Presstalis : un dépôt de bilan et des urgences qui se précisent

Nouvelle étape dans le dossier Presstalis : la société a été déclarée en cessation de paiement ce lundi 20 avril. Une audience d’ouverture relative au jugement de la procédure collective devrait se tenir ce vendredi 24 mai, sauf à ce qu’un possible report la décale courant mai. Ce sont plus de 900 salariés qui sont concernés, dans ce qui s’annonce être une restructuration douloureuse… Si la procédure est « sans conséquence immédiate » sur ses activités, toujours assurées selon son PDG Cédric Dugardin (comprendre : aucune interruption de l’acheminement des journaux et magazines vers les points de vente n’est à craindre, à ce stade), l’urgence de convenir d’un plan de continuité ébranle toute la filière. Deux plans s’affrontent en effet :

– Un plan porté par Presstalis et les journaux quotidiens (réunis au sein d’une Coopérative de la Distribution des Quotidiens), pour constituer une structure de distribution unique basée sur la mutualisation des flux, notamment financiers.

– Un plan porté par les Messageries Lyonnaises de Presse (constituant avec avec les éditeurs de Presse magazine une Coopérative de Distribution des Magazines), scindant les activités liées d’une part à la distribution des quotidiens, et d’autres part la distribution des magazines. Il s’agirait plus concrètement ici de rompre les liens capitalistiques entre journaux et magazines.

Ces deux plans, rejetés l’un et l’autre par la SGLCE CGT, font toujours l’objet de tractations tendues, à mesure que l’urgence se précise. Ainsi le dépôt de bilan de Presstalis est-il vu par Cédric Dugardin comme « un accélérateur de négociations », alors que les pertes qui lui sont liées sont évaluées à 120 millions d’euros. Un plan de financement défendu par Hélène Bourbouloux, conciliatrice, s’appuie sur la possibilité d’engager les pouvoir publics pour couvrir 83 % desdites pertes (soit 100 millions d’euros sur 120) sous la forme de subventions et de prêts à 6 ans, contre la promesse des éditeurs de soutenir massivement le schéma industriel qui sera finalement retenu… Un pari osé, dans la mesure où le schéma en question n’est donc pas encore arrêté. Sans prendre explicitement parti, Hélène Bourbouloux précise toutefois que « l’existence d’un opérateur unique aurait tout son sens », à condition d’étaler son évolution dans le temps, le rapprochement quotidiens/magazines pouvant être construit « à un horizon plus lointain » du plan global de continuation et de restructuration.

MISE A JOUR [24/04/20] : Comme nous vous le laissions entendre ci-dessus, Presstalis a obtenu un report de l’audience d’ouverture de la procédure collective au 12 mai prochain. Ce temps supplémentaire devrait être mis à profit pour convenir d’une solution commune de sortie de crise alors que par ailleurs, La Correspondance de la Presse confirme que le versement aux quelques 18 000 diffuseurs spécialistes de leur commission complémentaire, de 16,2 millions d’euros, sera bel et bien assuré. Ces versements seraient adressés par Presstalis les 29 et 30 avril prochains.

Covid-19 : la boucle de recyclage mise à mal ?

Nous avons déjà largement évoqué les effets de la crise sanitaire sur les ventes de journaux, en baisse très sensible à mesure que le confinement se prolonge. A ces ventes en berne, il faut ajouter en pareilles circonstances d’inévitables failles dans la collecte sélective des déchets et donc, des difficultés à maintenir la boucle de recyclage du papier…

La crise du Covid-19 n’épargne personne, l’Express appelant notamment au travers d’une communication prenant les traits d’une bande dessinée à soutenir le secteur de la Presse, en insistant notamment sur la nécessité d’alimenter la chaîne du recyclage… Un message cependant difficilement audible si, dans le même temps, ce sont les structures mêmes de la collecte et du tri des déchets qui font défaut. Or, si la collecte des déchets des ménages est globalement assurée, le tri sélectif n’est quant à lui hélas plus systématique, au gré d’une part des décisions au cas par cas des collectivités territoriales, toutes n’étant pas en capacité d’assurer la sécurité sanitaire des équipes travaillant sur les lignes de triage. Et au gré, d’autres part, des débouchés possibles, puisque tous les centres de tri du territoire ne sont pas en capacité actuellement de fonctionner. Dans une note mise à jour chaque semaine, Citeo dresse ainsi un état des lieux qui évalue à ce jour à « 67 % la capacité des centres de tri en France ». Cette estimation globale n’est toutefois pas sans souligner des disparités géographiques plus ou moins nettes : la situation en Île-de-France est notamment jugée plus sévère, avec un taux de fermeture des centres de tri très au-dessus de la moyenne nationale.

