément la volonté qui manque à des industriels qui les premiers, regrettent de ne pas attirer assez. Or, l’heure n’est plus à chercher des fautifs, mais bien à unir nos forces.

« Il faut mailler les entreprises entre elles à l’échelle locale. » Hervé Le Chevalier (Médiator organisation)

Des diagnostics individuels pour des enseignements collectifs

Au moyen d’une action collective financée par le fonds territorial, sous l’égide de l’UNIIC, un Diagnostic Stratégique Individuel (DSI) gratuit est accessible à chaque entreprise du secteur qui le souhaiterait, de sorte à porter un regard nouveau sur son activité, sur son positionnement dans un contexte ultra concurrentiel et prendre, en toute connaissance de cause, des décisions stratégiques. Si chaque DSI est unique, en cela qu’il résulte des conclusions relatives à la situation particulière d’une entreprise, en fonction de ses propres problématiques et opportunités, il est un prisme écrasant : « À moins d’un an de la Drupa, nous devons réfléchir à la façon dont nos entreprises doivent se rapprocher : optimisations croisées, croissance externe, outils partagés… Aucune voie n’est à négliger » synthétise Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC. Une observation partagée par Hervé Le Chevalier (Médiator organisation), qui intervient au sein des entreprises pour conduire lesdits diagnostics et, souvent, rappeler l’importance de « mailler les entreprises entre elles à l’échelle locale », dans un contexte où l’offre (surcapacitaire sur certains produits) peine parfois à s’aligner avec la demande. « Les Pays de la Loire sont une région qui compte parmi les taux de chômage les plus bas, au point qu’il peut être dit ‘frictionnel’ : dans ces conditions, recruter est encore plus difficile » poursuit-il dans un effort de contextualisation, exhortant les entreprises à se rapprocher au-delà du seul secteur graphique pour considérer le cas des industries connexes, où des synergies pourraient se révéler. « Il faut essayer de le faire à l’échelle locale car on a de plus en plus de mal à bâtir des rapprochements pérennes en cas d’éloignement géographique trop important. Et ce pour une raison simple : les exigences de mobilité sont souvent décourageantes pour la main d’œuvre potentielle »  ajoute-t-il, corroborant les observations de nombre de chefs d’entreprise, qui vivent parfois leur relatif éloignement des grands bassins de population comme une forme d’enclavement. A l’inverse, « certaines zones densément peuplées sont devenues inabordables pour des façonniers » précise-t-il par ailleurs, achevant d’illustrer la complexité d’une dynamique à l’emploi extrêmement dépendante de l’économie locale.

Témoigner & partager

C’est Etienne Chartier (à la tête de Brochage 3000, situé en Mayenne) qui se risquera à l’exercice toujours compliqué du témoignage, vantant les bienfaits d’un DSI qui l’a conduit à y voir plus clair. « Ce que j’ai apprécié avec la venue d’Hervé le Chevalier, c’est qu’il n’est pas là pour nous dire ce qu’on a envie d’entendre. Dire les choses franchement permet de vite déblayer le terrain et en l’occurrence, il faut absolument prendre du recul sur sa situation et sur sa stratégie pour prendre les bonnes décisions » reconnaît-il, lui qui comme tant d’autres dirigeants, se trouve prioritairement focalisé sur les urgences de court terme. « La stratégie n’est pas quelque chose qui s’improvise. C’est exactement l’inverse : elle s’établit à très long terme » prend-il soin de rappeler, sans qu’il faille pour autant tomber dans le piège de mener des réflexions génériques et/ou abstraites, puisqu’il l’assure : « Les diagnostics sont des outils extrêmement personnalisés. Ils sont conduits sur-mesure et c’est aussi ce qui les rend précieux ». Si ces DSI sont évidemment confidentiels, il faut le redire : en tirer des constats globaux et collectifs est primordial, à la fois pour impulser une dynamique solidaire entre des entreprises qui auront besoin les unes des autres, et pour réorienter de manière aussi pertinente que possible la politique industrielle du secteur, à la lumière des opportunités qu’offre chaque région. « Je peux paraître négatif, mais en réalité je pense que les marchés du print ont un véritable avenir. Ce sont les conditions d’exploitation qui, à ce jour, ne sont pas bonnes » conclut Hervé le Chevalier. Sûrement faut-il ainsi redessiner notre offre industrielle pour se rendre plus « attractifs » et révéler aux plus jeunes qu’ils y ont évidemment leur place.

