“Dis Siri”, emmène-moi faire les boutiques?

Le e-commerce est en plein essor, les achats sur mobiles également sans parler des assistants virtuels qui sont en passe de remplir le frigo à notre place. Pour autant, en France 90% des achats se font encore et toujours en magasins selon le cabinet de conseil Olivier Wyman

Vous vous dîtes que face à Google ou Amazon ça ne va pas durer, que tout ceci n’est qu’une lente dégringolade ? Et bien oui et non. Certes le e-commerce ne cesse de se développer mais les champions du commerce en ligne se lancent dans les points de vente physiques et pour garantir leur part de marché les enseignes traditionnelles n’ont de cesse de se renouveler. Expertise, personnalisation, expérience, événement…, l’offre redouble d’attention envers le consommateur en faisant appel à de nouvelles formes d’agencement commercial.

Store-in-store

On les appelait les grands magasins, les galeries marchandes, ils portent maintenant le nom de store-in-store. Le concept global est le même : plusieurs marques dans un même espace de vente mais le changement de nom célèbre un tournant, le tournant du marketing. Dans chaque espace le client doit dès les premières secondes être immergé dans un univers propre à la marque et faire abstraction des concurrents voisins. L’atout principal des marques: le merchandising visuels (plv, backlite, plafonds tendus, sols imprimés…) L’impression grand format est un partenaire de taille. Les surfaces sont réduites mais l’attention portée à la communication grand format ne l’est pas.

La plus petite boutique SEPHORA

Expertise

Les lieux de vente ont su repenser leur fonction et misent, pour nombre d’entre eux, sur le lien d’expertise. On peut trouver de plus en plus en magasin des cours de maquillage, bricolage, des experts en informatique, des conseils en décoration, des lectures publiques, des concerts, des projections… Les lieux de vente deviennent des lieux de vie et de socialisation qui poussent à la création de nouveaux espaces plus sobres en communication, intégrant de la signalétique décorative. Le digital n’est pas en reste avec une diffusion grandissante de tutoriels. Les grandes enseignes mais les petites également n’hésitent pas à intégrer la personnalisation directement sur le lieu de vente: DECATHLON, THE KASE, CITADIUM ont montré la voie et les machines d’impression investissent les lieux de vente pour proposer une expérience toujours plus riche au consommateur. Et même si ces machines ne sont pas en production dans les ateliers, elles n’empiètent pas sur les parts de marché des industriels. Et elles jouent parfois même un rôle intéressant de vitrine de la communication imprimée auprès du grand public…

Chez THE KASE l'impression est au centre du magasin

Événement

L’arrivée des machines dans les lieux de vente est une forme de scénarisation de plus en plus répandue. Le lieu de vente reste pour les marques le lieu de la relation client, de la fidélisation. Pour entretenir cette “relation” il faut donner des rendez-vous et c’est chose faite. Au-delà des soldes annuels, la sortie d’un produit, un anniversaire, etc. tout est prétexte à créer l’événement. Le meilleur exemple de ce phénomène est le pop-up store qui encore une fois laisse la part belle à l’impression grand format. Ces magasins éphémères doivent, sur une courte période, proposer un récit au consommateur et “brander” un lieu brut du sol au plafond. Pour vous donner une idée, en France il y a 400 pop-up store par an…

Les marques sont loin de déserter le lieu de vente et si la digitalisation progresse à grand pas, l’impression a elle aussi une voire des cartes à jouer.

 

Le livre et le droit d’auteur en fête

Officiellement datée au 23 avril, la Sant Jordi (Saint Georges en France) ne porte rien de moins que la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. La tradition a d’abord voulu qu’on offre en ce jour une rose, avant d’y adjoindre un livre dans les années 1920. C’est aujourd’hui l’occasion de manifestations dédiées au livre partout dans le monde, comme celle notamment portée et relayée cette année par Arctic Paper : “L’idée, initiée par l’association Verbes en partenariat avec les Editions Gallimard, prend cette année la forme d’un livre d’artiste ; un fac-similé d’un véritable trésor de l’édition française. Tiré à 16 exemplaires à l’origine, en 1947, il présente en parfaite alchimie, les onze gravures sur bois de Serge Rezvani et le poème « Elle se fit élever un palais », de Paul Eluard”. Un livre que vous pourrez vous voir offert dans chaque librairie indépendante participant à l’opération intitulée “Un livre, une rose”, le samedi 27 avril.

