L’imprimerie un secteur précaire ?

L’UNIIC en première ligne pour restaurer la réalité des faits.

La question des contrats de travail de courte durée a défrayé la chronique ces derniers jours.

La définition des sept secteurs industriels concernés a atterré les entrepreneurs du secteur de l’imprimerie en recherche constante de compétences pérennes priorisant le lien d’appartenance à l’entreprise.

À un moment ou l’ensemble du secteur mobilise son énergie sur le renforcement de l’attractivité de ses métiers auprès des jeunes, nous avons demandé à notre confédération la CPME de faire passer cette alerte et cette inquiétude sur les médias à une heure de grande écoute …

Hier, lundi 24 juin, le secrétaire général de la CPME, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, a porté le message de l’UNIIC sur les ondes de France inter. Il met en exergue l’incohérence totale du choix des secteurs et l’on entend jusque dans le ton qu’il emploie la consternation qu’a provoquée cette annonce.

Lire notre communiqué

Communiqué – Bonus-malus : de quoi parle-t-on ?

Le secteur de l’imprimerie et des industries graphiques s’est engagé depuis de longues années avec notre OPCA devenu OPCO, dans un ensemble de campagnes visant au renforcement de l’attractivité du secteur, qui vit des mutations technologiques impliquant plus que jamais un élargissement et une élévation des compétences, dans un contexte de transformation de nos supports.
Tant l’évolution des procédés, des process et des modèles économiques, que le renouvellement des compétences induit notamment par la pyramide des âges du secteur, ont conduit la profession à se doter d’outils de financement pérennes : des approches certifiantes (CQP) d’une part et des actions fondées sur le retour dynamique à l’emploi. Ce plan d’action coordonné, géré paritairement, rencontre un grand écho auprès des entreprises qui comptent plus que jamais des métiers en tension.

C’est dans ce contexte, alors que l’ensemble du secteur a fait le pari de la logique de la professionnalisation, que le gouvernement, sans consultation des branches concernées, annonce qu’un système de bonus-malus conçu pour « lutter contre la précarité » sera institué le 1er janvier 2020 pour les entreprises de 11 salariés et plus.
Raisonnant par amalgame de grandes filières économiques, l’Etat cible des secteurs dont l’imprimerie, qui structurellement recrute l’immense majorité de ses collaborateurs relevant des niveaux 5, 4 et 3 de la classification des emplois, sous la forme de CDI, et priorise en alternance ce type de contrat dès l’embauche, tant la fidélisation d’opérateurs de plus en plus autonomes et polycompétents dans leurs emplois est la priorité des entreprises du secteur.

Compte tenu de la portée de ces annonces qui peuvent nuire à l’image d’une branche qui a toujours fondé sa politique sur le couple professionnalisation/fidélisation, l’UNIIC a saisi dès hier matin (mercredi 19 juin) ses deux confédérations interprofessionnelles, le cabinet de Madame la ministre du travail, la présidente du groupe d’études parlementaire de la filière imprimée, en vue notamment d’une question écrite au gouvernement portant sur la prise en compte au plus vite des spécificités sectorielles attestées par les statistiques emplois/compétences.
Cette communication qui ne s’est pas encore traduite dans les textes nécessite une réaction collective pour éclairer les élus de la Nation et le pouvoir exécutif sur les paramètres de notre secteur qui nous distinguent de ceux qui sont cités dans le dossier de presse du Ministère.

De notre engagement collectif dépendra la prise en compte de la force de notre plaidoyer destiné à restaurer la réalité du terrain.

 

Pascal Bovéro, Délégué Général de l’UNIIC

Consulter le Dossier de Presse “bonus-malus” diffusé par le Gouvernement

Print’Story – Episode 60

Au travers de la vie quotidienne d’une imprimerie, nous vous proposons de participer à l’analyse et au décryptage des pièges auxquels Antoine, notre chef d’entreprise vedette est confronté. L’occasion pour vous de tester vos connaissances mais aussi de les remettre à jour avec l’aide de l’UNIIC.

