Le livre, un bien essentiel

Nous reproduisons ci-dessous in extenso le communiqué co-signé par le Syndicat national de l’édition (SNE),  le Syndicat de la librairie française (SLF) et le Conseil permanent des écrivains (CPE) quant à la nécessaire qualification du livre en “bien essentiel”, justifiant la continuité d’activité pour la Filière Livre – fabrication comprise – durant la période de confinement.

L’UNIIC s’associe sans réserve aux constats dressés par ses partenaires auteurs, libraires et éditeurs, avec la volonté ferme de ne pas revivre l’épisode de mars dernier, les librairies ayant en effet toute légitimité à se présenter comme un indispensable rempart culturel, face au risque d’isolement. 

[COMMUNIQUE]

La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles.

L’extraordinaire appétit de lectures chez les Français, jeunes ou adultes, s’est à nouveau confirmé ces derniers mois ; les livres assouvissent notre besoin de compréhension, de réflexion, d’évasion, de distraction, mais aussi de partage et de communication, y compris dans l’isolement.

Le premier confinement n’avait pas permis hélas de maintenir les librairies ouvertes, blessant au cœur toute la filière du livre ; les professionnels n’y étaient pas préparés. Mais depuis, les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées.

Le « click and collect » est indispensable et d’ores et déjà en place dans un très grand nombre de points de vente. Mais il ne saurait combler toutes les attentes des lecteurs, notamment dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année où plus d’un quart des livres sont achetés. Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ?

Aussi, auteurs, illustrateurs, éditeurs et libraires lancent un appel solennel, solidaire et responsable, au gouvernement : laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel. Nos lecteurs, attachés à la librairie indépendante, ne le comprendraient pas et le vivraient comme une injustice.

Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités culturelles et sanitaires.

Syndicat national de l’édition (SNE)
Syndicat de la librairie française (SLF)
Conseil permanent des écrivains (CPE)

Source : site du SNE

Le temps des vinyles

Souvenez-vous, il y a deux ans, l’UNIIC organisait le Congrès de la Filière Graphique à l’AMI, l’Atelier-Musée de l’Imprimerie à Malesherbes.

Ce lieu magique s’est depuis doté d’un magnifique auditorium de 300 places dont les murs sont tapissés, il faut le voir pour le croire, de plus de 40 000 ouvrages et catalogues d’art !

Ce vaste espace muséographique de 5 000 m², qui regorge de trésors de l’histoire de l’imprimerie, de la photogravure, de la lithographie, réunis dans une riche exposition permanente, a consacré une place inattendue à tout ce qui entoure l’industrie du disque, dont les pochettes de vinyles : Pablo Picasso, Yves Klein, Andy Warhol, Salvador Dali, Pierre Alechinsky et tant d’illustres artistes ont signé les pochettes de disques des plus grands auteurs-compositeurs. C’est le temps des copains, le temps des images : 280 pochettes toutes plus étonnantes ou mythiques les unes que les autres, les unes de Salut Les Copains accompagnées d’extraits de l’émission éponyme sur Europe 1, les affiches cultes, les costumes des idoles de l’époque, des Juke-boxes et le film “La fabrique des idoles”, diffusé en continu dans le nouvel auditorium. Le temps des vinyles décrypte la culture graphique, artistique et visuelle des années 60 à 80, un moment où l’on assiste à une révolution des oreilles et des yeux…

Une exposition unique liant arts graphiques, arts plastiques… et musique. Selon Jean-Marc Providence, directeur de l’AMI et commissaire de l’exposition, ce sujet “neuf” permet “de dépasser l’image d’un musée traditionnel de l’imprimerie, où domine l’odeur de l’encre et du papier”. Toute la presse salue l’évènement et nous  vous proposons ci-dessous le reportage diffusé dernièrement sur France 3. mais surtout, allez-y !

L’imprimerie et les industries graphiques relèvent-elles des secteurs “aidés” visés par l’article 65 de la loi de finances rectificative ?

La situation sanitaire a conduit les pouvoirs publics à prendre un ensemble de mesures (confinement, fermetures administratives, restriction de circulation et de réunions, couvre-feu etc.).

Ces mesures qui sont appelées à se renforcer ont un impact économique récessif sur des champs d’activités de notre secteur jusqu’alors peu affectés par un semblable niveau de sous-activité.

