Droits voisins : une urgence pour la Presse

En pleine bataille législative pour la réforme européenne du droit d’auteur, nous avons tenu à partager la tribune « Droits voisins : une question de vie ou de mort » signée de Sammy Ketz, Directeur du bureau de l’AFP à Bagdad, Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre 2003, Prix Albert Londres 1988.

Entre autres passages particulièrement éclairants, ladite tribune rappelle que “les médias qui produisent les contenus et qui envoient leurs journalistes risquer leur vie pour assurer une information fiable, pluraliste et complète, pour un coût de plus en plus élevé, ne sont pas ceux qui en tirent les bénéfices. Ce sont des plateformes qui se servent sans payer”. Une situation d’autant plus folle que “Facebook a réalisé un bénéfice en 2017 de 16 milliards de dollars et Google de 12,7 milliards dollars”, préemptant au passage une part de plus en plus gigantesque des revenus publicitaires, au détriment même des producteurs de contenus… N’oublions pas que ce sont sont encore majoritairement les journaux print qui produisent l’essentiel de l’information (même si le succès de Médiapart est une exception notable), supportant les coûts qu’un tel travail suppose. De fait, on ne sera pas surpris de lire le Canard Enchaîné “opiner du bec et applaudir des deux palmes” en évoquant la tribune en question en ses pages, soulignant que “l’onéreux lobbying de Google et Facebook a réussi à faire croire aux parlementaires européens que défendre la liberté de la Presse, c’était la fin de la gratuité sur Internet”. Un mensonge en forme de menace, dont on ne peut que souhaiter qu’il apparaisse pour ce qu’il est : un mensonge, précisément.

Voir la vidéo : Offensive de grands reporters européens contre les GAFA

Des manuels scolaires IOS et ANDROID ?

Liberté, Egalité, Fraternité, Numérisé. L’Association Régions de France a présenté le 28 août son « Manifeste pour le lycée d’aujourd’hui et de demain ». Pour François Bonneau Président délégué de l’association : « il faut transférer intelligemment une partie du papier sur le numérique ». Le papier serait-il le lycée d’aujourd’hui et le numérique le lycée de demain ? Encore faut-il que Victor Hugo et Thalès soient compatibles avec IOS, Windows et Android…

Pour les Régions qui ont la charge de l’achat des manuels scolaires, il s’agit de faire des économies (50 % environ). Pour Kamel Chibli, Président de la commission éducation de Régions de France, « l’objectif est de maintenir la gratuité totale ou partielle des manuels scolaires pour les familles ». Gratuité – Liberté – Egalité – Fraternité ? Pause !

Même si le numérique fait miroiter de belles économies, à y regarder de plus près les choses se compliquent. Le manuel numérique suppose que l’on ait des ordinateurs et des tablettes et que la maintenance soit à la hauteur. Que fait-on des mises à jour nécessaires ? Avez-vous remarqué que les applications de votre téléphone nécessitent des mises à jour en permanence pour notamment continuer à fonctionner avec les systèmes d’exploitation leaders ? Il en est de même pour les manuels. Qui assurera l’évolution technique de ces applications ? L’accès à une banque d’illustrations à disposition des élèves et des professeurs, n’est-ce pas le point de départ d’une individualisation de l’enseignement ? Que fait-on des inégalités d’accès à l’informatique et à internet ? Le numérique permet-il de maintenir la gratuité pour les familles ou de transférer des coûts cachés chez les familles (entretien du matériel, abonnement, accessoires…) ? Enfin le temps scolaire (réflexion, structuration, assimilation) est-il le temps du numérique (foisonnement, instantanéité, obsolescence) ? Quant à l’efficacité du manuel numérique, elle fait encore débat. Alain Chaptal, chercheur au LabSic précise au cafepedagogique.net que les enseignants demandent des manuels scolaires numériques qui soient ouverts, où le professeur peut recomposer les documents. Mais cette ouverture n’est pas souhaitable pour les élèves qui ont besoin d’un outil structuré. Sans parler de la concertation qui est inexistante comme l’évoque le Figaro en revenant sur l’expérimentation « lycée 4.0 » menée par la région Grand Est depuis septembre 2017 :

Sur la base du volontariat, 49 lycées en 2017 et 111 sur 355 en 2018 ont supprimé les manuels papier. La région a négocié « des prix attractifs » pour les ordinateurs et les tablettes et finance pour les familles dont les revenus ne dépassent par les 6 000 € la moitié du coût restant. Pourtant, les retours d’expérience sont mitigés. Les parents, mis devant le fait accompli, se sont vu priés d’équiper leurs enfants avec des tablettes ou des ordinateurs portables. Fait débat également, Le choix des tablettes HP – la marque ayant remporté un appel d’offres –reviendrait à écouler des « tablettes qui ne se vendent plus » selon le site Numerama. Et dernier reproche et non des moindres : le fait que les enfants passent la journée devant un écran.