La date de mise en place définitive du CSE approchant, Antoine souhaiterait avoir un rappel des différentes attributions de cette nouvelle instance.

Il a entendu dire qu’il n’y a pas réellement de changement entre ces anciens DP et son futur CSE.

En effet, Antoine est dirigeant d’une petite structure. Le CSE qu’il mettra en place ne devrait avoir que des pouvoirs limités.

Il plaint son ami, Victor, dirigeant quant à lui d’une grande structure qui doit mettre en place un CSE aux attributions beaucoup plus larges.

Mais au fait :

Quelles sont les attributions du CSE dans les entreprises de moins de 50 salariés ?
Quelles sont les attributions du CSE dans les entreprises d’au moins 50 salariés ?

Lire la réponse de l’UNIIC

Réponses élaborées par Sabrina SEHRINE, étudiante en Master I de droit social à l’Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne et stagiaire au service social de l’UNIIC sous la direction d’Iris DELLOYE- NICLAS – iris.delloye@uniic.org

“Gardons le Cap” – Le discours de Benoît Duquesne

“Gardons le cap ! Voilà, vous en conviendrez, un bel objectif qui nous servira d’axiome tout au long de cette journée où personne n’aura le mal de mer, malgré les gros temps qui contrarient en ces moments de rupture, notre traversée vers des nouveaux territoires…
Gardons le cap avec les capitaines d’industrie que je suis fier d’accueillir aujourd’hui dans ce lieu magique, qui rassemble tant de symboles qui font écho à ce que nous sommes.
Fier, je le suis aujourd’hui, quand je vois tant de professionnels réunis sur le sol Normand, à un moment où nous célébrons la formidable aventure du débarquement allié.
Fier aussi quand je mesure que le congrès de la filière se tient dans la ville où se situe le siège de notre centre de formation intersectoriel, L’AFI-LNR, qui préfigure je l’espère des nouveaux rapports entre l’imprimerie et la filière papier carton.
Fier enfin que vous ayez choisi la ville natale de Corneille pour réviser nos classiques en n’ignorant pas l’avenir que nous allons tenter de décrypter, grâce aux regards croisés que nos experts se proposeront de partager avec vous en évitant les monologues tragiques chers au « Cid ».
Aussi, alors que tant de navires-écoles nous font l’honneur de nous saluer sur ces quais mythiques, je vous souhaite la plus belle des traversées, en oubliant jamais de me souvenir, qu’entrepreneurs ou collaborateurs salariés, fournisseurs ou donneurs d’ordre, formateurs ou consultants, nous sommes tous avant tout des « équipiers d’entreprise » ! Vous aurez remarqué qu’ici, sur le port, il n’y a que des voiliers, il n’y a pas de galères ! Bon congrès à vous tous.”

Cap maintenu !

Avec près de 120 participants qui ont bravé le vent en ce jour de tempête annoncée, le Congrès de la Filière Graphique imaginé par l’UNIIC fut un succès notable sur lequel nous reviendrons évidemment en détail.
Via notamment des captations vidéo qui vous permettront de retrouver les expertises de nos sponsors, intervenants et partenaires sur des thématiques technologiques (Ecoffi, Koenig & Bauer, Heidelberg, MGI, Ricoh, HP grand format ou encore Kodak), économiques (IDEP, Banque de France), stratégiques (Yves Dubief, Président de l’Union des Industries Textiles et Vice-Président du Medef) ou encore environnementales (Clotilde Vernes et Valérie Bobin Ciekala, respectivement pour BPI France et Print’Ethic), l’essentiel des débats fera l’objet d’une restitution à la fois sur notre site et dans les colonnes du prochain numéro d’Acteurs de la Filière Graphique.
L’occasion pour l’UNIIC de remercier une nouvelle fois chaleureusement ses partenaires et de vous donner rendez-vous très vite pour d’autres échanges et expériences…

Morceaux choisis…

En dépit du ciel menaçant, le week-end d’ouverture de l’Armada a vu « 1/3 de visiteurs en plus par rapport aux débuts de la précédente édition » révèlent les organisateurs.