Par ailleurs, la baisse d’activité chez les imprimeurs a logiquement vu s’amoindrir le volume de matière destinée – via les chutes de production – à alimenter le circuit de récupération professionnel. La situation actuelle, qui fait peser un risque de pénurie de PCR (papiers cartons récupérés) en France s’avère d’autant plus exceptionnelle qu’elle a marqué un renversement profond : il y a en effet encore quelques semaines, les centres de tri – privés de débouchés à l’export suite à la décision de la Chine de ne plus accepter de PCR en provenance d’Europe – débordaient, occasionnant un inquiétant sur-stockage. Federec s’était notamment chargé d’adresser, dès juillet 2019, un courrier à Cédric Bourillet, directeur général de la Prévention des risques au Ministère de la Transition écologique et solidaire. L’objectif : obtenir des autorisations de dépassement temporaire des seuils autorisés dans les centres de tri, la faute à un marché saturé.
Aujourd’hui, il faut au contraire veiller à l’alimentation suffisante de la « chaîne du recyclage », laquelle permet notamment de participer à la la fabrication de biens essentiels tels que les emballages ou les produits d’hygiène. Étonnant revirement (le marché asiatique aurait-il rouvert ses portes ?) dont il faut espérer qu’il léguera à terme des équilibres plus stables…

Soutien exceptionnel aux Industries Graphiques : LOURMEL fait le choix de la solidarité

Face à une situation exceptionnelle, le Groupe Lourmel affiche un soutien exceptionnel et mobilise 7 millions d’euros pour soutenir les salariés et les entreprises de la branche.
Les industries graphiques, durement impactées par l’effondrement des commandes, ont eu recours massivement au dispositif d’activité partielle. Le télétravail n’étant adapté qu’aux fonctions supports, nombre de salariés de la branche se retrouvent placés en suspension de contrat de travail, percevant un revenu de remplacement.
Or, cette indemnisation n’étant pas assujettie aux cotisations sociales, elle n’entraîne de fait aucune obligation de garantir la couverture conventionnelle des salariés en cette période pourtant délicate.
Une contradiction face à laquelle notre outil de prévoyance responsable pour les entreprises du secteur et leurs collaborateurs a décidé de réagir.
Le Groupe Lourmel a opté, avec l’UNIIC qui en assure la présidence et les administrateurs salariés, pour la solidarité et le retournement : préparer « le jour d’après » en maintenant les droits des salariés sans que les cotisations sociales soient pour autant prélevées.
Gageons que les entreprises relevant de notre champ d’activité sauront, lorsque la reprise sera au rendez-vous, se souvenir, comme le rappelle l’UNIIC dès que l’occasion lui en est donnée, que nous devons prioriser l’approche solidaire plutôt que solitaire…
Agir ensemble pour mieux vous protéger, pour mieux nous protéger !

Municipales 2020 : Réponses techniques à vos questions et mise en œuvre opérationnelle de la dérogation

Rappel du contexte : Nous avons informé l’ensemble de la profession des avancées en matière de grammage papier accepté pour les élections municipales des 15 et 22 mars prochains. La dérogation permettant d’accepter des grammages allant jusqu’à 80 grammes était attendue par tous les imprimeurs confrontés à une pénurie sur le 70 grammes.

Cette décision est le fruit d’un dialogue constructif entre l’UNIIC et le Ministère de l’intérieur dont nous tenons à saluer le la prise en compte des réalités du terrain. Plusieurs scenarii avaient été envisagés avant cette annonce, notamment un grammage moindre que celui fixé dans le décret (70 grammes), notamment pour ne pas obérer les coûts d’acheminement remboursés.

Tant les problèmes liés à la machinabilité, liés aux  grammages plus faibles que les éventuelles questions d’imprimabilité recto/verso, ont permis d’éclairer les pouvoirs publics sur les contraintes qui pesaient sur les imprimeurs.

Mise en œuvre opérationnelle

En conséquence, comme c’était le cas pour les bulletins de vote depuis le 27 décembre dernier, la tolérance admise permet d’accepter un grammage maximum de 80 grammes.

Traduction juridique

Un décret modificatif vient d’être transmis en urgence au Conseil d’Etat.

Un arrêté modificatif de l’article 3 de l’arrêté du 20 janvier 2020 fixant les tarifs maximas de remboursement vient d’être rédigé par les services du Ministère, les tarifs restant cependant identiques.

En tant qu’interlocuteur privilégié de l’Etat, nous souhaitons également vous informer des points suivants :

  • Nous avons enregistré depuis le lundi 2 mars, au-delà des félicitations pour le travail réalisé, 97 demandes de précisions provenant d’imprimeurs, de mandataires de candidats, de candidats eux-mêmes, de papetiers etc.
  • Ces demandes nous ont conduits, avec le ministère de l’intérieur, à intervenir dans plusieurs cas de non-validation des circulaires, alors que la note du bureau des élections étaient parvenue aux préfectures.
  • Le bureau des élections, par le biais de l’UNIIC, est à la disposition de celles et ceux qui se trouveraient confrontés à des problèmes d’interprétation conduisant à une non-validation éventuelle par les commissions de propagande.

