Print & dématérialisation – Au cœur des arbitrages

La conférence inaugurale de Graphitec 2019 n’a pas évité la question quasi-obsessionnelle des justes équilibres print/numérique, laquelle engage des points de vue éminemment disparates selon les marchés considérés…

Print ou numérique ? A cette question un brin simpliste, que les donneurs d’ordre et éditeurs ne se posent en réalité que rarement en ces termes, la (bonne) réponse est souvent « les deux ». Les équilibres peuvent toutefois nettement varier selon les marchés approchés et les positionnements singuliers dont telle ou telle marque peut se revendiquer. S’il n’existe donc pas de formule miracle que l’on pourrait se contenter de s’approprier sans effort introspectif de contextualisation, les expériences plus ou moins tranchées ne manquent pas et ont le mérite de nous offrir de nombreux témoignages éclairants…

Le 100 % online, une erreur ?

Depuis le début du mois de Janvier 2019, le site PAP.fr a officiellement lancé son offre de visite virtuelle 3D.

Si l’intitulé de cette conférence inaugurale promettait de promouvoir les meilleures façons de « concilier » print et numérique, Corine Jolly (Groupe PAP) n’hésite pas à faire part de son étonnement qu’on l’ait justement sollicitée sur une telle thématique… « Pour être honnête, nous n’avons pas concilié grand-chose puisque nous avons arrêté le journal papier en 2013 » lâche-t-elle en effet, sans prendre de gants outre mesure. Mais certainement faut-il accepter de voir que l’on peut bel et bien marginaliser le support imprimé au sein de ses outils éditoriaux, à condition d’avoir les idées et la stratégie idoines, au-delà d’une simple volonté de faire fondre ses coûts. « Arrêter le journal nous a permis de réaffecter le budget associé à de nouveaux services. Nous disposons désormais d’un réseau de photographes qui se déplacent dans toute la France, équipés de caméras 3D, pour développer de nouveaux outils de vente » explique-t-elle, assurant par ailleurs ne pas être fondamentalement fermée à la perspective de revenir un jour au journal imprimé, « si nous avons des idées pertinentes pour le justifier. Il ne s’agit pas de revenir au journal d’avant, ça n’aurait aucun sens », se sent-elle obligée de préciser. Par ailleurs, le réseau PAP continue d’utiliser le canal imprimé pour diffuser nombre de ses publicités, là encore parce que Corine Jolly y voit tout simplement du bon sens : « Le print est rassurant parce qu’il permet d’incarner la marque. La communication offline prouve que vous existez vraiment. Une entreprise 100 % online court selon moi le risque d’être trop virtuelle ». Ainsi le discours s’avère-t-il plus nuancé que prévu, même si dans ce cas précis, les équilibres complémentaires print/numérique penchent de plus en plus ostensiblement vers des contenus dynamiques et connectés.

Le numérique comme outil de diversification & fidélisation ?

Quand Youtube offre un pont aux ventes papier…

Au tour ensuite d’Hedwige Pasquet (Gallimard Jeunesse) d’évoquer les évolutions digérées ou en cours chez l’éditeur jeunesse, s’agissant ici d’un univers où les percées numériques sont toutefois toujours marginales. Et là encore, de bonnes raisons à ça : « L’ebook n’est pas encore une proposition suffisamment innovante ou séduisante » affirme-t-elle de façon presque sentencieuse, rappelant en creux combien les transpositions homothétiques du modèle papier sur écran ne portent que trop peu de valeur ajoutée pour qu’un basculement sensible s’opère. Et les chiffres en attestent : avec moins de 5 % du chiffre d’affaires global de l’édition, il est déjà établi que le livre numérique a échoué à s’imposer. Et sauf à ce qu’il se réinvente, la chose semble entendue. « Aux USA par exemple, la part de l’ebook peut approcher les 25 % de CA, mais nous semblons là aussi toucher un plafond » complète Hedwige Pasquet, qui rappelle que l’ultra-domination du livre imprimé en France tient en partie à « son fort réseau de librairies, protégé notamment par la Loi Lang sur le prix unique du livre ». Doit-on pour autant en conclure que le numérique aurait dit son dernier mot ? Ce serait d’une part oublier « la progression notable et prometteuse du livre audio » – s’agissant pour le coup d’une proposition suffisamment différenciée du livre papier traditionnel pour exister par-delà lui – et ce serait d’autre part méconnaître les liens qui peuvent se tisser entre différents supports… « Le streaming, via Netflix et autres, constitue pour les éditeurs une véritable source de revenus. Les rachats de droits pour des adaptations audiovisuelles ont récemment grimpé en flèche » précise-t-elle en effet, ce qui ne surprendra personne dans le sillage du succès phénoménal de Game of Thrones notamment. Si ces rapports de bonne entente n’ont évidemment rien de nouveau – il en était déjà de même pour les adaptations TV ou cinéma – ils ont indiscutablement pris une tout autre proportion à l’aune de ce que pèsent aujourd’hui les grands acteurs du streaming. De quoi nuancer l’assertion selon laquelle « le temps écran a fait baisser le temps de lecture » car pour aussi vraie soit-elle globalement, les contre-exemples plus circonstanciés ne manquent pas : de la même façon que la série éponyme a certainement fait vendre/lire énormément de livres Game of Thrones, Hedwige Pasquet souligne par ailleurs que « le numérique offre de merveilleuses opportunités en termes de communication, comme par exemple la création de chaînes Youtube ». Que ces dernières soient d’ailleurs portées par l’éditeur ou des lecteurs/Youtubeurs, le fait est qu’elles fonctionnent en tout cas auprès de cibles largement fidélisées.

