L’imprimerie Pollina en pointe sur le manuel scolaire

La refonte (tardive) des programmes scolaires pour les collèges et lycées, consécutive à la réforme du BAC, n’a pas manqué de mobiliser les acteurs de l’édition. L’objectif : proposer en temps et en heure des manuels scolaires parfaitement adaptés. En bout de chaîne, l’imprimeur n’est pas en reste et c’est notre adhérent – l’imprimerie Pollina – qui expliquait au micro de France 2 comment ces tirages avaient été anticipés…

L’insoutenable usage de la vidéo en ligne ?

Nous évoquions déjà, quelques mois plus tôt, les écueils liés à la “surconsommation numérique” dénoncés par le think tank The Shift Project, au sein d’un rapport dédié. Il y était question de nécessaire “sobriété numérique”, face à la progression galopante des dépenses énergétiques qui y sont associées : à ce rythme en effet, le numérique pèserait jusqu’à 8 % des émissions mondiales de GES dès 2025. Soit autant que l’ensemble du parc automobile.

Mais voilà que The Shift Project remet le couvert, en pointant du doigt plus spécifiquement le poids colossal du format vidéo, via notamment Netflix, ou Youtube, mais également les vidéos courtes hébergées par les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram…) ou encore liées à des usages pornographiques, dont on apprend qu’il pèsent à eux seuls 27 % des flux vidéo mondiaux mesurés. C’est la VOD qui reste en tête desdits impacts, avec 34 % des flux mesurés (rappelons par exemple que Netflix occupe à lui seul un quart de la bande passante sur le Net français). Nous vous recommandons à ce titre la lecture du rapport “Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne”, tant les chiffres qui y sont révélés donnent le tournis. Parmi tant d’autres illustrations effarantes, citions ceci : “Le visionnage de vidéos en ligne, qui représente 60 % du trafic de données dans le monde, a ainsi généré plus de 300 MtCO2e au cours de l’année 2018, soit une empreinte carbonée comparable aux émissions annuelles de l’Espagne” établit en effet le rapport.

Non sans ironie, The Shift Project propose alors, via la vidéo pédagogique ci-dessous, de prendre conscience des conséquences de ses propres usages, pour les ajuster de façon responsable…

… Pour autant, difficile de ne pas relever combien la seule responsabilisation individuelle porte ici quelque chose de dérisoire. Car s’il n’est jamais blâmable d’interroger ses propres usages, ce sont bien en amont, par des effets systémiques, que les normes se font et se défont. Par des appels dogmatiques à la “dématérialisation”, mensonges écologiques à l’appui, nous voici au terme d’une décennie et demi de glorification outrancière du “numérique”, trop souvent au détriment de la matérialité (notamment imprimée). Nous en mesurons aujourd’hui – sans surprise – les effets désastreux, mais ne nous trompons pas de solution : les fameux petits pas de “Julia”, mis en scène dans cette vidéo, relèvent d’ajustements certes encourageants, mais isolés. Encore faudrait-il proposer à “Julia” des contenus (médiatiques, artistiques…) eux-mêmes compatibles avec nos objectifs écologiques et climatiques. Et là encore, le rapport de The Shift Project mentionne pourtant clairement la nature des enjeux et des défis qui nous font désormais face : “Selon la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), la réflexion sur la responsabilité éthique des systèmes numériques n’est viable que si elle s’appuie sur trois piliers indispensables : le socle juridique, le socle technique et le design (CNIL, 2019). La Commission considère en effet qu’il est essentiel de définir un cadre réglementaire clair. Ce cadre est nécessaire pour construire un outil numérique qui corresponde aux impératifs éthiques en vigueur en France et en Europe. La CNIL confirme que les comportements numériques sont déterminés en grande partie par la conformation des outils de diffusion et qu’il est nécessaire de les réguler si l’on souhaite assurer la compatibilité des plateformes et de leur usage avec le cadre éthique en vigueur.”

Suramortissement fiscal 2019, quels investissements éligibles ?