Alors que les inscriptions affichaient complet, le congrès a accueilli près de 120 participants dans des conditions météorologiques difficiles. Pas de quoi décourager une assemblée investie et attentive.

Interrogés par Yvon Guémard (Caractère), Loïc Ménage (Ricoh) et Pascal Oncina (Heidelberg) ont ouvert le bal des débats techniques sur le sujet « De la maîtrise de l’investissement à une connaissance approfondie des solutions numériques ».

Ulrike Schroeder (Koenig & Bauer) s’est attachée à décrire les solutions d’automatisation et de suppression des temps morts proposés par la marque. C’est ensuite Kodak, par la voix de Vincent Landais, qui s’est fait le porte-voix des « solutions prépresse respectueuses de l’environnement » en évoquant les bienfaits des plaques sans traitement Sonora X, le tout appuyé par le témoignage éclairant de Julien Raynaud (Raynaud Imprimeurs).

Avec Sébastien Tison (HP grand format), Karim Kadri (Ecoffi) et Nicolas Venance (MGI), ce sont l’impression numérique, l’ennoblissement et les flux de gestion qui ont constitué la dernière table ronde de la matinée.

Avec quelques mois d’avance, Bernard Trichot dévoilait quelques chiffres du rapport « Regards sur les marchés de la communication Graphique » estampillé IDEP. Avec un tonnage imprimé 2018 estimé à ce jour à – 1,5 % (mais l’IDEP s’attend à devoir corriger ce chiffre autour de – 2 %), Bernard Trichot rappelle combien il s’agit désormais d’explorer des terrains peut-être moins volumiques mais plus singuliers ou innovants.

A l’heure du déjeuner, tout le monde est sur le pont…

Grand témoin du Congrès, Yves Dubief (Président de l’Union des Industries Textiles et Vice-Président du Medef) s’est attaché à raconter comment l’industrie textile française s’est relevée d’un déclin qui ne l’a pas tuée. « Nous aurions pu être les ratés de la mondialisation, mais nous sommes devenus les pionniers de la nouvelle industrie » s’est-il enorgueilli. A ses côtés, Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC, n’a pas manqué de souligner des « liens de connexité » pertinents avec les industries graphiques, jusqu’à déceler dans le rebond textile français des sources possibles d’inspiration. Entre autres : l’émergence nécessaire, à moyen terme, d’un centre technique (multi-supports et multi-procédés) dédié « au partage de l’innovation et de la valeur ».

Pour Françoise Carré (chargée d’étude ACSEL pour Banque de France), « l’étude économique et financière laisse apparaître une baisse de la rentabilité des entreprises de Labeur dans le temps, avec un différentiel rendement/coût de la main d’œuvre qui semble s’éroder… En revanche, la diminution du nombre de défaillances, le niveau d’investissement et le maintien de l’emploi sont autant de signaux positifs adressés par les dirigeants du secteur de l’imprimerie ».

Enquête internationale sur les principaux indicateurs de performance

L’UNIIC participe à un projet international commun avec « Printing Industries of America » et la « British Printing Industry Federation ». Il s’est fixé pour objectif d’identifier les indicateurs de performance propres à devenir des outils standards de suivi et d’évaluation susceptibles de contribuer ainsi à l’amélioration de la productivité.

Ce questionnaire nous permettra de mesurer les différences d’utilisation de ces indicateurs entre les USA, le Royaume-Uni et la France. Il nous permettra aussi de proposer un panel restreint d’indicateurs pertinents partagés, par la suite, par ces trois pays. Ces organisations ont collaboré au nouveau guide de l’IDEP « Cahier de tendances » dans lequel ces KPIs et leurs applications sont décrits (pages 34-37).

En quoi ces KPls peuvent-ils vous intéresser ?

