Relieur à l’honneur – Brochage 3000

Cette semaine notre rubrique « imprimeur à l’honneur » est consacrée à BROCHAGE 3000.

Et s’appelle d’ailleurs pour l’occasion « Relieur à l’honneur ». Vous vous dîtes qu’il était opportun de changer le nom de cette rubrique ? C’est évident ! Et pourtant conserver « imprimeur à l’honneur » n’aurait pas été une totale usurpation… D’abord parce que l’entreprise a été fondée en 1979 par un imprimeur de métier passé par l’Imprimerie Nationale et la SIRC. Monsieur Verwicht s’installe en Mayenne et crée Brochage 3000 avec une activité centrée dès le départ sur le façonnage à destination – justement – des imprimeurs. Il vendra en 2004 suite à son départ en retraite. Ensuite, parce que l’impression, si elle n’est pas le métier de Brochage 3000, en est le cœur des préoccupations. Les imprimeurs sont et restent les clients de BROCHAGE 3000, qui pense son activité et ses services en fonction d’une logique de chaîne graphique interdépendante. Livres, catalogues, agendas, blocs notes : le façonnage clos le process.

Nous aurions également pu titrer « Industriel à l’honneur », Brochage 3000 aurait été loin, là encore, d’usurper ce titre. Nombre d’imprimeurs ont intégré le façonnage ces dernières années. Etienne Chartier qui dirige la société nous le confirme : « nous avons de moins en moins de clients car ils s’intègrent les opérations de façonnage » mais pour autant « l’activité ne faiblit pas et nous ne cessons de nous développer, nous avons d’ailleurs d’importants investissements en cours pour l’assemblage et l’automatisation ». En 2017, B3000 rachète FBM et fusionne les deux entités. Sur deux sites aujourd’hui, l’entreprise rassemble 60 collaborateurs. « Nous proposons toujours plus de réactivité et des solutions élargies. Nous fonctionnons en 3 équipes sur un site et en 2 équipes sur l’autre, pour pouvoir anticiper et répondre au mieux aux délais. » Le service logistique, le dispatching font également partie de la mission du façonnier. Une logique belle et bien industrielle qui permet de répondre à une culture de l’immédiateté.

Brochage 3000 est engagé dans le collectif, dans la filière. « Nous continuons de penser qu’un partenariat avec un bon façonnier est moins risqué, moins onéreux qu’une intégration et amène de la richesse à l’ensemble de la filière et de la valeur aux produits. » Une réflexion qui nous a intéressés car la concentration que connait notre secteur – avec, en conséquence, une perte de savoir-faire indéniable – a certes permis de proposer des volumes importants de produits standardisés à plus faible coût, mais a aussi généré une perte d’agilité. Une agilité que les imprimeurs, les créatifs-prescripteurs et les donneurs d’ordre viennent chercher chez Brochage 3000. Les clients cherchent de l’originalité, de la personnalité et se tournent vers un savoir-faire distinctif. « Nous proposons de nouveaux produits avec les œillets élastiques, nous pouvons réaliser des blocs style carnet de chantier. Et, les choix de papier évoluent : grammage, grain, texture, les papiers à travailler sont de plus en plus variés et donc plus complexes à travailler. » La société met en avant un savoir-faire complémentaire. Une réponse de filière intelligente qui fait de Brochage 3000 assurément une entreprise à mettre à l’honneur.

La transformation numérique en avant-goût pour Graphitec

La conférence pré-Graphitec intitulée “Dématérialisation et productivité dans les industries graphiques” se tenait sur le salon Documation 2019 et osait un quasi-paradoxe : parler de “dématérialisation” pour évoquer l’avenir de l’imprimerie…

