Le plastique, ce n’est plus fantastique

Cible d’une disgrâce pour le moment essentiellement médiatique et symbolique, le plastique n’en subit pas moins enfin ses premières vraies attaques politiques et réglementaires, l’objectif étant d’en raréfier la production et – si possible – de lui trouver des alternatives plus vertes. Ci-dessous trois illustrations concrètes, parmi tant d’autres, des changements en train de s’opérer…

Le plastique, ennemi politique désigné

Qu’il s’agisse de couverts jetables, de coton-tiges ou de pailles, les plastiques dits “à usage unique” voient officiellement leurs jours comptés. “Mercredi 27 mars, la directive européenne interdisant l’usage et limitant la mise sur le marché de certains produits en plastique a été adoptée après plusieurs mois de négociations dans lesquelles la France a joué un rôle clé” nous rappelle en effet le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, ce qui ne manquera évidemment pas de se traduire par des ajustements productifs imminents et potentiellement radicaux, alors que de nouvelles filières Responsabilité Élargie du Producteur (REP) viendront renforcer le principe de “pollueur payeur”. Or, si la France s’est engagée à atteindre 100 % de plastiques recyclés en 2025, il s’agira dans un premier temps surtout de s’en passer le plus possible, au profit de modèles alternatifs et d’innovations durables bienvenues…

 

Loop : la consigne remise au goût du jour ?

“Loop est un site e-commerce circulaire conçu pour éliminer l’idée de déchet (…) Les emballages à usage unique sont remplacés par des contenants durables et design, exclusivement disponibles sur Loop” indique fièrement le site maboutiqueloop.fr. l’objectif : construire un espace-test avec des marques partenaires, pour évaluer de nouveaux formats de consommation, visant à limiter le gaspillage. Concrètement, il s’agira d’en passer par une plateforme de e-commerce se réappropriant le système de consigne : “il vous suffit simplement de payer une consigne unique entièrement remboursable pour emprunter le contenant réutilisable” indique le site. Une fois les produits commandés consommés, les clients pourront effectivement demander à ce que les contenants soient récupérés par la plateforme, directement à leur domicile. “Nous nettoyons les contenants vides et vous renvoyons vos produits à votre convenance” indiquent-ils, promettant même aux usagers de ne plus être contraints de jeter ou recycler. Si le système de livraison pose évidemment la question des impacts liés aux trajets effectués, e-commerce oblige, de même que l’on peut s’interroger sur la pertinence de déresponsabiliser ainsi le consommateur sur les notions de tri & de recyclage, telle initiative doit toutefois rappeler combien la volonté de réduire/supprimer les emballages uniques prend un tour éminemment concret. Et si c’est bien évidemment le plastique qui figure au premier rang des cibles du système expérimenté ici, il ne faut pas manquer de voir non-plus que les papiers/cartons sont également concernés, dès lors en effet qu’ils s’avèrent non-réutilisables…“Nous devons apprendre à mettre en place un nouveau modèle de consommation, avec d’un côté un enjeu d’adhésion du consommateur, et de l’autre un enjeu industriel, avec la mise en place d’un processus efficient de lavage et de réutilisation des packagings”, explique Louis d’Aoust, directeur marketing France et Benelux pour les catégories soin du linge et soin de la maison chez Procter & Gamble, dans ce qui ne fait encore figure que de (très sérieux) galop d’essai. Pour autant, certainement faut-il voir ce qui se joue ici, et en anticiper les conséquences (notamment industrielles) probables…

De l’emballage à l’embeillage

Présentant entre autres le tort de n’être que peu recyclable, le plastique – effectivement non-recyclé aux deux tiers – pose forcément la question des matières qui lui seraient substituables tout en se révélant durables. Si le papier/carton s’est naturellement imposé sur des produits où le matériau est pertinent de manière évidente (citons notamment les sacs en papier), une start-up française a donné naissance à l’embeillage, une matière à base de cire d’abeille et de résine de pin. Modelable, lavable, réutilisable et même compostable, l’embeillage est ainsi décrit par ses inventeurs comme un emballage en forme de “seconde peau”, capable de rendre tous les services à ce jour assurés par le plastique, les inconvénients environnementaux en moins. De quoi en tout cas lui laisser sa chance et ne pas manquer de voir que des initiatives analogues s’agrégeront les unes aux autres, pour constituer des solutions alternatives potentiellement viables…

 

Compte professionnel de prévention, kézako ?