“Le fac-similé a été reproduit, en réduction, à partir de l’exemplaire no 13/16. Il est composé de 40 pages non reliées, contenant les onze gravures accompagnées harmonieusement par le poème “Elle se fit élever un palais” par Paul Eluard. L’impression des 28.500 ex a été assurée par La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts, sur le papier design Munken Lynx Rough 170 et 300 g/m². Le Munken Polar Rough 120 g/m² a également été utilisé pour le livret de texte de 24 pages Le papier est fabriqué par Arctic Paper Munkedals” précise le communiqué de Presse d’Arctic Paper.

 

Si le 23 avril sera donc certainement l’occasion de célébrer la littérature au travers de différentes opérations – ou, pourquoi pas, de poursuivre les récents débats dédiés au droit d’auteur – ne manquez pas de prolonger la fête, en vous rendant le 27 avril chez un libraire indépendant partenaire…

Lien utile : la liste des librairies participant à l’opération.

… Et en bonus : A l’occasion de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, redécouvrez, sur le site de l’INA, cette incroyable interview d’un étudiant qui, en 1964, déclarait son opposition au “Livre de poche” et revendiquait une “élite des lecteurs”.

Packaging et environnement

Source: Stratégies : packaging et environnement

“Un de mes clients dans la charcuterie m’a demandé d’augmenter de 20 % la taille de son packaging. Ses deux concurrents l’ont fait et il n’est pas en position d’influencer le marché. Pour des raisons de visibilité, il doit avoir un packaging plus grand.” Ce témoignage d’un dirigeant d’agence de design est révélateur du marché actuel de la grande consommation. Visibilité, praticité, nomadisme, éclatement des foyers : ces phénomènes économiques ou sociologiques déterminent la forme des emballages achetés tous les jours. Les consommateurs ne veulent plus doser leur liquide de lave-vaisselle ? On a vu apparaître des tablettes emballées dans leur papier comme des bonbons. Les gens voyagent, pour leur travail ou leurs loisirs ? Les barquettes individuelles se multiplient.

De leur côté, les industriels sont soumis à la loi de la concurrence : toutes les marques de céréales alignent sur les linéaires leurs boîtes géantes remplies… d’un tiers de vide. Et les habitudes ne sont pas faciles à changer. Il y a quelques années, Kellogg’s a tenté de lancer une boîte plus petite contenant la même quantité de céréales. Le consommateur, déstabilisé, a eu peur d’acquérir moins de produit pour le même prix et l’initiative s’est soldée par un échec.

Pourtant, une autre réalité s’impose à la société : l’augmentation régulière du poids et du volume des déchets ménagers. De 220 kg par personne et par an en 1960, ils sont passés à 450 kg en 1998, avec tous les problèmes de gestion que cela entraîne. Sans être un écologiste à gros chandail, il faut aussi se rendre à l’évidence de l’épuisement – d’ici à soixante-dix ans selon les scénarios les plus optimistes – des ressources en pétrole, matière de base du plastique.

Réduction des emballages à la source, développement d’emballages biodégradables ou compostables, tri, recyclage, incinération : les solutions sont multiples et les agences de packaging ne peuvent pas être absentes de ce débat. Régulièrement, pour dénoncer le suremballage, les associations de défense de l’environnement investissent les hypermarchés et remplissent les chariots d’emballages inutiles. Ces opérations coups de poing pourraient-elles devenir pour les agences de design ce que les commandos antipub ont été pour les agences de publicité ?

Pas une priorité d’achat

“Nous ne pouvons rester insensibles quand nous voyons le packaging d’un de nos clients traîner dans la forêt”, témoigne Sylvia Vitale-Rotta, directrice générale de l’agence Team créatif, spécialisée dans l’alimentaire. Avant de reconnaître que la fin de vie du packaging est rarement prise en compte dans les commandes des annonceurs. Pour la plupart, les professionnels se réfugient encore derrière la demande des consommateurs pour justifier leur frilosité sur le sujet. “Les ” blisters “, les ” sleevers “, les “doypacks” : tous ces emballages souples à base de plastique sont à la mode car le consommateur veut des packagings transparents qui laissent voir le produit”, affirme Simon Bouanich, PDG de l’agence Pulp, filiale d’Havas. Chez Paris Venise Design, Stéphane Ricou, président et cofondateur de l’agence, est fataliste : “La dimension écologique n’est pas prioritaire dans l’acte d’achat. Le consommateur se détermine d’abord par rapport à ses envies, puis par rapport au prix.”