Les KPI apportent une réelle plus-value en montrant jusqu’à quel point une entreprise est performante dans un domaine d’activité donné. Ils fournissent des données qui permettent de s’interroger sur sa situation et de faciliter les prises de décision. Quatre groupes d’indicateurs complémentaires offrent une vision d’ensemble de l’activité de l’entreprise : Production, Commercial, Finance et Environnement. La première enquête se concentre sur 20 indicateurs de production qui ont un impact sur les performances environnementale et économique des industries graphiques.

Pourquoi participer ?

Remplir le questionnaire vous prendra moins de 10 minutes. Vous recevrez, suite à cette enquête, le rapport de synthèse, nourri de vos réponses et de celles de vos confrères internationaux. Les résultats permettront d’identifier les KPls les plus pertinents pour servir d’outils de mesure à l’ensemble de l’industrie, de fournir des définitions uniformes pour les systèmes de GPAO, et de développer de nouveaux standards. Ils vous aideront également à identifier les indicateurs privilégiés à surveiller.
Toutes les données d’une entreprise sont strictement confidentielles et seuls les résultats globaux seront rendus publics. L’enquête est ouverte jusqu’au 30 juin 2019.

Pour participer : voici le lien vers le questionnaire.

“Dis Siri”, emmène-moi faire les boutiques?

Le e-commerce est en plein essor, les achats sur mobiles également sans parler des assistants virtuels qui sont en passe de remplir le frigo à notre place. Pour autant, en France 90% des achats se font encore et toujours en magasins selon le cabinet de conseil Olivier Wyman

Vous vous dîtes que face à Google ou Amazon ça ne va pas durer, que tout ceci n’est qu’une lente dégringolade ? Et bien oui et non. Certes le e-commerce ne cesse de se développer mais les champions du commerce en ligne se lancent dans les points de vente physiques et pour garantir leur part de marché les enseignes traditionnelles n’ont de cesse de se renouveler. Expertise, personnalisation, expérience, événement…, l’offre redouble d’attention envers le consommateur en faisant appel à de nouvelles formes d’agencement commercial.

Store-in-store

On les appelait les grands magasins, les galeries marchandes, ils portent maintenant le nom de store-in-store. Le concept global est le même : plusieurs marques dans un même espace de vente mais le changement de nom célèbre un tournant, le tournant du marketing. Dans chaque espace le client doit dès les premières secondes être immergé dans un univers propre à la marque et faire abstraction des concurrents voisins. L’atout principal des marques: le merchandising visuels (plv, backlite, plafonds tendus, sols imprimés…) L’impression grand format est un partenaire de taille. Les surfaces sont réduites mais l’attention portée à la communication grand format ne l’est pas.

La plus petite boutique SEPHORA

Expertise

Les lieux de vente ont su repenser leur fonction et misent, pour nombre d’entre eux, sur le lien d’expertise. On peut trouver de plus en plus en magasin des cours de maquillage, bricolage, des experts en informatique, des conseils en décoration, des lectures publiques, des concerts, des projections… Les lieux de vente deviennent des lieux de vie et de socialisation qui poussent à la création de nouveaux espaces plus sobres en communication, intégrant de la signalétique décorative. Le digital n’est pas en reste avec une diffusion grandissante de tutoriels. Les grandes enseignes mais les petites également n’hésitent pas à intégrer la personnalisation directement sur le lieu de vente: DECATHLON, THE KASE, CITADIUM ont montré la voie et les machines d’impression investissent les lieux de vente pour proposer une expérience toujours plus riche au consommateur. Et même si ces machines ne sont pas en production dans les ateliers, elles n’empiètent pas sur les parts de marché des industriels. Et elles jouent parfois même un rôle intéressant de vitrine de la communication imprimée auprès du grand public…

Chez THE KASE l'impression est au centre du magasin

Événement

L’arrivée des machines dans les lieux de vente est une forme de scénarisation de plus en plus répandue. Le lieu de vente reste pour les marques le lieu de la relation client, de la fidélisation. Pour entretenir cette “relation” il faut donner des rendez-vous et c’est chose faite. Au-delà des soldes annuels, la sortie d’un produit, un anniversaire, etc. tout est prétexte à créer l’événement. Le meilleur exemple de ce phénomène est le pop-up store qui encore une fois laisse la part belle à l’impression grand format. Ces magasins éphémères doivent, sur une courte période, proposer un récit au consommateur et “brander” un lieu brut du sol au plafond. Pour vous donner une idée, en France il y a 400 pop-up store par an…

Les marques sont loin de déserter le lieu de vente et si la digitalisation progresse à grand pas, l’impression a elle aussi une voire des cartes à jouer.