Un phénomène de réincarnation par le print

Mais c’est paradoxalement sur les contenus publicitaires, a priori pourtant les plus enclins à subir les foudres d’une dématérialisation accélérée, que les propos se feront les plus cléments sur le print. « Il y a eu une très forte digitalisation des marques pendant des années, jusqu’à un phénomène de saturation et un retour à l’imprimé » estime ainsi Matthieu Butel (agence Makheia). Un discours largement corroboré par Sébastien Naslain (Groupe Jouve), pour qui « après une nette baisse des volumes imprimés, nous sommes arrivés à un niveau plancher sur certains segments où l’on constate une réhumanisation par le print des relations clients/fournisseurs ». Pas de quoi évidemment remettre en cause la réalité selon laquelle c’est bien le numérique qui préempte l’essentiel de la croissance publicitaire (tel qu’en atteste le Baromètre Unifié des Marchés Publicitaires porté par Kantar Media, France Pub et l’IREP), mais de quoi revenir à plus de mesure et réinjecter du print dans des campagnes qui en avaient été exagérément sevrées. « Nous avons constaté chez certaines marques la volonté de s’inscrire dans le temps, d’avoir un discours plus incarné et de se détacher des contenus numériques plus éphémères » illustre Matthieu Butel, non sans omettre de préciser que les exigences sont dans le même temps allées crescendo… « Si vous n’êtes pas capables de donner entière satisfaction aux marques, elles préféreront appuyer leur stratégie sur des médias propriétaires pour devenir leur propre porte-voix » souligne-t-il en effet, presque sur le ton de la menace. Car c’est bien là une des caractéristiques fortes de l’époque : jamais une marque n’a bénéficié d’autant d’outils pour entrer en dialogue direct avec sa cible, notamment sur les réseaux sociaux. De fait, c’est aux supports dits « traditionnels » de se rendre désirables, en des temps où la tentation d’en faire l’économie n’a peut-être jamais été aussi forte.

« Ni l’un ni l’autre ? »

Mais le cas le plus original était certainement celui du groupe Humensis, représenté par Frédéric Mériot, son Directeur général. « Nous ne sommes pas juste éditeurs de livres, nous sommes diffuseurs de savoir », clame-t-il en effet, refusant mordicus d’être attaché à un support en particulier. Concrètement, Humensis revendique tant les traits d’une maison d’édition traditionnelle (en sciences humaines, en économie, en essai-documentaire…) que d’une plateforme de services numériques, capable de « délivrer sous les formats adéquats les contenus de la connaissance ». En expérimentant à la fois la rematérialisation du livre papier au plus près du lecteur au sein d’une librairie dotée de l’Espresso Book Machine (en l’occurrence, celle des Presses Universitaires de France dans le quartier latin de Paris) ainsi qu’un « service d’apprentissage des langues totalement immatériel » (via Qioz, une application lancée et financée par la région Île-de-France et alimentée notamment par le pôle Belin du groupe Humensis), nous sommes donc là face à une stratégie agnostique où les supports – print et/ou numérique – sont pensés comme les rampes de lancement les plus en phase avec les services proposés.

Alors si l’époque est complexe, source de tâtonnements sans fin, elle permet en revanche des arbitrages subtils, où toutes les équations ont leur solution. Charge à chacun de trouver la sienne, sans biaiser la réflexion en présupposant qu’il faudra digitaliser sa stratégie coûte que coûte, car s’il s’agit là d’une tendance de fond statistiquement exacte, les chances qu’elle s’applique sans le moindre réajustement à des cas singuliers sont plus minces qu’on ne pourrait le penser…