Comme pour balayer tout malentendu, Philippe Teyssier (Directeur général de Key Graphic) souligne dans un sourire qu’il sera ici question de “bonne dématérialisation”. C’est-à-dire celle qui permet de mieux collaborer, tant dans la sphère interne de l’entreprise que dans sa sphère externe, autour d’outils logiciels et applicatifs aux noms barbares : gestionnaires de workflow, bases de données dynamiques, automatisation des EDI (Échange de données informatisé), Web to print etc. L’enjeu est résumé de la sorte par Philippe Vanheste (Directeur marketing du Groupe Prenant) : “Il est urgent d’adopter les bons standards en EDI. Il faut nous connecter plus vite aux standards des autres métiers, plutôt que de rester isolés”, ajoutant “qu’il est “moins difficile de dématérialiser la partie administrative de l’entreprise que la partie jobs/production”, la seconde nécessitant en effet d’adosser les processus de gestion des flux à un environnement hardware – les machines d’impression – plus spécifique aux Industries Graphiques. C’est d’ailleurs là un paradoxe que certains n’ont pas manqué de souligner : les imprimeurs investissent énormément dans des machines, moins (pas assez ?) dans les ERP (Enterprise Resource Planning), lesquels permettraient pourtant justement de les piloter et de gérer l’ensemble des processus de l’entreprise. “Les petites structures se sont dématérialisées plus vite que les grosses” note par ailleurs Philippe Vanheste, sous-entendant là encore combien le poids de l’investissement matériel pèse sur l’agilité des entreprises, souvent historiquement construites – notamment stratégiquement – autour de leur parc machines. Or, certainement faut-il aujourd’hui davantage réfléchir aux tuyaux numériques véhiculant les flux administratifs, documentaires, informationnels ou productifs, qui font la vie d’une entreprise…

“92 % des spécialistes du marketing déclarent que les retards de validation sont les premières causes de non-respect des délais” – Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director, Dalim Software)

“92 % des spécialistes du marketing déclarent que les retards de validation sont les premières causes de non-respect des délais” souligne Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director, Dalim Software), ajoutant logiquement que “sans une bonne organisation, ces validations se perdent et/ou sont plus complexes”. Pire, “Nous manquons de bases d’analyse fluides et traçables, dès lors par exemple que nous voulons établir un lien entre la réception d’une campagne adressée en VPC, et les retours clients en termes de commandes” estime Philippe Teyssier. Autrement dit : les Industries Graphiques manquent de data exploitable, non pas tant pour des raisons éthiques que par défaut d’organisation optimale en amont. “Il faut en finir avec les Wetransfer que chacun stocke sur son poste” insiste-t-il… “Bénéficier d’un historique complet avec une traçabilité soignée permet de gagner énormément de temps. On sait qui a fait quoi, avec les outils de workflow et de contrôle pertinents”. Car “gagner du temps” fait plus que jamais figure de condition de survie, dans un contexte où les mouvements de flux se révèlent de plus en plus morcelés, dans le sillage d’une production volumique tendanciellement en baisse, pour un nombre de dossiers traités en hausse… Une réalité ô combien sensible dans l’univers de l’imprimé, mais qui s’avère traverser le monde de l’entreprise dans sa quasi-globalité. D’où le fait que la thématique de la “transformation numérique” affecte peu ou prou tout le monde, au risque de dériver en des injonctions à la dématérialisation maladroitement amalgamées au défi du “zéro papier”. Patricia Guillamot (Direction de la Communication et du Marketing de la RATP) évoque notamment la mise en place d’une plateforme collaborative destinée aux 400 salariés attachés au Comité d’Entreprise de la RATP, visant à fluidifier les flux croisés entre de nombreux services, communiquant eux-mêmes sur de nombreux supports : “Nous avions clairement des difficultés à gérer à la fois nos magazines, catalogues, sites Web, réseaux sociaux, etc. qui étaient animés par des process lourds et difficiles à appliquer. Nous étions également pénalisés par une absence concrète de solution d’archivage, qui occasionnait beaucoup de pertes” décrit-elle, avant d’amener Créacom – intitulé de la plateforme concernée, mise en place avec l’appui de Dalim Software – à simplifier l’ensemble des processus de communication. “Aujourd’hui nous gérons plus facilement 1300 réalisations graphiques par an, sur tout support” s’enorgueillit-elle, ajoutant “une montée en compétences des équipes, un meilleur niveau d’information pour tous, une meilleure direction de la communication, un meilleur accompagnement des demandes clients et un gain net de 100 000 euros annuels environ, sur un budget de 1 million”.