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Huiles minérales ou pas

Utilisez-vous des huiles minérales ? Telle est la question.

Les huiles minérales posent problème pour le recyclage du papier. Dérivées des hydrocarbures, ces substances contenues dans les encres des impressions Coldset et Heatset contaminent les autres supports et les contenants et sont donc des perturbateurs de recyclage. L’UNIIC a pris le sujet à bras le corps et joué son rôle (depuis 2015 maintenant) auprès de CITEO, mais aussi des metteurs sur le marché comme des fournisseurs d’encres et de colles au sein d’un groupe de travail pour anticiper une réglementation sanitaire à ce sujet.

Dans ce cadre, les emballages et papiers graphiques ont fait l’objet d’expérimentations et pour qu’une traçabilité correcte puisse être effectuée sans heurts pour les imprimeurs, l’UNIIC a obtenu que ce soit les fournisseurs de consommables qui accompagnent la livraison de leurs encres et colles d’une attestation stipulant l’absence d’huiles minérales dans leurs produits. Ce document de suivi existe. Réclamez le auprès de vos fournisseurs. Une attestation que vous transmettrez ensuite à vos clients puisque l’éco-conception engage la responsabilité du metteur sur le marché. Pas de panique, sachez qu’il existe des alternatives avec les huiles végétales notamment et des tests grandeur nature et multi-produits, chez Léonce DEPREZ, ont permis de vérifier que ce changement n’avait pas d’impact sur le flux de production ou sur le rendu final de la production.

Très bien mais qu’en est-il concrètement pour votre entreprise ?

La première chose est de savoir si vous êtes concerné ou non. Pour ça l’UNIIC et CITEO vous proposent un arbre d’auto-diagnostic très simple.

Je fais mon auto-diagnostic (l’arbre d’auto-diagnostic et suivi d’une Foire Aux Questions)

Et si vous avez encore quelques questions Matthieu Prévost, responsable environnement vous répondra avec plaisir. Contactez Matthieu Prévost.

Santé & Sécurité l’UNIIC vous accompagne

Deux Conventions Nationales d’Objectif vous permettent de bénéficier d’aides substantielles pour réaliser vos projets en matière de Santé & Sécurité au travail.

Luttez contre les Troubles Musculo Squelettiques (TMS)

Cette aide s’adresse exclusivement aux petites et moyennes entreprises de 1 à 49 salariés en France. Elle vous permet d’acheter du matériel et/ou des équipements pour réduire les contraintes physiques en particulier lors de manutentions manuelles de charges, d’efforts répétitifs ou de postures contraignantes, mais également la réalisation de formations adaptées pour les salariés concernés.

Plafonnée à 25000 €, TMS Pros Action finance à hauteur de 50 % cet investissement hors taxes (HT) pour un minimum de 2000 € HT.

  • Etape 1 : réservation sur devis.
  • Etape 2 : Confirmation sur bon de commande.
  • Etape 3 : Versement de l’aide sur présentation de la facture.

Imprimerie de labeur: tout est dans le nom. Les manutentions manuelles sont légions dans nos entreprises alors lancez-vous, équipez-vous, l’UNIIC vous aide.

L’UNIIC vous accompagne

Ce soutien est issu d’une Convention Nationale d’Objectif transverse conclue par l’UNIIC (seule organisation représentant le labeur reconnue par la CNAM). Elle concerne le labeur mais également les autres techniques d’impression.

Mais cette Convention va plus loin puisqu’elle permet à l’ensemble de nos TPE et PME de bénéficier d’aides substantielles relatives à leurs projets en matière de santé et de sécurité au travail y compris des investissements matériel qui améliorent l’environnement de travail (machine plus silencieuse par exemple). Les formations aux premiers secours sont gratuites pour les entreprises cotisant aux AGEFOS PME CGM.

Enfin, l’UNIIC vous propose ses solutions de diagnostic et d’accompagnements pour vous aider dans le montage de vos projets.

Que demandez de plus ? Alors allez-y foncez !

Pour tout renseignement, contactez chantal.richardeau@uniic.org, Responsable Santé & Sécurité

Arrêter la surconsommation numérique ?