Recycler davantage

D’autres agences sont plus avancées dans leur réflexion. Dans toutes les conférences auxquelles il participe, Fabrice Peltier, président de P’Référence, se fait le chantre du cycle de vie du packaging, de la conception jusqu’au bac à ordures. Pas facile pour un designer d’admettre que sa création va finir en déchet, mais c’est pourtant son destin. Avec son client Système U, P’Référence a mis en place un langage graphique, au dos des emballages, qui conseille le consommateur sur le tri sélectif. En septembre prochain sortira un packaging conçu par l’agence pour la gamme de café Philtre d’or Carat de Segafredo, qui permettra de dissocier l’aluminium du carton en vue du recyclage. Recycler plutôt que réduire la quantité de matière à la source, cela ne va pas dans le sens d’une diminution de la poubelle des ménages. Mais, pour Fabrice Peltier, “nous ne pouvons pas revenir en arrière. Les acheteurs veulent des produits pratiques, tout prêts, à portée de main. Mieux vaut éduquer au recyclage qu’essayer de changer les habitudes.”

Concilier modes de vie actuels et préoccupations environnementales, c’est aussi la mission de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cet organisme public conseille les collectivités locales, les entreprises et les particuliers sur les économies d’énergie et la réduction des déchets, sans passer en force. Ses analyses bousculent souvent les idées reçues. Par exemple, l’argument de visibilité invoqué par les industriels pour justifier la taille de leurs packagings est démenti dans le secteur des téléphones portables, où l’emballage représente vingt-cinq fois le volume de son contenu, alors qu’il est rarement mis en avant dans les points de vente. Or qui dit vingt-cinq fois plus de volume dit vingt-cinq fois plus de camions pour les transporter et donc un coût supplémentaire pour l’entreprise. Le sac de caisse biodégradable, soit disant écologique car il préserve la faune marine, n’a aucune valeur éducative car il déculpabilise l’utilisateur qui le jette dans la nature. Mieux vaut développer les cabas réutilisables. En revanche, la lessive en tablettes, malgré son suremballage, a un meilleur bilan écologique que le baril classique car elle évite le surdosage, source de pollution des rivières. Idem pour les engrais en dosettes.

“Plus que le recyclage, c’est la notion de valorisation qui est importante”, souligne Nadia Boeglin, responsable du département éco-conception et consommation durable à l’Ademe. “Le baril de lessive est recyclable alors que l’écorecharge ne l’est pas, mais l’écorecharge consomme moins de matière et d’énergie en production et en distribution, donc son bilan écologique est meilleur au final… à condition qu’elle ne dégage pas de substances polluantes à l’incinération, ce qui est heureusement le cas. Il ne faut pas tout focaliser sur la fin de vie d’un emballage et oublier le bilan écologique de la production.” Au hit-parade des produits à la mode mais aberrants d’un point de vue écologique, exposés au siège parisien de l’Ademe : le pot de yaourt en terre cuite, qui n’est valorisable qu’en pot à crayons, la lingette pour plante verte, les cosmétiques en monodoses. Du côté des bons élèves : les écorecharges d’Yves Rocher, le tournevis sans emballage de Castorama, où le prix est directement imprimé sur le manche (se pose alors le problème de la sécurité), les balles de squash de Décathlon, à l’ancien emballage plastique remplacé par du carton, etc.

Un argument d’image

Sur un sujet pour lequel il n’existe pas de solution toute trouvée, l’éducation s’avère primordiale. Celle des industriels d’abord, qui se lancent parfois dans la thématique écologique sans discernement. Tristan Hirsinger, responsable de Materio, une bibliothèque de matériaux destinée aux fabricants, architectes ou designers, le constate tous les jours : “Je reçois constamment des demandes concernant les matières écologiques. Mais cette notion est dangereuse. Il n’y a pas de bons et de mauvais matériaux, tout dépend de leur utilisation. Prenez la mousse de papier, qui peut remplacer le polystyrène expansé. Elle est entièrement recyclable – encore faut-il que la filière de recyclage existe. Par ailleurs, elle est biodégradable, avec le risque que l’utilisateur la jette dans la nature.”

