Jacques Chirat vient de laisser sa place à la présidence de l’UNIIC. Et quel beau symbole que ce soit à l’Atelier Musée de l’Imprimerie et en ouverture d’un congrès dédié à l’Intelligence Artificielle que Jacques Chirat ait été ovationné pas ses pairs pour toute son action. L’imprimerie Chirat est l’exemple même de ce mariage heureux entre racines et avenir…
42540 Saint-Just-la-Pendue
Si vous vous rendez sur le site Internet de Saint-Just-la-Pendue vous verrez que l’Imprimerie Chirat y figure en bonne place. Et pour cause ! La ville tissait du coton depuis des siècles quand en 1911 a été créée l’Imprimerie Chirat. Impression des étiquettes pour le textile de la région et les vignobles locaux, impression des bulletins paroissiaux… L’entreprise a imprimé l’histoire de la commune et plus encore. Elle lui a donné une nouvelle activité centrale. Avec l’arrivée du synthétique et la large délocalisation de la production textile à l’étranger, la région s’est trouvée sinistrée et l’histoire et la vie d’une petite ville comme Saint-Just-la-Pendue auraient été entièrement différente si une autre industrie n’avait pas pris la relève : l’imprimerie.
L’entreprise s’inscrit avant tout dans un territoire, une histoire, une culture. Les salariés sont là depuis des décennies et cet ancrage dans un tissu local a eu une influence importante dans le développement technologique de l’entreprise. Saint-Just-la-Pendue est, comme son nom l’indique, une commune accrochée à la montagne et l’entreprise a dû très tôt apprendre à être autonome. Il n’était pas question de faire appel à un prestataire pour le pré-presse ou le post-presse et donc que ce soit pour la production des formes imprimantes ou pour la finition des livres ou leur routage, tous les métiers ont été intégrés très tôt. L’entreprise a pu évoluer très vite et suivre les évolutions et les révolutions technologiques.
A l’heure où l’on parle de RSE et où le respect de l’environnement n’est plus seulement affaire de tri des déchets, voilà une entreprise implantée dans un environnement, ancrée dans un territoire et qui assume pleinement son rôle sociétal. L’histoire de la région croise celle de la commune qui elle-même croise celle de l’entreprise. Et l’histoire de cette entreprise est une histoire familiale…
Joseph, Jacques, Antoine, Anthelme, Henri, Louis, André, Jacques et Auguste
En 1911, Joseph Chirat place ses quatre fils (Jacques, Antoine, Anthelme et Henri) dans les entreprises de la région pour leur apprendre un métier : celui d’imprimeur. Il vient en effet d’acquérir pour eux un fond d’imprimerie et papeterie. En 1958, Henri capte une commande chez Armand Colin. Voilà de nouveaux horizons qui s’ouvrent et vers lesquels vont tendre Anthelme et André (fils d’Henri). Ils créent une SARL et font l’acquisition de plusieurs machines d’impression et de composition. L’entreprise est en expansion et se spécialise dans le livre technique et scientifique. A partir de 1975 la typographie côtoie l’offset jusqu’en 1980, année où la typographie disparaîtra. L’entreprise passe à la photocomposition programmée et intègre le brochage en 80, un nouveau marché s’ouvre. Fidèle aux préceptes de son grand-père et de son père, André fait entrer son fils à l’Imprimerie Chirat en 1975. Ce dernier y occupera tous les postes : impression, finition, fabricant, deviseur, il prendra la direction technique en 1985 et la Direction Générale en 1990 lors du départ à la retraite de son père. Le fils d’André n’est autre que : Jacques Chirat. Et comme l’ont fait les générations précédentes il entreprend de développer l’entreprise sur les bases qui ont été construites par ses aînés. Il intègre le premier Macintosh dans l’entreprise, l’imprimerie passe ainsi de la photocomposition programmée à la mise en page interactive. De quoi développer le nouveau marché entrant des magazines. Jacques investit dans l’automatisation et la couleur et garde un temps d’avance : l’entreprise est la première en France à proposer du vernis sélectif. Lauréat du prix des autodidactes organisé par la Harvard Business School, Jacques Chirat développe l’entreprise (triplement du chiffre d’affaire, doublement de l’effectif) dans le respect de l’histoire d’une famille et d’un métier mais aussi d’un collectif…
La passion du métier et la passion du collectif
Après le rachat de l’entreprise à sa famille en 1990, Jacques règle son pas sur celui de son père qui était président du syndicat de la Loire Nord. Il intègre la Fédération de l’Imprimerie et de la Communication Graphique (FICG). Investi régionalement, il s’investit aussi nationalement. Il devient membre du Bureau où il passe 3 ans avant d’être élu président de la FICG puis de l’UNIIC lorsque la FICG fusionne avec le Syndicat national des industries de la communication graphique et de l’imprimerie française (SICOGIF). Il intègre la fédération par passion du métier, profitant de la bonne santé d’une entreprise organisée et autonome. Il se fait alors un devoir de promouvoir le ou les métiers d’imprimeur. Il restera président de l’UNIIC jusqu’en septembre 2018 et entame un nouveau mandat au sein du bureau exécutif. Et il compte bien travailler à l’élargissement du champ conventionnel pour fédérer les métiers connexes autour de l’impression. Elargir certes mais ne pas oublier de rester solidement ancré et appuyé sur les territoires qui sont la force du collectif.
Aujourd’hui, demain et après-demain
Connaissez-vous Book Spirit ?
C’est une plateforme en ligne qui permet de réaliser sa commande de beaux livres personnalisés. Vous choisissez votre type de couverture, votre papier intérieur, vos options de finition, le nombre d’exemplaires et vous envoyez vos fichiers d’impression. Le concept réunit la souplesse, la simplicité et l’accessibilité que permet Internet mais, comme son nom l’indique, il est bien plus inspiré que cela.
L’esprit du livre est bien là : couverture cartonnée, dos carré cousu, dorure, gaufrage, ici, on personnalise des beaux livres avec l’art et la manière et en 100% français s’il vous plaît. Agences, Galeries d’art, Photographes, illustrateurs et même particuliers peuvent imprimer des beaux livres en petites séries (entre 100 et 500 exemplaires) avec la qualité, la rigueur et les délais que permet un outil de production industriel. Et Book spirit a du succès parce que la plateforme web est largement enracinée dans ce qui fait la pérennité de l’Imprimerie Chirat depuis de nombreuses années…
Aujourd’hui, l’Imprimerie Chirat compte 200 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 20 millions d’euros. Chaque jour, livres, beaux livres, magazines, revues, catalogues, guides et brochures sont imprimés, façonnés et expédiés chez ses clients industriels, entreprises, agences, éditeurs, collectivités, artistes, etc. La diversité de la clientèle de l’Imprimerie Chirat reflète ainsi son éventail de savoir-faire et sa capacité à s’adapter aux évolutions du marché. Et comme ça a été le cas pour les générations précédentes, Auguste, le fils de Jacques est en place dans l’entreprise, prêt à imprimer de nouvelles pages de cette histoire…