Papier peint ou plutôt imprimé

Tissé ou intissé, préencollé, gauffré, doré, panoramique, fleuri, géométrique, à la planche ou numérique, le papier peint a ses codes et son univers.

Tradition & Reproduction

Et la France a ses traditions en la matière. Pas le papier peint losange orange et marron de tante Jacqueline mais plutôt le décor panoramique. Ces scènes immenses familières ou exotiques habillent encore les murs du monde entier. Des lés produits dans les règles de l’art à la Manufacture Zuber dans le Haut-Rhin. Dans les règles de l’art ? Oui une impression à la planche dans la pure tradition du XIXème siècle. Les papiers fabriqués comme autrefois sont imprimés à la main avec des encres fabriquées en interne selon la recette traditionnelle avec des planches en poirier gravées il y a 200 ans. Pour 24 exemplaires d’un décor en 32 lés il faudra un an. La technique est traditionnelle et les codes visuels également. Dans la grande tradition française du panoramique, ces décors représentent une vision assez peu réaliste du monde, plutôt idyllique et ils séduisent Madonna, la Maison Blanche, l’hôtel Impérial à New Dehli ou le George V à Paris.

Présentation de la Manufacture Zuber dans le Haut-Rhin, seule entreprise au monde à produire des décors panoramiques imprimés à la planche.

Les institutions qui n’ont pas les moyens de la Maison Blanche ou des stars de la pop peuvent s’offrir une reproduction d’InCreation. “Vous avez un papier peint ancien endommagé ? S’il est libre de droit, nous numérisons motifs et couleurs sur place ou à partir d’un échantillon, nous reconstituons le motif du papier original, et nous imprimons pour vous la surface nécessaire.” Et ces reproductions s’exposent jusqu’au Chili…

Création & Edition

Increation crée également ses propres papiers. Et d’ailleurs lorsqu’on se rend sur le site on lit : “créateur, éditeur et imprimeur de papier peint” et ce ne sont pas les seuls comme beaucoup d’entreprises dans ce domaine, la société n’hésite pas à enfiler le chapeau du créatif pour s’assurer de la valeur. En effet, avec le renouveau du papier peint, deux marchés évoluent en parallèle : une production de masse qui produit les rouleaux disponibles dans les grandes surfaces de bricolage et de décoration, imprimés en hélio et assez peu imprimé en France. Et de l’autre côté les petites séries qui permettent aux décorateurs et aux designers de devenir les éditeurs de leur propre collections. Comme le font Increation, Conceptuwall ou Neodko et bien d’autres.

Pourvu qu’ils soient traités, les papiers peints s’invitent même en extérieur ou dans des pièces humides. La société italienne Wall&Deco s’en est d’ailleurs fait une spécialité…

Plus généralement, en décoration on assiste à une connexion réussie entre technique et créativité. Les créatifs conçoivent leurs projets en s’appuyant sur les possibilités techniques qu’offre l’imprimé et de leur côté les professionnels s’appuient sur le savoir-faire des créatifs pour développer de nouvelles offres.

Et pour plonger dans ces belles perspectives d’avenir comme dans la tradition il est un Musée exceptionnel qu’il ne faut pas manquer d’aller visiter. Il trône en face de la manufacture Zuber à Rixheim: le musée du papier peint. Le musée conserve 150 000 papiers peints et 500 à 1000 nouveaux chaque année. Et jusqu’à la fin 2018 le musée présente les papiers peints du futur enrichis et/ou technologiques, ils questionnent l’adéquation entre usage et fonction.

Une tradition qui renaît, à suivre donc…

Huiles minérales ou pas

Utilisez-vous des huiles minérales ? Telle est la question.

Les huiles minérales posent problème pour le recyclage du papier. Dérivées des hydrocarbures, ces substances contenues dans les encres des impressions Coldset et Heatset contaminent les autres supports et les contenants et sont donc des perturbateurs de recyclage. L’UNIIC a pris le sujet à bras le corps et joué son rôle (depuis 2015 maintenant) auprès de CITEO, mais aussi des metteurs sur le marché comme des fournisseurs d’encres et de colles au sein d’un groupe de travail pour anticiper une réglementation sanitaire à ce sujet.