Imprimerie Frazier – un industriel à Paris

C’est à l’occasion d’une formation de plusieurs référents Imprim’Vert qu’une visite était organisée au sein de l’imprimerie Frazier. Au programme : une révision sur site du cahier des charges du label (bonne gestion des déchets dangereux, sécurisation de stockage des liquides dangereux, non-utilisation de certains produits CMR, sensibilisation environnementale des salariés et de la clientèle et suivi des consommations énergétiques du site), de sorte à confronter les prescriptions écrites à la réalité du terrain. L’échange sera toutefois bien plus riche encore, tant l’imprimeur parisien – niché intra-muros dans le 10ème arrondissement – conjugue ses engagements au pluriel…

Didier Martin, Président de l’imprimerie Frazier.

On est plus contrôlés à Paris que n’importe où ailleurs.

Un imprimeur parisien qui tient à le rester

C’est peu dire que l’imprimerie Frazier a une vision large de son métier, qu’elle traduit dans des engagements aussi divers que complémentaires. Qu’il s’agisse de RSE (Print’Ethic, Imprim’Vert, ClimateCalc, Ecovadis, FSC, PEFC), d’exigences qualitatives & techniques (ISO 12 647-2, Imprim’Luxe) ou plus globalement d’un souci de défense des intérêts des Industries Graphiques (via Culture Papier, une adhésion à l’UNIIC ou encore à ImpriClub), l’imprimerie Frazier a un pied partout. Une réminiscence, peut-être, de son ADN hyper-urbain. « Nous sommes ici depuis 127 ans, à la même adresse. C’est notre vocation que d’être ancrés à Paris et nous voulons y rester. Cela suppose de fondre notre identité industrielle au sein d’une copropriété, à proximité des habitants » développe Didier Martin, Président de l’entreprise. On devine alors que cette promiscuité relativement inhabituelle doit s’appuyer sur une exemplarité absolument irréprochable, de sorte à ne pas créer de nuisances et de tensions. L’imprimerie Frazier veut en effet épouser le décor, quand les industriels sont par défaut souvent relégués en périphérie des villes, dans des zones éponymes tenues à l’écart des habitations. Là se joue d’ailleurs probablement une part du déficit d’image dont souffre l’industrie, cantonnée qu’elle est loin des « lieux de vie » pour des raisons évidemment pratiques, parfois sanitaires et sécuritaires, sans que l’on ne se demande toujours toutefois si la chose n’est pas trop systématique. Reste que les clients, eux, sont évidemment plus enjoints à se rendre sur site pour assister à des calages ou des BAT, Paris étant la ville éminemment attractive que l’on sait. « Imprim’Vert ce n’était même pas négociable pour nous. On est plus contrôlés à Paris que n’importe où ailleurs » ajoute-t-il cependant, décrivant un contexte à la fois enviable et difficile. « La ville de Paris veut se débarrasser des entreprises et les livraisons sont parfois compliquées, mais on gère ça très bien » glisse-t-il dans un sourire.