De gauche à droite : Philippe Vanheste (Directeur du marketing – Groupe Prenant), Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director – Dalim Software), Christophe Lecoeur (Responsable des Opérations Chaîne Graphique – Françoise Saget), Philippe Teyssier (Directeur Général – Key Graphic) et Patricia Guillamot (Direction de la Communication et du Marketing – RATP).

Alors comment expliquer cet étrange “retard” des Industries Graphiques face au défi de la transformation numérique ? Il fut pourtant l’un des premiers secteurs industriels à informatiser ses process, incluant même le numérique dès ses prémices à ses logiques de traitement, jadis analogiques. Il n’empêche, si la réalité d’un tel “retard” pourra être contestée à la marge, reste a minima une réelle hétérogénéité dans la façon dont les imprimeurs – au sens large – se sont emparés de cette question. Dit plus simplement : tout le monde n’est pas prêt. Et c’est ce rappel salutaire que voulait souligner cette conférence pré-Graphitec, à quelques encablures de la tenue du salon. De là à y voir un indice sur une volonté de se décentrer du tout-machine, pour mieux mettre en lumière l’optimisation organisationnelle essentielle qu’il convient aujourd’hui d’élaborer autour des Presses, il n’y a qu’un pas…

Retour sur Livre Paris 2019

Dans ce que l’organisation du salon qualifie de “contexte et actualité sociale tendus”, Livre Paris enregistre une légère baisse de sa fréquentation (- 2 %) avec 160 000 visiteurs enregistrés. Après deux années consécutives de baisses globales – mais relativement contenues – des ventes de livres en France, l’événement reste cependant un lieu de débat privilégié, et ce probablement d’autant plus que les difficultés identifiées appellent justement à échanger. Retour express et en images sur quelques-unes des problématiques évoquées durant ces quelques jours…

“Comment favoriser les circuits courts ?”, un débat animé sur le stand des Hauts de France…

“Le marché du livre français se situe dans le trio de tête européen, ce qui souligne des résultats et un intérêt pour la lecture plutôt bons. En revanche, sur le plan de la fabrication du livre, la France n’arrive qu’à la 6ème, voire 7ème place européenne” regrette Georges Sanerot (ex-président du directoire du groupe Bayard et Président du comité de pilotage des Assises du Livre), ne manquant pas dans la foulée de rappeler les urgences du présent : “Demain, nous allons devoir intégrer les enjeux de proximité et c’est à nous de prendre les devants”. Or, “prendre les devants”, c’est tirer les leçons de ce genre de constats pour “faire émerger dix chantiers concrets”, promet-il, nous donnant même rendez-vous pour un “bilan” autour de mai/juin prochains, avec la volonté notamment de protéger un réseau de librairies précieux. “Il faut éviter à tout prix de reproduire ce qui se passe dans la Presse, où plus de 900 points de vente ferment chaque année” alerte-t-il en effet. “A nous de trouver de nouvelles hypothèses de réponse pour passer du constat partagé aux solutions, en y intégrant les données économiques pertinentes, en questionnant la pertinence des aides européennes etc.” Georges Sanerot faisant ici notamment référence aux aides directes et indirectes (aides à l’investissement matériel et aides infrastructurelles) dont certains pays peuvent bénéficier au titre des fonds structurels européens, avec les conséquences qui y sont associées en termes de différentiation coût et d’avantages concurrentiels déloyaux. Rappelons d’ailleurs à ce titre qu’une étude portant sur les différentiels de compétitivité affectant le marché du livre est actuellement en réflexion…

 

Comment préserver la diversité éditoriale sans conduire à une surproduction ? Avec Bruno Caillet (Madrigall), Stéphane Marsan (auteur et éditeur), Anne-Laure Walter (Livre Hebdo), Marie Sellier (SGDL) et Grégory Sapojnikoff (librairie Le Bonheur).