Dans ce cadre, les emballages et papiers graphiques ont fait l’objet d’expérimentations et pour qu’une traçabilité correcte puisse être effectuée sans heurts pour les imprimeurs, l’UNIIC a obtenu que ce soit les fournisseurs de consommables qui accompagnent la livraison de leurs encres et colles d’une attestation stipulant l’absence d’huiles minérales dans leurs produits. Ce document de suivi existe. Réclamez le auprès de vos fournisseurs. Une attestation que vous transmettrez ensuite à vos clients puisque l’éco-conception engage la responsabilité du metteur sur le marché. Pas de panique, sachez qu’il existe des alternatives avec les huiles végétales notamment et des tests grandeur nature et multi-produits, chez Léonce DEPREZ, ont permis de vérifier que ce changement n’avait pas d’impact sur le flux de production ou sur le rendu final de la production.

Très bien mais qu’en est-il concrètement pour votre entreprise ?

La première chose est de savoir si vous êtes concerné ou non. Pour ça l’UNIIC et CITEO vous proposent un arbre d’auto-diagnostic très simple.

Je fais mon auto-diagnostic (l’arbre d’auto-diagnostic et suivi d’une Foire Aux Questions)

Et si vous avez encore quelques questions Matthieu Prévost, responsable environnement vous répondra avec plaisir. Contactez Matthieu Prévost.

Topp imprimerie affirme ses choix

Cette semaine imprimeur à l’honneur vous emmène à la rencontre de TOPP Imprimerie, une TPE qui affirme haut et fort ses choix…

Le choix d’un métier

Quelques années après avoir obtenu son brevet de conducteur à l’école Estienne, René Anelot se lance et devient imprimeur. Il crée son activité en 1974 à Gallardon, une ville de 3500 âmes située à quelques encablures de Paris. Il commence en tant qu’artisan (dans le sous-sol familial: 150 m² tout de même).

Au départ, Topp Imprimerie occupait le sous-sol de la maison familiale

Puis, la SARL voit le jour en 1980. L’entreprise continue d’évoluer et déménage en 1989 pour prendre place dans 700 m2 d’atelier. Éric, le fils de René grandit dans l’imprimerie. Il descend le week-end jouer dans les bennes de papier. Quand vient le temps des choix il est attiré par les fonctions commerciales mais reste attaché aux valeurs du métier familial. Il arrive dans l’entreprise en 1997 d’abord en alternance. Puis, il intègre la fabrication en 2003. Et, suite au départ à la retraite de son père René, il reprend les rênes de l’entreprise en 2006. « Quand je serai grand, je serai imprimeur », une devise qu’on partage de père en fils.

Le choix de produire propre

En 2004, TOPP Imprimerie est labellisé Imprim’vert. Comme beaucoup d’entreprises me direz-vous ? Oui mais à ceci près que le respect de l’environnement régit et impacte les investissements de l’entreprise. La démarche de labellisation a joué les révélateurs d’une conviction plus profonde qui a conduit à la réorganisation de l’entreprise. TOPP Imprimerie n’a pas de photogravure, pas de développement et n’investit dans un CTP que lorsque le respect de l’environnement est assuré, notamment concernant l’utilisation des solvants. La réflexion sur les produits utilisés pour le développement des plaques est accompagnée d’une réflexion sur l’UV ou l’utilisation d’encres biodégradables. Une démarche qui a permis à Eric de prendre du recul. À partir de la chimie du CTP, ont été pris en compte la gestion des déchets puis la prévention des risques vers une approche globalisante du poste du travail et une vraie démarche santé et sécurité aboutie. Un cheminement et une capacité à assumer des choix tranchés qui ne sont pas si fréquents et d’autant moins à l’échelle des TPE.

Le choix de la créativité

Topp imprimerie a fait le choix depuis des années de la créativité autant dans ses investissements avec des formats hybrides par exemple mais surtout avec le conseil. Tout a commencé dans les années 90 avec l’arrivée du premier Mac. L’entreprise a tourné ses efforts vers le pré-presse. Il a fallu recruter et faire évoluer les compétences de l’entreprise. La démarche a été complexe : l’entreprise n’était pas du tout informatisée pour les devis, la marche était d’autant plus haute. Un imprimeur de l’époque n’est pas un imprimeur de maintenant. Tout a bougé très vite alors que les entreprises et les personnels n’étaient pas prêts. Mais loin de se laisser emporter par cette révolution, Topp a fait le choix de l’expertise en développant un studio graphique. L’entreprise ne se laisse pas enfermer et réussit par ce biais à devenir maître d’œuvre. Centrée sur son expertise des technologies et des matières, elle développe des briques complémentaires : la conception graphique et un service logistique qui fait sa force. Une deuxième structure qui permet de marketer une deuxième offre et de toucher d’autres clients.

