Chaumont s’affiche en capitale du graphisme

Dans ce qu’il faut maintenant désigner, pour la deuxième année consécutive, comme “La biennale internationale de design graphique de Chaumont”, une large place était encore faite au célèbre concours international d’affiches, initié par la ville en 1990. Avant un reportage plus approfondi dans le numéro de rentrée d’Acteurs de la Filière Graphique, retour en mots et en images sur les axes forts d’un événement qui investit la ville jusqu’au 22 septembre…

Forte d’un legs de 5000 affiches datant aujourd’hui de près de 115 ans – c’est le collectionneur Gustave Dutailly qui en fit don à la ville en 1905 – “Chaumont s’est de longue date imposée comme la capitale du Graphisme, attirant les artistes et professionnels du monde entier” s’enorgueillit Jean-Michel Géridan, Directeur du Centre National du Graphisme (Le Signe), alors qu’il présente en avant-première à quelques journalistes la sélection officielle internationale du concours 2019. Si ladite sélection se distingue une nouvelle fois par l’exigence des choix effectués – sur 1142 œuvres réceptionnées, “seules” 317 seront retenues et exposées, dont 110 pour les seuls besoins de la compétition – c’est en marge du concours stricto sensu, expositions thématiques à l’appui, qu’il faut aller chercher les axes réflexifs qui auront orienté la Biennale cette année. Or, il faut bien le dire : cette 2e édition, intitulée “Post-médium”, a moins semblé interroger son époque qu’elle n’a semblé s’y plier, comme contrainte par une hégémonie numérique qui intercale, certainement comme jamais dans l’Histoire humaine, des écrans entre les gens. “La ville de Chaumont est fortement associée à la chose imprimée, mais il y a cette année une volonté de dépasser les traditions sans les renier” confirme-t-il ainsi à demi-mots, commentant soigneusement le travail d’artistes visiblement attachés à s’approprier les supports numériques et penser – aussi – les affiches comme des messages animés, voire pixellisés ou animés en 3D.

Jean-Michel Géridan, Directeur du Signe, présentant les 110 affiches en compétition pour le 28ème concours international d’affiches de Chaumont.

 

En marge des expositions officielles, des ateliers investis par les jeunes générations, avec un goût prononcé pour les expérimentations en tout genre.

 

Pour Mariina Bakic, Responsable développement du Centre National du Graphisme, l’existence-même d’un tel concours apporte la preuve qu’il existe “des commanditaires courageux, désireux de valoriser la singularité artistique et qui font confiance aux graphistes”.

 

Si l’exposition “Post-medium” se voulait nous immerger dans l’espace numérique dit “immatériel”, les affiches en compétition poursuivaient pour certaines un travail séculaire : interroger le support imprimé, cet éternel compagnon de la création graphique…

 

 

Interrogeant la notion de “reproductibilité numérique” par-delà les supports originaux imprimés, l’exposition “Post-medium” a paradoxalement donné l’impression de se ruer vers des questionnements attendus. D’où cette question légitime : y-a-t-il pour l’Art des passages obligés ?

 

S’appuyant sur une collection précieuse d’une cinquantaine de maquettes plus ou moins triturées (celles-ci étaient effectivement censées être détruites), une roue nous expose le processus de création par lequel les graphistes opéraient déjà – entre 1875 et 1905 – en recyclant des bouts d’affiches, selon l’ancêtre du Couper/Coller.