Faire au mieux : une démarche d’amélioration continue

Si l’imprimerie Frazier a déjà entamé un travail exemplaire de transparence et de progrès, son Président est conscient que le chemin est encore long : « On parle de démarches qui en soi nous poussent à expérimenter et à aller plus loin. Les sujets liés à la décarbonation nous ont par exemple amenés vers ClimateCalc et nous nous sommes engagées sur dix ans avec Print’Ethic ». Un parcours qui n’a rien du long fleuve tranquille que fantasment certains, tant la complexité des problématiques approchées contraint parfois à tâtonner. « Il arrive que les formulations d’encres changent en raison de nouvelles obligations légales. On n’est pas toujours prévenus et c’est à la faveur de problèmes en production que l’on s’en aperçoit, au travers de soucis d’imprimabilité notamment » illustre-t-il, ce qui est d’autant plus inconfortable qu’un imprimeur soucieux de maîtriser ses impacts – ainsi que la qualité de son travail – aime évidemment savoir de quoi il retourne. « Dans l’impression numérique, l’encre est devenue un consommable fourni avec la machine. Nous n’avons pas le loisir de les choisir, ce sont des encres propriétaires et il faut pousser les marques à nous en dire plus, si l’on veut savoir ce qu’elles contiennent », alors qu’en impression offset, il reconnait avoir dû faire marche arrière… « On est revenu au développement de plaques avec chimie, parce qu’on s’est aperçu que la qualité n’était pas au rendez-vous en impression offset UV » regrette-t-il notamment, non sans laisser entendre que les choses devraient évoluer dans le bon sens, pour demain imposer des CTP sans chimie et ce sans altérer la qualité d’impression, qui doit évidemment demeurer une priorité non négociable. Et il y a ce qui est encore moins directement à portée, comme le poids de l’énergie dans ses impacts, au gré de l’explosion des coûts que les industriels ont subie l’an dernier. « Le photovoltaïque est interdit à Paris. Il nous est impossible d’avoir notre propre transformateur et les offres d’énergie verte sont rares, sans par ailleurs être une solution suffisante. Il y a beaucoup à faire sur ce point, mais les bonnes volontés sont souvent stoppées par l’augmentation drastique des prix que nous avons connue » se désole-t-il, ne voyant guère d’autres solutions que de « recourir aux groupements d’achat comme ImpriClub pour être plus forts face aux fournisseurs d’énergie », même s’il ne manque pas de souligner que bien des machines récentes s’attachent – avec succès – à réduire leurs consommations électriques.

Les clients impriment moins, mais ils adoptent une autre démarche : ils sont prêts à payer plus cher pour se différencier.

Qualité & créativité : plus que des incantations, de vraies valeurs de résilience

« Sur huit millions d’euros de chiffre d’affaires, six vont à nos activités offset et deux à l’impression numérique. Nous sommes positionnés depuis deux ans sur du numérique grand format et c’est au global quelque chose qui tend à progresser » précise Didier Martin, qui répond à des typologies de clients variés, de l’annonceur traditionnel aux marques de luxe, « avec de fait une attention particulière portée à la colorimétrie ». S’il constate une réduction indéniable des volumes de production – tous procédés confondus – via une baisse objective du nombre d’exemplaires demandés et une diminution continue des paginations associées, les effets n’en sont encore que faibles sur le chiffre d’affaires de l’entreprise. « Les clients impriment moins, mais ils adoptent une autre démarche : ils sont prêts à payer plus cher pour se différencier » explique-t-il, ce qui implique de savoir motiver ces positionnements différenciants, depuis son expertise d’industriel/fabricant. Une capacité d’accompagnement qui se valorise d’autant mieux lorsque l’on se veut être un imprimeur à la recherche constante d’optimisations, de progrès et d’innovations, au regard d’un marché qu’il faut prendre le temps d’analyser. « Il y a une appétence pour les papiers texturés de création ou les façonnages complexes et ce n’est que de cette façon – en misant sur une différenciation par la qualité et la créativité – que l’on peut faire face à des réalités économiques qui sont celles d’une baisse des volumes sur les marchés graphiques » analyse-t-il de façon lucide, alors que dans le même temps, Didier Martin dit observer « une prise en compte grandissante des impacts du numérique » dans les causes identifiées du réchauffement climatique. De sorte qu’un point d’équilibre finira par affleurer. Un point d’équilibre qui porte un réajustement de raison, dont les imprimeurs sont et resteront un modeste maillon.