Publie-t-on trop de livres en France ? Si la question est régulièrement posée, c’est bien parce qu’avec 68 199 nouveautés publiées en 2017 en France selon les données Livres Hebdo/Electre.com, la réalité d’un encombrement continu des linéaires tient aujourd’hui de l’évidence. “La production éditoriale a augmenté de 113 % en 20 ans. or, les ventes ont augmenté quatre fois moins que la production” détaille Marie Sellier (auteure et Présidente de la SGDL). Si chacun se réjouit de la diversité créative à la source d’une offre pléthorique, la plupart observe que trop de titres ne se vendent pas ou trop peu, voire qu’un phénomène d’imitation conduit les succès-locomotives à produire nombre de répliques plus ou moins pertinentes, sans forcément parvenir à surfer sur les modes. Exhortant les libraires à affirmer leur identité en “choisissant” les nouveautés qu’ils tiennent à mettre en avant – dans l’hypothèse toutefois où ces derniers le pourraient sans être contraints d’ignorer purement et simplement une large part de la production – Bruno Caillet (Madrigall) tient à rappeler que “le fond, c’est encore la moitié de ce qui se vend. Il ne faut pas que l’afflux de nouveautés  freine notre capacité à vendre le fond”. Mais dans ce ce que certains considèrent comme une logique économique absurde en forme de fuite en avant – produire sciemment deux à trois livres pour en vendre un – les bons équilibres de la diversité restent à inventer.

 

 

L’écoresponsabilité du livre en question avec, de gauche à droite, Olivier Le Guay (Culture Papier), Monique Barbaroux (administratrice générale au Ministère de la Culture), Pascal Lenoir (Gallimard), Richard Dolando (Editis) et Yves Chagnaud (éditions Apeiron).

Porté par la volonté de fonctionner en “filière directe”, Yves Chagnaud (éditions Apeiron) a tenu à faire fabriquer ses livres “à moins de 100 kilomètres autour de la maison d’édition”. Illustrant son propos avec le livre “Histoire de l’Oiseau qui avait perdu sa chanson”, récompensé par un prix décerné par La Nuit du Livre en 2015, il précise notamment avoir fait appel à Maugein Imprimeurs, élaboré une couverture en carton recyclé fabriquée en Creuse grâce à la cartonnerie Jean et veillé à n’imprimer les exemplaires (mille, en tout) qu’à la demande, sans prendre le risque de générer un surplus de stock. Conscient d’opérer ici en quasi-militant (soulignons d’ailleurs une nouvelle récompense cette année avec “Effraie Ma Nuit”), Yves Chagnaud ne sera pas surpris d’entendre notamment Pascal Lenoir (Directeur de production chez Gallimard) souligner qu’avec plus de 60 000 nouveautés par an, un phénomène de péréquation économique voit les gros tirages, difficilement solubles dans des logiques 100 % locales, permettre l’existence de ces initiatives dites “de niche”. Il ajoute : “70 % du bilan carbone d’un livre est lié au papier. le sujet de l’écoresponsabilité du livre a donc naturellement tendance à se focaliser sur cette problématique”, exhortant d’abord la filière à “mieux estimer le juste besoin, un livre écoresponsable étant d’abord un livre qui trouve son lecteur”. Là encore, le débat appelle d’imminentes suites, puisqu’une seconde journée de rencontres professionnelles “Livre, lecture et environnement, une histoire à poursuivre”, organisée par le ministère de la Culture, la Bibliothèque nationale de France et le Centre national du livre, se déroulera le jeudi 28 mars de 9h30 à 18h au Centre national du livre…

