Explosion des troubles autistiques : la faute aux écrans ?
C’est à l’occasion d’une tribune publiée dans les colonnes du Monde, qu’un collectif de médecins et de professionnels de la petite enfance s’est appliqué à tirer la sonnette d’alarme. L’urgence ? Sensibiliser l’opinion publique aux “graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans : smartphone, tablette, ordinateur, console, télévision”…
Car si la méfiance vis-à-vis des écrans – et notamment de la télévision – n’est pas nouvelle, jamais leur omniprésence n’avait été à ce point prégnante, dans le sillage d’une explosion des usages nomades qui exporte la problématique d’exposition aux écrans en dehors du seul salon familial.
Si l’UNIIC s’était déjà fait le relais des travaux, entre autres, du Laboratoire des Usages en Technologies d’Information Numériques (LUTIN), soulignant les différences entre lecture papier et numérique, notamment sur le plan cognitif ou en termes de fatigue visuelle, il s’agit ici d’un cri d’alerte d’une tout autre nature, Anne Lise Ducanda (médecin en PMI) dénonçant l’explosion chez les enfants, dès 9 mois et jusqu’à 4 ans, de “retards de développement touchant à la motricité, au langage ou à la sociabilisation, qui dans les cas les plus graves, ressemblent à des troubles autistiques”. Si le lien n’est pour l’heure pas scientifiquement avéré, les causes tiennent toutefois de l’évidence, pour ce collectif de professionnels : “Un mois après l’arrêt des écrans, nous constatons la disparition de ces troubles, qui ne sont donc pas autistiques puisque le développement redémarre normalement” justifie notamment Anne Lise Ducanda.
Les symptômes sont assez clairement définis : “Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs”. Des symptômes qui semblent se multiplier dans des proportions qui posent question… “On me signalait 35 cas d’enfants en grande difficulté il y a 15 ans, aujourd’hui j’en suis à 210, sur les 1000 enfants de petite et moyenne section de ma ville” révèle Anne Lise Ducanda qui, recoupant ses propres observations avec celles d’autres professionnels, se sent aujourd’hui fondée, via le collectif précité, à demander au Gouvernement d’engager des recherches indépendantes et de porter des campagnes de sensibilisation sur les dangers de la surexposition des plus jeunes aux écrans. Une requête qui confine au comble, à l’heure du numérique à l’école, peut-être désigné précipitamment comme un axe de progrès incontournable. Et s’il était urgent de rétro-pédaler ?
Pour lire la tribune du Monde : « La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique »
Pour consulter la vidéo d’Anne Lise Ducanda : Les écrans, un danger pour les enfants de 0 à 4 ans