 

Packaging et environnement

Source: Stratégies : packaging et environnement

“Un de mes clients dans la charcuterie m’a demandé d’augmenter de 20 % la taille de son packaging. Ses deux concurrents l’ont fait et il n’est pas en position d’influencer le marché. Pour des raisons de visibilité, il doit avoir un packaging plus grand.” Ce témoignage d’un dirigeant d’agence de design est révélateur du marché actuel de la grande consommation. Visibilité, praticité, nomadisme, éclatement des foyers : ces phénomènes économiques ou sociologiques déterminent la forme des emballages achetés tous les jours. Les consommateurs ne veulent plus doser leur liquide de lave-vaisselle ? On a vu apparaître des tablettes emballées dans leur papier comme des bonbons. Les gens voyagent, pour leur travail ou leurs loisirs ? Les barquettes individuelles se multiplient.

De leur côté, les industriels sont soumis à la loi de la concurrence : toutes les marques de céréales alignent sur les linéaires leurs boîtes géantes remplies… d’un tiers de vide. Et les habitudes ne sont pas faciles à changer. Il y a quelques années, Kellogg’s a tenté de lancer une boîte plus petite contenant la même quantité de céréales. Le consommateur, déstabilisé, a eu peur d’acquérir moins de produit pour le même prix et l’initiative s’est soldée par un échec.

Pourtant, une autre réalité s’impose à la société : l’augmentation régulière du poids et du volume des déchets ménagers. De 220 kg par personne et par an en 1960, ils sont passés à 450 kg en 1998, avec tous les problèmes de gestion que cela entraîne. Sans être un écologiste à gros chandail, il faut aussi se rendre à l’évidence de l’épuisement – d’ici à soixante-dix ans selon les scénarios les plus optimistes – des ressources en pétrole, matière de base du plastique.

Réduction des emballages à la source, développement d’emballages biodégradables ou compostables, tri, recyclage, incinération : les solutions sont multiples et les agences de packaging ne peuvent pas être absentes de ce débat. Régulièrement, pour dénoncer le suremballage, les associations de défense de l’environnement investissent les hypermarchés et remplissent les chariots d’emballages inutiles. Ces opérations coups de poing pourraient-elles devenir pour les agences de design ce que les commandos antipub ont été pour les agences de publicité ?

Pas une priorité d’achat

“Nous ne pouvons rester insensibles quand nous voyons le packaging d’un de nos clients traîner dans la forêt”, témoigne Sylvia Vitale-Rotta, directrice générale de l’agence Team créatif, spécialisée dans l’alimentaire. Avant de reconnaître que la fin de vie du packaging est rarement prise en compte dans les commandes des annonceurs. Pour la plupart, les professionnels se réfugient encore derrière la demande des consommateurs pour justifier leur frilosité sur le sujet. “Les ” blisters “, les ” sleevers “, les “doypacks” : tous ces emballages souples à base de plastique sont à la mode car le consommateur veut des packagings transparents qui laissent voir le produit”, affirme Simon Bouanich, PDG de l’agence Pulp, filiale d’Havas. Chez Paris Venise Design, Stéphane Ricou, président et cofondateur de l’agence, est fataliste : “La dimension écologique n’est pas prioritaire dans l’acte d’achat. Le consommateur se détermine d’abord par rapport à ses envies, puis par rapport au prix.”