Il nous est parfois objecté que la dématérialisation des contenus, ainsi devenus des “flux numériques” dans un “monde numérique”, serait le “sens de l’Histoire” et qu’il serait donc vain de s’y opposer. Il n’a pourtant jamais été question de nier l’évidence en ces termes, ni même d’extraire les métiers de l’impression d’une (r)évolution numérique qui n’a de toute façon épargné personne, souvent aussi pour le meilleur. En revanche, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer une réalité qui commence (enfin) à faire son chemin : le caractère énergivore des consommations dites “numériques” et/ou “connectées” a pris des proportions telles, qu’une des urgences pour rester dans les clous des recommandations du GIEC, consiste bel et bien à endiguer une hausse des impacts numériques galopante et, en l’état, hors de contrôle… “Le numérique consomme aujourd’hui une proportion significative de l’énergie mondiale, environ 5 %, mais le plus préoccupant, c’est le taux de croissance de cette consommation, qui est de presque 10 % par an. C’est énorme. Cela signifie que ça double tous les 7 ou 8 ans, tout ceci à un moment où le monde doit s’engager dans la transition environnementale” souligne Hugues Ferreboeuf, chef de projet du think tank The Shift Project qui vient de publier un rapport sur l’impact environnemental du numérique.

A ce rythme, nous apprend-on, le numérique pèsera jusqu’à 8 % des émissions mondiales de GES dès 2025. Soit autant que l’ensemble du parc automobile.

Un constat qui n’est certes déjà plus neuf, mais qui donne lieu à des débats passionnants : écoutez le tout récent podcast de l’émission “Consommation numérique : la fabrique à CO2(.0)” sur France Culture, qui laisse des pistes concrètes pour s’engager sur ce que les experts interrogés appellent “la sobriété numérique”, en opposition à une situation actuelle de “surconsommation numérique”… Une sobriété qui, n’en doutons pas un instant, ne dépareillerait en rien avec la juste réhabilitation des contenus physiques et (notamment) imprimés. Comme un juste retour de balancier…

Source complémentaire : Quand la transition numérique entrave la transition énergétique ou comment l’époque subit un paradoxe politique profond.

Bon anniversaire Imprim’Vert !

Vingt ans d’existence, ça se fête, mais c’est aussi l’occasion de se retourner. A l’heure du bilan d’étape, une quarantaine d’initiateurs de la marque (référents, imprimeurs, représentants institutionnels…) ont évoqué à la fois des souvenirs – parfois cocasses – et les dynamiques qui ont permis l’éclosion d’Imprim’Vert, un label aujourd’hui devenu incontournable. Ils ne se sont pas soustraits non-plus à un travail de réflexion portant sur l’avenir, parce qu’un label n’est que rarement destiné à une maturité statique : il doit toujours s’adapter et progresser…

Tout le monde en convient, Imprim’Vert doit son existence à l’adjonction d’une suite d’initiatives et d’expérimentations convergentes, nées d’un constat commun : “En 1996, les imprimeurs rejettent encore leurs produits toxiques et dangereux dans les égouts” rappelle en effet Nicolas Hénault (Secrétaire Général de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Région Centre-Val-de-Loire), qui évoque là une réalité certes désormais lointaine et presque saugrenue aujourd’hui, mais ô combien représentative du chemin parcouru…. Une réalité qui a vu quelques imprimeurs volontaires et pionniers “tester” en région Centre une sorte de prototype de ce que deviendra Imprim’Vert, en se déployant ensuite à l’échelon national, puis européen. “En décembre 97, il y a eu une sorte d’alignement favorable des astres” confirme Benoît Moreau (Ecograf), qui rappelle “la création d’un service environnement au sein de la FICG (devenue l’UNIIC suite à la fusion avec le SICOGIF, ndlr)” ainsi que “l’édition des premiers écoguides dédiés à l’imprimerie”. De ces impulsions concomitantes naîtra officiellement en 1998 un label de prime abord local, avant d’assurer une couverture nationale et européenne (56 entreprises sont à ce jour labellisées en dehors du territoire français), qui témoigne à la fois de la proactivité du secteur sur le plan environnemental et de la solidité d’un cahier des charges constamment affiné. Porté aujourd’hui par 1852 entreprises labellisées et 167 référents en régions, Imprim’Vert affiche une indéniable stabilité, malgré une légère contraction directement corrélée à la santé-même du secteur… “Il y a une érosion globale du nombre d’entreprises ainsi qu’un phénomène de regroupements, qui s’est forcément répercuté sur le label : Imprim’Vert comptait 2274 labellisés en 2012” concède Matthieu Prevost, animateur national de la marque et Responsable Environnement pour l’UNIIC, avant de tempérer : “Mais l’érosion en question a été proportionnellement moins forte chez nos labellisés”, ce qui pourrait bien souligner que les structures les plus investies sur ces thématiques sont aussi souvent les moins fragiles…

Raphaëlle Lacroix (référente Imprim’Vert Provence-Alpes-Côte-d’Azur), Matthieu Prevost (Animateur national d’Imprim’Vert et Responsable Environnement pour l’UNIIC) et Franck Baudement (Responsable Développement durable chez la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat Provence-Alpes-Côte d’Azur).

