J’ai mal à mon édition originale !

Voyage en Chine oblige, nous avons parcouru les colonnes du Shanghai Daily (journal en anglais, distribué dans les hôtels de la ville). Même si on peut se questionner ce support qui est destiné aux touristes étrangers et donc relève probablement plus de la communication que de l’information, un article nous a interpellé.

« Books that age still attract loving readers », les livres vieillissant attirent toujours les lecteurs passionnés… L’article propose la visite de deux librairies spécialisées dans les livres d’occasion. Plus de 40 000 volumes pour la première librairie et des slogans séduisant sur les murs : « trouver des livres pour les lecteurs et des lecteurs pour les livres ». De belles initiatives autour du livre ? Certes mais comment interpréter alors la sensation que nous laisse cet article. Une sensation ou plutôt une odeur : celle de la naphtaline. Au fil des témoignages on peut ressentir l’amour du livre : le goût pour les premières éditions aux préfaces sans pareilles ; l’excitation de la traque du tome manquant pour parfaire la collection… un amour suranné et nostalgique. Les interrogés parlent du livre comme si il était déjà mort. Aïe ! C’est de là que vient l’inconfort. L’amoureux des premières éditions, est possesseur de 20 000 livres… qu’il donne parce qu’il ne lit plus de littérature, il s’intéresse à l’actualité maintenant et la lit sur son téléphone. Le chasseur de livres n’achète pas de nouveaux livres, c’est trop facile il ne ressent pas la même satisfaction. Et que penser de cette deuxième librairie où le propriétaire invite les visiteurs pour le thé autour d’un livre qu’ils peuvent lire gratuitement ? Il est plein de bonnes intentions et d’ailleurs n’est pas du tout intéressé par le profit, il reverse les bénéfices des ventes à des associations caritatives. Le livre est-il une curiosité, une antiquité, un objet de collection, une œuvre de charité ? A trop rendre hommage au livre : ne risque-t-on pas de l’enterrer ? Pas d’obsèques !

Le livre est bel et bien vivant. Rappelons qu’il reste l’objet culturel n°1 en France, que la littérature adolescente compte nombre de succès qui ont été adaptés et ont produit eux-même de nombreux succès au cinéma, Twilight et Harrypotter ne démentiront pas…

Pour lire l’article du Shanghai Daily (en anglais), c’est ici :