Graphitec, priorité au débat

Notamment rythmée par un cycle de conférences aussi pertinentes que variées, l’édition 2019 de Graphitec s’est achevée le 6 juin dernier avec la volonté affichée de porter le débat sur les points les plus sensibles du secteur, à un an maintenant de la prochaine Drupa : stratégies “multicanal”, innovations technologiques, convergence des marchés & procédés, premiers bilans autour du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), atouts des démarches RSE & écoconception, présentation approfondie de guides techniques, quasi-inauguration de ma Learning Fab (première plateforme de formation digitale pour les métiers de l’impression et de la communication graphique) etc. De quoi repartir avec le plein d’idées nouvelles, dans un contexte que l’on sait hélas difficile et dont le salon s‘est malgré lui fait l’écho, tant en termes d’espace que de fréquentation, visiblement en deçà des précédentes éditions. Avant plusieurs restitutions à venir desdites conférences (à la fois sur notre site et dans les colonnes d’Acteurs de la Filière Graphique), petit retour en images…

L’UNIIC, Imprim’Vert, l’IDEP, Agefos PME-CGM, la CSNRBD, Imprim’Luxe, Grenoble INP-Pagora, le Centre Technique du Papier, le groupe Lourmel et Culture Papier étaient présents et actifs sur le salon, sous une bannière commune : « La Frenchprint ».

Au rang des (nombreux) sujets traités pendant trois jours : « Catalogues et prospectus, peut-on vraiment se passer de papier ? », une conférence animée par Olivier Le Guay (Culture Papier) avec, de gauche à droite, Damien Verstraete (100 % VAD), Jean-Marc Piquet (Groupe Maury), Christophe Bossut (Argo), Anthony Mahé (Eranos) et Elisabeth Cony (Madame Benchmark).

La troisième édition du Challenge StudyPrint a vu le Lycée Albert Bayet de Tours remporter le Premier Prix, devant un public composé des établissements lauréats, des partenaires (dont l’UNIIC fait partie) et des professionnels des Industries Graphiques. Détail des résultats sur le site Presse Edition.

Chaumont s’affiche en capitale du graphisme

Dans ce qu’il faut maintenant désigner, pour la deuxième année consécutive, comme “La biennale internationale de design graphique de Chaumont”, une large place était encore faite au célèbre concours international d’affiches, initié par la ville en 1990. Avant un reportage plus approfondi dans le numéro de rentrée d’Acteurs de la Filière Graphique, retour en mots et en images sur les axes forts d’un événement qui investit la ville jusqu’au 22 septembre…

Forte d’un legs de 5000 affiches datant aujourd’hui de près de 115 ans – c’est le collectionneur Gustave Dutailly qui en fit don à la ville en 1905 – “Chaumont s’est de longue date imposée comme la capitale du Graphisme, attirant les artistes et professionnels du monde entier” s’enorgueillit Jean-Michel Géridan, Directeur du Centre National du Graphisme (Le Signe), alors qu’il présente en avant-première à quelques journalistes la sélection officielle internationale du concours 2019. Si ladite sélection se distingue une nouvelle fois par l’exigence des choix effectués – sur 1142 œuvres réceptionnées, “seules” 317 seront retenues et exposées, dont 110 pour les seuls besoins de la compétition – c’est en marge du concours stricto sensu, expositions thématiques à l’appui, qu’il faut aller chercher les axes réflexifs qui auront orienté la Biennale cette année. Or, il faut bien le dire : cette 2e édition, intitulée “Post-médium”, a moins semblé interroger son époque qu’elle n’a semblé s’y plier, comme contrainte par une hégémonie numérique qui intercale, certainement comme jamais dans l’Histoire humaine, des écrans entre les gens. “La ville de Chaumont est fortement associée à la chose imprimée, mais il y a cette année une volonté de dépasser les traditions sans les renier” confirme-t-il ainsi à demi-mots, commentant soigneusement le travail d’artistes visiblement attachés à s’approprier les supports numériques et penser – aussi – les affiches comme des messages animés, voire pixellisés ou animés en 3D.

Jean-Michel Géridan, Directeur du Signe, présentant les 110 affiches en compétition pour le 28ème concours international d’affiches de Chaumont.

 

En marge des expositions officielles, des ateliers investis par les jeunes générations, avec un goût prononcé pour les expérimentations en tout genre.

 

Pour Mariina Bakic, Responsable développement du Centre National du Graphisme, l’existence-même d’un tel concours apporte la preuve qu’il existe “des commanditaires courageux, désireux de valoriser la singularité artistique et qui font confiance aux graphistes”.

 

Si l’exposition “Post-medium” se voulait nous immerger dans l’espace numérique dit “immatériel”, les affiches en compétition poursuivaient pour certaines un travail séculaire : interroger le support imprimé, cet éternel compagnon de la création graphique…

 

 

Interrogeant la notion de “reproductibilité numérique” par-delà les supports originaux imprimés, l’exposition “Post-medium” a paradoxalement donné l’impression de se ruer vers des questionnements attendus. D’où cette question légitime : y-a-t-il pour l’Art des passages obligés ?