“Lorsque nous nous sommes attachés à sonder nos clients, le label Imprim’Vert s’est révélé être le plus connu et reconnu, et d’assez loin” affirme Abdellah Ben Hamou (Imprimerie l’Artésienne), qui voit moins l’obtention d’un tel label comme un aboutissement que comme une étape centrale et nécessaire vers un mieux qui dépasse aujourd’hui la stricte dimension environnementale. Les thématiques liées à la sécurité, à la prévention des maladies professionnelles et au bien-être au travail ont ainsi été évoquées comme d’incontournables préoccupations actuelles. Un “mieux” qui ne doit toutefois pas faire perdre de vue que les bases posées par Imprim’Vert ne sont pas définitivement et inconditionnellement acquises… “153 entreprises ont été radiées en 2018, pour 82 entrantes. Nous avons encore des entreprises qui arrêtent ou au contraire décident de se lancer, avec des exigences liées au cahier des charges qui ne sont pas négociables. Ce n’est donc pas quelque chose de figé, et encore 20 ans après, il faut toujours y travailler” rappelle un Matthieu Prevost lucide, qui met l’accent – au titre des objectifs futurs de la marque – sur des axes de progression très technico-pratiques : parfaire le cahier des charges sur des points sensibles (gestion/stockage des déchets dangereux, non-utilisation des produits dits “CMR”, c’est-à-dire cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, sensibilisation environnementale interne et et externe et suivi énergétique), mais aussi faire évoluer la communication autour de la marque, optimiser les aspects organisationnels/événementiels, développer les partenariats etc. De quoi voir loin et imaginer – déjà – d’autres anniversaires…

Vidéo – De l’IA à la RSE, quelle place pour l’Humain ?

Alors que l’IA pose de légitimes questions relatives à la transformation de l’entreprise et ses conséquences sur l’organisation du travail, la dimension RSE des débats n’a pas été oubliée, lors du Congrès porté par l’UNIIC…

Avec Emmanuel Fabrègue (Groupe Fabrègue), Matthieu Prevost (Responsable Environnement pour l’UNIIC et animateur national de la marque Imprim’Vert), Dominique Burnel (Expert RSE) et Valérie Bobin Ciekala (IDEP, Directrice des Opérations et du développement de la RSE sectorielle)…

Print’Story – Episode 58

Antoine a reçu une mise en garde de son prestataire chargé de la collecte de ses déchets industriels : “Attention, la première fois qu’il y aura une erreur, nous vous le stipulerons mais en cas de récidive, nous serons dans l’obligation de décoter la totalité de votre benne”.
Si Antoine ne se met pas à l’abri des erreurs de tri, la facture risque d’être salée. Il fait donc le tour de son entreprise et franchement, ça laisse à désirer… D’ailleurs, André le conducteur offset a été honnête avec lui : “La zone déchet est à l’autre bout de l’atelier… Je ne vais pas faire 30km dans la journée pour porter mes pots d’encres vides…”
Antoine ne s’en sort plus. Sa gestion des déchets est devenue une vraie usine à gaz qui lui coûte chère – trop chère lui semble-t-il. Il va tout falloir remettre à plat.
Plein de bonne volonté, Antoine décide de prendre le problème à bras le corps. Mais comment y voir clair à la fois dans l’organisation et dans ses factures tout en étant conforme d’un point de vue réglementaire ? Antoine a besoin d’un coup de main du service environnement de l’UNIIC :

Mais au fait :

Quels sont les types de déchets ?
Qu’est-ce que la responsabilité élargie du producteur (REP) ?
Quelles mesures de traçabilité mettre en place ?
Comment organiser le tri des déchets dans l’entreprise ?
Comment choisir son fournisseur pour le traitement de ses déchets ?
Comment optimiser les coûts que représente la gestion de ses déchets ?

Lire la réponse de l’UNIIC

Réponses élaborées par Matthieu Prevost, Responsable Environnement pour l’UNIIC – matthieu.prevost@uniic.org 

Print’Ethic – Un label RSE dédié au secteur !

