Prix Littéraires, des imprimeurs à l’honneur

Sans prétendre à l’exhaustivité – à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, tous les prix n’ont pas encore été décernés – saluons le travail de l’Imprimerie Floch et Normandie Roto, pour leur implication respective dans la fabrication des titres déjà récompensés…

L’imprimerie Floch, une habituée de ce genre de sollicitations, est cette année encore plutôt gâtée :  Elle imprime les Prix Renaudot, Médicis, Fémina et Décembre, tandis que le prix Goncourt est imprimé au tiers par Floch (et au deux tiers par Normandie Roto, comme précisé ci-dessous). Pour Hubert Pédurand, son Président, ces succès sont un des signes de l’excellente santé de l’entreprise. “Nous nous remettons à embaucher parce que la demande est en progression. Nous nous félicitons de voir que nos prestations sont très appréciées des éditeurs et les Prix Littéraires n’en sont finalement qu’une illustration”. Il complète : “Il y a évidemment une part de chance. Floch est là pour rendre service à ses clients éditeurs, avec son savoir-faire, sa “signature”, son historique et son aura. Après, dans le hasard de la production éditoriale, il peut y avoir des titres qui vont se retrouver sur les listes des prix littéraires”. Évoquant pour cette rentrée une fourchette large qui balaie entre 50 000 et 200 000 impressions liées aux prix littéraires – sans s’autoriser pour autant à nous en préciser le détail – Hubert Pédurand insiste sur cette fameuse signature Floch : “Un éditeur est capable de reconnaître un livre qui a été imprimé chez Floch, avant même de regarder l’achevé d’imprimé. Déjà parce que Floch utilise une technologie ROTOPAGE qui est unique en France. C’est une technologie flexographique mais il y a aussi des machines qui sont en anilox et qui ont été construites par Floch. Il en existe trois au monde et elles sont toutes les trois chez Floch, parce qu’à l’époque l’entreprise n’avait pas les moyens d’acheter une Cameron. Ils se sont donc mis à construire leur propre copie des Cameron qui sont aujourd’hui des prototypes” développe-t-il, précisant par ailleurs être passé, début 2018, à une capacité de 30 millions de livres par an, avec la mise en production récente de la troisième ROTOPAGE… “D’où la nécessité d’embaucher désormais”, conclue-t-il alors.

L’imprimerie Normandie Roto ne tire rien de moins que le gros lot en imprimant aux deux tiers le prix le plus prestigieux – a minima le plus populaire – puisque c’est le Goncourt qui tombe dans leur escarcelle. Mais là encore, l’entreprise est une habituée : “C’est pour nous une opération prestigieuse et un véritable challenge industriel. En effet, livrer en quelques heures plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires et passer la barre des 200 000 ex. en moins de trois jours requiert une grande maîtrise des outils de productions et des plannings. Dès l’annonce de la seconde sélection du Jury du Prix Goncourt, les équipes de Normandie Roto Impression coordonnent leurs actions avec les éditeurs en lice. Tout doit être prêt à démarrer dans l’heure qui suit l’annonce du lauréat : personnel/papier/machines/transports… Normandie Roto Impression imprime le Goncourt pour la quatrième année consécutive. Les équipes de Normandie Roto Impression ont acquis une expérience et une maîtrise incomparables pour la production de ces prix littéraires” nous explique Christophe Pillon, Directeur général de l’entreprise. Plus de détails à venir dans un article qui leur sera dédié, bientôt en ligne…

Et puisque ces victoires sont aussi les leurs, bravo aux imprimeurs (ceux deux-là, mais bien évidemment les autres aussi) qui participent à faire rayonner la littérature française partout dans le monde.

Liste des Prix Littéraires 2018

Droit voisin : première victoire pour les éditeurs de presse

Avec 438 votes pour, 226 contre et 39 abstentions, la directive sur le droit d’auteur adoptée aujourd’hui par le Parlement Européen marque une étape cruciale dans la lutte opposant (entre autres) les éditeurs de Presse et les GAFA. Ces derniers, Google et Facebook en tête, se voyaient en effet notamment reprocher de préempter une part gargantuesque des revenus publicitaires en ne faisant guère que classer/relayer des contenus d’information pourtant produits par d’autres, à leurs charges. Une intense bataille de lobbying s’est alors engagée, opposant les géants du Net et les partisans d’un “Internet Libre” d’une part, aux éditeurs de Presse et acteurs culturels d’autre part. C’est aujourd’hui en faveur des seconds que penche la balance législative européenne, puisque l’adoption d’un droit voisin obligera les GAFA à reverser à celles et ceux dont ils utilisent et/ou remanient les contenus, une redevance aux propriétés encore floues (il appartiendra semble-t-il aux Etats membres d’en définir les modalités exactes), mais qui devrait être l’équivalent de la SACEM pour les contenus musicaux. C’est du moins le chemin vers lequel nous nous dirigeons à ce jour, même si un nouveau texte, dans sa version définitive, sera une nouvelle fois soumis au vote après examens et négociations auprès du Conseil Européen et en Commission Européenne, avant d’être transposé en droit national. De quoi supposer que la lutte pourra encore durer une année pleine, à minima…