Edition, impression, diffusion : topographie de l’IGN

L’institut national de l’information géographique et forestière basé aux portes de Paris, à Saint Mandé, nous a ouvert son atelier. Cette visite a eu lieu dans le cadre d’une formation pratique Imprim’vert, label dont l’IGN est titulaire. Cet établissement public est placé sous la double tutelle du Ministère de la transition écologique et solidaire et du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Il a ” pour vocation de décrire la surface du territoire national et l’occupation de son sol, d’élaborer et de mettre à jour l’inventaire permanent des ressources forestières nationales “. Et cette mission se traduit par beaucoup, beaucoup de cartes… à destination des particuliers, des professionnels privés et des institutions ou collectivités publiques.

Les coulisses de l’atelier

L’atelier qui nous ouvre ses portes nous donne à voir un équipement “haut de gamme ” : des traceurs pour l’épreuvage et occasionnellement les campagnes de communication, un CTP chimie douce tout neuf, une ligne pour la plastification et une presse KBA 5 couleurs grand format toute neuve elle aussi et équipée d’un système de mesure et de régulation en ligne des encrages.

La gestion des couleurs est une donnée essentielle pour la précision des cartes topographiques et des cartes routières vendues sous la marque IGN (90% de la production). Si le PSO garantit la reproduction parfaite du vert de la forêt, nous indique notre guide, Amélie Crépin, ingénieur chaîne graphique à l’IGN, la couleur est déterminée lors de la conception du produit mais n’est pas chartée officiellement. Là où l’on pourrait penser que les codes visuels sont normés comme c’est le cas pour les drapeaux ou encore pour une marque, il n’en est rien. Rien n’empêche donc ” officiellement ” de représenter la forêt en bleu et l’océan en vert si ce n’est l’esprit du concepteur qui a le bon goût de ne pas vouloir “nous perdre”. Et même dans le cas d’une stricte reproduction des couleurs, certaines applications spécifiques peuvent faire resurgir des problématiques qui prêtent à conséquence, comme lorsque les couleurs des cartes aéronautiques s’affadissent sous la lumière UV des postes de pilotage. Pourquoi ? L’impression n’était pas en cause ; la réponse se trouvait dans le changement de papier.  Sur une carte, toute (ou presque toute) l’information est couleur et c’est pour garantir la précision de cette information que l’atelier d’impression a opté pour une cinq couleurs.

La cinquième couleur est un Pantone orange qui figure les dénivelés : une information qui doit être d’une précision redoutable, laquelle n’aurait pas pu être obtenue en quadri. Une fois imprimée, la production est envoyée à Villefranche-sur-Cher pour la finition ou plutôt les finiitons : la découpe, le pliage, le thermoformage et le brochage (l’IGN édite un magazine) qui est lui sous-traité . Si le papier est de loin le support star à l’IGN, l’atelier imprime également des feuilles en plastique qui sont thermoformées pour donner vie à des cartes en relief.

La marque IGN

L’atelier d’impression de l’IGN et l’atelier de finition emploient une trentaine de salariés. Or l’institut compte 1400 salariés. Ils travaillent à la collecte et l’archivage des données, au développement de nouveaux outils de diffusion numérique, à la conception et l’édition des cartes, etc.

1400 salariés car l’IGN maîtrise l’ensemble de la chaîne : l’édition, la production et la diffusion de ses contenus, des contenus assimilés au livre puisque chaque édition de cartes comporte un numéro ISBN.

L’IGN existe depuis 1940, il a succédé au Service Géographique de l’Armée. Sous la tutelle de différents ministères depuis, il a connu un vrai bouleversement ces dernières années. La publicité des données (open data) instituée en 2011 a été une petite révolution à l’IGN, qui a ouvert son information ou plutôt certaines de ses informations à la gratuité. Un autre modèle économique est à trouver. Et d’ailleurs, Amélie Crépin nous le confirme, le volume d’impression est en baisse. La hausse de productivité n’explique pas seule pourquoi les deux presses utilisées précédemment ont été remplacées par une seule et unique presse. Est-ce une conséquence directe de l’open data qui n’est envisagée que par le prisme de la dématérialisation ? Pour partager il faut numériser. Au-delà de la dématérialisation des archives avec l’ouverture des données, c’est l’édition de ces données qui est de plus en plus dématérialisée, un phénomène bien connu des imprimeurs et qui est loin – très loin – d’épargner les institutions publiques qui, face à des exigences de rentabilité qui se rapprochent de plus en plus du privé, doivent trouver de nouveaux modèles économiques en développant l’édition papier et numérique, faisant ainsi de leurs ressources des produits commercialisables.