Les entreprises peuvent réduire la quantité de matière pour des raisons d’économie, ce qui est déjà mieux que rien. Une grande marque de cognac a ainsi demandé à son agence de redessiner sa bouteille pour utiliser moins de verre, et de passer de huit à quatre couleurs sur son étiquette pour économiser de l’encre. Mais ce type d’initiative est rarement répercutée sur le prix que paie le consommateur et n’a aucune valeur pédagogique. La seule vraie réponse serait un engagement global des marques concurrentes, comme pour les baisses de prix dans la distribution. “Pour qu’une prise de conscience collective s’opère, c’est aux marques leaders d’ouvrir les festivités, suggère Jean-Baptiste Vouters, directeur général de l’agence Graphèmes. Imaginez un spot Kellogg’s qui dirait : “Moins d’emballage, c’est moins de déchets, moins de pollution due à leur fabrication, moins de camions sur les routes. Kellogg’s a décidé de réduire la taille de toutes ses boîtes avec autant de produit dedans. Le même produit, la même quantité, un geste de plus pour notre environnement.” En six mois, tous leurs concurrents qui continueraient à utiliser des boîtes immenses seraient sans doute écologiquement incorrects aux yeux des clients.” Pour Sylvia Vitale-Rotta, de Team créatif, “Evian a eu une démarche de leader quand il a communiqué sur la bouteille compactable. Cela a marqué l’esprit des consommateurs.”

L’éducation du grand public est en effet urgente. D’après une enquête réalisée en 2004 par l’association Consommation, logement et cadre de vie, seulement 16 % des personnes interrogées connaissent la signification du point vert figurant sur la plupart des emballages. Ce sigle renvoie à la taxe payée par les industriels depuis 1992 pour financer les actions de recyclage gérées par les collectivités locales dans le cadre du programme Éco-Emballages. En moyenne, la contribution à Éco-Emballages est de 0,7 centime d’euro par emballage. Elle ne garantit en rien que le produit en question soit recyclé ni même recyclable. L’emballage Tetra Pack, très à la mode actuellement, peut ainsi être transformé en bois aggloméré, mais la filière de retraitement n’est pas encore généralisée. Une bonne campagne grand public ne serait pas de trop pour clarifier les choses. L’Ademe prépare justement une communication sur la réduction des déchets. Et les pouvoirs publics ont leur rôle à jouer pour fournir des poubelles de tri en nombre suffisant.

Et si chacun, à son niveau, avait une responsabilité ? À l’initiative de son département design 3D, l’agence Landor s’est lancée dans la traque au gaspillage. Elle transforme les sorties d’imprimantes ratées en bloc-notes, réserve des corbeilles au papier, affiche en écran de veille des conseils pour le week-end : éteindre son ordinateur, sa lampe, le radiateur, etc. Un petit pas pour l’entreprise, un pas de géant vers une prise de conscience globale.

Intrusivité numérique, un nouveau palier ?

Alors que le Conseil de Paris vient de voter le retour – après un an de retrait – des panneaux publicitaires dans la capitale (1 630 panneaux confiés à Clear Channel pour des “informations sur l’actualité culturelle, sportive et associative, ainsi que des communications citoyennes, solidaires et municipales auprès des Parisiens”), occasionnant déjà des discussions tendues sur la pertinence de réinjecter (ou non) de la publicité dans le paysage citadin, le débat pourrait s’étendre au-delà de ce strict aspect pour évoquer, dans le cas des écrans publicitaires numériques… La collecte de données.

L’obsession de la mesure d’audience

S’il est une donnée que s’arrachent les professionnels du marketing et de la publicité, c’est bien celle de la mesure d’audience. Les médias connectés, forts d’une capacité à comptabiliser les visites et les clics, n’ont à ce titre pas manqué d’avancer cet imparable argument pour attirer à eux les budgets des annonceurs, avec la promesse de retours statistiques plus complets et précis que jamais. Si certains écueils n’ont pas tardé à être massivement observés – robots-cliqueurs, explosion des adblocks, errances de la publicité programmatique capable d’envoyer certaines annonces sur des sites empilant les fake news etc. – un nouveau cas avéré d’intrusivité numérique vient ajouter une ligne supplémentaire à la liste déjà relativement fournie des motifs de défiance vis-à-vis du monde digital. Il s’agit de capteurs d’audience équipant discrètement certains écrans publicitaires digitaux, capables de récoler les adresses MAC (Media Access Control) de vos smartphones, à condition que ceux-ci aient leur Wifi activé. C’est la régie publicitaire de la RATP (Metrobus) qui s’est autorisée cette “expérience” de façon aléatoire dans les couloirs du métro, veillant tout de même à crypter les informations récoltées pour les anonymiser et rester dans un usage légal. L’objectif est simple : estimer un taux d’exposition (combien de personnes pourront voir ces publicités ?) et un taux de conversion (combien s’y arrêteront ?).