Un nouveau BTS Industries Graphiques pour 2024 en Île-de-France

Le Lycée des métiers Alfred Costes, situé à Bobigny (93) annonce l’ouverture du BTS ERPC (Etude et Réalisation d’un Projet de Communication) en apprentissage pour septembre 2024. Il assurera ainsi la continuité des formations en apprentissage en Île-de-France, après la fermeture annoncée par Gobelins.

Aurélie Journée, Proviseure du Lycée Alfred Costes, a accueilli sur place les représentants de la branche (UNIIC, partenaires sociaux, Groupe Lourmel, imprimeurs, Presse professionnelle), le Délégué à la Formation Professionnelle, conseiller de la Rectrice de l’Académie de Créteil, pour échanger autour du projet d’établissement qu’elle porte avec l’équipe enseignante : “Le BTS ERPC proposera une continuité d’enseignements pour les 144 jeunes issus des BAC professionnels que nous proposons déjà sur l’établissement (les trois BAC Pro’ de la filière, le BAC Pro’ communication, le BAC Pro’ maintenance d’équipement et le BAC pro’ systèmes numériques). Les entreprises des industries graphiques trouveront ainsi une solution concrète aux difficultés de recrutement. Si à ce jour, le Lycée est essentiellement masculin – 75 % de nos élèves sont des garçons – l’accès aux métiers des industries graphiques pour les filles figure parmi les grands chantiers que nous devons mener”.

“C’est un projet tout à fait stratégique pour la filière” appuie ainsi Richard Navez (Directeur Formation de l’UNIIC). “Nous avons un an de travail devant nous et nous devrons nous inspirer de ce qui a bien fonctionné aux Gobelins, assurer la continuité afin d’avoir toutes les chances de succès pour les jeunes et les entreprises qui seront engagés autour de ce BTS en apprentissage” souligne-t-il.

Les axes de travail en question sont déjà bien identifiés, poursuit la Proviseure Aurélie Journée. Ils feront l’objet d’une collaboration active avec la branche : “Il y a trois points sur lesquels nous devrons concentrer nos efforts. Le premier c’est la formation des enseignants, car s’ils sont parfaitement opérationnels pour des BAC Pro’, il faudra organiser une mise à niveau pour un BTS. Le second c’est l’aspect matériel. Il faudra compléter le parc machines en ateliers afin de disposer d’un plateau technique ouvert vers la formation des adultes. Enfin, il faudra travailler sur la visibilité du BTS, qu’il faudra promouvoir massivement, pour toucher plus de candidats et intéresser les entreprises” [Le BTS prévoit 12 places dès la rentrée, NDLR].

Un ensemble de points qui mobilisera des énergies collectives et solidaires, afin de mener le projet à terme et constituer un “modèle réplicable en territoires” ajoute Guillaume Trias (Président de Lourmel et membre du Bureau exécutif de l’UNIIC).

Evidemment, c’est une affaire à suivre, pour de plus amples développements dans nos colonnes…

   

Décret tertiaire : les arguments de l’UNIIC ont été entendus

Nombre des adhérents de l’UNIIC nous ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’assimilation des métiers de l’impression au secteur tertiaire, dans le cadre des obligations instaurées par le décret éponyme. A savoir : imposer une réduction des consommations énergétiques au sein des bâtiments dits « tertiaires » pour répondre à des objectifs planifiés de sobriété. L’UNIIC s’est attachée à rappeler aux pouvoir publics la nature profondément industrielle des imprimeurs Labeur, qu’on ne saurait – à tout le moins sur ce type de dispositions – amalgamer aux activités de reprographie par exemple. Un argumentaire qui a été entendu puisque la plateforme OPERAT, via la réponse A31 de la Foire Aux Questions (FAQ) autorise désormais, à notre demande, des disjonctions de cas : ainsi les imprimeurs ne sont-ils plus automatiquement assimilés au secteur tertiaire, ce qui est une première avancée dans un dossier que l’UNIIC continue bien évidemment de suivre.

Lire la réponse A31 de l’ADEME