Recycler davantage

D’autres agences sont plus avancées dans leur réflexion. Dans toutes les conférences auxquelles il participe, Fabrice Peltier, président de P’Référence, se fait le chantre du cycle de vie du packaging, de la conception jusqu’au bac à ordures. Pas facile pour un designer d’admettre que sa création va finir en déchet, mais c’est pourtant son destin. Avec son client Système U, P’Référence a mis en place un langage graphique, au dos des emballages, qui conseille le consommateur sur le tri sélectif. En septembre prochain sortira un packaging conçu par l’agence pour la gamme de café Philtre d’or Carat de Segafredo, qui permettra de dissocier l’aluminium du carton en vue du recyclage. Recycler plutôt que réduire la quantité de matière à la source, cela ne va pas dans le sens d’une diminution de la poubelle des ménages. Mais, pour Fabrice Peltier, “nous ne pouvons pas revenir en arrière. Les acheteurs veulent des produits pratiques, tout prêts, à portée de main. Mieux vaut éduquer au recyclage qu’essayer de changer les habitudes.”

Concilier modes de vie actuels et préoccupations environnementales, c’est aussi la mission de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cet organisme public conseille les collectivités locales, les entreprises et les particuliers sur les économies d’énergie et la réduction des déchets, sans passer en force. Ses analyses bousculent souvent les idées reçues. Par exemple, l’argument de visibilité invoqué par les industriels pour justifier la taille de leurs packagings est démenti dans le secteur des téléphones portables, où l’emballage représente vingt-cinq fois le volume de son contenu, alors qu’il est rarement mis en avant dans les points de vente. Or qui dit vingt-cinq fois plus de volume dit vingt-cinq fois plus de camions pour les transporter et donc un coût supplémentaire pour l’entreprise. Le sac de caisse biodégradable, soit disant écologique car il préserve la faune marine, n’a aucune valeur éducative car il déculpabilise l’utilisateur qui le jette dans la nature. Mieux vaut développer les cabas réutilisables. En revanche, la lessive en tablettes, malgré son suremballage, a un meilleur bilan écologique que le baril classique car elle évite le surdosage, source de pollution des rivières. Idem pour les engrais en dosettes.

“Plus que le recyclage, c’est la notion de valorisation qui est importante”, souligne Nadia Boeglin, responsable du département éco-conception et consommation durable à l’Ademe. “Le baril de lessive est recyclable alors que l’écorecharge ne l’est pas, mais l’écorecharge consomme moins de matière et d’énergie en production et en distribution, donc son bilan écologique est meilleur au final… à condition qu’elle ne dégage pas de substances polluantes à l’incinération, ce qui est heureusement le cas. Il ne faut pas tout focaliser sur la fin de vie d’un emballage et oublier le bilan écologique de la production.” Au hit-parade des produits à la mode mais aberrants d’un point de vue écologique, exposés au siège parisien de l’Ademe : le pot de yaourt en terre cuite, qui n’est valorisable qu’en pot à crayons, la lingette pour plante verte, les cosmétiques en monodoses. Du côté des bons élèves : les écorecharges d’Yves Rocher, le tournevis sans emballage de Castorama, où le prix est directement imprimé sur le manche (se pose alors le problème de la sécurité), les balles de squash de Décathlon, à l’ancien emballage plastique remplacé par du carton, etc.

Un argument d’image

Sur un sujet pour lequel il n’existe pas de solution toute trouvée, l’éducation s’avère primordiale. Celle des industriels d’abord, qui se lancent parfois dans la thématique écologique sans discernement. Tristan Hirsinger, responsable de Materio, une bibliothèque de matériaux destinée aux fabricants, architectes ou designers, le constate tous les jours : “Je reçois constamment des demandes concernant les matières écologiques. Mais cette notion est dangereuse. Il n’y a pas de bons et de mauvais matériaux, tout dépend de leur utilisation. Prenez la mousse de papier, qui peut remplacer le polystyrène expansé. Elle est entièrement recyclable – encore faut-il que la filière de recyclage existe. Par ailleurs, elle est biodégradable, avec le risque que l’utilisateur la jette dans la nature.”