Peu visible sur la tranche de l’écran, il est indiqué que “Ce mobilier est équipé d’une mesure anonyme de l’audience opérée par Retency pour le compte de Metrobus” avant d’indiquer – en plus petit encore – l’adresse Web permettant de se désengager de “l’expérience”… Vous avez dit intrusivité ? [Source]

Souriez, vous êtes tracké

Pour s’en libérer, il faut faire valoir son droit d’opposition sur la page Retency dédiée, ou à défaut, désactiver le Wifi et le Bluetooth de votre téléphone, via une manipulation moins évidente qu’il n’y paraît : il faut en général s’aventurer loin dans les paramètres système, sans se contenter de cliquer sur des icônes de déconnexion. Notons toutefois que la collecte se fait ici sans aucun engagement préalable, l’usager des transports ignorant effectivement totalement qu’il peut être identifié, puis comptabilisé, en tant que cible publicitaire. Et comment le pourrait-il – sauf à tomber sur ce genre d’article – puisque si les stratégies de tracking sont désormais connues et indiquées dès lors que vous naviguez sur le Web (le RGPD, entre autres, est passé par là), les importer dans le domaine de la publicité physique, sans consultation forcément proactive de contenus, est une grande (et triste ?) première.
Mais au-delà du caractère à première vue légal du procédé, c’est plus encore la volatilité de l’écosystème dit “phygital” qui pose question. Car il semble encore difficile de garantir que lesdites données seront suffisamment sécurisées par leur détenteur, même de bonne foi, avant d’être croisées par de bien-nommés “agrégateurs de données” capables de qualifier la data pour déterminer des profils ô combien rentables. De quoi interroger la pertinence d’une “expérience” dont les cobayes s’ignorent…

Source : Le Figaro

Livre & développement durable, débats en deux temps

Après deux journées de rencontres et d’échanges dédiées au “Livre durable”, tout d’abord à la Bibliothèque Nationale de France le 4 décembre dernier, et plus récemment au Centre National du Livre ce 28 mars, c’est peu dire que le Livre interroge actuellement ses axes de progrès à l’aune des exigences éco-responsables qui fondent l’époque. Si la première journée était dédiée à faire le point sur les initiatives de filière, la seconde s’attachait à définir le rôle (grandissant ?) de la puissance publique, non sans mettre en lumière de nombreux objectifs communs…