 

S’appuyant sur une collection précieuse d’une cinquantaine de maquettes plus ou moins triturées (celles-ci étaient effectivement censées être détruites), une roue nous expose le processus de création par lequel les graphistes opéraient déjà – entre 1875 et 1905 – en recyclant des bouts d’affiches, selon l’ancêtre du Couper/Coller.

La transformation numérique en avant-goût pour Graphitec

La conférence pré-Graphitec intitulée “Dématérialisation et productivité dans les industries graphiques” se tenait sur le salon Documation 2019 et osait un quasi-paradoxe : parler de “dématérialisation” pour évoquer l’avenir de l’imprimerie…

Comme pour balayer tout malentendu, Philippe Teyssier (Directeur général de Key Graphic) souligne dans un sourire qu’il sera ici question de “bonne dématérialisation”. C’est-à-dire celle qui permet de mieux collaborer, tant dans la sphère interne de l’entreprise que dans sa sphère externe, autour d’outils logiciels et applicatifs aux noms barbares : gestionnaires de workflow, bases de données dynamiques, automatisation des EDI (Échange de données informatisé), Web to print etc. L’enjeu est résumé de la sorte par Philippe Vanheste (Directeur marketing du Groupe Prenant) : “Il est urgent d’adopter les bons standards en EDI. Il faut nous connecter plus vite aux standards des autres métiers, plutôt que de rester isolés”, ajoutant “qu’il est “moins difficile de dématérialiser la partie administrative de l’entreprise que la partie jobs/production”, la seconde nécessitant en effet d’adosser les processus de gestion des flux à un environnement hardware – les machines d’impression – plus spécifique aux Industries Graphiques. C’est d’ailleurs là un paradoxe que certains n’ont pas manqué de souligner : les imprimeurs investissent énormément dans des machines, moins (pas assez ?) dans les ERP (Enterprise Resource Planning), lesquels permettraient pourtant justement de les piloter et de gérer l’ensemble des processus de l’entreprise. “Les petites structures se sont dématérialisées plus vite que les grosses” note par ailleurs Philippe Vanheste, sous-entendant là encore combien le poids de l’investissement matériel pèse sur l’agilité des entreprises, souvent historiquement construites – notamment stratégiquement – autour de leur parc machines. Or, certainement faut-il aujourd’hui davantage réfléchir aux tuyaux numériques véhiculant les flux administratifs, documentaires, informationnels ou productifs, qui font la vie d’une entreprise…

“92 % des spécialistes du marketing déclarent que les retards de validation sont les premières causes de non-respect des délais” – Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director, Dalim Software)

“92 % des spécialistes du marketing déclarent que les retards de validation sont les premières causes de non-respect des délais” souligne Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director, Dalim Software), ajoutant logiquement que “sans une bonne organisation, ces validations se perdent et/ou sont plus complexes”. Pire, “Nous manquons de bases d’analyse fluides et traçables, dès lors par exemple que nous voulons établir un lien entre la réception d’une campagne adressée en VPC, et les retours clients en termes de commandes” estime Philippe Teyssier. Autrement dit : les Industries Graphiques manquent de data exploitable, non pas tant pour des raisons éthiques que par défaut d’organisation optimale en amont. “Il faut en finir avec les Wetransfer que chacun stocke sur son poste” insiste-t-il… “Bénéficier d’un historique complet avec une traçabilité soignée permet de gagner énormément de temps. On sait qui a fait quoi, avec les outils de workflow et de contrôle pertinents”. Car “gagner du temps” fait plus que jamais figure de condition de survie, dans un contexte où les mouvements de flux se révèlent de plus en plus morcelés, dans le sillage d’une production volumique tendanciellement en baisse, pour un nombre de dossiers traités en hausse… Une réalité ô combien sensible dans l’univers de l’imprimé, mais qui s’avère traverser le monde de l’entreprise dans sa quasi-globalité. D’où le fait que la thématique de la “transformation numérique” affecte peu ou prou tout le monde, au risque de dériver en des injonctions à la dématérialisation maladroitement amalgamées au défi du “zéro papier”. Patricia Guillamot (Direction de la Communication et du Marketing de la RATP) évoque notamment la mise en place d’une plateforme collaborative destinée aux 400 salariés attachés au Comité d’Entreprise de la RATP, visant à fluidifier les flux croisés entre de nombreux services, communiquant eux-mêmes sur de nombreux supports : “Nous avions clairement des difficultés à gérer à la fois nos magazines, catalogues, sites Web, réseaux sociaux, etc. qui étaient animés par des process lourds et difficiles à appliquer. Nous étions également pénalisés par une absence concrète de solution d’archivage, qui occasionnait beaucoup de pertes” décrit-elle, avant d’amener Créacom – intitulé de la plateforme concernée, mise en place avec l’appui de Dalim Software – à simplifier l’ensemble des processus de communication. “Aujourd’hui nous gérons plus facilement 1300 réalisations graphiques par an, sur tout support” s’enorgueillit-elle, ajoutant “une montée en compétences des équipes, un meilleur niveau d’information pour tous, une meilleure direction de la communication, un meilleur accompagnement des demandes clients et un gain net de 100 000 euros annuels environ, sur un budget de 1 million”.

