Mya Andres – “En ne faisant que du digital, on appauvrit ses connaissances”

Les finales Internationales des Worldskills se sont tenues en France (à Lyon, Eurexpo) du 10 au 15 septembre derniers, sans que ne puissent être représentés les métiers de l’impression, l’épreuve ayant hélas été écartée de celles retenues pour l’échelon international de la compétition (relire notre article). Restent toutefois les métiers du prépresse, avec pour nous l’occasion d’interroger Mya Andres, médaillée d’Or française de la spécialité en septembre 2023, qui nous en dit un peu plus sur son parcours et son rapport à la matérialité…

Si la France a brillé à domicile en terminant à la troisième place des nations les plus titrées de la compétition, Mya Andres n’aura pas réussi à damer le pion au Coréen Chaehwan Kim, au Chinois Zihong Zhang et à la Singapourienne Xueyi Joanne Li, qui ont trusté le podium dans l’épreuve très relevée des Arts Graphiques. Pas de quoi remettre en cause l’excellence de sa prestation ainsi qu’une profonde envie d’apprendre, la jeune graphiste de 22 ans nous confiant notamment être favorable à une présence renforcée du print, pour mieux appréhender son travail. Nous l’interrogions quelques jours avant les finales internationales, à la fois sur son rapport à la compétition et sur sa vision du métier.

Podium des finales nationales 2023, Arts Graphiques : 🥇Mya ANDRES – Grand-Est 🥈 Mathéo ROY – Nouvelle-Aquitaine 🥉 Lucas PERNET – Bourgogne-Franche-Comte.

Les finales internationales approchent, est-ce que tout ce que ça implique est nouveau pour vous ?

Oui et non. J’avais déjà participé à la 46ème édition des Worldskills, c’est la deuxième fois que je concoure. J’avais réussi les épreuves régionales et fini 4ème lors des finales nationales. J’avais 18 ans en 2020 et je savais que je pourrai toujours tenter ma chance cette année, à 22 ans [la limite d’âge est fixée à 23 ans, NDLR]. J’ai atteint mon objectif en remportant les finales nationales l’an dernier, donc je suis prête à tenter l’échelon international…

C’est souvent le cas : les compétiteurs les plus performants ont souvent eu besoin de s’appuyer sur l’expérience d’un premier essai, avant de donner leur pleine mesure…

Oui, c’est exactement ce qui s’est passé pour moi, mais aussi pour celui qui m’a précédé : Emmanuel Young [le vainqueur de la précédente édition, NDLR] avait lui aussi eu besoin de deux tentatives. J’ai corrigé à la fois des aspects techniques et des aspects plus liés à la préparation sportive. Avec mon coach, Raphaël Pascual, on a travaillé mon attitude pour que je sois plus zen et forcément, j’ai gagné en maturité en quatre années. Mais j’ai aussi progressé en technique pure, à l’école j’ai poursuivi un enseignement avec une spécialisation design à la fois dans le print et le numérique, tout en ayant plus de séances d’entraînement. Forcément, cela m’a beaucoup aidée.

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux métiers du graphisme ? C’était une vocation de longue date, une passion enracinée depuis l’enfance, ou est-ce qu’au contraire ce fut une révélation plus tardive ?

Je dessinais énormément, dès le collège. Y compris sur mes cahiers de maths [RIRES]. C’est une de mes professeures qui m’a conseillé un lycée professionnel dans la région et c’est là-bas que j’ai découvert les métiers du graphisme. J’y allais surtout avec l’envie de faire de l’illustration ou de l’animation, mais en me formant aux outils graphiques – Illustrator, InDesign etc. – je me suis intéressée de plus en plus à cet univers. Je me suis aussi dit que le graphisme m’ouvrirait certainement plus de portes, parce qu’on peut y faire énormément de choses, là où l’illustration ou l’animation sont des domaines peut-être plus fermés et sélectifs. Je me suis donc plutôt dirigée vers le design graphique, pour ensuite réfléchir à des spécialisations qui seraient en phase avec mes envies.

Comment avez-vous découvert l’univers des Worldskills ? Ce sont des enseignants qui vous ont suggéré de participer au vu de la qualité de vos résultats ?

Oui, c’est en terminal que des professeurs ont commencé à me parler des Worldskills. L’idée de compétition m’a tout de suite attirée, parce que j’ai cet esprit là. J’ai donc tenté ma chance dès 2020, à 18 ans. C’est une expérience que j’ai vraiment aimée, malgré le contexte, en plein Covid…

On travaille autant le physique que la concentration ou le contrôle de soi. C’est là que la dimension sportive de la compétition devient évidente, parce que les connaissances et la technique ne suffisent pas.

Vous avez déjà l’expérience des finales nationales, est-ce que c’est très différent de ce que vous vivez pour les finales internationales, notamment en termes de préparation ?

L’approche pour les ‘Inter’ est très différente oui, avec davantage d’entraînements que l’on appelle les PPM [pour ‘Préparation Physique & Mentale’, NDLR] : on y travaille autant le physique que la concentration ou le contrôle de soi. C’est là que la dimension sportive de la compétition devient évidente, parce que les connaissances et la technique ne suffisent pas. D’autant que l’on fait ces PPM avec l’ensemble de l’équipe de France, tous métiers confondus. Après, on a aussi évidemment des exercices métiers, où l’on s’attaque par exemple à d’anciens sujets, ce qui est très pratique pour voir ce que l’on doit encore améliorer. Les corrections se font avec l’équipe métier au complet, ce qui permet de discuter collectivement, mais aussi de comprendre comment les épreuves sont notées et donc comment les aborder au mieux.

Vous pouvez être amenée à travailler sur quelque chose qui sera à terme imprimé – un flyer, un packaging etc. – ou au contraire peut-être quelque chose qui restera sur écran (un site Web, une illustration pour appli’ téléphone etc.). Qu’est-ce que cela change dans votre approche ?

Oui, forcément les travaux print ou 100 % digitaux ne s’abordent pas de la même manière : que ce soit sur la gestion des images, les DPI [‘Digit Per Inch’ en anglais, soit la résolution d’un fichier ; NDLR] etc. il faut évidemment s’adapter. Quand on sait que le fichier sera imprimé, on s’ajuste techniquement au mieux selon ce qu’énonce le sujet : si c’est imprimé en offset, en numérique ou autre, mais aussi s’il y a du vernis etc. Cela va dépendre aussi de la machine dont on disposera sur le lieu de compétition, je sais que lors des entraînements que nous avons eus au Canada, nous pouvions imprimer avec des vernis, ce qui permet de mieux se rendre compte de ce qu’il faut faire ou éventuellement corriger.