Lles Industries Graphiques disposent désormais d’un label RSE dédié – Print’Ethic – initié par l’UNIIC, géré par l’IDEP et élaboré avec l’appui de l’AFNOR.
Entretien avec Valérie Bobin Ciekala (IDEP), Directrice des Opérations et du développement de la RSE sectorielle, pour mieux comprendre les ressorts, opportunités et enjeux d’une démarche de temps long, qui se veut plus souple et accessible que nombre de labels déjà existants dans ce domaine…

Une enquête, lancée l’année dernière sous forme de questionnaire, devait servir à élaborer une stratégie RSE sectorielle…

Le questionnaire a permis un retour à la fois des imprimeurs, des représentants des salariés et des parties prenantes externes (clients, écoles, fournisseurs, ONG, pouvoirs publics…) sur une question simple : sur quels sujets le secteur doit-il prioritairement travailler ? Cela nous a permis de voir quels enjeux apparaissaient importants à la fois pour les imprimeurs – pour leur pérennité, pour leur développement etc. – et aussi pour ces parties prenantes externes, notamment les clients, qui sont les premiers à inciter leurs imprimeurs à adopter des démarches RSE. Leurs exigences en la matière devraient d’ailleurs croître dans les années à venir…
L’analyse du comité de pilotage, multi-parties prenantes lui aussi, a permis de sélectionner 15 enjeux : 3 qui étaient à travailler sur le plan collectif au niveau de la branche et 12 qui constituent une sorte de feuille de route pour les entreprises. On en trouve dans le domaine économique, social, environnemental et dans le domaine de la gouvernance de l’entreprise. Tous les champs de la RSE sont couverts. L’idée était en effet de partir de la définition très large de la RSE de l’ISO 26000, pour resserrer sur des points clés pour l’avenir du secteur, avec l’idée de voir là où nous avions de vrais progrès à faire.

Quels sont donc ces 12 enjeux ?

  1. Définir la politique de responsabilité sociétale de l’entreprise, la piloter grâce à une organisation pérenne.
  2. Définir une stratégie de positionnement et de développement de l’entreprise à 3/5 ans.
  3. Intégrer une culture de l’innovation, dans les produits, les services, l’organisation de l’entreprise.
  4. Identifier les parties prenantes prioritaires de l’entreprise et dialoguer avec elles.
  5. Favoriser le développement d’un dialogue social de qualité.
  6. Identifier les risques de l’entreprise et prendre des mesures de prévention.
  7. Investir dans les compétences des salariés, élément-clé de compétitivité et de sécurisation des parcours professionnels.
  8. S’impliquer pour améliorer la connaissance et l’attractivité du métier et pour former des professionnels qualifiés.
  9. Réduire l’impact environnemental de la production à travers notamment une optimisation du volume et de la qualité des matières premières utilisées.
  10. Réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie.
  11. Mettre en œuvre le Règlement Européen sur la protection des données.
  12. Promouvoir la RSE chez les fournisseurs et sous-traitants.

Une fois ces 12 enjeux définis, nous nous sommes demandé comment accompagner les entreprises pour proposer quelque chose de motivant et structurant. Nous avions d’ailleurs demandé dans le questionnaire quels pourraient être les freins ou les leviers de motivation pour susciter (ou au contraire décourager) cet engagement. La première motivation était très claire : c’était d’avoir un label RSE reconnu par les clients. C’est également apparu comme un facteur de motivation pour les salariés, puisque c’est une façon de reconnaître les efforts accomplis par les équipes en interne, jusque dans la manière de travailler. Nous nous sommes alors demandé s’il fallait partir sur un label existant : le label Lucie ? Les labels proposés par des organismes comme l’AFNOR ? Etc. Mais ces labels portent sur tout le champ de la RSE, alors que nous venions justement de définir plus finement 12 enjeux sectoriels… Par ailleurs, ces labels sont souvent complexes et coûteux à mettre en place pour des petites entreprises. Nous sommes donc restés sur l’idée de construire notre propre label encouragés par l’expérimentation publique lancée par la plateforme RSE de France Stratégie, qui vise à expérimenter des labels RSE sectoriels. L’objectif, c’est de promouvoir la RSE dans les TPE & PME. Cela correspondait très exactement à ce que nous étions en train de faire, nous avons donc décidé de porter un dossier de candidature, en se disant que c’était pour nous un gage de qualité au vu du cahier des charges, à la fois structuré et ambitieux. C’est une façon de montrer le sérieux de notre label, tout en le rendant plus visible. Participer à cette expérimentation permet aussi de voir ce que font les autres et de bénéficier d’expériences croisées. Nous avons donc travaillé, début 2018, à un référentiel de labellisation autour des 12 enjeux. Le cahier des charges pour l’expérimentation imposait que l’on fasse évaluer notre référentiel par un organisme externe expert en RSE. Nous avons donc choisi de travailler avec l’AFNOR, qui a établi une analyse de robustesse/conformité par rapport aux grandes lignes de l’ISO 26000, validant notre approche sur ces différents points. Nous avons donc été retenus, avec 11 autres secteurs expérimentant eux aussi des labels sectoriels.