Les entreprises peuvent réduire la quantité de matière pour des raisons d’économie, ce qui est déjà mieux que rien. Une grande marque de cognac a ainsi demandé à son agence de redessiner sa bouteille pour utiliser moins de verre, et de passer de huit à quatre couleurs sur son étiquette pour économiser de l’encre. Mais ce type d’initiative est rarement répercutée sur le prix que paie le consommateur et n’a aucune valeur pédagogique. La seule vraie réponse serait un engagement global des marques concurrentes, comme pour les baisses de prix dans la distribution. “Pour qu’une prise de conscience collective s’opère, c’est aux marques leaders d’ouvrir les festivités, suggère Jean-Baptiste Vouters, directeur général de l’agence Graphèmes. Imaginez un spot Kellogg’s qui dirait : “Moins d’emballage, c’est moins de déchets, moins de pollution due à leur fabrication, moins de camions sur les routes. Kellogg’s a décidé de réduire la taille de toutes ses boîtes avec autant de produit dedans. Le même produit, la même quantité, un geste de plus pour notre environnement.” En six mois, tous leurs concurrents qui continueraient à utiliser des boîtes immenses seraient sans doute écologiquement incorrects aux yeux des clients.” Pour Sylvia Vitale-Rotta, de Team créatif, “Evian a eu une démarche de leader quand il a communiqué sur la bouteille compactable. Cela a marqué l’esprit des consommateurs.”

L’éducation du grand public est en effet urgente. D’après une enquête réalisée en 2004 par l’association Consommation, logement et cadre de vie, seulement 16 % des personnes interrogées connaissent la signification du point vert figurant sur la plupart des emballages. Ce sigle renvoie à la taxe payée par les industriels depuis 1992 pour financer les actions de recyclage gérées par les collectivités locales dans le cadre du programme Éco-Emballages. En moyenne, la contribution à Éco-Emballages est de 0,7 centime d’euro par emballage. Elle ne garantit en rien que le produit en question soit recyclé ni même recyclable. L’emballage Tetra Pack, très à la mode actuellement, peut ainsi être transformé en bois aggloméré, mais la filière de retraitement n’est pas encore généralisée. Une bonne campagne grand public ne serait pas de trop pour clarifier les choses. L’Ademe prépare justement une communication sur la réduction des déchets. Et les pouvoirs publics ont leur rôle à jouer pour fournir des poubelles de tri en nombre suffisant.

Et si chacun, à son niveau, avait une responsabilité ? À l’initiative de son département design 3D, l’agence Landor s’est lancée dans la traque au gaspillage. Elle transforme les sorties d’imprimantes ratées en bloc-notes, réserve des corbeilles au papier, affiche en écran de veille des conseils pour le week-end : éteindre son ordinateur, sa lampe, le radiateur, etc. Un petit pas pour l’entreprise, un pas de géant vers une prise de conscience globale.

Relieur à l’honneur – Brochage 3000

Cette semaine notre rubrique « imprimeur à l’honneur » est consacrée à BROCHAGE 3000.

Et s’appelle d’ailleurs pour l’occasion « Relieur à l’honneur ». Vous vous dîtes qu’il était opportun de changer le nom de cette rubrique ? C’est évident ! Et pourtant conserver « imprimeur à l’honneur » n’aurait pas été une totale usurpation… D’abord parce que l’entreprise a été fondée en 1979 par un imprimeur de métier passé par l’Imprimerie Nationale et la SIRC. Monsieur Verwicht s’installe en Mayenne et crée Brochage 3000 avec une activité centrée dès le départ sur le façonnage à destination – justement – des imprimeurs. Il vendra en 2004 suite à son départ en retraite. Ensuite, parce que l’impression, si elle n’est pas le métier de Brochage 3000, en est le cœur des préoccupations. Les imprimeurs sont et restent les clients de BROCHAGE 3000, qui pense son activité et ses services en fonction d’une logique de chaîne graphique interdépendante. Livres, catalogues, agendas, blocs notes : le façonnage clos le process.

