En images – Colloque “Le papier dans la cité”

Avant une synthèse plus détaillée à paraître très prochainement dans les colonnes d’Acteurs de la Filière Graphique, retour en images sur un colloque Culture Papier qui oscillait entre thématiques éco-responsables et réflexions liées au corps, au cerveau et à la déconnexion…

PHOTOS : © David Marmier

Orphelin de son Président Alain Kouck, brutalement décédé le 9 juillet dernier à l’âge de 72 ans, Culture Papier s’est appliqué à organiser un colloque qui lui ressemble, Pierre Barki (Vice-Président) s’appuyant sur une feuille de route et des inspirations qui lui sont directement et ouvertement empruntées… “Alain Kouck disait qu’il est inutile d’essayer de faire aimer le papier à des gens qui l’apprécient déjà pour mille usages de la vie quotidienne” rappelait-il en effet, évidemment à raison. D’où des échanges qui se sont attachés à analyser lesdits usages, jusqu’à les inscrire dans des réflexions à la fois critiques et prospectives.

 

Alors que 71 % des Français disent être attachés au papier (source : “Les Français et le papier » – 5ème vague d’un Observatoire porté par Mediapost), “55 % d’entre eux voient le papier et le numérique comme des supports complémentaires, contre 75 % en 2016” souligne Eric Trousset (Directeur général de Mediapost Publicité), ajoutant que “44 % pensent désormais que le numérique remplacera le papier, contre 24 % en 2016”. Un basculement qui serait davantage ressenti comme une triste fatalité que comme un souhait, mais dont il faut prendre acte pour réagir…

 

Une table ronde dédiée s’est chargée de faire le point sur les vertus éco-responsables du papier, la filière n’ayant fait l’impasse sur rien : ni sur la volonté d’imposer les bonnes pratiques sur le site d’impression (Imprim’Vert), ni sur les certifications forestières (FSC, PEFC), ni sur le développement de papiers recyclés attachés à différents produits et procédés, ni sur une dimension RSE aujourd’hui de plus en plus prise en compte (Print’Ethic), ni sur le volet climatique avec la possibilité d’effectuer des bilans carbone très simplement (ClimateCalc) etc. Dit autrement, la filière a fait son examen de conscience et a agi en conséquence, de sorte qu’elle peut aujourd’hui se targuer d’être en capacité de mesurer et tracer ses impacts, continuant même de perfectionner et affiner les instruments qui le permettent.

 

Selon Didier Livio (Cabinet Deloitte), “La vision que les ONG ont de vos entreprises a largement évolué ces dernières années. Plus que la réciproque, d’ailleurs” souligne-t-il, persuadé qu’il y a effectivement des progrès conjoints à construire, en compagnie de ces dernières.

 

Sophie Primas, Sénatrice des Yvelines et Présidente de la Commission des Affaires Economiques du Sénat, rappelait combien “abandonner la forêt secondaire, c’est la faire dépérir”, exhortant la filière à lutter contre la confusion ambiante.

 

Hervé le Bouler (France Nature Environnement), en marge de propos plus critiques sur le prospectus, dont il souhaiterait une diffusion “mieux optimisée”, soulignait également “le caractère poli et bien élevé du papier” faisant ensuite explicitement référence à sa non-intrusivité, s’inquiétait de “la part d’humanité que l’on perdrait à s’en débarrasser” et s’agaçait des attaques visant à faire porter sur lui une déforestation engendrée par (et pour) de tout autres causes…

 

Précédée par Olivier Touzé (Directeur développement durable – Groupement des Mousquetaires), qui rappelait combien “On voit des changements s’opérer au bénéfice du papier, notamment pour le remplacement des sacs plastiques”, Perrine Lebrun (Directrice de la communication, McDonald’s France) enfonçait le clou : “Alors que nous avions déjà remplacé nos emballages en polystyrène par du carton, nous sommes également passé, depuis, à des wraps papier sur certains types de produits, pour assainir et réduire nos emballages. Il reste chez nous environ 10 % d’emballages plastique sur lesquels nous sommes en pleine réflexion.”

 

“Dans certaines banlieues aujourd’hui, on ne sait plus qui est Astérix” déplorait d’un ton grave Alexandre Jardin, écrivain (en fond). Arguant que “Le monde numérique est un flux” au sein duquel “l’animal sensible” que nous sommes ne saurait s’épanouir, c’est peu dire qu’il trouvera en Dominique Wolton (Directeur de recherche au CNRS) un allié de circonstance, ce dernier s’échinant à décomplexer un auditoire encore bien trop tendre à ses yeux. “On est en train de perdre une guerre idéologique, il faut de l’insolence” tranchait-il en effet, loin des discours polissés sur la complémentarité des supports.

 

Selon Jean-Luc Velay (Chercheur pour le Laboratoire de Neurosciences Cognitives, CNRS Marseille), “On ne lit pas qu’avec les yeux. Avec le papier, on extrait des informations de la main et il ne faut pas négliger ces informations paratextuelles” lesquelles permettraient “une meilleure compréhension des textes longs”, notamment parce que le livre papier permet de “mieux se situer dans la chronologie du récit”.

 

Évoquant l’un et l’autre notre responsabilité vis-à-vis des générations qui arrivent, Georges Sanerot (Président du comité de pilotage du Grenelle du Livre) alertait sur l’importance “de structurer une filière du Livre soudée, pour ne pas laisser la main aux acteurs de la désintermédiation”. De son côté, Géraldine Bannier (Députée de la Mayenne, présidente du groupe d’études ‘Livres, économie du livre, économie du papier’, Assemblée Nationale) s’interrogeait sur “les coûts économiques et écologiques liés à ce que l’on a appelé l’école numérique, au regard des résultats pédagogiques obtenus”, laissant évidemment entendre qu’ils ne sont, à ce jour, pas probants…

 

Olivier Le Guay, Délégué Général de Culture Papier, s’est réjoui de la profondeur et de la vigueur (parfois amusée) des débats.

 

Avec près de 200 participants sur l’ensemble de la journée, le colloque Culture Papier reste un rendez-vous annuel important qui choisit de cultiver la diversité des sujets et des intervenants. Gageons que l’édition 2019 sera tout aussi riche…