Le choix du territoire

Dans la droite ligne de cette démarche qui a fait naître deux entités se pose bien évidemment la question du web. Et au lieu de se lancer à corps perdu dans une démarche web qui aurait été mal pensée, l’entreprise s’en est raisonnablement tenue à mettre en place un site-vitrine. Opter pour le web-to-print sans réfléchir à la place que ça allait prendre aurait été se lancer dans la course au moins disant, où le consommateur a la charge globale et où le print est un print sans garantie : une vision à l’antithèse de l’idée du maître d’œuvre. Quand le prix et les délais sont les seuls critères de jugement, alors le clientélisme fait rage. Et, suite aux questionnements récents sur la sécurité des données, le clientélisme qui régit le low-cost en la matière commence à faire peur. Va-t-on vers une relocalisation de la production ? En tout les cas Eric Anelot l’appelle de ses vœux : « il faut recréer ce lien de territoire. »

Le choix de la collaboration

Et c’est bien dans cet esprit de lien de territoire qu’est né le pôle de production graphique : ADDIGRAPHIC. Cinq entreprises sont associées dans cette SAS. Ces cinq entreprises travaillent ensemble, se confortent, se renforcent pour répondre à des appels d’offre et se développer au-delà des limites de la région. Créé en 2008, le pôle est né au cœur de l’UNIIC Centre. Topp imprimerie est membre de l’UNIIC depuis bien longtemps mais plus que cela : René a intégré les instances de l’UNIIC à la création de son entreprise. Il avait un objectif simple : échanger avec ses confrères. René Anelot s’est engagé régionalement et nationalement avec une constance sans faille. Éric, son fils a suivi et a intégré l’UNIIC Centre : « l’émulation est intéressante. Il est essentiel de collaborer pour comprendre un métier dans son ensemble. » Éric a repris la suite de son père et siège au Conseil de perfectionnement du CFA de Tours. Instances de l’UNIIC, Conseil des CFA, administration des AGEFOS, tous ces mandats prennent du temps quand on sait que 90 % des entreprises sont des TPE mais pourtant il est important de trouver des actifs impliqués. Un défi assumé par l’UNIIC avec le renouvellement de son Bureau exécutif qui a vu arriver de nouvelles têtes, de nouveaux actifs et bien sûr de nouvelles énergies…

Le livre d’art en débat

La Chambre Syndicale Nationale de la Reliure Brochure Dorure (CSNRBD) organisait un petit-déjeuner thématique autour du livre d’art, éternel objet de fascination, qui implique à la fois des missions de diffusion de la création et de préservation/transmission des savoir-faire… 

Créé en 1640, l’Atelier du Livre d’Art de l’Imprimerie Nationale est un joyau à protéger. Lieu de conservation de collections précieuses, il abrite également des savoir-faire éminemment rares, voire plus encore… “Nous sommes le dernier atelier au monde à avoir des graveurs de poinçons. Nous avons également une fonderie, à la fois manuelle et mécanique, des taille-douciers etc.” énumère Pascal Fulacher, son Directeur.

Dotée d’un patrimoine typographique unique au monde (citons, pour l’écriture latine, Garamond de Claude Garamont ou Romain du roi de Philippe Grandjean), l’Imprimerie Nationale (portée depuis 2018 par la marque IN Groupe) est consciente de l’enjeu qui consiste à assurer la continuité de savoir-faire d’exception… “A travers nos dispositifs Maîtres d’Art, nous formons des apprentis et accueillons des stagiaires. Nous encourageons bien sûr également nos artisans à transmettre leur savoir-faire, mais il ne s’agit toujours que d’initiation, une vraie formation dure souvent au moins trois ans” développe Pascal Fulacher, qui reconnaît aussi aujourd’hui des difficultés à sortir d’une forme pernicieuse d’entre soi… “Le secteur du livre de création est très fragile, exposé à des vrais problèmes économiques. Il existait auparavant des librairies spécialisées, mais aujourd’hui on ne trouve plus guère que des salons professionnels pour rayonner”. Un constat qui traduit un manque de visibilité en forme de cloisonnement, contre lequel chacun essaie de lutter. “Qui connaît le salon PAGES aujourd’hui en France, hormis les initiés ?” s’inquiète notamment Pierre Zanzucchi, avant de souligner que “puisque cette vitrine existe, il suffirait de la faire connaître”. Un équilibre peut-être plus complexe à trouver qu’il n’y paraît, déplore Marie Mercier (Sénatrice de Saône-et-Loire) : “Il s’agit de faire connaître et diffuser des choses d’exception”, interrogeant en creux le caractère potentiellement élitiste d’ouvrages tirés, selon Pascal Fulacher, “entre 40 et 60 exemplaires en moyenne pour le livre d’art, avec des prix oscillant entre 600 et 1200 euros”.

