À B comme Bottin

Le bottin vit ses dernières heures nous apprend le parisien : dernières pages blanches fin 2019 et dernières pages jaunes fin 2020.

Cette nouvelle, on s’y attendait puisque l’annuaire – ou “bottin” pour les intimes – est largement concurrencé non pas par le minitel ou les numéros surtaxés commençant par 118 mais par Internet bien sûr.

Les Pages Jaunes (Groupe Solocal) sont d’ailleurs, elle-même, largement présentent sur la toile. Un français sur deux consulte l’annuaire professionnel en ligne (21 millions de visites par mois). Pour autant Solocal peine depuis plusieurs années à faire évoluer son modèle économique (le chiffre d’affaire du groupe a reculé de 9,3 % l’année dernière).

Produits à l’étranger depuis plusieurs années, les annuaires sont de moins en moins nombreux à être distribués. Il n’est donc rien d’étonnant à ce qu’ils tirent leur révérence. Un adieu qui se fera en habit du dimanche : Solocal produira une version collector de cette dernière édition. Le groupe l’a bien compris : l’annuaire est un objet culturel et usuel…

De Philippe Noiret expliquant les bonnes pratiques de l’interrogatoire-qui-ne-laisse-pas-de-traces dans le film Les Ripoux (1984) aux détenteurs de record qui ont obtenu leur titre en déchirant des bottins, voilà bien un objet imprimé qui fait partie de nos mémoires. Sur lequel on s’est assis pour gagner quelques centimètres  – si du moins on a plus de 30 ans. Google rend bien des services mais certains restent en dehors de ses compétences…

Gageons qu’il y aura des collectionneurs pour cette dernière édition et chose paradoxale si ces derniers veulent leur exemplaire il faudra le commander… en ligne.

Invitation Livre Paris 2019

L’Agence Régionale du Livre & de la Lecture des Hauts-de-Francel’Association éditeurs des Hauts-de-France et l’Union Nationale des Industries de l’Impression et de la Communication vous invitent pour une table ronde le dimanche 17 mars de 16h30 à 17h30 sur le stand Hauts-de-France D46 – E46 du SALON DU LIVRE PARIS 2019 :

Editeurs indépendants & imprimeurs: Comment favoriser les circuits courts? Innovation, durabilité, proximité.

Venez échanger avec GEORGES SANEROT, ancien Président du groupe Bayard, Président du comité de pilotage des “Assises 2020: les défis de la production de livres en France” et JEAN-PHILIPPE ZAPPA, ambassadeur du livre pour la filière graphique.

N’attendez pas ! Inscrivez-vous le nombre de places est limité.

Nous tenons à la disposition de nos adhérents des invitations pour la soirée inaugurale du jeudi 14 ou des entrées gratuites pour les autres jours envoyez vos coordonnées à: contact@uniic.org. Nous serons heureux de vous les faire parvenir dans la limite des places disponibles.

Fabrication du Livre – Identifier & comprendre les écarts de compétitivité

A l’examen de la balance commerciale déficitaire, concernant ce champ d’activité spécifique (loisirs et vie pratique, livre scolaire et parascolaire, beaux livres, guides touristiques, livres pour enfants, littérature générale etc.), le secteur des industries graphiques a souhaité, à la demande de l’UNIIC et des instances paritaires, lancer une étude portant sur les différentiels de compétitivité coût et hors coût qui affectent le marché du livre et mesurer ainsi l’influence exercée par les aides directes et indirectes (aides à l’investissement matériel et aides infrastructurelles) dont certains pays peuvent bénéficier au titre des fonds structurels européens, avec les conséquences qui y sont associées en termes de différentiation coût et d’avantages concurrentiels déloyaux.

Ainsi l’étude en question aura pour objectif :

– De proposer une grille de lecture multifactorielle pour identifier les écarts de compétitivité et leurs causes (management, outils industriels, intégration verticale, créativité, marketing de la valeur, soutien public, faiblesse de la normalisation de certains pays, coût et statut de la main d’œuvre, productivité apparente du travail, ingénierie financière des entreprises etc.).

– D’éclairer les autorités publiques nationales et européennes sur les écarts de compétitivité qui s’inscrivent dans le libre jeu de la concurrence et supposent une réflexion sur nos propres défaillances et la recherche d’optimisations collectives, et ceux qui procèdent d’une concurrence faussée au sens du droit communautaire (aides directes d’Etat notamment).