Dans l’attente de l’édition d’un guide – à paraître fin juillet – bien plus complet sur la question, Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC, s’attachait à définir les contours du dispositif de suramortissement fiscal 2019, sans manquer d’alerter sur les points de tension et d’arbitrages qui décideront de l’éligibilité – ou non – des investissements envisagés…

“Le guide que nous vous proposerons et qui sera destiné à tous, se présentera sous la forme d’une foire aux questions, qui concernent tant les fournisseurs que les imprimeurs. Certaines questions nécessitent en effet un arbitrage avec l’Etat, qui n’a défini les dispositifs éligibles que de façon générique, au sein de l’article 55 de la loi de finance et dans le décret associé, de sorte à couvrir un champ important… Mais également pour pouvoir refuser certaines prises en charge” pose-t-il pour premier constat, regrettant au passage que “Le travail de fond mené par l’UNIIC depuis novembre 2018 n’a été qu’à moitié profitable. L’Etat n’a pas entendu toutes les demandes de notre secteur, pas plus que celles de la mécanique, de l’emballage, du textile ou de la plasturgie. Et ce pour une raison simple : les budgets affectés au suramortissement tels que définis par l’article 55 de la Loi de finance n’ont rien à voir avec les budgets qui avaient été décidés sur l’ancien dispositif, qui s’arrêtait le 14 avril 2017 et qui a provoqué une flambée des investissements”.

Des leviers d’éligibilité arbitraires

« Leur obsession, c’est la robotique et la cobotique. Dès qu’on identifie des procédés un peu plus conventionnels, c’est beaucoup plus compliqué » prévient-il, avant de mettre en garde : « J’attire l’attention des imprimeurs et des fournisseurs : s’il y a des projets d’investissement bloqués du fait d’incertitudes sur l’éligibilité au dispositif, soyez prudents et n’hésitez pas à solliciter l’UNIIC pour jouer ce rôle de relais pointu avec l’Etat, sur d’éventuels points de divergence ». Car les choses sont effectivement plus complexes – et arbitraires – qu’il n’y paraît, s’agissant de savoir concrètement quels types d’investissement satisfont aux conditions et leviers d’éligibilité schématiquement définis par l’Etat. « La direction de la législation fiscale a publié un décret d’application, pas une circulaire » précise le Délégué général de l’UNIIC. “Il ne s’agit donc pas d’un document interprétatif mais normatif. De fait, la question qui nous obsède est celle-ci : que peut-on mettre dans les nouveaux flux tels que définis par l’article 55 de la Loi de finance ? Et qu’est-ce qu’on en exclut ? Est-ce que les chaines de production numériques aperçues aux Hunkeler Days sont automatiquement éligibles ? La réponse est non. Est-ce qu’une chaîne à composants multiples serait forcément partiellement éligible, de manière univoque ? La réponse est non… Y a-t-il alors des thématiques qui seraient éligibles sans discussion possible ? La réponse est oui : la fabrication additive et notamment la 3D, les logiciels de GPAO et de pilotage de la gestion de production, mais aussi tout ce qui relève de la logique robotique, assistance et cobotique” développe-t-il. “Sur tout ce qui est machines d’assemblage et de finition, à condition d’être dans une logique de flux amont/aval, ils disent également oui” poursuit Pascal Bovéro, pour qui il s’agit de “faire la preuve que le cerveau de la machine est entre les mains des systèmes d’information créés par les fournisseurs pour les imprimeurs”. Or, si la notion de « numérique » est facile à définir dans beaucoup de secteurs, c’est un peu plus complexe dans celui des industries graphiques, “d’autant que les montants concernés ne sont pas les mêmes qu’ailleurs” ne manque-t-il pas d’ajouter… “On pourrait défendre le fait que tout chez nous a rompu avec l’analogique et que sans pilotage intégré, il n’y aurait plus de machines, y compris offset de dernière génération. Mais à cela, l’état nous demande de comparer, composant par composant, ce qui relève du hi-tech de ce qui relève de l’électrotechnique et de la mécanique. Les arbitrages que j’évoquais sont là et il est important que vous nous fassiez remonter, fournisseurs et imprimeurs, ce qui vous pose problème”.