Y compris sur les marchés plus accessibles de la reliure main et de la dorure, les débouchés s’amenuisent – hélas ! – à mesure que les budgets des collectivités, eux-même de plus en plus contraints, se concentrent sur les infrastructures dites “prioritaires”, au détriment de la politique culturelle de proximité. Une situation qui n’a toutefois rien d’une fatalité, selon Georges Sanerot (Président du comité de pilotage pour le Grenelle du Livre) : “Il faut aller au devant des nouveaux publics pour valoriser des métiers qui manquent de visibilité. C’est une mission qui demande à la fois de la coopération, parce qu’on ne peut pas faire ça tout seul, et une capacité à s’emparer des outils numériques pour communiquer jusque sur les réseaux sociaux”. Une remarque d’autant plus judicieuse qu’au dire des professionnels de la reliure-brochure-dorure présents, l’attractivité et la beauté des gestes artisanaux qui font ces métiers, captivent les publics (y compris les plus jeunes) qui visitent leurs ateliers. A nous de leur montrer le chemin…

Presse numérique – en voiture ?

« On a tenté d’imaginer la voiture du futur : électrique, connectée et autonome » expliquait Sophie Dumas (Directrice des Projets transverses auprès de la Présidence du Groupe Renault) durant la dernière édition de Presse au Futur, avant d’en venir au fait : « 74 % des Français vont travailler en voiture et les temps de trajet urbains ont tendance à augmenter du fait des embouteillages. C’est un temps qu’il va falloir meubler ». Meubler comment ? Avec une offre Presse digitalisée, à la fois audio et écran, pour des contenus hyper personnalisés déployés pendant que l’automobiliste ne sera plus tenu de conduire. Engagé maintenant depuis plus d’un an avec le Groupe Challenges pour décliner un service Presse vendue telle « une option » avec ses futures voitures, Renault pourrait ainsi offrir demain un levier de fidélisation inattendu, via des abonnements numériques d’un genre nouveau… Quoique « demain » ne soit plus très loin : les premières voitures autonomes sur le marché sont attendues pour 2019. De là à penser que toutes proposeront des bouquets Presse divers et variés pour « meubler » (aussi glaçant soit le terme employé) le temps de voyages, il n’y a qu’un pas que certains ont déjà franchi, avant probablement que d’autres ne le leur emboîtent…

Nous ne saurions pour notre part que trop vous conseiller d’avoir de temps en temps sur vous quelques journaux ou magazines papier, il vous sera toujours possible de les lire dans les transports, ou même partout ailleurs, sans nécessairement en passer par les suggestions d’une IA plus ou moins bien renseignée sur vous…

Presse au Futur – La distribution en question

Au vu d’une année 2018 qui le justifiait certainement comme jamais, le salon « Presse au Futur » a réservé une large part de ses débats et réflexions à la thématique sensible de la diffusion/distribution… Compte-rendu complet à retrouver dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques.

Avec une diffusion France payée de 3,1 milliards d’exemplaires écoulés entre juillet 2017 et juin 2018, Jean-Paul Dietsch (Directeur de l’ACPM/OJD) évoque « des chiffres de diffusion Presse encore en baisse » (3,2 milliards en 2016/2017, ndlr) quoique ladite baisse décélère significativement, dans le sillage d’une offre numérique qui, de son côté, convainc et progresse…

Moderniser les kiosques & points de diffusion

Si Jean-Paul Dietsch ne manque pas de rappeler que « la Presse est toujours majoritairement vendue sur papier et au numéro », les équilibres sont en train de changer et les réticences à payer pour une presse non-imprimée cèdent petit à petit. Pour autant, il serait évidemment précipité – et probablement suicidaire – de ne plus porter ses efforts d’innovation que sur les écrans. « On ne peut plus se permettre de perdre 750 à 1000 points de vente chaque année » déplore ainsi Serge Hayek (Directeur des Relations Extérieures du groupe Prisma Média), affirmant que « c’est parce que le réseau se désagrège que les ventes baissent ». Selon Jean-Paul Abonnenc (Médiakisok), les premiers retours d’une opération de modernisation des kiosques montrent en effet des résultats éminemment concluants : « Avec 105 kiosques déjà modernisés à Paris à fin novembre 2018, sur un objectif de 356 à fin octobre 2019, nous constatons déjà des effets sur les ventes très positifs. En moyenne, les titres de Presse s’y vendent entre 9 et 14 % mieux qu’ailleurs, selon qu’on parle respectivement de Presse quotidienne ou de Presse magazine ». Le même souci d’optimisation est avancé par Arnaud Eyrolles, Président de la société NAP et dont l’enseigne bien connue – la Maison de la Presse – demeure le premier réseau en termes de volume de ventes (11 % du chiffre d’affaires global). « Le diffuseur de Presse doit devenir, ou redevenir, un marchand. Il faut le remettre au contact du client » assure-t-il, évoquant à son tour une vaste initiative de modernisation de l’enseigne : codes couleurs revus, agencement des titres repensé, façade plus digitalisée etc. Là encore, les premiers résultats sont bluffants : « Les premiers magasins que nous avons modernisés ont vu une nette recrudescence du trafic ainsi qu’une forte hausse du panier moyen » s’enthousiasme-t-il.