Comment s’organise le processus de labellisation ?

Pour que la démarche reste accessible aux petites entreprises, nous avons misé sur la progressivité.

Le label est divisé en quatre niveaux, en fonction du nombre d’enjeux abordés par l’entreprise. Chaque entreprise aura l’obligation de monter d’un niveau tous les trois ans. Pour obtenir le premier niveau, il s’agira dans un premier temps d’établir un plan d’action précis sur trois ans portant sur trois premiers enjeux. Au bout de ces trois ans, l’entreprise devra être en mesure de montrer qu’elle a mis en œuvre tout ce qui est exigé dans le référentiel de labellisation, et préparer un plan d’action sur trois autres enjeux sur les trois années suivantes. Ainsi de suite jusqu’au niveau 4.

Le label est décerné par un comité d’attribution multi-parties prenantes, constitué de 4 collèges : les organisations professionnelles, les syndicats de salariés, les parties prenantes externes et les experts RSE. C’est ce comité d’attribution qui validera les différents niveaux, sur la base d’un dossier fourni par l’entreprise, laquelle devra produire les documents qui prouveront les résultats de son engagement.

Un label de niveau 4 peut donc exiger 12 ans de travail ?

Oui, cela peut effectivement porter sur 12 ans. Ça peut paraître long, mais il faut bien comprendre que c’est l’entreprise elle-même qui choisit dans quel ordre elle va traiter les sujets qui la concernent, selon ses priorités [mis à part les enjeux 1 (organisation de la fonction RSE dans l’entreprise) et 7 (investissement dans les compétences) qui sont imposés pour le niveau 1, et l’enjeu 2 (définition d’une stratégie de l’entreprise) imposé au niveau 2]. Elle peut éventuellement en rajouter, si jamais elle se rend compte que ses clients ont des demandes spécifiques en la matière. Après, toutes les entreprises n’iront pas forcément au bout, mais elles auront le bénéfice du travail engagé et auront pu progresser sur les thématiques prioritaires choisies.

Qu’en est-il d’éventuelles entreprises qui auraient déjà un « temps d’avance » en matière de RSE ? La procédure peut-elle être accélérée ?

Oui, d’autres pourront aller plus vite et rentrer directement en niveau 3, par exemple, si leur politique RSE est déjà suffisamment développée. Il est également possible de monter d’un niveau plus vite, sans nécessairement attendre trois ans, si le travail de développement RSE en interne est plus rapide et efficace que la moyenne. Mais ce ne seront pas forcément les cas les plus fréquents : l’idée est d’amorcer un travail de temps long. Encore une fois, c’est une démarche en forme d’engagement. L’idée de progressivité va dans le sens de l’accessibilité du label, qui était primordiale pour nous. Nous voulions que ce soit également accessible d’un point de vue financier : il n’y aura pas à payer d’auditeurs externes, sauf au niveau 4, puisque le processus fonctionne par dossiers remis par l’entreprise elle-même. Mais plus encore, nous voulions donner un maximum d’outils d’accompagnements aux référents RSE des entreprises engagées dans le processus de labellisation.

Quel sera le rôle du référent RSE ? Comment se doter d’un(e) responsable compétent(e) en la matière, a fortiori quand on est une petite structure ?

Ce référent RSE, désignée par l’entreprise, est le pivot du système :

Nous allons le former. Un appel d’offres est en cours auprès de différents cabinets experts pour proposer une formation initiale de référents RSE de quelques jours, étalée sur 6 mois, qui va lui permettre de faire le juste diagnostic de son entreprise, voir quels sont les points prioritaires sur lesquels travailler, penser son plan d’action, commencer à sensibiliser le personnel en interne, commencer à communiquer en externe etc. Une fois le référent nommé, formé et quand il aura formalisé le plan d’action RSE sur les premiers enjeux, il sera en mesure de présenter un dossier pour demander le niveau 1 de labellisation. Si le dossier est validé, l’entreprise a trois ans pour mettre en œuvre son plan d’action, sous l’impulsion du référent RSE.