Vous arrive-t-il de devoir travailler sur des sujets 100 % numériques, c’est-à-dire sans impression ?

Généralement, on a des sujets avec un mix des deux, mais oui, il n’est en soi pas impossible d’avoir des sujets où il n’y a pas d’impression. Mais dans la pratique, on imprime quasiment à chaque fois pour montrer notre travail. Il y a quasi-systématiquement un produit fini dans le sujet « Edition » – souvent un livret d’une vingtaine de pages – et là ce sera forcément imprimé/agrafé, avec du bon matériel pour que cela rende justice aux projets réalisés. L’impression est obligatoire dans le sujet « Packaging » : c’est en imprimant et en montant notre boite que l’on voit si ça fonctionne ou pas. C’est moins important lorsque l’on travaille sur des logos, même si là aussi, il peut arriver qu’on les imprime sur du papier A4.

J’imagine que vous avez déjà une expérience professionnelle en dehors des cours, notamment grâce aux formations en alternance ?

Oui, je suis actuellement en alternance et je change d’école cette année : je passe en Master Direction Artistique et je travaille donc en alternance dans une entreprise de motion design qui s’appelle Motion Graphic Designer. En l’occurrence, je ne fais pas de print du tout ici, mais c’est tout l’intérêt pour moi de changer d’école et aller vers la Direction Artistique : ça me permet justement d’équilibrer.

Je suis convaincue qu’il faut continuer d’imprimer et j’ai envie de maîtriser ces techniques : non seulement parce que ça m’attire, mais aussi parce que j’ai le sentiment qu’en ne faisant que du digital, on appauvrit ses connaissances.

Nous évoluons vers des modèles de communication où les écrans et les contenus connectés ont pris une place fondamentale. Quel est votre regard sur ce phénomène ? Est-ce que vous constatez une forme de marginalisation du print et est-ce qu’à votre avis, les jeunes générations s’en éloignent ?

Je ne sais pas si j’ai le même avis que les jeunes de mon entourage [RIRES]… Non seulement j’aime imprimer ce que je fais, mais j’ai aussi la manie de récupérer tous les flyers que je peux trouver dehors. Avec ce qui est physique, on dispose de valeurs ajoutées potentielles qui n’existent pas en numérique : la texture du papier, les rendus d’impression, les ennoblissements… Typiquement, si on nous demande un Riso [pour « Risographie », soit une technique d’impression proche de la sérigraphie mécanisée, qui permet d’obtenir des rendus tramés à l’esprit artisanal, NDLR], on obtient des choses très particulières, là où l’écran a tendance à être plus uniforme. Je suis convaincue qu’il faut continuer d’imprimer et j’ai envie de maîtriser ces techniques : non seulement parce que ça m’attire, mais aussi parce que j’ai le sentiment qu’en ne faisant que du digital, on appauvrit ses connaissances. L’entreprise pour laquelle je travaille a l’habitude de répondre à des musées et même si l’essentiel de la demande est digitale, il nous est arrivé de travailler à des impressions assez spéciales sur des plaques de bois par exemple, des éléments décoratifs pour de la scénographie etc. Je pense qu’on aura toujours ce type de besoins, c’est aussi ce qui permet de sortir du lot. J’ai l’impression que les gens de mon âge ont conscience que le print permet d’avoir de vraies valeurs ajoutées, même si les pratiques penchant clairement vers le digital.

L’autre grande tendance, c’est évidemment l’Intelligence Artificielle, qui dans nos métiers touche d’ailleurs d’abord le prépresse. Est-ce que la révolution en cours vous inquiète et vous fait reconsidérer la façon dont vous devrez travailler ?

Pour moi l’IA est un outil et ce n’est pas quelque chose que je crains. Je vois ça comme une aide davantage que comme quelque chose dont il faudrait avoir peur. Lorsque je travaille en freelance, je me dis que mon meilleur argument, c’est de développer mon propre style. Si des gens sont sensibles à ce que je propose en termes d’illustrations de designs, alors ils reviendront vers moi.

Sérigraphie, impression numérique connexe & Labeur : comment acter de la fusion des conventions collectives ?

En application des dispositions de l’article L2261-32 du code du travail, les pouvoirs publics ont procédé à la fusion de la convention collective des industries de la sérigraphie et des procédés d’impression numérique connexes (IDCC 614), avec la convention nationale de l’imprimerie de Labeur et des industries graphiques (IDCC 184). Un rattachement devenu opérant le 1er février 2024, généralisant de fait sur les bulletins de salaire le code d’identification CCN 0184.

Si la convention collective de la sérigraphie et des procédés d’impression numériques connexes ressemble pour l’essentiel de ses dispositions à celle du Labeur, la classification des emplois, la structuration d’une couverture de prévoyance collective et – dans certains cas – les aspects Formation (certificats de qualification et diplômes notamment), nécessitent quelques ajustements. De façon à faciliter le basculement, il a ainsi été décidé :

– Que les entreprises relevant de l’ex-champ de la sérigraphie n’auraient pas, au titre de l’année 2024, à contribuer aux collectes conventionnelles IDCC 184.
– Que la politique salariale portant sur les minimas conventionnels devait être repensée pour tenir compte des spécificités des industries créatives.
– Que nous devions construire des emplois repères dédiés à la spécificité des sérigraphes et imprimeurs numériques grand format, jusque sur les fonctions support. Un travail qui relève d’une phase d’accompagnement des entreprises sur des classifications encore sujettes à réflexion, au vu des demandes qui parviennent à l’UNIIC.
– De proposer une couverture de prévoyance collective, sous l’égide du Groupe Lourmel, dédiée à la spécificité des métiers anciennement rattachés à l’IDCC 614.

Nos services sont mobilisés pour vous accompagner sur ces sujets, n’hésitez pas à vous rapprocher de nous.

Quid de la place des femmes dans les Industries Graphiques ?

A l’initiative de la CCFI, une conférence dont le sujet – sensible – apparaît à la fois dans l’air du temps, tout en étant très inhabituel dans le paysage thématique des Industries Graphiques. Et s’il était temps de se poser la question de la place des femmes dans les métiers de l’impression ?

Dans la continuité des travaux qui interrogent l’attractivité de nos métiers, leur féminisation apparaît comme un nécessaire axe de progrès. « Idéalement, nous avons besoin de tous les profils. C’est en soi une bonne raison de se demander si les femmes sont favorablement accueillies » résumait Marion Meekel (CCFI) en ouverture des débats. Car personne ne nie d’évidentes réalités : notre industrie manque de bras, les difficultés de recrutement dont témoignent les chefs d’entreprises en font largement état. Par ailleurs, la diversité des profils est effectivement un atout, les besoins en ateliers ramenant de moins en moins à des stéréotypes de genres – qu’il faudra dépasser pour de bon – supposant qu’il faille être grand et fort pour supporter la pénibilité supposée des tâches. S’il s’agit déjà là d’une idée reçue que le secteur s’attache à combattre pour redorer son attractivité, elle tend encore (de moins en moins, heureusement) à éloigner les femmes des métiers de la production.