Des gains… Et des pièges

“En moyenne, sur toutes les machines identifiées, logiciels compris, c’est 11 à 13 % de la valeur en gain d’impôts, cumulables avec d’autres aides en région sur la robotique” souligne Pascal Bovéro, persuadé de l’indéniable profitabilité du dispositif, tout en appelant à ne pas tomber dans des “pièges” expressément qualifiés comme tels. “Vous pourrez lire que les biens qui ouvrent droit à la déduction exceptionnelle doivent être utilisés pour la fabrication et la transformation de biens corporels mobiliers et que le rôle du matériel et de l’outillage doit être prépondérant dans le process. Faîtes attention, c’est un piège ! L’administration fiscale, selon les circonstances, nous qualifie de prestataire de services ou d’industriels… Lorsqu’il s’agit de demander aux imprimeurs de faire l’avance de la TVA à l’Etat, parce qu’ils sont livreurs de biens meubles corporels, là nous sommes des industriels. Mais ça n’a rien de systématique” ironise le Délégué général de l’UNIIC, qui conclut en insistant sur le fait que “l’analyse technique et fiscale menée par l’UNIIC a largement tourné dans les services de Bercy, avec l’appui de la DGE”. Refusant cependant de considérer que l’affaire est entendue, il rappelle que “de nombreuses interrogations demeurent”, lesquelles méritent à la fois des arbitrages au cas par cas et des pistes aussi précises que possible, au sein d’un guide que l’UNIIC se dit prête à partager avec tout le monde. Rendez-vous est pris d’ici quelques semaines (sa diffusion est estimée à fin juillet) pour juger sur pièce…

Enquête internationale sur les principaux indicateurs de performance

L’UNIIC participe à un projet international commun avec « Printing Industries of America » et la « British Printing Industry Federation ». Il s’est fixé pour objectif d’identifier les indicateurs de performance propres à devenir des outils standards de suivi et d’évaluation susceptibles de contribuer ainsi à l’amélioration de la productivité.

Ce questionnaire nous permettra de mesurer les différences d’utilisation de ces indicateurs entre les USA, le Royaume-Uni et la France. Il nous permettra aussi de proposer un panel restreint d’indicateurs pertinents partagés, par la suite, par ces trois pays. Ces organisations ont collaboré au nouveau guide de l’IDEP « Cahier de tendances » dans lequel ces KPIs et leurs applications sont décrits (pages 34-37).

En quoi ces KPls peuvent-ils vous intéresser ?

Les KPI apportent une réelle plus-value en montrant jusqu’à quel point une entreprise est performante dans un domaine d’activité donné. Ils fournissent des données qui permettent de s’interroger sur sa situation et de faciliter les prises de décision. Quatre groupes d’indicateurs complémentaires offrent une vision d’ensemble de l’activité de l’entreprise : Production, Commercial, Finance et Environnement. La première enquête se concentre sur 20 indicateurs de production qui ont un impact sur les performances environnementale et économique des industries graphiques.

Pourquoi participer ?

Remplir le questionnaire vous prendra moins de 10 minutes. Vous recevrez, suite à cette enquête, le rapport de synthèse, nourri de vos réponses et de celles de vos confrères internationaux. Les résultats permettront d’identifier les KPls les plus pertinents pour servir d’outils de mesure à l’ensemble de l’industrie, de fournir des définitions uniformes pour les systèmes de GPAO, et de développer de nouveaux standards. Ils vous aideront également à identifier les indicateurs privilégiés à surveiller.
Toutes les données d’une entreprise sont strictement confidentielles et seuls les résultats globaux seront rendus publics. L’enquête est ouverte jusqu’au 30 juin 2019.

Pour participer : voici le lien vers le questionnaire.

Fabrication du Livre – Identifier & comprendre les écarts de compétitivité

A l’examen de la balance commerciale déficitaire, concernant ce champ d’activité spécifique (loisirs et vie pratique, livre scolaire et parascolaire, beaux livres, guides touristiques, livres pour enfants, littérature générale etc.), le secteur des industries graphiques a souhaité, à la demande de l’UNIIC et des instances paritaires, lancer une étude portant sur les différentiels de compétitivité coût et hors coût qui affectent le marché du livre et mesurer ainsi l’influence exercée par les aides directes et indirectes (aides à l’investissement matériel et aides infrastructurelles) dont certains pays peuvent bénéficier au titre des fonds structurels européens, avec les conséquences qui y sont associées en termes de différentiation coût et d’avantages concurrentiels déloyaux.