Le référent ne sera pas laissé seul pour autant : il fera partie d’un réseau des référents RSE que nous nous chargerons d’animer et qui proposera à la fois des réunions physiques, des web-conférences, des formations à distance etc. Il sera tenu, via le référentiel du label, de participer à 4 webinaires par an ainsi qu’à une réunion physique. Nos chargés de mission IDEP seront également là, pour être en accompagnement expert sur le volet « compétences », pour aider à monter les dossiers, pour  aider à identifier d’éventuels freins et contribuer à trouver des solutions.

Toute la philosophie du label repose là-dessus : c’est un accompagnement fort par la branche d’une action de transformation qui sera portée en interne, dans l’entreprise, par le dirigeant et les salariés. Limiter les interventions de consultants externes permet de mieux s’approprier la démarche. Cela demande certainement du temps, ce qui est une forme d’investissement, mais pas d’argent stricto sensu

A noter enfin que si un événement dans la vie de l’entreprise – départ du référent RSE, rachat, réorganisation ou quoi que ce soit qui mobilise beaucoup de temps et d’énergie – vient entraver la démarche de transformation RSE, l’entreprise peut demander une année supplémentaire au comité d’attribution pour atteindre tel ou tel niveau. Ce sera évidemment accordé si la demande se justifie.

Comment s’assurer que le label sera perçu comme un label crédible, notamment par les clients ?

La reconnaissance du label est nécessaire, c’est pourquoi nous l’avons construit avec les parties prenantes externes, de sorte à ce que leurs attentes fassent partie de l’ADN de Print’Ethic. Par ailleurs, nous nous sommes basés sur la norme ISO 26000 qui est une référence en matière de RSE, le label a été évalué positivement par l’AFNOR et il est inscrit dans l’expérimentation publique dont nous parlions. On a donc là toutes les garanties de sérieux et de qualité autour de cette démarche. D’autant que tous les deux ans, l’AFNOR fera un audit du fonctionnement de tout le système de labellisation. Ils vérifieront les compte-rendu en comités d’attribution, feront éventuellement quelques visites aléatoires dans des entreprises labellisées etc. Le but pour eux est de s’assurer que l’attribution du label correspond bien à la réalité. L’intérêt pour nous est de montrer que la démarche est sérieuse et solide.

Entre deux labellisés, il peut y avoir de grandes différences en termes d’avancement dans la démarche. Comment les distinguer ?

Le logo Print’Ethic est construit de manière à ce que l’on voit les différents niveaux de progression, matérialisés par des ronds colorés quand ils sont atteints, vides quand ils restent à atteindre, de sorte à ce que l’on fasse tout de suite la différence entre un labellisé de niveau 1 et un labellisé de niveau 4. Mais la question des niveaux vaut surtout dans le cadre des relations avec un client, en fonction par exemple de ses attentes, mais pour le grand public et pour communiquer autour de la philosophie du label, ça n’a pas forcément grande importance. Le label sert surtout à certifier l’engagement de l’entreprise dans une démarche d’amélioration continue en matière sociétale.

Maintenant, à nous de motiver les entreprises à s’engager avec pour nous un double travail de communication, à la fois auprès des entreprises et auprès des parties prenantes externes, notamment les clients. Il faut commencer par dénicher des entreprises qui voudraient être pionnières sur ces sujets, pour expérimenter la démarche et assez vite, ce label devrait être regardé avec intérêt par les clients. De là naîtra une motivation commerciale à aller vers Print’Ethic. Il ne faut pas se cacher que pour l’instant, la demande des clients pour des prérequis RSE est rare. Les exigences sont encore très centrées sur l’environnement. Mais cela devrait changer dans la mesure où la réglementation qui pèse sur les clients eux-mêmes les oblige à mettre en place des démarches d’achats responsables et de se préoccuper de ce que font leurs fournisseurs en matière de RSE. Et puis forcément, plus nous aurons d’entreprises engagées dans la démarche, plus le label aura un attrait pour les clients…

Quelles sont les bonnes raisons de s’engager dans une telle démarche ?