On compte 34 % de femmes et 66 % d’hommes dans les effectifs du Labeur en France.

Les femmes se sont déjà historiquement imposées dans l’imprimerie

« La présence des femmes dans les imprimeries est avérée dès le XVIème siècle » souligne Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie du musée de l’imprimerie de Lyon. « Il était toutefois beaucoup plus difficile pour elles de s’imposer en tant que femmes dans les ateliers » précise-t-elle sans surprise, rappelant à ce titre que celles-ci étaient donc d’autant plus méritantes. La cohabitation n’a ainsi pas toujours été sans heurts, au point qu’une grève éclata au XIXème siècle pour s’opposer à leur embauche en ateliers, certains hommes n’appréciant pas que cette main d’œuvre moins bien payée obtienne les faveurs de chefs d’entreprises qui « les trouvaient souvent plus habiles dans les métiers de la typographie ». Si la Justice tranchera en faveur des femmes sur ce conflit, elles ne pouvaient toutefois à l’époque pas travailler de nuit. Et aujourd’hui ? « On compte 34 % de femmes et 66 % d’hommes dans les effectifs du Labeur en France » indique Pierre Barki, Président de Culture Papier et à la tête de Barki Agency. Un ratio inférieur à celui de l’Industrie en général, puisque la parité – même si elle cache encore des assignations à des postes particuliers, en fonction du genre – est quasi-atteinte : les femmes occupent en effet 48 % des postes en Industrie. Quant aux salaires, les femmes sont en moyenne rétribuées à 13 % de moins que les hommes, en raison d’une légère surreprésentation de ces dernières dans les catégories ouvrières.

En fin d’année 2022 a eu lieu la présentation du guide pour favoriser la mixité dans les métiers de l’industrie de l’imprimerie et de la communication graphique. Ce guide a vocation à sensibiliser le grand public et les entreprises sur la mixité au sein du personnel des industries tout en répondant concrètement aux différents préjugés de la branche. L’UNIIC HAUTS-DE-FRANCE, MARNE ET ARDENNES est partenaire et solidaire de cette action, initiée par l’AMIGRAF, le CORIF, le Département du Nord et la Région Hauts-de-France. Pour obtenir le guide, complétez le formulaire suivant.

La peur de s’exprimer encore ancrée

« Il a été très difficile de faire parler de jeunes professionnelles. La peur d’un préjudice dans l’exercice de leur fonction est très net » pose pour premier constat Isabelle Erb-Polouchine, vice-présidente de la CCFI. Un questionnaire sur les comportements sexistes vécus ou constatés en entreprises, avec toutes les conséquences qui peuvent y être liées, a en effet vu la CCFI obtenir 150 réponses : destiné prioritairement aux jeunes entrants (avec 52 % d’hommes ce qui est une indication en soi), lesdites réponses traduisent l’existence persistante de discriminations à l’embauche, de comportements problématiques (remarques déplacées, harcèlement etc.), de critiques plus dures à l’attention des femmes, de surreprésentation féminine dans les bureaux de fabrication ou encore de rémunération négociées à la baisse. « Seuls 10 % des répondants estiment que tous ces problèmes sont derrière nous » synthétise Isabelle Erb-Polouchine, comme pour nous exhorter à ne pas relâcher l’effort et rester vigilant. Si Virginie Hamm-Boulard, directrice de Brodard & Taupin (groupe CPI), témoigne d’une trajectoire professionnelle plutôt sereine où la bienveillance a toujours primé, elle le reconnaît : « J’ai commencé avec un statut cadre et c’est probablement ce qui m’a protégée », elle qui ne compte que « 17 % de femmes » dans son effectif et dont le bagage technique lui aura épargné les jugements suspicieux. De là à dire que tout fut rose… « Dans les années 90, on m’a reproché un management trop… féminin. On a jugé que je manquais de fermeté » ajoute-t-elle, s’agissant ici de stéréotypes de genre qui, bien que sur le reculoir, ont encore aujourd’hui la dent dure.

Les femmes qui ont ‘réussi’ ont dû, plus que les hommes, ‘faire leurs preuves’, imposer leur vision et, davantage que leurs homologues masculins, faire la démonstration qu’elles méritaient d’être là.

Pour une meilleure inclusivité, lutter contre les stéréotypes de genres

Les stéréotypes de genre ont cela de problématique qu’ils prennent souvent les traits de maladresses involontaires, drapés dans des « compliments » qui se veulent bienveillants. Dire des femmes qu’elles sont plus douces et meilleures intermédiaires que les hommes avec les clients, fait à ce titre figure d’exemple particulièrement parlant. De ces comportements anodins – souvent acceptés pour ne pas générer de conflits – découlent des catégorisations dont les écueils sont plus concrets, en cela qu’ils se traduisent en inégalités de traitement mesurables. « La RSE couvre un très large champ de thématiques. L’enjeu 7 du label Print’Ethic a ainsi pour but de faire un bilan chiffré, en se basant sur l’index Egapro » souligne Valérie Bobin-Ciekala (Responsable RSE chez Ambition Graphique, créatrice du label Print’Ethic), soit, entre autres : calculer et publier les écarts éventuels de représentation entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants, estimer déjà leur simple capacité à y accéder, notamment par le biais de la formation. Une mise à plat nécessaire, alors que les témoignages recueillis par la CCFI font état d’un constat assez clair : les femmes qui ont ‘réussi’ ont dû, plus que les hommes, ‘faire leurs preuves’, imposer leur vision et, davantage que leurs homologues masculins, faire la démonstration qu’elles méritaient d’être là. Lorsque Larisa Chatelet, artiste typographe (imprimerie Laville) fait le récit d’une trajectoire qui l’a vue passer des Beaux-Arts aux ateliers d’impression, sans formation technique et – qui plus est – sans parler couramment le français à ses débuts, l’on se doute que le basculement n’a pas été évident. « J’ai été bien accueillie, mais j’ai dû me faire ma place et il a fallu du temps pour que j’impose ma vision » confirme-t-elle, persuadée que « quand on a un profil artistique, on a des idées, y compris dans les domaines techniques liés à la fabrication ». Une ouverture qui a par ailleurs ses mérites, puisque se tourner vers des profils atypiques permet certainement de donner leur chance à des visions neuves, dénuées d’idées préconçues et bénéficiant d’un recul précieux. C’est en tout cas le constat fait par l’imprimerie Laville, qui décrit l’apport de Larisa Chatelet comme une véritable plus-value d’entreprise.