Livre Paris 2019 – La fabrication à l’honneur

La présence très remarquée du robot Gutenberg One – une avant-première mondiale – dans les travées du salon Livre Paris 2019 aura eu de nombreux mérites, dont celui de restituer face à un public fasciné la magie de la fabrication du livre. Au-devant de gens curieux, souvent enthousiastes, les questions relatives aux différentes étapes de fabrication ont fusé : impression, encollage, façonnage, massicotage… Nul doute que la gestuelle théâtrale du robot a participé à rendre ces quelques minutes hypnotiques, avant d’amener à des considérations plus stratégiques : à quoi – et surtout à qui – tel robot peut-il servir ?
Destiné à imprimer et façonner du livre unitaire en quelques minutes, Gutenberg One se veut être le tout dernier rempart imprimé avant l’écran. Car il ne s’agit nullement de “courtes séries” ou même “d’impression à la demande” stricto sensu, mais bien de fabrication unitaire quasi-instantanée, avec une ambition claire : aller plus vite qu’Amazon. Pertinent sur la myriade de références dites de “longue traîne” ne se vendant qu’exceptionnellement et trahissant donc souvent une absence de stock disponible, des éditions spéciales hyper-personnalisées, les ouvrages libres de droit ou encore – à terme – l’offre autoéditée, Gutenberg One est une réponse concrète visant à rendre l’imprimé le plus disponible possible.

Porté, via Gutenberg & Co, par un concept de cafés littéraires conceptualisés et construits autour de la machine (il devrait s’en créer 222 en France, dans le sillage du Plan Cœur de Ville), souhaitons à cette initiative innovante un succès la hauteur de son culot.

Dématérialisation et productivité dans les industries graphiques

L’UNIIC continue à soutenir Graphitec, premier salon des industries graphiques français, et vous invite à assister à la Conférence pré-Graphitec, Dématérialisation et productivité dans les industries graphiques, Mardi 19 mars de 16h à 17h30, dans le cadre du Salon Documation 2019, Pavillon 4.3 Salle Chopin au Parc des expositions Porte de Versailles à Paris.

Quels sont les enjeux consécutifs à la dématérialisation pour les industries graphiques ? Quelle organisation, quels outils et quelles compétences les entreprises doivent-elles mettre en place pour accélérer leur croissance et dégager des marges en augmentant leur productivité ?

Une conférence animée par Daniel DUSSAUSAYE, Directeur de la rédaction de Presseedition.fr, avec Patricia GUILLAMOT, Directrice de la Communication et du Marketing, Direction de la Communication et du Marketing, CRE – RATP, Isabelle BILLEREY-RAYEL, Business Development Director, DALIM SOFTWARE, Christophe LECŒUR, Responsable des Opérations Chaîne Graphique, FRANCOISE SAGET, Philippe TEYSSIER, Directeur général , KEY GRAPHIC, Philippe VANHESTE, Directeur du marketing, GROUPE PRENANT.

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Hunkeler Innovationdays – L’automatisation sur toute la ligne ?

Logiquement positionné sur les marchés historiques ciblés par Hunkeler – ceux du livre et du marketing direct – l’événement quasi-éponyme « Hunkeler Innovationdays » voyait son édition 2019 portée par un mot fort : l’automatisation. Si le concept n’a bien sûr rien de neuf en soi, il traduit bien l’autoroute vers laquelle les technologies liées au print, en particulier numériques, continuent de se ruer…

La ville de Lucerne accueille les Hunkeler Innovationdays tous les deux ans. (© Jean-Marc Lebreton)

La baseline de l’événement ne trompait pas : « Automation with success ». Ainsi comprend-on vite qu’au centre d’exposition de Lucerne (Suisse), « innovation » rimera plus que jamais avec « automatisation », avec un focus tout particulier et attendu sur les procédés de finition, qui méritent effectivement que l’on se penche sur eux…

Le finishing 4.0 ?

Sur trois machines différentes (Primera, Presto II Digital et Sigmaline II), les démonstrations effectuées par Müller Martini sur son site dédié à Zofingen, ont permis de mettre en évidence les capacités de variabilité et d’automatisation des matériels de la marque.