De gauche à droite : Philippe Vanheste (Directeur du marketing – Groupe Prenant), Isabelle Billerey-Rayel (Business Development Director – Dalim Software), Christophe Lecoeur (Responsable des Opérations Chaîne Graphique – Françoise Saget), Philippe Teyssier (Directeur Général – Key Graphic) et Patricia Guillamot (Direction de la Communication et du Marketing – RATP).

Alors comment expliquer cet étrange “retard” des Industries Graphiques face au défi de la transformation numérique ? Il fut pourtant l’un des premiers secteurs industriels à informatiser ses process, incluant même le numérique dès ses prémices à ses logiques de traitement, jadis analogiques. Il n’empêche, si la réalité d’un tel “retard” pourra être contestée à la marge, reste a minima une réelle hétérogénéité dans la façon dont les imprimeurs – au sens large – se sont emparés de cette question. Dit plus simplement : tout le monde n’est pas prêt. Et c’est ce rappel salutaire que voulait souligner cette conférence pré-Graphitec, à quelques encablures de la tenue du salon. De là à y voir un indice sur une volonté de se décentrer du tout-machine, pour mieux mettre en lumière l’optimisation organisationnelle essentielle qu’il convient aujourd’hui d’élaborer autour des Presses, il n’y a qu’un pas…

Le Brand Content s’imprime aussi…

Alors que le salon All For Content vient de fermer ses portes, revenons, en quelques images commentées, sur un phénomène – le “Brand Content” – qui, en dépit de l’hyper-digitalisation de son déploiement, n’a pas mis le print sur la touche. Et n’aurait rien à gagner à le faire…

Le “contenu de marque” pourrait se définir comme la volonté pour les annonceurs de s’émanciper du format publicitaire classique, pour aller sur des terrains plus créatifs et propices au story telling. En somme, il s’agit pour la marque de “raconter” ce qu’elle est, son Histoire, ses aspirations, sans se contenter de promouvoir ce qu’elle vend, à savoir des produis ou des services. En résulte des clips soignés flirtant régulièrement avec le court-métrage et/ou les univers fictionnels, des enquêtes en forme de simili-reportages, des podcasts plus ou moins intimistes, des jeux interactifs, des liens conversationnels passant souvent par des médias propriétaires etc.

Un exemple particulièrement parlant :

Si l’exercice consistant à différencier sans opposer “Publicité” et “Brand Content” méritera une analyse longue (à retrouver d’ici quelques semaines dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques), certainement faut-il couper court à l’idée selon laquelle cette (nouvelle ?) forme de communication se serait délestée de l’imprimé. Ce n’est pas le cas ! Morceaux choisis :

Les catalogues “Kuoni”, en soignant évidemment la forme (graphisme élégant, papier qualitatif, couvertures séduisantes…), mais également le fond, par une volonté de développer un propos largement informatif au-delà des seules mentions tarifaires et commerciales de la marque, ont été parmi les premiers à miser sur un imprimé vecteur d’émotion, et partenaire de temps long.

 

 

 

 

Les magalogues “Toys’R’Us” ont, comme d’autres depuis, assumé le rapprochement entre le catalogue traditionnel et le magazine, revendiquant une vraie ligne éditoriale.

 

 

 

 

“Les Others”, à raison de deux numéros par an, se veut selon Damien Betinelli (son cofondateur) “un magazine print qui donne aux gens l’envie de partie à l’aventure”. Il ajoute : “Ce magazine est notre vitrine. Il a existé avant même que nous créions une agence créative. On essaie de ne surtout pas matraquer : il faut donner envie de lire. Nous choisissons méticuleusement le papier et travaillons énormément la direction artistique” développe-t-il, décrivant ici un outil de fidélisation noble, qui sert de socle à une communication qui, à l’autre extrême, use des vidéos avant tout comme des outils d’animation pour les réseaux sociaux.

 

 

Retrouvez une synthèse du salon All For Content dans Acteurs Graphiques n°125, à paraître fin mars.

Presse au Futur – La distribution en question

Au vu d’une année 2018 qui le justifiait certainement comme jamais, le salon « Presse au Futur » a réservé une large part de ses débats et réflexions à la thématique sensible de la diffusion/distribution… Compte-rendu complet à retrouver dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques.