– De proposer la construction d’opérations collectives nationales et locales fédérant l’ensemble des acteurs de la chaîne de fabrication du livre (labélisation, co-innovation, RSE, circuits courts, transparence, bonnes pratiques communes, expérimentation de relocalisation par segments, événements en commun etc.).

Lire le Projet de livre blanc portant sur les causes des écarts de compétitivité entre les entreprises spécialisées dans la fabrication du livre en France et leurs concurrents.

AFIP 2019 : bienvenue dans le monde de l’imprimé fonctionnel

L’AFIP 2019 aura lieu du 27 au 28 mars à Düsseldorf.

Organisé par l’ESMA (European Screen Printing Manufacturer Association), cet événement se consacre à l’imprimé fonctionnel. Il regroupe des fournisseurs et des experts européens spécialisés dans l’imprimé connecté, l’imprimé de sécurité, l’impression anti-contrefaçon, l’impression de faces-avant actives de batteries, etc. bref tout ce qui fait que l’imprimé se développe comme un procédé essentiel et innovant pour les grandes industries comme l’automobile, le médical ou encore l’aéronautique.
Il suffit de jeter un œil au applications listées si dessus pour avoir une idée du potentiel de ce type d’imprimés, une opportunité qui fait écho au projet Eipit porté par l’UNIIC, l’IDEP et le CTP.

Jetez un oeil au programme.

Des conférences de très haut niveau, des visites d’entreprises que demander de plus ? Tout est inclus donc n’hésitez pas inscrivez-vous !

L’UNIIC a négocié pour ses adhérents un tarif préférentiel. Contactez-nous pour obtenir le code: julie.chide@uniic.org

Vers une convergence des champs conventionnels…

L’État, depuis de longues années, s’est fixé pour objectif de redéfinir les périmètres conventionnels (conventions collectives) de secteurs dont chacun s’accorde à reconnaître que la dispersion rend difficile leur visibilité et attractivité… 

C’est ainsi qu’une perspective chiffrée a été fixée par les pouvoirs publics : passer de 750 branches à 250, voire moins, et supprimer conventionnellement les secteurs comptant moins de 5000 salariés.

La méthode proposée pour parvenir à cet objectif a été de consulter les branches par le biais des organisations interprofessionnelles et de déterminer les cohérences économiques et sociales existant entre secteurs relevant de conventions collectives disparates.

L’UNIIC, (aidée par le Medef pour la partie employeur) a pris toute sa part à ce débat et a été entendue sur les axes de convergence entre plusieurs secteurs dont celui de la sérigraphie et des procédés d’impression numérique connexes (IDCC 614).

Cette première étape (consacrée par l’arrêté de fusion du 23 janvier 2019) qui en appelle d’autres, ne signifie nullement la neutralisation des spécificités de chacun mais constitue la première pierre de la “maison de tous” avec les conséquences qui y sont liées en termes de formation, de compétences, d’emploi et d’accompagnement des entreprises et des salariés…

Arrêté du 23/01/2019

Le Brand Content s’imprime aussi…

Alors que le salon All For Content vient de fermer ses portes, revenons, en quelques images commentées, sur un phénomène – le “Brand Content” – qui, en dépit de l’hyper-digitalisation de son déploiement, n’a pas mis le print sur la touche. Et n’aurait rien à gagner à le faire…

Le “contenu de marque” pourrait se définir comme la volonté pour les annonceurs de s’émanciper du format publicitaire classique, pour aller sur des terrains plus créatifs et propices au story telling. En somme, il s’agit pour la marque de “raconter” ce qu’elle est, son Histoire, ses aspirations, sans se contenter de promouvoir ce qu’elle vend, à savoir des produis ou des services. En résulte des clips soignés flirtant régulièrement avec le court-métrage et/ou les univers fictionnels, des enquêtes en forme de simili-reportages, des podcasts plus ou moins intimistes, des jeux interactifs, des liens conversationnels passant souvent par des médias propriétaires etc.

Un exemple particulièrement parlant :

Si l’exercice consistant à différencier sans opposer “Publicité” et “Brand Content” méritera une analyse longue (à retrouver d’ici quelques semaines dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques), certainement faut-il couper court à l’idée selon laquelle cette (nouvelle ?) forme de communication se serait délestée de l’imprimé. Ce n’est pas le cas ! Morceaux choisis :

Les catalogues “Kuoni”, en soignant évidemment la forme (graphisme élégant, papier qualitatif, couvertures séduisantes…), mais également le fond, par une volonté de développer un propos largement informatif au-delà des seules mentions tarifaires et commerciales de la marque, ont été parmi les premiers à miser sur un imprimé vecteur d’émotion, et partenaire de temps long.