Voir le résumé de la CCFI

Demander le guide de l’UNIIC Hauts-de France

Attractivité & consolidation industrielle – Les grands chantiers du secteur graphique

Cet article est paru dans Acteurs de la Filière Graphique n°143 (septembre 2023)


A l’occasion d’une journée organisée par l’UNIIC le 6 juillet dernier dans les locaux de Grafipolis à Nantes, l’heure était à repenser les axes stratégiques par lesquels une reconsolidation industrielle du tissu graphique peut s’envisager, tant à l’échelle collective & régionale (celles des Pays de la Loire), qu’à celle des entreprises elles-mêmes…

Bien sûr, rien d’innocent à ce que soit une école – à savoir Grafipolis – qui accueille l’évènement, tant la double thématique attractivité/formation concerne de près le devenir de nos métiers, en proie à des difficultés de recrutement d’autant plus sensibles que le temps presse : avec une pyramide des âges dans les Industries Graphiques qui suggère un renouvellement urgent du personnel, tant au sein des instances dirigeantes qu’au sein des équipes de production, il importe de renouer des liens rapidement avec les jeunes générations.

« Les jeunes ne connaissent pas assez les métiers de l’impression. » John Podlesnik (Grafipolis)

Attractivité : la nécessité d’efforts conjoints

« Notre travail, c’est d’amener ces jeunes à vous dans les meilleures conditions. Nous sommes une porte d’entrée » rappelle John Podlesnik, Directeur de Grafipolis, à la quarantaine d’imprimeurs ayant fait le déplacement. Une mission que l’école s’attache à assurer de son mieux, même si Daniel Legrier (Responsable du développement commercial) ne tarde pas à reconnaître que la complexité de la tâche nécessite des efforts conjoints, à la fois bien sûr des centres de formation, mais aussi des entreprises et organismes représentatifs : « Nous aurons du mal à remplir nos groupes sans votre aide. Sur l’année écoulée, nous avons couvert 19 salons sur la région Grand Ouest. On capte des apprentis, mais nous avons besoin de votre aide pour faire mieux », développe-t-il. La faute à nombre de phénomènes cumulés qui ternissent l’image du secteur ou l’invisibilise, tandis que les métiers du numérique jouissent d’une omniprésence presque obsessionnelle : plus encore avec l’émergence de l’IA, ce sont les « licornes digitales » qui bénéficient en effet d’un appui quasi-inconditionnel des pouvoirs publics, renvoyant ainsi le print à ses perspectives de déclin, sinon totalement fantasmées (soyons de bonne foi), à tout le moins très surévaluées et teintées d’un fatalisme qu’il faut absolument combattre. « Les jeunes ne connaissent pas assez les métiers de l’impression » se désole John Podlesnik, sans manquer de souligner que « lorsque l’on va contre les idées préconçues et que nous leur montrons qui nous sommes, il y a un intérêt ! Je ne suis absolument pas d’accord avec l’idée que les jeunes ne veulent pas bosser et seraient démotivés » insiste-t-il. Un positivisme assumé, qui ne nous laisse toutefois qu’une marge de manœuvre restreinte : à défaut de rayonner suffisamment par eux-mêmes, les métiers graphiques ont en effet besoin – plus que jamais – d’être portés par les entreprises et par le collectif. « Ouvrez-leur vos portes ! J’entends par là au sens premier : les portes ouvertes en entreprise, c’est une manière d’aller chercher ces jeunes, d’être ambassadeur de son métier » s’enthousiasme le Directeur de Grafipolis, conscient toutefois que ce n’est pas forcément la volonté qui manque à des industriels qui les premiers, regrettent de ne pas attirer assez. Or, l’heure n’est plus à chercher des fautifs, mais bien à unir nos forces.

« Il faut mailler les entreprises entre elles à l’échelle locale. » Hervé Le Chevalier (Médiator organisation)

Des diagnostics individuels pour des enseignements collectifs

Au moyen d’une action collective financée par le fonds territorial, sous l’égide de l’UNIIC, un Diagnostic Stratégique Individuel (DSI) gratuit est accessible à chaque entreprise du secteur qui le souhaiterait, de sorte à porter un regard nouveau sur son activité, sur son positionnement dans un contexte ultra concurrentiel et prendre, en toute connaissance de cause, des décisions stratégiques. Si chaque DSI est unique, en cela qu’il résulte des conclusions relatives à la situation particulière d’une entreprise, en fonction de ses propres problématiques et opportunités, il est un prisme écrasant : « À moins d’un an de la Drupa, nous devons réfléchir à la façon dont nos entreprises doivent se rapprocher : optimisations croisées, croissance externe, outils partagés… Aucune voie n’est à négliger » synthétise Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC. Une observation partagée par Hervé Le Chevalier (Médiator organisation), qui intervient au sein des entreprises pour conduire lesdits diagnostics et, souvent, rappeler l’importance de « mailler les entreprises entre elles à l’échelle locale », dans un contexte où l’offre (surcapacitaire sur certains produits) peine parfois à s’aligner avec la demande. « Les Pays de la Loire sont une région qui compte parmi les taux de chômage les plus bas, au point qu’il peut être dit ‘frictionnel’ : dans ces conditions, recruter est encore plus difficile » poursuit-il dans un effort de contextualisation, exhortant les entreprises à se rapprocher au-delà du seul secteur graphique pour considérer le cas des industries connexes, où des synergies pourraient se révéler. « Il faut essayer de le faire à l’échelle locale car on a de plus en plus de mal à bâtir des rapprochements pérennes en cas d’éloignement géographique trop important. Et ce pour une raison simple : les exigences de mobilité sont souvent décourageantes pour la main d’œuvre potentielle »  ajoute-t-il, corroborant les observations de nombre de chefs d’entreprise, qui vivent parfois leur relatif éloignement des grands bassins de population comme une forme d’enclavement. A l’inverse, « certaines zones densément peuplées sont devenues inabordables pour des façonniers » précise-t-il par ailleurs, achevant d’illustrer la complexité d’une dynamique à l’emploi extrêmement dépendante de l’économie locale.