Avec une diffusion France payée de 3,1 milliards d’exemplaires écoulés entre juillet 2017 et juin 2018, Jean-Paul Dietsch (Directeur de l’ACPM/OJD) évoque « des chiffres de diffusion Presse encore en baisse » (3,2 milliards en 2016/2017, ndlr) quoique ladite baisse décélère significativement, dans le sillage d’une offre numérique qui, de son côté, convainc et progresse…

Moderniser les kiosques & points de diffusion

Si Jean-Paul Dietsch ne manque pas de rappeler que « la Presse est toujours majoritairement vendue sur papier et au numéro », les équilibres sont en train de changer et les réticences à payer pour une presse non-imprimée cèdent petit à petit. Pour autant, il serait évidemment précipité – et probablement suicidaire – de ne plus porter ses efforts d’innovation que sur les écrans. « On ne peut plus se permettre de perdre 750 à 1000 points de vente chaque année » déplore ainsi Serge Hayek (Directeur des Relations Extérieures du groupe Prisma Média), affirmant que « c’est parce que le réseau se désagrège que les ventes baissent ». Selon Jean-Paul Abonnenc (Médiakisok), les premiers retours d’une opération de modernisation des kiosques montrent en effet des résultats éminemment concluants : « Avec 105 kiosques déjà modernisés à Paris à fin novembre 2018, sur un objectif de 356 à fin octobre 2019, nous constatons déjà des effets sur les ventes très positifs. En moyenne, les titres de Presse s’y vendent entre 9 et 14 % mieux qu’ailleurs, selon qu’on parle respectivement de Presse quotidienne ou de Presse magazine ». Le même souci d’optimisation est avancé par Arnaud Eyrolles, Président de la société NAP et dont l’enseigne bien connue – la Maison de la Presse – demeure le premier réseau en termes de volume de ventes (11 % du chiffre d’affaires global). « Le diffuseur de Presse doit devenir, ou redevenir, un marchand. Il faut le remettre au contact du client » assure-t-il, évoquant à son tour une vaste initiative de modernisation de l’enseigne : codes couleurs revus, agencement des titres repensé, façade plus digitalisée etc. Là encore, les premiers résultats sont bluffants : « Les premiers magasins que nous avons modernisés ont vu une nette recrudescence du trafic ainsi qu’une forte hausse du panier moyen » s’enthousiasme-t-il.

360 nouveaux kiosques vont apparaître dans Paris d’ici à 2019.

Un marché d’offre en recherche d’équilibre…

« Il est important de préserver un réseau d’hyper-spécialistes de la Presse et à ce titre, attention au choc de l’offre ! Si le nombre de titres se réduit de façon trop soudaine, c’est notre attractivité qui est touchée » fait-il également entendre, sans pour autant entrer frontalement en dissonance avec une requête récurrente de rationalisation de l’offre dans des espaces parfois bien plus exigus et/ou moins fréquentés, nécessitant en effet des assortiments adaptés aux capacités de chaque diffuseur. « Il faut apporter aux points de vente le meilleur assortiment possible, le meilleur palmarès possible, en fonction du chiffre d’affaires maximal estimé, selon les réalités locales » appuie José Ferreira (Président des Messageries Lyonnaise de Presse), assurant toutefois que « la multiplicité des titres ne rend pas ingérable leur diffusion ». Or, si tout le monde s’entendra sur cette idée de pluralisme plus ou moins synthétique, au cas par cas, selon la place disponible et la réalité des ventes – quel intérêt en effet pour l’éditeur d’alimenter des kiosques où il ne vendra rien, ou si peu ? –, l’exact point d’équilibre reste aujourd’hui à déterminer.

La Presse numérique passe la vitesse supérieure ?

De fait, les « changements » tardent et les problèmes demeurent, au grand regret de Michèle Benbunan, intronisée Présidente de Presstalis quasiment à la veille des révélations que l’on sait sur ses difficultés financières. « Nous n’avons plus le temps de gâcher du temps » fait-elle alors entendre, elle qui porte un plan de relance censé voir la société de distribution hyper majoritaire (pour rappel, Presstalis gère 75 % de la distribution en France) repasser dans le vert en 2019, après un exercice déficitaire cette année encore évalué autour de 9 millions d’euros. Car à trop attendre, les opportunités s’envolent et les pratiques, elles, changent vite… « Nous finirons l’année avec plus de 18 000 abonnés numériques exclusifs » s’enorgueillit notamment Louis Dreyfus (Président du Directoire – Groupe Le Monde), évoquant des abonnements de plus de dix euros et 25 % du chiffre d’affaires « seulement » encore attaché aux rentrées publicitaires. « C’est aujourd’hui une réalité : il y a beaucoup plus de monde prêt à payer pour des contenus numériques » insiste-t-il, ajoutant avoir « stoppé la possibilité d’acheter les articles à l’unité » pour privilégier « la découverte d’une expérience complète ». Pas encore de quoi imaginer basculer « Le Monde » en titre 100 % numérique, loin s’en faut, mais les preuves tangibles d’une rentabilité digitale qui affleure et fait bouger les lignes…