 

 

 

 

Les magalogues “Toys’R’Us” ont, comme d’autres depuis, assumé le rapprochement entre le catalogue traditionnel et le magazine, revendiquant une vraie ligne éditoriale.

 

 

 

 

“Les Others”, à raison de deux numéros par an, se veut selon Damien Betinelli (son cofondateur) “un magazine print qui donne aux gens l’envie de partie à l’aventure”. Il ajoute : “Ce magazine est notre vitrine. Il a existé avant même que nous créions une agence créative. On essaie de ne surtout pas matraquer : il faut donner envie de lire. Nous choisissons méticuleusement le papier et travaillons énormément la direction artistique” développe-t-il, décrivant ici un outil de fidélisation noble, qui sert de socle à une communication qui, à l’autre extrême, use des vidéos avant tout comme des outils d’animation pour les réseaux sociaux.

 

 

Retrouvez une synthèse du salon All For Content dans Acteurs Graphiques n°125, à paraître fin mars.

Groupe Tonnellier – La notice, une histoire qui dure

Disposant de 4 sites d’impression (270 collaborateurs pour 28 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 160 personnes et 18 millions d’euros de CA sur le seul site éponyme de Condé-sur-Noireau), le Groupe Tonnellier s’est historiquement positionné sur un produit ô combien spécifique : la notice pharmaceutique. Nous nous sommes entretenus avec son dirigeant, Benoît Duquesne, également Président de l’UNIIC depuis septembre 2018, pour comprendre et recontextualiser une  histoire qui dure…

Que représente aujourd’hui le Groupe Tonnellier ?

Nous avons trois sites qui font surtout de la notice pharmaceutique : l’imprimerie Sallaz Grenier à Grézieu-La-Varenne (69), l’imprimerie Facedim à Châtellerault (86) qui fait aussi depuis le tout début de l’ordonnance médicale pour les médecins, et bien sûr l’imprimerie Tonnellier à Condé-sur-Noireau (14). Quant à l’imprimerie Malherbe (Carpiquet – 14), elle nous permet d’être présents sur d’autres marchés – agroalimentaire, papeterie, édition, communication – tout en gardant un lien étroit avec la santé, via la parapharmacie et la cosmétique.

Au contraire de certains marchés en tension, on imagine que ceux-là sont plutôt stables, voire en croissance, non ?

Les volumes que nous traitons sont en tout cas en légère croissance oui. Aujourd’hui j’achète 6000 tonnes de papier par an. Pour donner un ordre d’idée, quand mon père est arrivé dans l’entreprise, ils étaient onze et consommaient 22 tonnes de papier par an.

Justement, quelle est l’Histoire de cette entreprise, de 1909 à nos jours ?

On a même connaissance de l’existence du fonds de commerce en 1854. L’entreprise s’appelait à l’époque l’imprimerie Bissey, déjà à Condé-sur-Noireau. Elle a ensuite été rachetée par mon arrière-grand-père, Joseph Tonnellier, en 1909. Il décède malheureusement rapidement, en 1917 des suites d’une maladie, et c’est mon arrière-grand-mère qui assure alors cette reprise. C’est son fils, Jean Tonnellier, dans les années 30 qui lui succédera.

Quels types de produits étaient traités à l’époque ?

Il s’agissait de travaux de ville, de catalogues de chaussures pour la région de Fougères et des catalogues de quincaillerie, toujours dans la région. Puis dans les années 30, Jean Tonnellier a épousé une fille de pharmacien, et son beau-père lui a demandé de faire des étiquettes pour ses préparations, destinées à être collées sur des flacons : alcool, éther… Cela a bien fonctionné pendant quelques années, mais c’est tombé en désuétude quand l’industrie pharmaceutique a démarré dans les années 55/60. A cette époque-là, mon père, André Duquesne, a épousé la fille de Jean Tonnellier et a repris les rênes de l’entreprise en tentant de s’adapter à cette nouvelle industrie, en modifiant ses étiquettes. Ça n’a pas forcément bien fonctionné tout de suite et il a cherché sa voie, en faisant par exemple des étiquettes en hélio pour le secteur agroalimentaire. Il a tout de même insisté auprès de l’industrie pharmaceutique, qui lui a demandé non pas des étiquettes mais des notices. Au tout début il fallait les plier à la main, jusqu’à ce qu’il achète sa première plieuse d’occasion, puis une autre, et voilà comment a démarré l’activité de notice pharmaceutique dans le groupe Tonnellier.

