Edition, impression, diffusion : topographie de l’IGN

L’institut national de l’information géographique et forestière basé aux portes de Paris, à Saint Mandé, nous a ouvert son atelier. Cette visite a eu lieu dans le cadre d’une formation pratique Imprim’vert, label dont l’IGN est titulaire. Cet établissement public est placé sous la double tutelle du Ministère de la transition écologique et solidaire et du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Il a ” pour vocation de décrire la surface du territoire national et l’occupation de son sol, d’élaborer et de mettre à jour l’inventaire permanent des ressources forestières nationales “. Et cette mission se traduit par beaucoup, beaucoup de cartes… à destination des particuliers, des professionnels privés et des institutions ou collectivités publiques.

Les coulisses de l’atelier

L’atelier qui nous ouvre ses portes nous donne à voir un équipement “haut de gamme ” : des traceurs pour l’épreuvage et occasionnellement les campagnes de communication, un CTP chimie douce tout neuf, une ligne pour la plastification et une presse KBA 5 couleurs grand format toute neuve elle aussi et équipée d’un système de mesure et de régulation en ligne des encrages.

La gestion des couleurs est une donnée essentielle pour la précision des cartes topographiques et des cartes routières vendues sous la marque IGN (90% de la production). Si le PSO garantit la reproduction parfaite du vert de la forêt, nous indique notre guide, Amélie Crépin, ingénieur chaîne graphique à l’IGN, la couleur est déterminée lors de la conception du produit mais n’est pas chartée officiellement. Là où l’on pourrait penser que les codes visuels sont normés comme c’est le cas pour les drapeaux ou encore pour une marque, il n’en est rien. Rien n’empêche donc ” officiellement ” de représenter la forêt en bleu et l’océan en vert si ce n’est l’esprit du concepteur qui a le bon goût de ne pas vouloir “nous perdre”. Et même dans le cas d’une stricte reproduction des couleurs, certaines applications spécifiques peuvent faire resurgir des problématiques qui prêtent à conséquence, comme lorsque les couleurs des cartes aéronautiques s’affadissent sous la lumière UV des postes de pilotage. Pourquoi ? L’impression n’était pas en cause ; la réponse se trouvait dans le changement de papier.  Sur une carte, toute (ou presque toute) l’information est couleur et c’est pour garantir la précision de cette information que l’atelier d’impression a opté pour une cinq couleurs.

La cinquième couleur est un Pantone orange qui figure les dénivelés : une information qui doit être d’une précision redoutable, laquelle n’aurait pas pu être obtenue en quadri. Une fois imprimée, la production est envoyée à Villefranche-sur-Cher pour la finition ou plutôt les finiitons : la découpe, le pliage, le thermoformage et le brochage (l’IGN édite un magazine) qui est lui sous-traité . Si le papier est de loin le support star à l’IGN, l’atelier imprime également des feuilles en plastique qui sont thermoformées pour donner vie à des cartes en relief.

La marque IGN

L’atelier d’impression de l’IGN et l’atelier de finition emploient une trentaine de salariés. Or l’institut compte 1400 salariés. Ils travaillent à la collecte et l’archivage des données, au développement de nouveaux outils de diffusion numérique, à la conception et l’édition des cartes, etc.

1400 salariés car l’IGN maîtrise l’ensemble de la chaîne : l’édition, la production et la diffusion de ses contenus, des contenus assimilés au livre puisque chaque édition de cartes comporte un numéro ISBN.

L’IGN existe depuis 1940, il a succédé au Service Géographique de l’Armée. Sous la tutelle de différents ministères depuis, il a connu un vrai bouleversement ces dernières années. La publicité des données (open data) instituée en 2011 a été une petite révolution à l’IGN, qui a ouvert son information ou plutôt certaines de ses informations à la gratuité. Un autre modèle économique est à trouver. Et d’ailleurs, Amélie Crépin nous le confirme, le volume d’impression est en baisse. La hausse de productivité n’explique pas seule pourquoi les deux presses utilisées précédemment ont été remplacées par une seule et unique presse. Est-ce une conséquence directe de l’open data qui n’est envisagée que par le prisme de la dématérialisation ? Pour partager il faut numériser. Au-delà de la dématérialisation des archives avec l’ouverture des données, c’est l’édition de ces données qui est de plus en plus dématérialisée, un phénomène bien connu des imprimeurs et qui est loin – très loin – d’épargner les institutions publiques qui, face à des exigences de rentabilité qui se rapprochent de plus en plus du privé, doivent trouver de nouveaux modèles économiques en développant l’édition papier et numérique, faisant ainsi de leurs ressources des produits commercialisables.

Point (final ?) sur la Loi anti-gaspillage : quelles répercussions pour les Industries Graphiques ?