360 nouveaux kiosques vont apparaître dans Paris d’ici à 2019.

Un marché d’offre en recherche d’équilibre…

« Il est important de préserver un réseau d’hyper-spécialistes de la Presse et à ce titre, attention au choc de l’offre ! Si le nombre de titres se réduit de façon trop soudaine, c’est notre attractivité qui est touchée » fait-il également entendre, sans pour autant entrer frontalement en dissonance avec une requête récurrente de rationalisation de l’offre dans des espaces parfois bien plus exigus et/ou moins fréquentés, nécessitant en effet des assortiments adaptés aux capacités de chaque diffuseur. « Il faut apporter aux points de vente le meilleur assortiment possible, le meilleur palmarès possible, en fonction du chiffre d’affaires maximal estimé, selon les réalités locales » appuie José Ferreira (Président des Messageries Lyonnaise de Presse), assurant toutefois que « la multiplicité des titres ne rend pas ingérable leur diffusion ». Or, si tout le monde s’entendra sur cette idée de pluralisme plus ou moins synthétique, au cas par cas, selon la place disponible et la réalité des ventes – quel intérêt en effet pour l’éditeur d’alimenter des kiosques où il ne vendra rien, ou si peu ? –, l’exact point d’équilibre reste aujourd’hui à déterminer.

La Presse numérique passe la vitesse supérieure ?

De fait, les « changements » tardent et les problèmes demeurent, au grand regret de Michèle Benbunan, intronisée Présidente de Presstalis quasiment à la veille des révélations que l’on sait sur ses difficultés financières. « Nous n’avons plus le temps de gâcher du temps » fait-elle alors entendre, elle qui porte un plan de relance censé voir la société de distribution hyper majoritaire (pour rappel, Presstalis gère 75 % de la distribution en France) repasser dans le vert en 2019, après un exercice déficitaire cette année encore évalué autour de 9 millions d’euros. Car à trop attendre, les opportunités s’envolent et les pratiques, elles, changent vite… « Nous finirons l’année avec plus de 18 000 abonnés numériques exclusifs » s’enorgueillit notamment Louis Dreyfus (Président du Directoire – Groupe Le Monde), évoquant des abonnements de plus de dix euros et 25 % du chiffre d’affaires « seulement » encore attaché aux rentrées publicitaires. « C’est aujourd’hui une réalité : il y a beaucoup plus de monde prêt à payer pour des contenus numériques » insiste-t-il, ajoutant avoir « stoppé la possibilité d’acheter les articles à l’unité » pour privilégier « la découverte d’une expérience complète ». Pas encore de quoi imaginer basculer « Le Monde » en titre 100 % numérique, loin s’en faut, mais les preuves tangibles d’une rentabilité digitale qui affleure et fait bouger les lignes…

Santé & Sécurité l’UNIIC vous accompagne

Deux Conventions Nationales d’Objectif vous permettent de bénéficier d’aides substantielles pour réaliser vos projets en matière de Santé & Sécurité au travail.

Luttez contre les Troubles Musculo Squelettiques (TMS)

Cette aide s’adresse exclusivement aux petites et moyennes entreprises de 1 à 49 salariés en France. Elle vous permet d’acheter du matériel et/ou des équipements pour réduire les contraintes physiques en particulier lors de manutentions manuelles de charges, d’efforts répétitifs ou de postures contraignantes, mais également la réalisation de formations adaptées pour les salariés concernés.

Plafonnée à 25000 €, TMS Pros Action finance à hauteur de 50 % cet investissement hors taxes (HT) pour un minimum de 2000 € HT.

  • Etape 1 : réservation sur devis.
  • Etape 2 : Confirmation sur bon de commande.
  • Etape 3 : Versement de l’aide sur présentation de la facture.

Imprimerie de labeur: tout est dans le nom. Les manutentions manuelles sont légions dans nos entreprises alors lancez-vous, équipez-vous, l’UNIIC vous aide.