Ainsi l’étude en question aura pour objectif :

– De proposer une grille de lecture multifactorielle pour identifier les écarts de compétitivité et leurs causes (management, outils industriels, intégration verticale, créativité, marketing de la valeur, soutien public, faiblesse de la normalisation de certains pays, coût et statut de la main d’œuvre, productivité apparente du travail, ingénierie financière des entreprises etc.).

– D’éclairer les autorités publiques nationales et européennes sur les écarts de compétitivité qui s’inscrivent dans le libre jeu de la concurrence et supposent une réflexion sur nos propres défaillances et la recherche d’optimisations collectives, et ceux qui procèdent d’une concurrence faussée au sens du droit communautaire (aides directes d’Etat notamment).

– De proposer la construction d’opérations collectives nationales et locales fédérant l’ensemble des acteurs de la chaîne de fabrication du livre (labélisation, co-innovation, RSE, circuits courts, transparence, bonnes pratiques communes, expérimentation de relocalisation par segments, événements en commun etc.).

Lire le Projet de livre blanc portant sur les causes des écarts de compétitivité entre les entreprises spécialisées dans la fabrication du livre en France et leurs concurrents.

Le prospectus reste dans le vert

Alors que l’enseigne Monoprix s’est fendue d’une communication contestable (et contestée, notamment par nos amis de Culture Papier) pour expliquer sa décision de stopper la distribution de prospectus papier, la tentation serait grande d’y voir l’amorce d’un déclin plus global du marché, comme si la chose relevait d’un phénomène plus englobant de suppression/dématérialisation progressive et inéluctable des imprimés publicitaires non-adressés.
Or, certainement faut-il d’emblée rappeler que ce ne sont absolument pas les tendances décrites par les dernières études menées sur le sujet, notamment celle éditée (et récemment réactualisée) par l’ADEME sur les flux de produits graphiques en France. On y apprend en effet que “les volumes d’imprimés sans adresse distribués ont augmenté de 4,4 % en 2017, confirmant la hausse de 3,3% observée l’année précédente. Cette progression continue résulte de l’intensification de la guerre commerciale entre des enseignes de plus en plus puissantes et concentrées”.
S’il est toujours périlleux de se projeter trop loin dans des calculs prospectifs de long terme, l’étude estime que “compte tenu de la résistance du média au travers des années de crise, malgré le développement de la publicité numérique”, le taux de croissance retenu pour les 5 ans à venir demeure “proche de zéro, en progrès par rapport à celui l’an passé qui était voisin de – 1 % par an”.

De fait, Les Echos faisaient récemment état de la résistance du prospectus face à la vague digitale, nombre de grandes enseignes y voyant en effet toujours un outil indispensable pour générer chez elles du trafic, et donc a fortiori du chiffre d’affaires. Certainement faut-il aussi par conséquent s’interroger sur le positionnement stratégique relativement spécifique des magasins Monoprix, quasi-exclusivement implantés en centre-ville et donc moins dépendants de relais de communication plus adaptés aux commerces ruraux et/ou installés en petites/moyennes villes.

De quoi tempérer en tout cas les commentaires les moins prudents sur l’avenir du prospectus, le média se portant encore trop bien pour être enterré sans sommation…

Etude IPSOS – Zéro Papier, mythes et réalités

Alors que la première partie quantitative de l’étude, de portée quasi-exclusivement sociétale, soulignait combien les Français nourrissent des inquiétudes vis-à-vis d’un monde numérique qu’ils ont à la fois massivement adopté tout en refusant de tout lui céder, cette seconde partie qualitative posait une question claire : quelle traduction stratégique s’est opérée – ou est en train de s’opérer – chez les acteurs d’une filière qu’on n’a cessé de dire en proie à un grand chambardement digital ? Lire la suite

Etude Banque de France ACSEL/UNIIC – “Le secteur n’a pas terminé sa mutation”

 

AVANT-PROPOS

La mise en garde de Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC

L’étude UNIIC/Acsel Banque de France participe d’une volonté de l’UNIIC d’offrir à ses membres un diagnostic financier général, adossé à des ratios-types dont l’analyse permet de redéfinir le regard que tous les acteurs associés au développement des industries graphiques se doivent d’avoir, pour qualifier et évaluer un secteur industriel aux caractéristiques complexes. C’est pour tendre vers cet objectif que l’UNIIC a souhaité observer, comprendre et interpréter en disposant d’un référentiel métier.