Largement évoquée ces derniers mois – notamment au travers de notre dernier numéro d’Acteurs Graphiques – la “Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire” a enfin fait l’objet d’un accord entre sénateurs et députés. Voici, restituées de de façon synthétique, quelles dispositions touchent directement aux métiers de l’impression…

  • Il sera interdit, en 2022, d’utiliser des encres contenant des huiles minérales pour les emballages. En 2025, il en sera de même pour les papiers graphiques, avec une interdiction d’utiliser des encres contenant certains composants des huiles minérales pour les imprimés publicitaires. Il reste cependant à définir certains points, tels que les intrants qui seront autorisés à rentrer  dans la composition des emballages, mais également des papiers graphiques. Il faudra par ailleurs, bien avant l’échéance 2025, prendre en compte l’apposition d’un malus, pesant sur les metteurs sur le marché, s’élevant à 10 % en 2021 puis 20 % en 2022, pour tout recours aux encres incriminées. Il faudra par conséquent veiller à la stabilité de ces taux entre 2022 et 2025, l’UNIIC, – présente dans un groupe de travail élargi sur cette problématique – s’engageant à vous informer sur l’évolution de cette réglementation.
  • Mise en place d’une amende de cinquième classe pour le non-respect d’un “Stop Pub” : à compter du 1er janvier 2021, le non respect d’une mention apposée faisant état du refus de la part de personnes physiques ou morales de recevoir à leur domicile ou à leur siège social des publicités non adressées, sera punie de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe. Notons donc que les amendements réclamant un “Oui Pub” (c’est-à-dire un basculement vers un modèle d’Opt In Active) n’ont pas été retenus, au profit d’un renforcement du dispositif existant.
  • Il est également interdit de distribuer gratuitement en boîte aux lettre des cadeaux… Il faut entendre là l’interdiction de la distribution, dans les boîtes aux lettres, des cadeaux visant à faire de la promotion commerciale.
  • La distribution d’imprimés publicitaires sur les véhicules est définitivement interdite. La loi impose également dorénavant l’utilisation de matière recyclée et issue de forêts gérées durablement dans la composition du produit.
  • Presse : Fin du système de contribution en nature en 2023 et obligation de l’utilisation de fibres recyclées à hauteur de 50 % au 1er janvier 2023.

Chers adhérents, pour plus d’informations sur ces sujets parfois complexes, nécessitant le cas échéant des analyses au cas par cas, n’hésitez pas à solliciter notre Service Environnement via notre formulaire de Contact.

Mondial des Métiers : s’imprimer pour exister !

Le Mondial des Métiers fut, cette année encore, l’occasion pour les Industries Graphiques d’élaborer une vitrine attrayante et animée. Le stand de 90 m² construit par l’IDEP, avec l’appui de l’UNIIC, du SNCD, de Fespa France, de l’OPCO EP, de Grenoble INP-Pagora ainsi que des lycées et CFA de Rhône-Alpes, a ainsi accueilli de nombreux (jeunes) visiteurs, non sans manquer de les immerger dans une drôle d’expérience…

Il y a bien sûr les immanquables démonstrations effectuées sur place (prépresse, atelier de sérigraphie, animation filmbook…), un imposant carrousel de produits imprimés, mais il a aussi ce curieux igloo… Si l’on est face à lui d’emblée plutôt interrogatif, sa fonction “expérientielle” a tôt fait de se faire plus claire : de jeunes volontaires se font bander les yeux avant de rentrer dans l’igloo, où ils sont assis face à une table basse. On leur demande alors d’imaginer qu’on y a disposé différents produits : une bouteille de lait, une boite de chocolats, un catalogue etc. Le temps de stimuler leur imaginaire pour que ces derniers visualisent la scène, on leur ôte ensuite leur masque, ces derniers découvrant effectivement les produits qu’on leur avait listés… Neutres de toute impression. Des objets blancs, anonymes, dont il ne reste guère que les formes. Vient alors le moment de les laisser s’exprimer : s’attendaient-ils à ça ? Les “Non” fusent, ces derniers évoquant des choses plus colorées, mieux identifiées, plus attractives, plus “vivantes”… Plus imprimées, en somme. Et pourtant, leur rétorque-t-on : voilà ce que seraient nos objets du quotidien si les métiers de l’impression n’existaient pas. La démonstration est limpide et rappelle combien, en marge des segments en tension ont on parle beaucoup (via notamment les difficultés que subit de la Presse écrite), l’impression est partout, à la fois indispensable et protéiforme.

Une expérience ludique qui souligne l’essentiel et qui n’a pas manqué de susciter des sourires convaincus. C’est là tout le paradoxe d’une “belle vitrine” qui aura gagné à être, pendant quelques minutes, plongée dans le noir…