Témoigner & partager

C’est Etienne Chartier (à la tête de Brochage 3000, situé en Mayenne) qui se risquera à l’exercice toujours compliqué du témoignage, vantant les bienfaits d’un DSI qui l’a conduit à y voir plus clair. « Ce que j’ai apprécié avec la venue d’Hervé le Chevalier, c’est qu’il n’est pas là pour nous dire ce qu’on a envie d’entendre. Dire les choses franchement permet de vite déblayer le terrain et en l’occurrence, il faut absolument prendre du recul sur sa situation et sur sa stratégie pour prendre les bonnes décisions » reconnaît-il, lui qui comme tant d’autres dirigeants, se trouve prioritairement focalisé sur les urgences de court terme. « La stratégie n’est pas quelque chose qui s’improvise. C’est exactement l’inverse : elle s’établit à très long terme » prend-il soin de rappeler, sans qu’il faille pour autant tomber dans le piège de mener des réflexions génériques et/ou abstraites, puisqu’il l’assure : « Les diagnostics sont des outils extrêmement personnalisés. Ils sont conduits sur-mesure et c’est aussi ce qui les rend précieux ». Si ces DSI sont évidemment confidentiels, il faut le redire : en tirer des constats globaux et collectifs est primordial, à la fois pour impulser une dynamique solidaire entre des entreprises qui auront besoin les unes des autres, et pour réorienter de manière aussi pertinente que possible la politique industrielle du secteur, à la lumière des opportunités qu’offre chaque région. « Je peux paraître négatif, mais en réalité je pense que les marchés du print ont un véritable avenir. Ce sont les conditions d’exploitation qui, à ce jour, ne sont pas bonnes » conclut Hervé le Chevalier. Sûrement faut-il ainsi redessiner notre offre industrielle pour se rendre plus « attractifs » et révéler aux plus jeunes qu’ils y ont évidemment leur place.

Chère IA, dessine-moi un logo

Cet article est paru dans Acteurs de la Filière Graphique n°141 (mars 2023)


Lorsque sur la scène du Software Village du salon C!Print, Aurélien Vaysset (Co-fondateur et CEO – Emersya) présente quelques croquis d’illustration générés par une IA, littéralement « en dix secondes », sur la base d’un brief de quelques lignes, on saisit tout du dilemme éthique vertigineux que recouvre l’usage – ou non – des techniques de création automatique et assistée, dans le domaine du design graphique.

Les outils sollicités n’en sont pourtant encore qu’à leurs prémices, mais il faut dire combien les résultats obtenus sont d’ores et déjà bluffants de pertinence et propres à répondre à une foule de demandes « modestes » qui n’exigent pas une authenticité créative inattaquable. Dit très simplement : à condition de décrire précisément votre requête, en des termes aussi justes que détaillés, un Midjourney, un Dall-E, un Imagen ou un Stable Diffusion pourront abattre en un clic le travail d’une journée chez un designer graphique chevronné. De quoi prendre le sujet au sérieux.

« Pourquoi ne pas réfléchir à créer nos propres outils et les entraîner avec nos propres ressources, pour soutenir notre processus créatif ? » Emmanuel Young (Champion du monde Worldskills – Arts Graphiques)

L’Intelligence Artificielle, pire amie ou meilleure ennemie ?

Plutôt que de s’en faire une ennemie imbattable à son propre jeu (car une IA ira toujours plus vite que vous, pour beaucoup moins cher), le défi pourrait être de s’en arroger les services pour s’en faire une alliée nécessairement cadrée et régulée. « Je ne m’en sers pas encore » reconnaît Robin Gillet, designer graphique (Studio Ellair), conscient toutefois que ça ne saurait durer : « C’est quelque chose qui émerge et qui fera forcément partie de nos métiers », le piège de rejeter complètement cette perspective revenant en effet peu ou prou à sombrer dès à présent dans le déni. Mieux encore, on sent chez la jeune génération de designers graphiques, très avantageusement représentée en la personne d’Emmanuel Young, médaillé d’Or des Worldskills 2022 à l’échelle internationale, une ouverture d’esprit sur ces questions, à mille lieues de tout réflexe défensif caricatural. « C’est à nous de nous emparer de l’IA. Pourquoi ne pas réfléchir à créer nos propres outils et les entraîner avec nos propres ressources, pour soutenir notre processus créatif ? » s’interroge-t-il, dans une démarche d’appropriation qui témoigne déjà d’une relative acceptation confinant à la lucidité. Car s’il est une obsession qui transpire des réponses de ces jeunes graphistes, c’est celle de ne pas se faire déposséder d’une sorte de légitimité créative. D’où cette question récurrente : comment faire de l’IA non pas un procédé substitutif, mais un pur soutien à la création ? Une nuance capitale, qui nécessitera le soutien bienveillant de clients qui pourraient hélas être tentés de durcir leur approche, au motif que Dall-E, Midjourney ou tant d’autres leur mâchent le travail. Un raccourci que Robin Gillet qualifie de « malsain », notamment parce qu’il méconnaît la nature profonde du travail d’illustration. « Contrairement à ce que l’on peut penser, l’aspect technique de l’illustration n’est pas ce qui est le plus long. Ça ne prend souvent que quelques heures. En revanche, je peux passer plusieurs jours sur de la recherche d’idées » précise Robin Gillet, qui met là justement le doigt sur la nécessité de ne pas mépriser ce temps de réflexion assez intangible, en cela qu’il sollicite justement la sensibilité humaine. « Quand un client va travailler avec un graphiste ou un illustrateur, il y a un échange qui se crée où on partage sa culture, son histoire. Il y a quelque chose qui relève du feeling » commente-t-il, ajoutant que « l’IA s’appuie forcément sur de l’aléatoire » et donc ne pourra au mieux que simuler des rapports humains. Or, ce sont ces rapports qui peuvent générer de l’émotion et être la sève d’une inspiration créative « unique », là où une IA agit rationnellement en compilant – de façon plus ou moins heureuse, d’ailleurs – de la data.

« ChatGPT vous construit une réponse déjà toute faite, toute biaisée et possiblement erronée soit-elle, avec les apparats d’une vérité ordonnée. »

Un brief de quelques mots soumis à des programmes d’Intelligence Artificielle a permis d’obtenir en quelques secondes des colibris quasi-exploitables en l’état.