Observer

Le diagnostic financier hors contexte n’a qu’une valeur relative, c’est pourquoi il nous faut disposer de référentiels de positionnement pour éclairer les entreprises mais aussi les préteurs… L’étude annuelle qui comporte plusieurs focus régionaux participe de cette approche.

Comprendre et interpréter

Tout diagnostic, a fortiori financier portant sur un secteur ou une filière, est avant tout un art d’interprétation. Cet art s’adosse dans le cas présent à l’information comptable qui forme le matériau de base du diagnostic. Comprendre et interpréter suppose de retraiter l’information comptable et construire des représentations pertinentes.

Les grilles d’analyse

Comme tous les outils d’observation, les grilles d’analyse et surtout les ratios et indicateurs significatifs doivent être utilisés avec discernement. Discernement car un ratio n’est représentatif que dans la durée surtout pour les ratios de rotation, de même pour les ratios de structure qui sont ici détaillés dans l’étude Acsel, les témoins lumineux que sont ces ratios ne peuvent s’interpréter qu’en fonction des contraintes technico-financières liées à la nature des activités des entreprises et des plan stratégiques d’investissement de celles-ci, qui relèvent de leur souveraineté. C’est aussi pourquoi, il serait inefficace voire dangereux de se focaliser sur une référence standardisée. Ainsi pendant plusieurs années, le secteur graphique frappé d’une part par la décroissance structurelle amorcée au début des années 2000 puis par la crise financière de 2008 a été évalué selon une conception patrimoniale. Centrée sur la seule solvabilité et la liquidité, l’analyse des établissements financiers était appréciée  au travers de la capacité de l’entreprise à couvrir ses engagements à court terme. Les analyses qui prévalent aujourd’hui ont progressivement (mais insuffisamment) rompu avec cette logique et privilégie l’aptitude de toute imprimerie à financer ses emplois stables par des ressources stables. L’ensemble des paramètres que nous valorisons dans l’étude n’a donc de sens qu’adossé à un diagnostic stratégique des entreprises pour bien passer d’une logique comptable statique à une logique économique et financière dynamique.


 

« Le bilan de santé du secteur graphique » : c’est ce que nous promettait de détailler l’actualisation des principaux ratios financiers de la branche, présentée par Françoise Carré, chargée d’étude économique pour la Banque de France…

Présentant la particularité d’un triple focus régional Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne & Franche Comté, Provence Alpes Côte d’Azur, cette remise à jour de référents professionnels statistiques et financiers, symbolise le regard lucide que nous nous devons d’avoir sur nos métiers et ses principaux équilibres économiques. « Dès septembre, nous travaillerons également sur des champs connexes, étiquettes adhésives et cartonnage notamment » précise Pascal Bovéro, dans une volonté d’étendre le spectre d’analyse, de l’imprimerie de Labeur aux industries de la transformation. L’objectif : dresser un panorama économique et financier aussi complet et fiable que possible, de sorte à éclairer les dossiers des entreprises au mieux et au plus juste, auprès des établissements financiers… « Plusieurs hypothèses avaient été émises lorsque nous avons réactualisé cette enquête sectorielle : soit le rebond, soit la stagnation, soit le reflux. Or, en fonction des ratios, nous n’obtenons pas les mêmes tendances » prévient Françoise Carré, qui laisse déjà entendre qu’il n’est pas question ici de décrire un élan univoque, mais bien de décrypter les variations et en donner une ou des lectures.

Françoise Carré, chargée d’étude économique pour la Banque de France.

 

 