Des idées de diversification vous ont-elles traversé ?

Oui, mais nous travaillons pour la santé humaine, domaine évidemment sensible et par conséquent, nous sommes tenus à des méthodes de fabrication et surtout de contrôle assez drastiques et plutôt lourdes financièrement. C’est quelque chose qu’on ne retrouve pas vraiment dans l’imprimerie traditionnelle et lorsqu’on essaie de se frotter à des produits connexes, comme de la notice pour de l’électroménager par exemple, nos coûts de production sont trop élevés et donc peu concurrentiels. C’est moins l’équipement qui coûte cher que l’organisation, les contrôles, les vides de lignes, une traçabilité exigée à toutes les étapes etc. C’est d’ailleurs audité par nos clients très régulièrement.

Le secteur de l’imprimerie a traversé une période dite « de mutation technologique », qui a vu nombre d’acteurs s’équiper notamment en machines numériques. Sur les produits très spécifiques que vous traitez, est-ce que c’est un basculement que vous avez ressenti également ?

En matière de notice pharmaceutique, le « changement » n’est pas vraiment de notre ressort ! Nous recevons des fichiers et n’avons pas, ou très peu, d’influence sur la façon dont ils doivent être imprimés. Encore moins sur les contenus. Mais même sur la forme, nous n’avons quasiment aucune latitude. Ces éléments sont fournis par nos clients et sont en quelque sorte intouchables. Mais ce qui a changé, c’est la taille des notices, qui augmente régulièrement du fait notamment des volumes de mentions légales. Aujourd’hui, j’aurais presque tendance à dire que nous faisons des notices qui tiennent du drap de lit. En conséquence, le grammage moyen diminue chaque année. Aujourd’hui, on est autour de 45g/m² en moyenne, tous produits confondus. Nous nous adaptons donc, à mesure que les tailles de notices augmentent, avec une organisation interne capable de développer des pliages complexes, pour faire de très grandes notices.

Dans le domaine de la santé justement, on commence à parler de packaging intelligent, d’applications connectées permettant par exemple d’accompagner les patients pour le suivi de leur traitement, via notamment l’électronique imprimée…

Oui, mais il faut bien avoir présent à l’esprit qu’une notice ne doit jamais “tomber en panne”, et que vous soyez, de jour comme de nuit, dans une zone couverte ou non couverte, vous devez avoir l’information. C’est pourquoi l’électronique imprimée ne peut pas remplacer, même très partiellement, une notice traditionnelle. On peut imaginer des applications complémentaires sur des packaging, pour plus de confort, mais rien qui vienne se substituer à la notice que nous produisons à ce jour.

Vous êtes également engagé en tant que nouveau Président de l’UNIIC, dans le collectif. Qu’est-ce qui vous y a prioritairement motivé ?

J’étais déjà présent et investi à l’échelon régional (au sein de l’UNIIC Normandie, ndlr), mais je pense que pour lutter contre les idées reçues à l’encontre du support papier, il faut faire bloc. Cela passe notamment par la volonté de l’UNIIC de poursuivre une politique de décloisonnement, à la fois des procédés et des champs conventionnels, pour ouvrir notre champ d’action à ce qui se traduit aujourd’hui par une convergence des métiers de l’impression.

Une remarque d’autant plus altruiste que ces idées reçues n’affectent pas directement vos marchés…

Je ne dois évidemment pas seulement considérer les produits sur lesquels je travaille, les notices pharmaceutiques n’étant effectivement pas vraiment dématérialisables et donc relativement protégées, et à ce titre, je me sens bien sûr concerné quand c’est le papier en tant que média qui est attaqué. Je me méfie par ailleurs des arguments qui s’en tiennent à nous expliquer que les volumes imprimés baisseront forcément partout, à l’heure où certaines grandes enseignes n’ont jamais distribué autant de prospectus, au contraire de ce qu’elles annonçaient elles-mêmes quelques années plus tôt. Le prospectus changera certainement de forme, de fréquence, de contenus, et les publicitaires y réfléchissent certainement déjà, mais le tout dématérialisé n’est pas une issue souhaitable. Mais sur cette problématique comme sur tant d’autres, je reste persuadé que c’est l’ajout de nos différences qui nous fera avancer.