En images – Colloque “Le papier dans la cité”

Avant une synthèse plus détaillée à paraître très prochainement dans les colonnes d’Acteurs de la Filière Graphique, retour en images sur un colloque Culture Papier qui oscillait entre thématiques éco-responsables et réflexions liées au corps, au cerveau et à la déconnexion…

PHOTOS : © David Marmier

Orphelin de son Président Alain Kouck, brutalement décédé le 9 juillet dernier à l’âge de 72 ans, Culture Papier s’est appliqué à organiser un colloque qui lui ressemble, Pierre Barki (Vice-Président) s’appuyant sur une feuille de route et des inspirations qui lui sont directement et ouvertement empruntées… “Alain Kouck disait qu’il est inutile d’essayer de faire aimer le papier à des gens qui l’apprécient déjà pour mille usages de la vie quotidienne” rappelait-il en effet, évidemment à raison. D’où des échanges qui se sont attachés à analyser lesdits usages, jusqu’à les inscrire dans des réflexions à la fois critiques et prospectives.

 

Alors que 71 % des Français disent être attachés au papier (source : “Les Français et le papier » – 5ème vague d’un Observatoire porté par Mediapost), “55 % d’entre eux voient le papier et le numérique comme des supports complémentaires, contre 75 % en 2016” souligne Eric Trousset (Directeur général de Mediapost Publicité), ajoutant que “44 % pensent désormais que le numérique remplacera le papier, contre 24 % en 2016”. Un basculement qui serait davantage ressenti comme une triste fatalité que comme un souhait, mais dont il faut prendre acte pour réagir…

 

Une table ronde dédiée s’est chargée de faire le point sur les vertus éco-responsables du papier, la filière n’ayant fait l’impasse sur rien : ni sur la volonté d’imposer les bonnes pratiques sur le site d’impression (Imprim’Vert), ni sur les certifications forestières (FSC, PEFC), ni sur le développement de papiers recyclés attachés à différents produits et procédés, ni sur une dimension RSE aujourd’hui de plus en plus prise en compte (Print’Ethic), ni sur le volet climatique avec la possibilité d’effectuer des bilans carbone très simplement (ClimateCalc) etc. Dit autrement, la filière a fait son examen de conscience et a agi en conséquence, de sorte qu’elle peut aujourd’hui se targuer d’être en capacité de mesurer et tracer ses impacts, continuant même de perfectionner et affiner les instruments qui le permettent.

 

Selon Didier Livio (Cabinet Deloitte), “La vision que les ONG ont de vos entreprises a largement évolué ces dernières années. Plus que la réciproque, d’ailleurs” souligne-t-il, persuadé qu’il y a effectivement des progrès conjoints à construire, en compagnie de ces dernières.

 

Sophie Primas, Sénatrice des Yvelines et Présidente de la Commission des Affaires Economiques du Sénat, rappelait combien “abandonner la forêt secondaire, c’est la faire dépérir”, exhortant la filière à lutter contre la confusion ambiante.

 

Hervé le Bouler (France Nature Environnement), en marge de propos plus critiques sur le prospectus, dont il souhaiterait une diffusion “mieux optimisée”, soulignait également “le caractère poli et bien élevé du papier” faisant ensuite explicitement référence à sa non-intrusivité, s’inquiétait de “la part d’humanité que l’on perdrait à s’en débarrasser” et s’agaçait des attaques visant à faire porter sur lui une déforestation engendrée par (et pour) de tout autres causes…

 

Précédée par Olivier Touzé (Directeur développement durable – Groupement des Mousquetaires), qui rappelait combien “On voit des changements s’opérer au bénéfice du papier, notamment pour le remplacement des sacs plastiques”, Perrine Lebrun (Directrice de la communication, McDonald’s France) enfonçait le clou : “Alors que nous avions déjà remplacé nos emballages en polystyrène par du carton, nous sommes également passé, depuis, à des wraps papier sur certains types de produits, pour assainir et réduire nos emballages. Il reste chez nous environ 10 % d’emballages plastique sur lesquels nous sommes en pleine réflexion.”

 

“Dans certaines banlieues aujourd’hui, on ne sait plus qui est Astérix” déplorait d’un ton grave Alexandre Jardin, écrivain (en fond). Arguant que “Le monde numérique est un flux” au sein duquel “l’animal sensible” que nous sommes ne saurait s’épanouir, c’est peu dire qu’il trouvera en Dominique Wolton (Directeur de recherche au CNRS) un allié de circonstance, ce dernier s’échinant à décomplexer un auditoire encore bien trop tendre à ses yeux. “On est en train de perdre une guerre idéologique, il faut de l’insolence” tranchait-il en effet, loin des discours polissés sur la complémentarité des supports.