Se servir des IA, c’est avant tout savoir s’en protéger

Le risque prégnant d’un recours illimité et quasi-systématique aux outils d’IA génératives tient un mot : celui de la désintermédiation. Car faire aveuglément confiance à un programme algorithmique désincarné, c’est donc effectivement lui confier des décisions, des choix et des interprétations, sans vérification. L’excuse pour y céder est toute trouvée : il s’agit de gagner du temps. « C’est à nous d’instruire les entreprises, nous sommes avant tout un métier de culture. Nous devons nous renseigner sur énormément de choses et nous imprégner de références artistiques pour les faire passer au client » explique Robin Gillet, qui tient légitimement à garder le contrôle sur son travail. Car plus on délègue cette couche nécessaire de recherches, de réflexions et d’analyses, moins on sera en capacité de comprendre le sens de ce que l’on propose. Or, une IA n’est qu’un miroir : elle ne sera « intelligente » que si nous le sommes avant elle, parce que « nous » sommes littéralement ce qui la nourrit. Drôle de paradoxe en effet que de risquer de s’appauvrir en recourant – mal – à une technologie qui voudrait nous délester de tâches dites « inintéressantes » ou « chronophages ». La chose est certes tentante, mais la pente vers laquelle elle pourrait nous emmener est d’ores et déjà identifiée et elle est dangereuse : quand vous posez une question à un moteur de recherche, ce dernier vous liste un ensemble de contenus et de ressources identifiés par mots-clés qu’il vous reviendra ensuite de trier, en ce sens que juger de leur pertinence relèvera de vos propres arbitrages. A contrario, un ChatGPT vous construit une réponse déjà toute faite, toute biaisée et possiblement erronée soit-elle, avec les apparats d’une vérité ordonnée. Le plus conscient de ce problème s’appelle Sam Altman, fondateur d’OpenAI (soit l’entreprise derrière Chat-GPT), qui nous alerte clairement sur sa propre création : « ChatGPT est incroyablement limité, mais assez bon pour certaines choses et pour créer une impression de grandeur. C’est une erreur de s’y fier pour quoi que ce soit d’important ». Nous voilà donc prévenus. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faudra rejeter en bloc tout de cette technologie, de toute façon déjà existante et opérante, mais l’essentiel du cadrage éthique qui nous fait face devra maintenant nécessairement prendre des formes réglementaires. Que Google soit déjà tenté d’évoluer vers une IA générative pour traiter les requêtes soumises à son moteur de recherche (c’est bien là le sens de la création de « Bard », sorte de réponse à ChatGPT) prouve que le débat est de nécessité actuelle. Voire urgente.

Un nouveau BTS Industries Graphiques pour 2024 en Île-de-France

Le Lycée des métiers Alfred Costes, situé à Bobigny (93) annonce l’ouverture du BTS ERPC (Etude et Réalisation d’un Projet de Communication) en apprentissage pour septembre 2024. Il assurera ainsi la continuité des formations en apprentissage en Île-de-France, après la fermeture annoncée par Gobelins.

Aurélie Journée, Proviseure du Lycée Alfred Costes, a accueilli sur place les représentants de la branche (UNIIC, partenaires sociaux, Groupe Lourmel, imprimeurs, Presse professionnelle), le Délégué à la Formation Professionnelle, conseiller de la Rectrice de l’Académie de Créteil, pour échanger autour du projet d’établissement qu’elle porte avec l’équipe enseignante : “Le BTS ERPC proposera une continuité d’enseignements pour les 144 jeunes issus des BAC professionnels que nous proposons déjà sur l’établissement (les trois BAC Pro’ de la filière, le BAC Pro’ communication, le BAC Pro’ maintenance d’équipement et le BAC pro’ systèmes numériques). Les entreprises des industries graphiques trouveront ainsi une solution concrète aux difficultés de recrutement. Si à ce jour, le Lycée est essentiellement masculin – 75 % de nos élèves sont des garçons – l’accès aux métiers des industries graphiques pour les filles figure parmi les grands chantiers que nous devons mener”.

“C’est un projet tout à fait stratégique pour la filière” appuie ainsi Richard Navez (Directeur Formation de l’UNIIC). “Nous avons un an de travail devant nous et nous devrons nous inspirer de ce qui a bien fonctionné aux Gobelins, assurer la continuité afin d’avoir toutes les chances de succès pour les jeunes et les entreprises qui seront engagés autour de ce BTS en apprentissage” souligne-t-il.

Les axes de travail en question sont déjà bien identifiés, poursuit la Proviseure Aurélie Journée. Ils feront l’objet d’une collaboration active avec la branche : “Il y a trois points sur lesquels nous devrons concentrer nos efforts. Le premier c’est la formation des enseignants, car s’ils sont parfaitement opérationnels pour des BAC Pro’, il faudra organiser une mise à niveau pour un BTS. Le second c’est l’aspect matériel. Il faudra compléter le parc machines en ateliers afin de disposer d’un plateau technique ouvert vers la formation des adultes. Enfin, il faudra travailler sur la visibilité du BTS, qu’il faudra promouvoir massivement, pour toucher plus de candidats et intéresser les entreprises” [Le BTS prévoit 12 places dès la rentrée, NDLR].

Un ensemble de points qui mobilisera des énergies collectives et solidaires, afin de mener le projet à terme et constituer un “modèle réplicable en territoires” ajoute Guillaume Trias (Président de Lourmel et membre du Bureau exécutif de l’UNIIC).

Evidemment, c’est une affaire à suivre, pour de plus amples développements dans nos colonnes…

   

Le challenge StudyPrint 2022 a rendu son verdict

Marion Fournier et Hugo Bouladou, élèves de 1ère année BTS de Gobelins, L’Ecole de l’image, vainqueurs de la 5ème édition du Challenge StudyPrint.

La remise du Trophée Challenge StudyPrint, organisé par Presseedtion.fr, sous le patronage de l’IDEP, Key Graphic et l’UNIIC, s’est déroulée le 9 novembre dernier au campus de Gobelins,  L’Ecole de l’image, 247 avenue Gambetta Paris 20ème, en présence de Bernard Trichot, directeur de l’IDEP, Philipe Teyssier, directeur de KEY GRAPHIC, pour ses partenaires et de Nathalie RODET, Direction de la marque, communication, fundraising, Philippe AUCLERE, manager pédagogique de la filière communication imprimée et plurimédia de Gobelins et Arnaud MASÉDA, Formateur prépresse, pour Gobelins,  L’Ecole de l’image. Et de Daniel Dussausaye, directeur de la rédaction de presseedition.fr et de David Dussausaye, directeur de David OK, chargé de l’organisation du Challenge StudyPrint.

RAPPEL DU CAHIER DES CHARGES

Les métiers de l’imprimerie et les supports imprimés sont de plus en plus victimes de campagnes de dénigrement, notamment de la part de certaines associations écologiques. Les élèves des établissements qui participent au challenge StudyPrint devaient imaginer un support pour promouvoir les métiers de l’imprimerie et les supports imprimés et mettre en avant l’écoresponsabilité des professionnels de la filière.

L’objectif du support que devaient créer les candidats

Faire la promotion de l’imprimé auprès d’un public de professionnels de la communication et des médias. Ils étaient libres de choisir la forme ainsi que le contenu et de s’associer, si nécessaire, avec la section création graphique de leur établissement ou d’un établissement extérieur. Les concurrents devaient envoyer à Pressedition.fr un prototype imprimé du support proposé et un dossier dans lequel ils décrivaient les étapes de création et le processus d’impression du support.