Dès l’origine, l’UNIIC s’est rapprochée des services de Bercy pour voir le secteur imprimerie et industries graphique intégré à la liste S1 bis listant les secteurs dépendants de celles des activités qui ont fait l’objet de restrictions engendrant une très forte baisse de leur chiffre d’affaires.

Les dispositifs d’exonération de cotisations sociales et d’aide au paiement des cotisations et contributions bénéficient en effet aux entreprises relevant des secteurs listés et ce pour la période allant du 1er Février au 31 mai 2020. Ce dispositif exceptionnel est aussi complété par le renforcement de la prise en charge de l’activité partielle jusqu’à la fin de l’année pour ces secteurs  et l’éligibilité  prioritaire au fonds de solidarité.

Cependant, le code caractérisant l’activité de l’entreprise (code Ape) en référence à la nomenclature NAF, demeure la référence pour les pouvoirs publics, alors que la réalité de l’activité de l’entreprise ou de l’établissement peut être différente de l’attribution du code dont l’objectif est purement statistique.

C’est compte tenu de ce contexte que le Président de l’UNIIC, Benoit Duquesne et le Délégué Général pascal Bovéro, parlant au nom de toute la branche, ont rencontré ce jour jeudi 22 octobre le Ministre des TPE, Alain Griset, pour voir précisée la notion de Métiers graphiques telle qu’elle relève des textes et y intégrer nos codes Naf, dont l’activité réelle a été impactée par l’arrêt de toutes les dépenses de communication (non digitales). Et ce que ces investissements dépendent de l’événementiel, de la culture, du tourisme, de la publicité de proximité, de l’hôtellerie etc.

Après avoir rappelé le cadrage économique de la branche et les défis que des entreprises familiales avaient à relever, Le délégué Général de l’UNIIC, a insisté pour qu’une définition large de la communication graphique puisse relever de ce dispositif spécifique, compte tenu de la vulnérabilité des TPE qui en représentent la composante essentielle.

Le Ministre, complété par le cabinet, a confirmé que notre demande était dans la liste arbitrée par Monsieur Le Maire depuis que nous avons saisi Les services de Bercy, laquelle est déjà actée pour  le code 18-14 Z reliure et activités connexes.

Compte tenu de l’urgence de la situation, nous sommes convenus de nous revoir avec le cabinet dans les prochains jours pour nourrir le décision du Ministre, qui semble déjà largement acquise et devrait se traduire par une modification de la liste S1 bis

Note d’information sur les huiles minérales et les papiers graphiques

[COMMUNIQUE UNIIC]

Depuis plusieurs mois, l’UNIIC sensibilise, avec d’autres parties prenantes, le secteur graphique et l’ensemble de la filière sur la nécessité de travailler à la recherche de solutions alternatives aux encres à base d’huiles minérales compte tenu, notamment, des contraintes règlementaires procédant de l’article 112 de la loi AGEC.

Les huiles minérales sont des substances (mélanges d’hydrocarbures) contenues dans les encres offset (heatset et coldset). Elles peuvent contribuer à exposer les consommateurs à des risques potentiels liés à la migration de leurs composés. Ce risque et la régulation réglementaire qui y est associée concernent certes en premier lieu le secteur de l’emballage. Mais les imprimés publicitaires et à terme les périodiques, vont être impactés par cette interdiction.

Les imprimeurs et acteurs amont/aval (producteurs d’encres, de colles, fournisseurs et transformateurs d’emballages, éditeurs, industriels de recyclage etc.) ont travaillé sur des solutions alternatives techniquement disponibles et économiquement supportables. A ce titre, plusieurs imprimeurs en partenariat avec leurs fournisseurs d’encres et certains éditeurs ont testé la pertinence et l’efficacité technologique et économique d’encres alternatives dites “encres blanches”.

Les retours d’expériences, grâce notamment à l’investissement Recherche et Développement des fournisseurs d’encres et des imprimeurs, sont positifs. Toutefois, les premières remontées de tests, si concluants soient-ils, font apparaître un surcoût dont la moyenne s’établit entre 3 et 5 %.

L’UNIIC, sans s’ingérer dans les politiques commerciales de chacune des entreprises adhérentes, a vocation à fédérer ces initiatives et s’est investie dans la promotion de l’appel à projet Citeo dont les résultats seront déterminants quant à la pertinence de l’appropriation des encres alternatives par les imprimeurs.