L’UNIIC vous accompagne

Ce soutien est issu d’une Convention Nationale d’Objectif transverse conclue par l’UNIIC (seule organisation représentant le labeur reconnue par la CNAM). Elle concerne le labeur mais également les autres techniques d’impression.

Mais cette Convention va plus loin puisqu’elle permet à l’ensemble de nos TPE et PME de bénéficier d’aides substantielles relatives à leurs projets en matière de santé et de sécurité au travail y compris des investissements matériel qui améliorent l’environnement de travail (machine plus silencieuse par exemple). Les formations aux premiers secours sont gratuites pour les entreprises cotisant aux AGEFOS PME CGM.

Enfin, l’UNIIC vous propose ses solutions de diagnostic et d’accompagnements pour vous aider dans le montage de vos projets.

Que demandez de plus ? Alors allez-y foncez !

Pour tout renseignement, contactez chantal.richardeau@uniic.org, Responsable Santé & Sécurité

En images – Colloque “Le papier dans la cité”

Avant une synthèse plus détaillée à paraître très prochainement dans les colonnes d’Acteurs de la Filière Graphique, retour en images sur un colloque Culture Papier qui oscillait entre thématiques éco-responsables et réflexions liées au corps, au cerveau et à la déconnexion…

PHOTOS : © David Marmier

Orphelin de son Président Alain Kouck, brutalement décédé le 9 juillet dernier à l’âge de 72 ans, Culture Papier s’est appliqué à organiser un colloque qui lui ressemble, Pierre Barki (Vice-Président) s’appuyant sur une feuille de route et des inspirations qui lui sont directement et ouvertement empruntées… “Alain Kouck disait qu’il est inutile d’essayer de faire aimer le papier à des gens qui l’apprécient déjà pour mille usages de la vie quotidienne” rappelait-il en effet, évidemment à raison. D’où des échanges qui se sont attachés à analyser lesdits usages, jusqu’à les inscrire dans des réflexions à la fois critiques et prospectives.

 

Alors que 71 % des Français disent être attachés au papier (source : “Les Français et le papier » – 5ème vague d’un Observatoire porté par Mediapost), “55 % d’entre eux voient le papier et le numérique comme des supports complémentaires, contre 75 % en 2016” souligne Eric Trousset (Directeur général de Mediapost Publicité), ajoutant que “44 % pensent désormais que le numérique remplacera le papier, contre 24 % en 2016”. Un basculement qui serait davantage ressenti comme une triste fatalité que comme un souhait, mais dont il faut prendre acte pour réagir…

 

Une table ronde dédiée s’est chargée de faire le point sur les vertus éco-responsables du papier, la filière n’ayant fait l’impasse sur rien : ni sur la volonté d’imposer les bonnes pratiques sur le site d’impression (Imprim’Vert), ni sur les certifications forestières (FSC, PEFC), ni sur le développement de papiers recyclés attachés à différents produits et procédés, ni sur une dimension RSE aujourd’hui de plus en plus prise en compte (Print’Ethic), ni sur le volet climatique avec la possibilité d’effectuer des bilans carbone très simplement (ClimateCalc) etc. Dit autrement, la filière a fait son examen de conscience et a agi en conséquence, de sorte qu’elle peut aujourd’hui se targuer d’être en capacité de mesurer et tracer ses impacts, continuant même de perfectionner et affiner les instruments qui le permettent.

 

Selon Didier Livio (Cabinet Deloitte), “La vision que les ONG ont de vos entreprises a largement évolué ces dernières années. Plus que la réciproque, d’ailleurs” souligne-t-il, persuadé qu’il y a effectivement des progrès conjoints à construire, en compagnie de ces dernières.

 

Sophie Primas, Sénatrice des Yvelines et Présidente de la Commission des Affaires Economiques du Sénat, rappelait combien “abandonner la forêt secondaire, c’est la faire dépérir”, exhortant la filière à lutter contre la confusion ambiante.

 

Hervé le Bouler (France Nature Environnement), en marge de propos plus critiques sur le prospectus, dont il souhaiterait une diffusion “mieux optimisée”, soulignait également “le caractère poli et bien élevé du papier” faisant ensuite explicitement référence à sa non-intrusivité, s’inquiétait de “la part d’humanité que l’on perdrait à s’en débarrasser” et s’agaçait des attaques visant à faire porter sur lui une déforestation engendrée par (et pour) de tout autres causes…

 

Précédée par Olivier Touzé (Directeur développement durable – Groupement des Mousquetaires), qui rappelait combien “On voit des changements s’opérer au bénéfice du papier, notamment pour le remplacement des sacs plastiques”, Perrine Lebrun (Directrice de la communication, McDonald’s France) enfonçait le clou : “Alors que nous avions déjà remplacé nos emballages en polystyrène par du carton, nous sommes également passé, depuis, à des wraps papier sur certains types de produits, pour assainir et réduire nos emballages. Il reste chez nous environ 10 % d’emballages plastique sur lesquels nous sommes en pleine réflexion.”