 

Selon Jean-Luc Velay (Chercheur pour le Laboratoire de Neurosciences Cognitives, CNRS Marseille), “On ne lit pas qu’avec les yeux. Avec le papier, on extrait des informations de la main et il ne faut pas négliger ces informations paratextuelles” lesquelles permettraient “une meilleure compréhension des textes longs”, notamment parce que le livre papier permet de “mieux se situer dans la chronologie du récit”.

 

Évoquant l’un et l’autre notre responsabilité vis-à-vis des générations qui arrivent, Georges Sanerot (Président du comité de pilotage du Grenelle du Livre) alertait sur l’importance “de structurer une filière du Livre soudée, pour ne pas laisser la main aux acteurs de la désintermédiation”. De son côté, Géraldine Bannier (Députée de la Mayenne, présidente du groupe d’études ‘Livres, économie du livre, économie du papier’, Assemblée Nationale) s’interrogeait sur “les coûts économiques et écologiques liés à ce que l’on a appelé l’école numérique, au regard des résultats pédagogiques obtenus”, laissant évidemment entendre qu’ils ne sont, à ce jour, pas probants…

 

Olivier Le Guay, Délégué Général de Culture Papier, s’est réjoui de la profondeur et de la vigueur (parfois amusée) des débats.

 

Avec près de 200 participants sur l’ensemble de la journée, le colloque Culture Papier reste un rendez-vous annuel important qui choisit de cultiver la diversité des sujets et des intervenants. Gageons que l’édition 2019 sera tout aussi riche…

Rencontres – Livre, lecture et environnement, une histoire à poursuivre

Ne manquez pas la première journée consacrée à la filière durable du livre et de la lecture, à la Bibliothèque nationale de France, le Mardi 4 décembre 2018, avant une seconde journée qui se tiendra au Centre national du livre en mars 2019. Ci-dessous, la première partie d’un rendez-vous en deux temps… 

9h : Accueil et introduction
Par Denis Bruckmann, Directeur général adjoint de la Bibliothèque nationale de France, Directeur des collections ; le Centre national du livre ; la Direction générale des Médias et des Industries culturelles ; la Haute fonctionnaire au Développement durable du ministère de la Culture.

10h : La fabrication d’un livre aujourd’hui
Par Pascal Bovéro, Délégué général de l’Union nationale des Industries, de l’Impression et de la Communication (UNIIC) et Pascal Lenoir, Président de la Commission Environnement et Fabrication du Syndicat national de l’Édition (SNE).

10h30 : La filière du livre et les écolabels
Par Richard Dolando, Directeur des Achats manufacturing du groupe Editis et Matthieu Prevost, Responsable Environnement et RSE à l’UNIIC, Animateur national Imprim’Vert.

11h : Table ronde
La chaîne de production du livre au prisme de l’environnement
Modérateur : Hervé Hugueny, Chef des Informations à Livres Hebdo avec Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC ; Pascal Lenoir, Président de la Commission Environnement et Fabrication du SNE ; Jérôme Mielle, Directeur général d’Arctic Paper ; Hélène Rajcak, Auteure illustratrice, membre du Conseil Permanent des Ecrivains (CPE).

12h30 : Pause déjeuner libre

14h : Café offert par la BnF

14h30 : Table ronde
Les diffusions du livre au prisme de l’environnement

Modérateur : Jean-Guy Boin, Économiste, avec Françoise Berthoud, Ingénieure de recherche au CNRS, Directrice du groupe EcoInfo ; Karima Gamgit, Directrice générale du Centre de diffusion de l’édition (CDE) ; Guillaume Husson, Délégué général du Syndicat de la Librairie française (SLF) ; Jean-Luc Treutenaere, Directeur des
relations extérieures de Cultura.

16h30 : Grands témoins – Trois témoignages pour mettre en perspective les enjeux du jour
Une distribution écoresponsable du livre, de l’éditeur au libraire, l’exemple de la plateforme interprofessionnelle du livre
Par Sophie Salmon, Secrétaire générale de la Commission de liaison interprofessionnelle du livre (CLIL/Prisme).
Durabilité, patrimoine et temps long : la conservation et le développement durable
par Jean-Loup Fossard, Expert en reliure et conservation préventive à la BnF.
La bibliothèque du XX e siècle, une institution écoresponsable
par Manon Le Guennec, Responsable des Services aux chercheurs et du Service des thèses, Service commun de la Documentation de l’Université Paris Nanterre.

17h15 : Conclusion
par Monique Barbaroux, Haute fonctionnaire au Développement durable du ministère de la Culture.

17h30 : Fin des échanges de la première journée

 

Entrée libre sur inscription (01 53 79 49 49 ou visites@bnf.fr).