“Il s’agit à la fois d’éco-concevoir, de bien choisir son papier, de bien choisir son imprimeur & son procédé d’impression, de faire les bons choix de réimpression, d’être attentif à la gestion des stocks, d’intégrer le transport dans sa problématique de production et de faire les bons choix liés au travail de promotion” énumère Pascal Lenoir, Président de la Commission Environnement et Fabrication du Syndicat national de l’Édition (SNE), qui énonce là les sept recommandations prioritaires établies par le SNE, dans l’optique de faire rimer, autant que faire se peut, Livre et éco-responsabilité. Un travail qui nécessite en parallèle un échange constant avec l’ensemble des acteurs de la Filière, pour déterminer au mieux et au plus juste des bonnes pratiques qui, heureusement, ne sont pas figées dans le temps. Rappelant que, selon les statistiques de la Banque de France, “179 entreprises déclarées fabriquent du livre en France”, Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC, ajoute que “l’essentiel du chiffre d’affaires du livre dans l’hexagone (environ 300 millions d’euros, ndlr) est assuré par une quarantaine d’opérateurs industriels”. Une relative concentration encore largement issue d’une massification structurante, mais que doit venir contrarier une volonté de raccourcissement des circuits de production et de diffusion, là encore caractéristique de l’époque… “L’hyper réactivité doit bénéficier à toute la chaîne : il nous faut passer d’une logique de stock à une logique de flux” fait entendre Pascal Bovéro, soulignant à ce titre que “la logistique et le transport doivent faire partie de notre offre commune”.
Sur le plan strictement environnemental – lequel concentre encore une large part des débats – “On est passé de l’ère de la correction – respecter la loi – à une ère d’amélioration, consistant à progresser et s’adapter aux nouvelles technologies” résume Matthieu Prévost, Responsable environnement pour l’UNIIC et animateur national de la marque Imprim’vert. Ainsi les différents labels et autres certifications ont-il permis l’édification d’une dynamique complémentaire entre l’approche dite “site” (Imprim’vert, normes ISO…), l’approche “produit” (PEFC, FSC, Papier recyclé, Ecolabel…) et le développement relativement récent des bilans carbone (ClimateCalc). Au risque d’empiler les mentions difficile à décrypter, le secteur s’est donc emparé d’une forme d’auto-responsabilisation, en anticipant souvent les exigences attachées au support imprimé. Au chapitre des fausses pistes, toutefois, il faut probablement noter un emballement vis-à-vis du papier recyclé, trop souvent désigné comme une solution miracle alors qu’il ne saurait s’intercaler partout et sans limite. Les raisons en sont simples : la boucle de recyclage nécessite un apport constant de fibres vierges d’une part, et nombre de produits imprimés ne sont pas (ou peu) éligibles au papier recyclé, pour des raisons souvent techniques.

Vincent Monadé, Président du CNL, regrettait, en ouverture des débats de la seconde journée, “que nous continuions trop souvent à imprimer dans des pays où le développement durable est loin d’être une priorité”.

Mais l’originalité de cette double journée consistait en la mise en avant quasi-intégrale de la chaîne du livre, sur une thématique habituellement plutôt “confisquée” par un cercle restreint d’experts, certains admettant d’ailleurs ne pas être habitués à prendre la parole… “Quand on nous demande ce qu’est un auteur éco-responsable, on est un peu décontenancé” explique Hélène Rajcak, auteure et illustratrice, passée notamment par l’école Estienne. “On a l’impression que ces questions appartiennent surtout en amont aux fabricants, ce qui peut d’ailleurs être une frustration, parce qu’on a le sentiment de ne pas vraiment pouvoir agir là-dessus” développe-t-elle. Or, sur les éternelles questions de sur-publication – plus de 68 000 nouveautés parues, selon les données Electre/Livre Hebdo, en 2017 – ou même sur des problématiques plus techniques, certainement faut-il convoquer un maximum d’expertises, dans ce que Pascal Lenoir définit de la sorte : “Réduire le delta entre ce qui est fabriqué et ce qui est vendu”. Pourtant, selon Guillaume Husson, Délégué général du Syndicat de la Librairie française (SLF), “avec un taux de retour moyen de 18,8 %, nous sommes encore loin de ce qu’affiche la grande distribution par exemple. mais c’est encore trop” concède-t-il. L’occasion également pour lui de déborder – déjà – sur le possible concours de l’action publique, qu’il juge en l’état partiellement contre-productive… “Les circuits courts sont interdits pour des raisons de loi de la concurrence. C’est une aberration économique, dans la mesure où les commandes locales devraient prioritairement bénéficier aux entreprises locales”. De même qu’à ses yeux, la vente en ligne génère “des commandes éclatées dans des camions vides, avec des cartons qui ne sont, la plupart du temps, pas recyclés”. L’objectif est toutefois clairement identifié, avec ses écueils, puisque Patrick Volpilhac (Directeur de cabinet du Président de Région Nouvelle-Aquitaine) dit avoir mis en place, en marge d’un contrat de filière régional, “une logique d’accompagnement économique visant à soutenir le tissu industriel local, face notamment à l’Espagne sur la fabrication du livre” en réaction à un autre constat, implacable celui-là, d’une “hausse des recours à des imprimeurs de l’Europe de l’Est : République Tchèque, Pologne etc.” Ainsi pourra-t-on toujours s’assurer que les problématiques observées sont les bonnes, de sorte à ce que les solutions de relocalisation/réindustrialisation en format “circuit court”, comme imminemment testées en région Hauts-de-France, bénéficieront d’une oreille particulièrement bienveillante et attentive…