Philippe Michelon (Directeur commercial France – Müller Martini) ne s’en cache pas : il n’est qu’à moitié à l’aise avec l’expression de « finishing 4.0 », trouvant la formule surutilisée et donc partiellement usée. Pourtant, c’est bien à ladite expression qu’il aura recours pour présenter la philosophie qui préside aujourd’hui la stratégie de la marque : « Développer la notion de variabilité dans l’univers de la finition et du post-presse, c’est la grosse révolution de nos métiers » assure-t-il en effet à une assemblée d’adhérents de l’UNIIC, au cours d’une visite – en marge du salon – du centre de démonstration de Zofingen en Suisse, qu’il qualifie également de « lieu de test et formation ». Or, que définit le mot-valise « Finishing 4.0 », sinon la capacité d’ouvrir tous les pans de la finition à la variabilité : nombre de pages, format, découpes, massicotage etc. ?
« Lors des Hunkeler Innovationdays, nous allons mettre le focus sur notre segment digital et sur la technologie qui nous permet de connecter nos différents systèmes avec un langage unique et centralisé » précise-t-il. Un discours parfaitement dans l’air du temps et qui semble notamment trouver écho chez des acteurs au profil bien particulier… « Avec des machines telles que Vareo (une brocheuse dite « flexible » pensée pour les courts tirages, présentée pour la première fois aux Hunkeler Innovationsdays en 2015, ndlr) et InfiniTrim (un massicot trilame capable de traiter en flux tendu plus de 15 produits différents en couverture souple et rigide, ndlr), nous voyons arriver de nouveaux clients qui sont des sociétés très orientées sur le traitement fin de la data : Amazon, Datev (société coopérative enregistrée qui fournit principalement des services d’informations techniques pour les impôts, les comptables et les avocats, ndlr), KNV (un des principaux grossistes de livre allemand, ndlr) ou encore Books on Demand (BOD) ». De quoi souligner qu’avec l’avènement progressif des courtes séries et la volonté affichée de minimiser les stocks, la fabrication du produit imprimé – jusqu’aux procédés de finition – n’échoit plus exclusivement aux seuls industriels historiques du secteur graphique, ces derniers voyant émerger de plus en plus d’acteurs qui ont décidé de devenir leur propre imprimeur. Voire ont décidé d’étendre leurs services à certains types d’impression, à l’image de ce que propose déjà Amazon en Print On Demand pour l’autoédition… Un phénomène encore balbutiant, mais qui rappelle la nécessité, sur certains segments où les shorts runs personnalisés sont en passe de devenir la norme, de savoir marketer aujourd’hui une offre à la fois réactive et sur-mesure.

Centraliser pour mieux automatiser

Évidemment mobilisé par l’événement qui porte son nom et donc délesté d’une partie de son matériel, Hunkeler ouvrait tout de même les portes de son site Suisse de Wikon à la délégation UNIIC (une petite trentaine de participants). L’occasion de se retourner sur l’histoire et l’expertise d’une marque bientôt centenaire. (© Jean-Marc Lebreton)

De son côté, Hunkeler n’avait pas sous-titré l’événement dont il est l’hôte au hasard… « Sur notre matériel de génération 6, commercialisé depuis dix ans, nous utilisions une technologie analogique. Parmi les inconvénients que cela soulevait, il fallait procéder à beaucoup de réglages et il fallait en moyenne vingt minutes pour caler une ligne de production » admet sans résistance Mickaël Hiblot (France Sales Manager – Hunkeler), face à la délégation UNIIC, sur le stand du constructeur.
« Aujourd’hui, nous avons un seul cerveau pour toutes les lignes/machines/réglages, le but étant que tous nos équipements se connectent en amont avec tout type de machine d’impression », évoquant donc là une « génération 8 totalement automatisée », démonstration à l‘appui. Décrit comme une « nouveauté phare » de la marque, le module Laser HL8 illustre bien, selon Mickaël Hiblot, la philosophie que Hunkeler tenait cette année à exposer : « Dans le domaine de la perforation, on joue ici sur la puissance du laser pour venir traverser ou simplement graver la page, selon ce qu’on souhaite obtenir. L’idée est de n’imposer aucune limite de personnalisation et de variabilité : chaque page peut être unique ». Un message martelé comme un mantra, à l’heure où ce n’est plus tant la mécanique des machines qui recueille encore l’essentiel des efforts de développement, que l’emprise grandissante de la dimension « software » dans les process d’impression/finition. C’est notamment de cette façon que les systèmes de contrôle, désormais centralisés, ont également pris la tangente de l’automatisation : « Nos machines disposent toutes d’une table de maintenance qui vous avertit des opérations à prévoir. On n’attend plus les pannes, on les anticipe et tout est pensé pour que les machines soient arrêtées le moins possible » certifie-t-il, avant de présenter un service connexe d’inspection Web, le but étant cette fois de détecter les éventuels défauts de production en temps réel. Et Mickaël Hiblot de finir – non sans malice – sur cette assertion conclusive : « En matière d’automatisation, les lignes de finition sont prêtes »