Une trentaine de professeurs avaient publié une tribune dans Libération pour dénoncer l’emploi du numérique comme solution miracle à tous les maux de l’enseignement. Et cette tribune de rappeler : « Dans un contexte où les industriels transforment, avec une avidité et un cynisme sans cesse renouvelés, les rapports humains en matériau exploitable à des fins de profit, nous voulons affirmer l’importance cruciale de la relation et de l’attention, au premier chef dans notre métier. Cela, les cadres de la Silicon Valley l’ont compris depuis longtemps, en protégeant leurs propres enfants des écrans, dans et en dehors de l’école. L’exercice réfléchi du jugement qui fonde notre métier nous oblige à ne pas leur abandonner cette lucidité quant aux effets délétères de leurs innovations technologiques. Ainsi, en dépit de nos moyens limités reposant sur la fragile et subtile relation humaine, nous ne renoncerons pas à viser, par la transmission, l’horizon de la pensée libre et de l’émancipation sociale et culturelle. »

Alors pourquoi ne pas attendre les résultats de cette expérimentation ? L’intégration du numérique dans la société et dans les institutions sont deux choses différentes et faut-il abandonner toute réflexion ou concertation ? Le numérique semble souvent être un recours facile, voire même un paravent. Faut-il forcément faire un choix ? Pour Christine Guillemy, vice-présidente éducation Grand Est : « les dernières réticences viennent surtout d’une génération qui n’a pas été élevée avec le numérique. » Voilà ! On y est. Les anciens et les modernes, vous ne pouvez pas comprendre… en ce qui nous concerne, nous sommes de grands consommateurs de numérique – newsletter oblige – et pourtant nous refusons de choisir entre notre smartphone et notre livre ou entre Acteurs de la filière graphique et la News Com’Uniic.

Le match papier / numérique semble brandi par les Régions de France comme support pour soulever un autre sujet le transfert de compétences  – et des coûts qui vont avec  – aux collectivités. Ce mode de questionnement est récurrent et le numérique est facilement associé à « économie », « écologie » mais souvent la réalité est beaucoup plus complexe…

Paragon serein face à la disparition annoncée du ticket de métro

Fort d’une offre à la fois complémentaire et variée (bulletins de jeux & loterie, documents sécurisés et/ou spécialisés dans les secteurs de la santé, de l’hôtellerie, de la finance, de l’automobile, des télécoms, de l’habitat social…), l’imprimeur Paragon semble paré à toutes les évolutions, y compris celles qui affectent jusqu’au cœur de son activité. Fabricant historique de tickets de métro – Paragon fabrique ceux du métro parisien depuis plus de 100 ans ! – l’entreprise doit en effet aujourd’hui faire face à l’émergence du titre de transport dématérialisé dit “sans contact”. L’idée consiste à remplacer les tickets à usage unique par des cartes rechargeables, voire par votre smartphone ou votre carte bancaire, pour de possibles paiements immédiats. Un programme voté par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports, prévoit ainsi pour 2021 la disparition du ticket de métro traditionnel, au grand dam (notamment) des collectionneurs et autres nostalgiques. Déjà expérimentée localement, la mise en circulation effective des premières cartes rechargeables “sans contact” se fera courant 2019.

Autrefois poinçonnés en station, les tickets de métro parisiens ne seront magnétisés qu’à partir de 1969.

Comme le précise un article du Parisien, Paragon détient non moins de 70 % du marché mondial du ticket de transport, de Mexico à New York en passant par Le Caire, ce qui oblige bien évidemment l’entreprise à anticiper sa (quasi) disparition progressive, avec une sérénité qui force le respect :  “En avril dernier, trois de nos principaux clients, le Stif (NDLR : syndicat des transports d’Ile-de-France), le métro de New York et les trains anglais (National Express, NDLR) ont annoncé coup sur coup qu’ils abandonneraient d’ici quelques années le billet papier pour passer au sans contact” relève pourtant Bertrand Brault, directeurs des ventes et du marketing. La raison d’un tel flegme ? Paragon a eu le bon sens de se positionner lui-même sur la technologie “sans contact”, précisant même que cette part de leur activité avait, en 2016, “déjà dépassé celle des billets magnétiques”.