Afin de laisser une liberté de création aux candidats, aucun format n’était imposé.

Constitution des dossiers

Les concurrents devaient envoyer à PresseEdition un prototype du support imaginé et réaliser un dossier complet dans lequel figurait :

  • La description du support de communication imprimée qu’ils ont imaginé.
  • Le processus de création.
  • Leur démarche technique (procédé d’impression) en argumentant leur choix.
  • La liste du matériel existant dans le lycée.

Le jury composé de :

Bernard TRICHOT, directeur de l’IDEP

Philippe TEYSSIER, directeur de Key Graphic

David DUSSAUSAYE, directeur de David OK

a désigné vainqueurs du 5ème Challenge StudyPrint

Marion Fournier et Hugo Bouladou, élèves de 1ère année BTS Etudes de réalisation d’un projet de communication, option Etudes de réalisation de produits multimédia Gobelins, Ecole de l’image Enseignant référent, Arnaud Maséda.

Qui ont obtenu un total de 31 sur 40 pour l’ensemble des critères de sélection, à savoir.

  • Qualité du prototype
  • Pertinence du support
  • Présentation du dossier
  • Démarche technique (processus, procédé d’impression)

Note d’intention de Marion Fournier et Hugo Bouladou

Pour le challenge StudyPrint, nous avons décidé de réaliser un jeu de cartes à visée ludique et éducative afin de promouvoir l’imprimé auprès des professionnels. Ce jeu est un jeu de gestion de ressources dans lequel le joueur a pour but d’améliorer son imprimerie en équilibrant temps, argent et savoir-faire à travers différents événements. Les événements choisis sont en cohérence avec les réels enjeux d’amélioration des modèles d’affaire en vigueur dans les industries graphiques comme le développement durable et les améliorations sociales.
Nous avons pris également en compte ces enjeux dans notre réalisation du support imprimé. D’une part la boîte est réalisée sans colle et d’autre part les cartes contiennent une faible surface imprimée et une seule couleur d’impression. Dans le cas d’une réalisation en grand nombre, nous veillerons à choisir des imprimeries aux normes et labellisés. Également, nous veillerons à impliquer des personnes en situations de handicap ou d’exclusion en leur confiant le façonnage de la boîte grâce aux CAT ou au ESAT. Nous aimerions aussi pouvoir réaliser ce produit avec des moyens professionnels afin de répondre un peu mieux à nos envies quant au rendu du jeu. Par exemple, faire appel à un graphiste ou utiliser la méthode de la forme de découpe pour la forme des cartes. En effet, à terme, nous aimerions pouvoir distribuer le jeu dans différentes structures des métiers de l’imprimé afin d’informer de manière ludiqu
e”.

Les Partenaires du Challenge StudyPrint

  • IDEP
  • Key Graphic Groupe Maury
  • UNIIC

Worldskills 2022 – Les finales internationales se préparent

Parce que la pandémie de Covid-19 continue de perturber sévèrement l’économie chinoise, les finales internationales des Worldskills 2022, qui devaient se dérouler à Shanghai, ont finalement nécessité une réorganisation expresse. Au gré d’un éparpillement contraint des différentes disciplines, les métiers des Arts graphiques livreront pour leur part leur verdict en Suisse, d’ici quelques jours maintenant. En pleine préparation, nous avons interrogé nos deux représentants français…

C’est à Aisey-sur-Seine (Bourgogne-Franche-Comté) que Louis Leichtnam (22 ans, région Grand Est) et Emmannuel Young (22 ans, région Sud Provence Alpes Côte d’Azur) aiguisent leur préparation, en tant que représentants français respectivement pour les catégories « Imprimerie » et « Arts graphiques & prépresse ». Tous deux auréolés d’une médaille d’Or à l’échelon national lors des finales qui se sont tenues à Lyon en janvier dernier, tous deux d’ailleurs à l’occasion de leur seconde participation après les finales caennaises de 2018, ils nourrissent légitimement des ambitions élevées pour ces épreuves internationales.

Consolider ses connaissances & travailler l’approche mentale

En choisissant comme lieu d’entraînement « La ferme de bon espoir » dans le département de la Côte d’Or – ça ne s’invente pas – le préparateur mental Lou Ken (OOMyCoach) ne s’y serait pas mieux pris s’il avait voulu multiplier les signes. « Aujourd’hui, nous sommes prêts techniquement. Ce module est là pour nous recadrer mentalement. L’objectif c’est d’être le plus motivé, stable et performant possible le jour de la compétition » précise Emmannuel Young, dans ce qui constitue à la fois un exercice métier mais aussi une épreuve à dimension sportive où les paramètres physiques et mentaux sont primordiaux. En l’occurrence, définir les bons objectifs est le premier pallier nécessaire d’une bonne préparation. « Nous savons ce que nous avons à travailler. C’est quelque chose que l’on définit avec nos coaches : on confronte nos points de vue et on tombe rapidement d’accord » tranche Louis Leichtnam. « Les marges de progrès techniques sont assez simples à identifier lorsque l’on reprend les sujets sur lesquels nous avons travaillé. Sur le plan mental, il y a beaucoup de dialogue pour voir s’il y a des fragilités. Aujourd’hui, nous savons tous les deux que nous avons toutes les compétences pour réussir dans la compétition, l’approche mentale sert surtout à optimiser la motivation et se débarrasser de nos peurs » complète, lucide, Emmannuel Young. Lorsqu’on leur demande s’ils observent et/ou connaissent leurs compétiteurs, on a très vite la confirmation que le travail de concentration mentale paie, parce qu’il n’est pas question de se décentrer de l’essentiel : « J’ai eu deux jours de formation avec une candidate suisse et un candidat allemand, donc oui, nous connaissons un peu nos adversaires. Mais si nous sommes concentrés sur eux, c’est que nous ne sommes pas assez concentrés sur nous » clarifie Louis Leichtnam. « Ce qui est intéressant, c’est que nous allons rencontrer des gens du métier venant du monde entier, c’est toujours enrichissant… Mais on prendra ce temps surtout après les résultats, quand on pourra profiter de moments plus conviviaux » confirme Emmanuel Young. Mais la question que ne manqueraient pas de se poser bien des chefs d’entreprise en proie à des difficultés de recrutement, devant deux jeunes à ce point surmotivés, est celle de leur point de vue sur la faible attractivité du secteur… « Je pense que les jeunes ne savent pas ce que c’est que d’être imprimeur. Quand je dis que je suis imprimeur, on pense que j’appuie sur un bouton et que je regarde les documents sortir. Moi-même j’ai eu envie de faire ce métier suite à une sortie dans les ateliers où l’on imprime le journal ‘Les dernières nouvelles d’Alsace’, parce que j’ai vu les machines tourner et que j’ai compris à ce moment-là ce que c’était réellement. C’était finalement presque un hasard » témoigne Louis Leichtnam, preuve que le métier n’a rien perdu de sa capacité d’enchantement. Est-ce que cela en fait pour autant des lecteurs plus attachés que la moyenne au support physique ? « On est forcément plus sensibles que la moyenne à ce qui est imprimé. Surtout Louis, parce que moi finalement je fais un métier en amont de l’impression. Malgré tout, je me projette un peu plus facilement dans les projets qui sont destinés à être imprimés que dans du 100 % numérique. J’ai besoin de ce résultat-là, d’avoir quelque chose de palpable : la récompense est encore plus grande sur un objet physique » confirme Emmanuel Young.