Nous aurions également pu titrer « Industriel à l’honneur », Brochage 3000 aurait été loin, là encore, d’usurper ce titre. Nombre d’imprimeurs ont intégré le façonnage ces dernières années. Etienne Chartier qui dirige la société nous le confirme : « nous avons de moins en moins de clients car ils s’intègrent les opérations de façonnage » mais pour autant « l’activité ne faiblit pas et nous ne cessons de nous développer, nous avons d’ailleurs d’importants investissements en cours pour l’assemblage et l’automatisation ». En 2017, B3000 rachète FBM et fusionne les deux entités. Sur deux sites aujourd’hui, l’entreprise rassemble 60 collaborateurs. « Nous proposons toujours plus de réactivité et des solutions élargies. Nous fonctionnons en 3 équipes sur un site et en 2 équipes sur l’autre, pour pouvoir anticiper et répondre au mieux aux délais. » Le service logistique, le dispatching font également partie de la mission du façonnier. Une logique belle et bien industrielle qui permet de répondre à une culture de l’immédiateté.

Brochage 3000 est engagé dans le collectif, dans la filière. « Nous continuons de penser qu’un partenariat avec un bon façonnier est moins risqué, moins onéreux qu’une intégration et amène de la richesse à l’ensemble de la filière et de la valeur aux produits. » Une réflexion qui nous a intéressés car la concentration que connait notre secteur – avec, en conséquence, une perte de savoir-faire indéniable – a certes permis de proposer des volumes importants de produits standardisés à plus faible coût, mais a aussi généré une perte d’agilité. Une agilité que les imprimeurs, les créatifs-prescripteurs et les donneurs d’ordre viennent chercher chez Brochage 3000. Les clients cherchent de l’originalité, de la personnalité et se tournent vers un savoir-faire distinctif. « Nous proposons de nouveaux produits avec les œillets élastiques, nous pouvons réaliser des blocs style carnet de chantier. Et, les choix de papier évoluent : grammage, grain, texture, les papiers à travailler sont de plus en plus variés et donc plus complexes à travailler. » La société met en avant un savoir-faire complémentaire. Une réponse de filière intelligente qui fait de Brochage 3000 assurément une entreprise à mettre à l’honneur.

Livre Paris 2019 – La fabrication à l’honneur

La présence très remarquée du robot Gutenberg One – une avant-première mondiale – dans les travées du salon Livre Paris 2019 aura eu de nombreux mérites, dont celui de restituer face à un public fasciné la magie de la fabrication du livre. Au-devant de gens curieux, souvent enthousiastes, les questions relatives aux différentes étapes de fabrication ont fusé : impression, encollage, façonnage, massicotage… Nul doute que la gestuelle théâtrale du robot a participé à rendre ces quelques minutes hypnotiques, avant d’amener à des considérations plus stratégiques : à quoi – et surtout à qui – tel robot peut-il servir ?
Destiné à imprimer et façonner du livre unitaire en quelques minutes, Gutenberg One se veut être le tout dernier rempart imprimé avant l’écran. Car il ne s’agit nullement de “courtes séries” ou même “d’impression à la demande” stricto sensu, mais bien de fabrication unitaire quasi-instantanée, avec une ambition claire : aller plus vite qu’Amazon. Pertinent sur la myriade de références dites de “longue traîne” ne se vendant qu’exceptionnellement et trahissant donc souvent une absence de stock disponible, des éditions spéciales hyper-personnalisées, les ouvrages libres de droit ou encore – à terme – l’offre autoéditée, Gutenberg One est une réponse concrète visant à rendre l’imprimé le plus disponible possible.

Porté, via Gutenberg & Co, par un concept de cafés littéraires conceptualisés et construits autour de la machine (il devrait s’en créer 222 en France, dans le sillage du Plan Cœur de Ville), souhaitons à cette initiative innovante un succès la hauteur de son culot.