Volet panoramique

Déployé sur le champ de l’imprimerie de Labeur (1812Z) et du prépresse (1813Z), ce premier volet comparatif met donc en perspective les tendances observées au sein des industries graphiques d’une part et de l’industrie en général d’autre part. Premier constat : si sur la période 2011/2016, on déplore sans surprise une diminution du nombre d’entreprises (- 7,7 % sur la période considérée pour le Labeur, – 0,7 % pour le prépresse, contre + 0,6 % pour l’industrie), les mêmes tendances s’en trouvent globalement reproduites au sein des trois bassins étudiés, qui affichent pour le segment Labeur – 7,4 % en Rhône-Alpes, – 7,9 % en Bourgogne et – 3,9 % en PACA. C’est en termes de tailles d’entreprises que des différences notables commencent à poindre : « On a des entités sensiblement plus petites en PACA, où la proportion de microentreprises de moins de 9 salariés atteint 86,3 %, contre 78,2 % en Rhône-Alpes et 65,1 % en Bourgogne » précise Françoise Carré. Des écarts pour partie liés selon elle aux spécificités historiques desdits territoires, la Bourgogne étant notamment connue et reconnue pour ses vins et ses spiritueux, se dotant ainsi logiquement des moyens industriels adéquats pour produire les étiquettes adhésives associées… Mais on constate également que les entreprises en PACA sont globalement décrites comme « plus récentes et plus agiles », au point de sembler résister un peu mieux puisque la diminution du nombre d’entreprises sur la période étudiée y a été plus faible qu’au niveau national (3,9 % versus 7,7 %). Parmi les particularités plus ou moins « locales » mises en évidence par l’étude, notons ce que Françoise Carré qualifie de « coup de jeune » en Bourgogne, où l’âge moyen des dirigeants se révèle sensiblement moins élevé. « Nous y observons que presque la moitié des dirigeants a moins de 50 ans » souligne-t-elle en effet, voyant là les probables effets collatéraux d’une vague de cessions/transmissions plus importante qu’ailleurs. L’occasion également de noter que seulement 17 % des gérants d’entreprises sont des femmes (30,7 % en cogérance), soit une proportion relativement faible mais nouvellement mesurée, dont il sera intéressant de voir si elle évolue à l’avenir vers un rapport plus équilibré…

 

On note, en outre, sans que ce chiffre soit alarmant, que 2016 a enregistré une nouvelle recrudescence (accidentelle ?) de défaillances : on en dénombre exactement 109 contre 85 en 2015. « Cela représente 2,4 % de la population des entreprises d’imprimerie de Labeur, 1,9 % en prépresse pour 1,8 % dans l’industrie en général » détaille Françoise Carré. Il s’agit en l’occurrence toujours du même profil-type : des entreprises qui avaient plus de 12 ans, de petite taille (70 % de moins de 10 salariés) et qui étaient « historiquement implantées »… Une vulnérabilité que l’on ne retrouve pas chez les entreprises plus récentes, plus agiles et innovantes, visiblement mieux insérées dans la réalité du marché en 2017. Un constat qui, selon Pascal Bovéro, « va à l’encontre de ce que l’on observe dans le reste de l’industrie où les start-ups ont une durée de vie moyenne de 3 ans »… D’où l’absolue nécessité de travailler à la recapitalisation de cette famille d’entreprises, potentiellement porteuses, sans les amalgamer aux start-ups susmentionnées, factuellement plus fragiles. Autre tendance : « Le secteur de l’imprimerie est sujet aux restructurations, bien davantage que dans l’activité prépresse, et autant que dans l’industrie. Ces regroupements vont nécessairement contribuer à la consolidation du secteur et seront bénéfiques à l’activité. C’est un axe de progrès : il vaut mieux travailler à ces regroupements que d’enregistrer des défaillances ».

Volet économico-financier (entreprises avec bilan cotées par la Banque de France avec un seuil de CA supérieur à 750 000 €)

Analyse économique

Pour Françoise Carré, difficile de ne pas noter que « si les entreprises de 50 à 249 salariés sont relativement peu nombreuses, leur poids économique représente plus des 2/3 de l’activité globale ». Elle ajoute : « Le chiffre d’affaires est constitué aux 2/3 de production de biens, 3,6 % de ventes de marchandises et 26,4 % de prestations de services (papier fourni notamment) ». Rien de surprenant a priori, jusqu’à cette relative contrariété : « On observe une baisse d’activité notable entre 2014 et 2015 (- 1,6 points) et une baisse encore plus importante de la valeur ajoutée (- 2,4 %) ». Un phénomène qui se décline quasiment tel quel au sein des bassins régionaux étudiés et qui vient entraver les espoirs d’une reprise, émis quelques mois plus tôt. Le taux de marge brute, lui, bien que toujours supérieur à celui de l’industrie, enregistre une baisse en 2015 (- 0,4 points) après un rebond en 2014 finalement resté sans suite… Françoise Carré note toutefois que « Le résultat net sur chiffre d’affaires se maintient au même niveau qu’en 2014, du fait de la baisse d’activité, ce qui se traduit par une stabilisation de l’investissement » bien que celui-ci s’avère dans le détail extrêmement concentré. Enfin, Françoise Carré souligne que « Le nombre d’entreprises bénéficiaires est en amélioration », ce qui amène heureusement à tempérer les déceptions nées de la non-continuité des dynamiques positives enregistrées pour l’année 2014 et présentées en cette même-occasion lors du précédent Congrès.