 

“Dans certaines banlieues aujourd’hui, on ne sait plus qui est Astérix” déplorait d’un ton grave Alexandre Jardin, écrivain (en fond). Arguant que “Le monde numérique est un flux” au sein duquel “l’animal sensible” que nous sommes ne saurait s’épanouir, c’est peu dire qu’il trouvera en Dominique Wolton (Directeur de recherche au CNRS) un allié de circonstance, ce dernier s’échinant à décomplexer un auditoire encore bien trop tendre à ses yeux. “On est en train de perdre une guerre idéologique, il faut de l’insolence” tranchait-il en effet, loin des discours polissés sur la complémentarité des supports.

 

Selon Jean-Luc Velay (Chercheur pour le Laboratoire de Neurosciences Cognitives, CNRS Marseille), “On ne lit pas qu’avec les yeux. Avec le papier, on extrait des informations de la main et il ne faut pas négliger ces informations paratextuelles” lesquelles permettraient “une meilleure compréhension des textes longs”, notamment parce que le livre papier permet de “mieux se situer dans la chronologie du récit”.

 

Évoquant l’un et l’autre notre responsabilité vis-à-vis des générations qui arrivent, Georges Sanerot (Président du comité de pilotage du Grenelle du Livre) alertait sur l’importance “de structurer une filière du Livre soudée, pour ne pas laisser la main aux acteurs de la désintermédiation”. De son côté, Géraldine Bannier (Députée de la Mayenne, présidente du groupe d’études ‘Livres, économie du livre, économie du papier’, Assemblée Nationale) s’interrogeait sur “les coûts économiques et écologiques liés à ce que l’on a appelé l’école numérique, au regard des résultats pédagogiques obtenus”, laissant évidemment entendre qu’ils ne sont, à ce jour, pas probants…

 

Olivier Le Guay, Délégué Général de Culture Papier, s’est réjoui de la profondeur et de la vigueur (parfois amusée) des débats.

 

Avec près de 200 participants sur l’ensemble de la journée, le colloque Culture Papier reste un rendez-vous annuel important qui choisit de cultiver la diversité des sujets et des intervenants. Gageons que l’édition 2019 sera tout aussi riche…

Créativ’Book – Le livre au futur ?

Alors que le chiffre d’affaires des biens culturels, tous segments confondus, atteignait encore 8,37 milliards d’euros pour l’année 2017 (+ 2,5 % versus 2016), témoignant ainsi d’une certaine stabilité, le poids global des contenus dits « dématérialisés » au sein dudit CA est passé de 3 % en 2007, à 33 % en 2017. Une progression menée à pas de géants qui traduit, selon Anne Filiot (Directrice Panel Livres – GfK) « des dynamiques internes hétérogènes et bouleversées ». Car les produits sont, par nature, différemment affectés : « Le streaming audio pèse à lui seul, sur la période considérée, pour 50 % de la hausse de la dématérialisation » précise-t-elle, ajoutant que le streaming de livres n’excédait pour sa part pas 1,6 % d’un CA toujours très nettement dominé par le print. Car le livre reste cette exception flagrante qui le voit, en France, ne céder qu’à la marge aux logiques de dématérialisation. Ainsi, 92 % du CA global du livre est toujours généré par son itération imprimée, l’ebook se heurtant à un plafond de verre même en Angleterre ou aux USA, des territoires pourtant a priori plus enclins à l’y voir triompher. De sorte que la question n’est plus tant celle d’une possible substitution des supports, que celle d’une diminution du temps de loisir réservé aux lectures longues, plus challengées que jamais par des distractions numériques de plus en plus fragmentées et mobiles. « Il y a un impact sur les usages, mais il est plus incrémental que concurrent » précise Anne Filiot, rappelant que « les plus gros lecteurs sur liseuses sont aussi les plus gros consommateurs de livres papier » dans un monde où le smartphone roi (80 % des foyers équipés à fin 2018) ne vient pas tant entraver des équilibres visiblement solides :