Et, dès à présent, compte tenu des enjeux économiques qui impactent lourdement le paysage graphique et notamment les imprimeurs, qui ont fait le choix d’anticiper le basculement aux encres blanches, il nous semble indispensable que nous prenions collectivement et individuellement la mesure des surcoûts ainsi engendrés qui ne peuvent rester à la seule charge des industriels, déjà confrontés à des aléas qui menacent leur chaine de valeur.

Etude : quels impacts en cas de déstabilisation de la Filière Papier Graphique ?

Une étude, construite sur la base des perspectives et données fournies par ADREXO, COPACEL, MEDIAPOST et l’UNIIC , mandatée par Culture Papier et réalisée par le cabinet Ernst & Young (EY), s’est donnée pour objectif “d’évaluer l’empreinte socio-économique et les externalités positives de la filière papier graphique en France en général et de l’imprimé publicitaire en particulier. L’étude cherche également à évaluer les conséquences directes et indirectes qu’aurait une restriction de l’usage de l’imprimé publicitaire sur la société et sur les différents acteurs de la filière”. Retour synthétique sur les principaux enseignements d’une étude d’envergure, dans un contexte conjoint d’inquiétudes liées à la préservation de l’environnement et de fragilité sectorielle, due à une contraction continue des volumes imprimés…

Si l’étude s’attache tout d’abord à définir chaque maillon de la bien-nommée “Filière papier graphique” en France, sans omettre d’en analyser les dynamiques respectives, c’est à la fois pour en souligner la diversité et relever la profonde imbrication des intérêts économiques qui en découlent. “La filière papier graphique soutient ainsi, au total, 311 590 emplois directs, indirects et induits en France. A travers ses retombées directes, indirectes et induites, elle contribue au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 16,9 milliards d’euros et génère 1,3 milliards d’euros de recettes fiscales” nous précise-t-on. Des ordres de mesure qui – il nous faut le souligner – datent de l’avant-crise sanitaire, laquelle aura inévitablement bousculé les équilibres sur lesquels s’appuie l’étude présente…

EY décline ensuite, dans le détail, le poids socioéconomique de chaque produit imprimé issu du périmètre étudié, évaluant même les impacts probables sur la filière d’éventuelles baisses de volumes sur un segment particulier : celui des imprimés publicitaires. Sur la base de scénarios prospectifs, l’étude établit ainsi qu’ “une réduction de 40 % des imprimés publicitaires en circulation (par exemple à l’occasion de l’interdiction de l’utilisation d’un composant chimique/procédé d’impression ou de la mise en place d’un « Oui Pub ») aboutirait, selon les hypothèses du modèle, à une diminution dans les mêmes proportions des retombées socioéconomiques, hors externalités négatives. Soit des retombées socio-économiques amoindries de 23 917 emplois, 1 051 millions d’euros de contribution au PIB (0,05 % du PIB français) et 63 millions d’euros de recettes fiscales par rapport à la situation actuelle. Une réduction de 70 % des imprimés publicitaires en circulation amoindrirait les retombées fiscales de l’imprimé publicitaire de 41 856 emplois, 1 840 millions d’euros de contribution au PIB français (0,1 % du PIB français) et 111 millions d’euros de contribution aux recette fiscales par rapport à la situation actuelle”.

Mieux encore, l’étude va jusqu’à modéliser les conséquences d’un transfert d’une campagne de publicité imprimée vers une campagne de publicité digitale, là encore sur la base de conditions particulières. Si, à visibilité équivalente (l’efficacité sur les ventes n’étant pas traitée ici), les deux campagnes affichent des coûts déséquilibrés (une campagne imprimée étant sans surprise plus coûteuse), une campagne strictement digitale soutient un nombre d’emplois plus de 4 fois inférieur à celui d’une campagne imprimée. Une illustration prouvant une nouvelle fois qu’au-delà des seules logiques comptables visant une économie de coûts – moyennant un possible déficit d’efficacité sur la cible visée, qu’il faudrait effectivement pouvoir déterminer également – la “chaîne papier” est un moteur d’activité économique nettement plus important.

De fait, et dans un contexte où la légitimité/durabilité de l’imprimé – tout particulièrement sur le segment du prospectus – est contestée, cette étude apporte des réponses claires et étayées en termes d’impacts socioéconomiques, anticipant ainsi les conséquences probables d’une déstabilisation de la filière par des voies réglementaires. Des éléments d’importance majeure que l’UNIIC n’a pas pas manqué de porter à la connaissance des élus de la nation, de sorte à ce que les débats parlementaires (récents et à venir) se fassent sur des bases aussi éclairées que possible…

Accéder à la synthèse de l’étude