Le chef d’entreprise qui veut s’engager dans la démarche doit déjà montrer une réelle motivation, parce que c’est un processus de transformation global. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait à la marge. C’est professionnaliser et structurer sa manière de travailler avec des principes sociétaux bien ancrés dans le fonctionnement de l’entreprise. Il devra ensuite désigner un référent RSE qui, idéalement, ne sera pas lui. Ce n’est pas toujours facile dans les plus petites structures de trouver une autre personne que le dirigeant pour occuper ce rôle, mais dans la mesure du possible, il faut diffuser la philosophie de la démarche au reste des équipes et donc, responsabiliser ses équipes autour du projet. Et puis plus prosaïquement, on sait que le chef d’entreprise a souvent un emploi du temps compliqué… Le rôle du référent étant de « pousser », il faut quelqu’un de disponible.

Les dirigeants ne doivent surtout pas aborder cette démarche comme une « bonne action », accessoire par rapport au fonctionnement de l’entreprise. S’engager  dans Print Ethic, c’est d’abord travailler à la performance de l’entreprise. Une étude statistique élaborée par France Stratégie comparait par exemple les résultats financiers d’entreprises qui ont engagé une démarche RSE structurée, à d’autres qui n’ont encore rien fait en la matière. Le différentiel de performance entre les deux, à la faveur des premières citées, est de 13 %, ce qui est loin d’être négligeable. Tel gain n’apparaît évidemment pas immédiatement, c’est quelque chose qui s’obtient à moyen terme, mais cela mérite réflexion… Voire engagement.

Nous invitons les entreprises intéressées à s’engager dans le processus d’expérimentation/labellisation auprès de Valérie Bobin Ciekala, IDEP, Directrice des Opérations et du développement de la RSE sectorielle (v.bobin@com-idep.fr) ou Matthieu Prevost, Responsable environnement pour l’UNIIC et animateur national de la marque Imprim’Vert (matthieu.prevost@uniic.org).

Bienvenue aux batteries en papier

Quand algues et cellulose se rencontrent, elles donnent naissance à des batteries… en papier

L’entreprise suédoise BillerudKorsnäs est l’un des principaux fabricants de papiers d’emballage : papier kraft, carton, carton d’emballage pour liquide, cannelures, doubles cannelures jusqu’à la fourniture de pâte, avec ses 8 sites de production en Suède, en Finlande et au Royaume-Uni, rien ne lui échappe.

Ses chercheurs ont effectué des recherches fondamentales sur la cellulose pure à partir d’algues qu’ils ont réussi à utiliser dans leur process de fabrication traditionnel. En collaboration avec l’Université d’Uppsala ils créent des batteries à la fois peu coûteuses et respectueuses de l’environnement. Avec la batterie en papier voici venir les emballages à la fois intelligents et durables.

Les petites piles en papier munies de capteurs permettront de suivre les emballages tout au long de son cycle de vie. Les exemples sont légions : un emballage qui mesure la température ou la position en temps réel et fournit des informations sur la vie du produit pendant le transport. Où un produit a-t-il disparu de son emballage dans la chaîne de transport ? L’emballage muni d’un capteur fourni la réponse. Imaginer les futures fonctionnalités est certainement la dépense d’énergie la plus importante ici.

« Avec des électrodes à base de cellulose de fibre de bois la batterie en papier est un élément clé du puzzle dans les efforts visant à produire des emballages intelligents qui nécessitent de petites sources d’énergie durables. Stocker de l’énergie dans le papier plutôt que dans des batteries au lithium, par exemple, permet d’utiliser des batteries biosourcées faisant partie d’un système circulaire, ce qui présente des avantages majeurs en termes de durabilité », explique Magnus Wikström, directeur technique chez BillerudKorsnäs.

 

COMMENT CA MARCHE ?

  • une couche extrêmement fine de polypyrrole, de 50 nanomètres d’épaisseur, est appliqué individuellement sur chaque fibre de cellulose.

  • la cellulose est réalisée à partir d’une algue verte et est très poreuse. Deux couches composent les deux électrodes, plaquées sur du papier imbibée de chlorure de sodium, jouant le rôle de l’électrolyte.

  • La charge électrique obtenue est de 600 milli-ampères (mA) par centimètre carré ce qui les rends commercialement intéressantes pour des vêtements et des emballages mais aussi en très grand format pour des batterie de très grandes tailles qui pourraient à faible coût fournir une puissance électrique importante.