“On ne sort pas de sa zone de confort. On l’élargit”. Lou Ken (OOMyCoach) offre ici un extrait du travail de préparation mentale par lequel passent les compétiteurs.

Le début d’une (longue) histoire ?

Enfin, parce qu’il ne s‘agit pas là « que » d’une compétition spontanée, mais d’une étape dans parcours professionnel qui reste à écrire, on ne pouvait que les interroger sur leurs intentions de carrière…  « L’avantage de cette compétition, c’est qu’on est mis en relation avec énormément de gens, dans énormément de domaines. C’est une aubaine parce que dans nos métiers on peut être amené à travailler avec n’importe quelle entreprise qui voudrait communiquer, et qui plus est on est entourés de gens qui visent l’excellence. C’est donc beaucoup d’opportunités et un réseau potentiellement énorme. Pour ma part, je sais que j’ai la volonté d’entreprendre et la compétition peut être un tremplin pour ça ou une source d’inspiration » s’enthousiasme Emmanuel Young, qui ne s’arrête pas là. « Au-delà de la compétition en elle-même, le fait d’avoir travaillé avec des experts passionnés, ça nous a donné l’envie de transmettre. Ce qu’on a appris ici, on a envie de le transmettre à notre tour » ajoute-t-il, rejoint en cela par son compère d’équipe de France des Arts Graphiques : « On est déjà contactés par des entreprises et il est clair que l’on est ici beaucoup plus visibles. Et de la même façon, plus le temps passe, plus l’idée d’entreprendre fait son chemin. Ce n’est pourtant pas quelque chose que j’avais forcément en tête en arrivant, mais je commence à y réfléchir »  explique à son tour Louis Leichtnam, pour qui tout ça ne doit être que le début…  « Le fait de se dire que l’aventure se termine dans quelque jours, ce n’est vraiment pas possible pour moi : je vais continuer de m’investir dans ce concours et j’ai envie d’entraîner les futurs vainqueurs dans ma région pour les prochaines finales nationales en 2023 ». Comment dès lors douter de la motivation de nos deux représentants ? A ce titre, et quels que puissent être les résultats de ces finales, c’est déjà une belle partie de gagnée…

Parole d’experts – Des jeunes bien entourés
Robin Gillet (Arts graphiques & prépresse) et Dominique Gendre (imprimerie) sont à la fois des coaches, des experts métiers, mais aussi des chefs experts désignés par les représentants des autres pays participants pour assurer la bonne conduite de la compétition. Un statut à part qui les engage et rappelle combien la France est une nation respectée, voire référente, sur nos métiers. « Notre rôle est multiple : pendant la compétition, nous n’évaluerons pas les épreuves, à l’inverse des autres experts. Nous avons un rôle global de management : nous assurer de la bonne organisation de la compétition, du bon enchainement des épreuves et du respect des règles, tout en prenant en compte les particularités de chaque pays pour que chaque compétiteur ait sa chance » détaille Dominique Gendre. Une mission en forme de reconnaissance qui mériterait peut-être elle aussi sa médaille…

ENERG’IIC – Pour accompagner la relance des entreprises du secteur

C’est après avoir pris la mesure des besoins de nos adhérents qu’il nous a semblé important et indispensable de concrétiser un dispositif d’Engagement National pour une Relance Guidée des Industries de l’Impression et de la Communication.

Organisée autour de diagnostics 360°, ENRG’IIC’ vise à accompagner les entreprises du secteur dans une démarche guidée autour des sujets prioritaires qui les intéressent, voire même d’intervenir en appui des plans stratégiques qui sont déjà formalisés.

L’objectif de ce dispositif est de :

  • Recenser les forces et faiblesses des entreprises ciblées.
  • Identifier les opportunités de développement.
  • Proposer un plan d’action adapté à la situation de l’entreprise.

Le questionnaire d’entretien conçu « avec des tiroirs » sera utilisé en fonction des thématiques prioritaires pour l’entreprise.

Les experts désignés par la branche se déplaceront en entreprise pour commencer le travail d’audit. Il s’agit d’avoir un temps d’échange approfondi (mission de 3 jours par entreprise, comprenant audit, analyse, rapport) avec la direction de l’entreprise pour bien comprendre les enjeux et les opportunités qui s’offrent.

Construit et porté par l’UNIIC avec l’appui de l’OPCO et des partenaires sociaux de la CPNEFPIIG, ENRG’IIC est un dispositif de branche mis en œuvre dans les régions.

Contact :
Richard NAVEZ – richard.navez@uniic.org

Dispositif PRO-A : la promotion ou reconversion par l’alternance

La pandémie a remis en lumière la nécessité d’identifier des reconversions ou transitions possibles pour les entreprises et leurs salariés dans un contexte devenu aléatoire. L’UNIIC a conçu avec les partenaires sociaux un outil permettant d’accompagner par la voie de l’alternance les promotions, les mutations et reconversions rendues encore plus nécessaires par la transformation du paysage graphique.

Centré sur l’accompagnement des salariés en CDI dont le niveau de qualification est inférieur à la licence, il s’agit de pouvoir faciliter le recours à des formations certifiantes ou diplômantes. Une liste définie par la branche est annexée à l’accord PRO-A. Organisée en alternance, la formation d’un minimum de 150 heures associe périodes de travail en entreprise en lien avec les qualifications visées et périodes de formation théorique dispensées par un organisme de formation.

Ces formations bénéficient d’une prise en charge par l’OPCOEP sur les fonds de la professionnalisation, ce qui donne des moyens de financement nouveaux et complémentaires pour les actions de formation que l’entreprise souhaite mettre en œuvre.

Contact :
Richard NAVEZ – richard.navez@uniic.org