Bienvenue aux Hunkeler Innovationdays 2019. (© Jean-Marc Lebreton)

Dépasser le discours performatif

Une fois n’est pas coutume, faisons les choses sciemment à l’envers pour revenir, en amont de la chaîne, aux solutions d’impression exposées durant l’événement, puisque Ricoh, HP, Canon, Xerox ou encore Screen étaient bien sûr également présents. Sans réelle innovation disruptive, la plupart voulait toutefois témoigner des progrès établis concernant la productivité de leurs machines, tant en termes de vitesse de production que d’éligibilité des substrats. « Avec le modèle Ricoh VC70000, capable d’imprimer à 150 m/min, nous avons doublé les vitesses » se félicite notamment Steve Levy (Key Account Manager Industrial Printing – Inkjet Technology), ajoutant aux mérites de la machine la souplesse de « pouvoir imprimer sur du papier couché ou non-couché, juste en changeant de bobine ». Si, de son propre aveu, c’est d’ailleurs « lorsque les constructeurs sont arrivés avec des technologies numériques bobine que les rotativistes ont commencé à les écouter », des axes d’amélioration demeurent, lui qui estime notamment que « nous allons encore trois à quatre fois moins vite en finition qu’en impression »… Mais sans s’en tenir à des arguments strictement performatifs, Steve Levy laisse surtout explicitement entendre combien « le nerf de la guerre, en impression numérique, concerne la consommation d’encre »… Ainsi s’attache-t-il à présenter une technologie d’encrage intégrée à la machine, capable dit-il « de différencier trois tailles de gouttelettes », pour les déposer sélectivement « au plus juste de ce que réclame la définition de l’image ». A défaut de pouvoir encore juger sur pièce de l’efficience d’un tel procédé, notons ici que les obstacles expliquant certainement encore pourquoi seuls 5 % environ des volumes imprimés sont aujourd’hui issus du numérique (la difficulté de préserver sur ces derniers des marges suffisantes étant manifestement bloquante), semblent de fait entendus par les fournisseurs de matériel, qui travaillent aussi à réduire/optimiser les coûts engagés. S’il est aujourd’hui clair que l’automatisation des process d’impression et de finition doivent effectivement viser une minimisation des coûts liés aux consommables, c’est (hélas) d’abord sur la main d’œuvre nécessaire que des économies semblent pouvoir être dégagées dans l’immédiat, tant les matériels sont aujourd’hui pensés pour fonctionner presque seuls. Or, si le combat du print pour passer d’une ère de production massifiée et indifférenciée à une ère de volumes optimisés et personnalisés nécessite effectivement une mue technique, reste encore à en tirer des modèles économiques plus clairs. Peut-être est-ce là d’ailleurs un des défis qui pourra (devra ?) animer la Drupa 2020, à un peu plus d’un an de la prochaine édition : dépasser les discours technico-performatifs pour y associer des modèles économiques et industriels pérennes. De sorte que le basculement technologique vers l’impression numérique promis et prophétisé par tant prenne enfin un tour concret, au-delà de quelques niches et cas d’étude singuliers…

Le salon a été l’occasion de présenter en exclusivités quelques nouveautés, dont le modèle Ricoh VC70000 (toutefois annoncé dès juin 2018), solution jet d’encre capable d’imprimer à 150 m/min sur des supports papier non couchés, couchés offset, ou traités jet d’encre.

 

La délégation UNIIC (pas tout à fait) au complet, devant le stand Hunkeler avec deux générations d’Hunkeler : Franz le patriarche et Michel la relève… . (© Guillaume Prudent – Caractère)