Reste probablement maintenant à s’assurer que les évolutions à venir – coûteuses à mettre en place – assureront leur principale mission : simplifier la vie des usagers, faute de quoi, le ticket de métro traditionnel sera plus regretté que jamais…

 

Disparition de Pierre Zwiller

Président honoraire de la DIM AURA, Auvergne Rhône-Alpes (et anciennement Président du Groupement de l’Imprimerie et de la Communication Graphique de la Région Auvergne, GICGRA), mais également Pupille de la Nation, Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques, Juste parmi les Nations, et Éclaireur de France du Groupe Jacques Cartier (Paris), Pierre Zwiller est décédé à l’âge de 92 ans.

Fortement impliqué dans les questions de formation professionnelle au sein des industries graphiques, très engagé dans la vie syndicale et initiateur de divers événements culturels et promotionnels en région, Pierre Zwiller était animé d’une passion inaltérable pour les métiers de l’impression, dont il avait compris qu’ils devaient sans cesse anticiper leurs prochaines évolutions, pour faire prospérer un savoir-faire historique.

Nous perdons une figure forte des Industries Graphiques, mais également un homme dont la bonté et le courage ont déjà fait l’objet d’hommages et de reconnaissances mérités. Le 10 décembre 2007, au lycée professionnel Vercingétorix de Romagnat (63) était notamment remise la médaille des Justes parmi les Nations décernée par Yad Vashem à Pierre Zwiller et Georgette Zwiller, sa mère honorée à titre posthume, pour avoir sauvé des juifs durant les heures sombres de l’occupation. Alors qu’une rue porte leur nom à Cournon d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, rappelons-nous l’engagement sans faille d’un homme inspirant, qui aura jusqu’au bout tenu à porter nos métiers dans ce qu’ils ont de meilleur.

Nos condoléances vont bien évidemment à sa famille, ses proches, amis et nombreux (ex) collaborateurs.

Print’Story – Episode 56

Décidément Antoine se disait qu’il n’en sortirait jamais : après avoir dû intervenir concernant les heures supplémentaires des conducteurs offset (cf. Print’Story 30) voilà qu’il découvrait maintenant le cas « Alexandre ».

Alexandre s’occupe de la communication de l’entreprise et notamment du site web et du développement du E-Commerce depuis maintenant un an.

Antoine est ravi du travail de son salarié, la communication est efficace et le site commence à être rentable mais il vient de s’apercevoir que, uniquement pour le mois de juillet, Alexandre comptabilisait  43 heures supplémentaires !

En effet, Alexandre est doué dans son domaine mais ne parvient jamais à finir les projets dans les temps car comme il dit « l’inspiration ne se commande pas… ». Autre argument, assurer la maintenance du site sans impacter son fonctionnement pour les usagers suppose de le faire hors heures normales…

Antoine ne voit pas bien comment organiser le temps de travail d’Alexandre à l’avance, qui d’ailleurs se gère tout seul et est très autonome avec les projets à réaliser.

Quelques semaines passèrent et le hasard fit que lors d’une réunion de l’UNIIC Antoine fut amené à échanger avec un de ses confrères sur le sujet. Et c’est après l’avoir écouté que son ami lui dit comme si la solution était évidente : « Mais enfin Antoine ! Tu n’as qu’à soumettre ce salarié à un forfait jour ! ».

Aussitôt rentré à l’imprimerie Antoine envoya un mail à l’UNIIC pour avoir son avis et savoir si c’était possible.

Mais au fait :
Qu’est-ce que le forfait jour ?
Comment mettre en place un forfait jour ?
Le forfait jour peut-il être appliqué à l’ensemble des salariés ?

Lire la réponse de l’UNIIC

Réponses élaborées par Chloé MONLOUIS, étudiante en 4ème année de droit à l’Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne et stagiaire au service social de l’UNIIC. Elle a travaillé sous la direction d’Iris DELLOYE- NICLAS, responsable du service Juridique et Social de l’UNIIC – iris.delloye@uniic.org