« À fin octobre 2018, le marché du livre a perdu 0,2 % en volume, mais gagné 0,1 % en valeur. Si la fin d’année demeure cruciale, avec 30 % des ventes historiquement concentrées pendant la période des fêtes, le livre est encore loin de décrocher » conclut Anne Filiot, non sans omettre de préciser que les progressions conjointes des Best Sellers & des livres à courts tirages, continuent d’étendre un marché qui fait le grand écart

Attention toutefois : il serait certainement précipité d’en conclure que le livre papier n’a plus à se soucier des phénomènes qui l’environnent, quelques très gros éditeurs n’hésitant pas à anticiper de possibles mutations, alors que les passages de témoin générationnels rendent chaque jour un peu plus plausible l’émergence d’usages nouveaux. D’où la prudence exprimée par Fabrice Bakhouche, Secrétaire Général, Responsable de la Stratégie et du Développement (Hachette Livre) : « Nous constatons un taux de croissance très fort sur l’audiobook, un format qui permet de toucher de jeunes nouveaux lecteurs, qui n’avaient pas forcément de lien avec le livre papier. Cette tendance nous interpelle forcément beaucoup et nous irons toujours chercher de la croissance dans des univers connexes, comme le jeu mobile par exemple, pour y déployer nos propriétés intellectuelles. Nous avons la volonté de préserver nos marges et pour cela, il faudra développer des synergies »

Un compte-rendu plus détaillé à venir dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques…

Gutenberg One, bras armé de l’impression sur le lieu de vente

C’est à l’occasion du salon Créativ’Book qu’a été annoncé en avant-première, le 27 novembre dernier, le projet “Gutenberg One”. Evolution assez radicale du Fablab Ireneo, Gutenberg One s’est dévoilé par petites touches, avant une présentation officielle plus détaillée très prochainement… 

“Nous avons éduqué un bras autonome. Cet outil sera demain une extension mobile de l’imprimeur” explique avec passion et émotion Hubert Pédurand, à la fois imprimeur (Laballery, Floch, La Source d’Or) et fondateur de Néomédias, impliqué de longue date dans un travail de rematérialisation du livre, au plus près du lecteur : en librairie bien sûr, mais également dans tous ses possibles lieux de transit, de la bibliothèque à la gare/aéroport. L’objectif : faire que les titres indisponibles – souvent des titres dits “de longue traîne” en rupture de stock – puissent être imprimés sous les yeux du client, sans qu’il lui soit fatalement signifié un délai de réapprovisionnement et/ou de livraison. Un pari fou – aller plus vite qu’Amazon – toutefois complètement dans l’air du temps et qui n’empiète pas sur d’autres défis, plus industriels, liés au développement des courts tirages et de l’impression à la demande.

Ici à l’état de prototype (et donc largement susceptible de différer de la version retenue en magasins), le robot Gutenberg One, offrira toutefois une “gestuelle théâtrale de la fabrication du livre”, promet Hubert Pédurand.

Moins décrit en effet comme un outil de pure production que comme un outil d’animation, le robot Gutenberg One promet quand même un réel gain de productivité et de qualité, en comparaison de ce qu’était capable de fournir l’Espresso Book Machine, importée des USA pour le Fablab Ireneo. “Nous nous posions une question simple : comment transposer dans une extension robotique ce qui se passe habituellement dans un atelier ? Avec un encombrement de 2,4 m² au sol, nous voulons proposer une bibliothèque de l’infini, via un robot qui va fabriquer le livre dans une gestuelle très théâtrale” développe Hubert Pédurand, précisant que la machine sera cette fois de fabrication 100 % française.

Autre réorientation stratégique majeure : “Il s’agira d’abord d’une application nommée Gutenberg & co” révèle Hubert de Malherbe (designer à la tête de l’agence Malherbe), évoquant “une plateforme très light permettant d’élaborer son menu pour n’imprimer que ce qui est souhaité. Mais l’idée est celle-ci : surfer, puis imprimer”. Un univers qui prend ensuite évidemment vie dans des concept-store scénarisés, sortes de cafés littéraires pensés autour de la machine-robot. Il devrait ainsi s’en créer 222 en France, dans le sillage du Plan Cœur de Ville, visant à redynamiser les centre-villes des moyennes et petites agglomérations, par la volonté d’appuyer les commerces de proximité. Le projet ambitionne même de s’exporter là où le livre et la francophonie suscitent une demande encore difficilement satisfaite : en Afrique (à ce jour faiblement pourvue en bibliothèques), dans le monde Arabo-musulman ou encore dans l’arc caribéen… Un projet à suivre et d’ores et déjà annoncé pour le Salon du Livre, stand H102, à quelques encablures d’un certain Amazon…