Analyse financière

« Un quart des entreprises possède des fonds propres inférieurs à 24 % et un quart se situe au-delà de 56 % (27 % et 60 %  pour l’industrie) » ce qui traduit pour Françoise Carré la réalité d’une sous-capitalisation d’une part significative des entreprises de l’imprimerie de Labeur. « Cependant, la capacité de remboursement des imprimeurs et des entreprises de prépresse est globalement meilleure que dans l’Industrie » notre Françoise Carré, qui précise que « plus de 60 % des entreprises 1812Z et 65 % des entreprises 1813Z se situent dans la tranche la plus basse des délais de remboursement, à savoir moins de 3 ans et demi ».

 

 

La cotation Banque de France

Deux tiers des entreprises 1812Z sont cotées favorablement, voire se sont vues attribuer la cotation d’excellence. Entre 2011 et 2015, le nombre d’entreprises positivement cotées s’est ainsi nettement renforcé même si parallèlement, le nombre d’entreprises vulnérables a également légèrement augmenté… « Sur 200 entreprises qui avaient une trésorerie nette inférieure au premier quartile, presque 18 % sont en difficulté » précise en effet Françoise Carré. Une réalité que l’on retrouve plus ou moins à l’échelle plus locale puisqu’en Rhône Alpes et en Bourgogne/Franche Comté, on constate effectivement à la fois une amélioration de la cotation des entreprises les plus solides, ainsi qu’une dégradation par le bas, créant une situation de grand écart où les extrêmes s’accentuent. Il n’y a qu’en PACA que la dégradation est générale, passant de 17,2 % d’entreprises vulnérables en 2011 (dont 2,5 % très vulnérables) à 31,7 % en 2015 (dont 8,5 % très vulnérables).

Des contrastes qui ne doivent cependant pas faire perdre de vue la réalité d’un renforcement global, malgré des disparités évidentes en fonction de la façon dont les entreprises sont à ce jour structurées et conduites sur le plan stratégique, dans un contexte de mutation des marchés qui n’est visiblement pas achevée…

Presse & numérique : des abus dans le viseur de Bercy…

Produit d’appel par excellence, la Presse a logiquement fait l’objet (et l’expérience) de “kiosques numériques”, proposés notamment par SFR et Bouygues Telecom à leurs clients respectifs. Si l’offre est alléchante – elle autorise en effet l’accès à une soixantaine de titres de Presse, quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, en version numérique, sur une multitude d’écrans, et ce même hors connexion – elle constitue aussi pour ces opérateurs une aubaine fiscale que Bercy s’est empressé de requalifier en “abus”. La Presse étant effectivement assujettie à un taux de TVA “super réduit” de 2,1 % (contre 20,1 % pour la téléphonie et 10 % pour la télévision), l’astuce consiste à y associer une part du chiffre d’affaires qui excède plus ou moins nettement la fraction de l’activité réelle strictement dévolue à ce service, puisque malgré tout, nombre d’utilisateurs n’y ont jamais recours.

Pour SFR, telle manœuvre permettrait une économie substantielle d’environ 400 millions par an, précise le Canard Enchaîné. Pour Bouygues, ce sont quelque 260 millions qui échapperaient ainsi à l’administration fiscale, toujours selon le journal satirique. Dans la mesure où les journaux inclus dans ces offres numériques ne sont pour leur part rétribués qu’en fonction du nombre de téléchargements dont ils ont fait l’objet, le calcul est assez aisé à produire et semble pousser le gouvernement à rationaliser le système au plus vite. L’objectif : restreindre l’application du taux de 2,1 % aux seuls montants versés par les opérateurs aux titres de Presse dont ils proposent les contenus.

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