Il n’empêche, voilà pour la première fois une directive qui offre aux producteurs de contenus – des médias print, souvent – une base juridique solide pour défendre leurs intérêts. Et plus encore : une Presse indépendante de qualité…

CirclePrinters (ex. Quebecor), le retour !

Circle Media Group, propriétaire de CirclePrinters annonce ce jour la finalisation du rachat de CPI.

Le premier opérateur du livre noir en Europe passe donc sous contrôle néerlandais.

CPI a CA de 360 000 000 €, 2,500 employés et 16 sites de production répartis sur 5 pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, et République Tchèque). L’entreprise produit 400 000 000 de livres par an et son histoire remonte à 1713. De son côté, Circle Media Group compte 2,700 employés et un chiffre d’affaire de 550 000 000 €. Avec ce rachat le groupe comptera désormais 26 sites de production dans 10 pays européens, 135 presses dont 29 sont numériques et dépassera le million de tonnes de papier par an.

Lisez l’intégralité du communiqué de presse.

Quand le Stop Pub prône la dématérialisation…

Combien de temps les « stop-pubeurs » pourront-ils encore nier l’évidence et aller à contre-courant…?

Pas longtemps si l’on en croit les résultats de l’étude indépendante réalisée par IPSOS, laquelle bat en brèche quelques idées reçues. Nous vous invitons d’ailleurs à en utiliser les arguments pour promouvoir les avantages de l’imprimé face à la mauvaise foi de cette nouvelle version d’«étiquette à boites à lettres». 

Journaux et radios opposés à une dérégulation de la pub télé

Selon Stratégie News : “Les fédérations professionnelles de la presse écrite (SPQN, FPPR, UPREG, FNPS, SEPM), le pôle radio du groupe Lagardère (Virgin Radio, Europe 1 et RFM), le syndicat des radios indépendantes (Sirti) et l’Union de la publicité extérieure se sont opposées catégoriquement jeudi 2 novembre à tout nouvel assouplissement des règles encadrant la publicité TV, qui font l’objet d’une consultation lancée par le gouvernement. Ces organisations arguent que “tout nouvel assouplissement” ne ferait, comme les précédents (tels que l’ouverture progressive de la publicité pour la distribution et le cinéma, de 2003 à 2007), qu’opérer un “transfert massif” des recettes publicitaires des médias traditionnels vers les chaînes de télévision, sans faire croître globalement le marché publicitaire français”. Elles emboîtent ainsi le pas à l’UNIIC qui, le 26 octobre dernier, vous annonçait avoir interpellé les pouvoirs publics à ce sujet. À suivre toujours…

La télévision à l’assaut du prospectus ?

Pendant que nous mettons tout en œuvre pour redonner à l’imprimé ses lettres de noblesse et démontrer l’efficacité du media papier (cf. l’étude « Zéro papier, mythes et réalités ») la bataille continue…

L’UNIIC reste à l’affût et a mis la main sur une consultation dite « publique » que vous pouvez consulter ici et qui vise à recueillir l’avis « des acteurs concernés » sur un projet pudiquement appelé « Simplification des règles relatives à la publicité télévisée »

La modification des décrets concernés aurait, entre autres effets, d’autoriser les écrans publicitaires promotionnels de la grande  distribution à la télévision : en clair, dans l’espace de cerveau disponible qu’il vous reste, vous pourrez caser les dernières promotions pour les petits pois, lessives, rillettes ou encore pour la Foire aux vins ou les jouets de Noël proposés par votre grande surface préférée.

Vous imaginez sans peine les conséquences pour les ISA tels que dépliants, catalogues, flyers, tracts, prospectus

C’est pourquoi l’UNIIC vient de demander au législateur la mise en place d’une véritable étude d’impact.

En effet le secteur des imprimés publicitaires est déterminant dans la structuration des marchés graphiques puisque, malgré l’importance des surcoûts liés notamment aux hausses papetières mais aussi aux problématiques environnementales avec leurs traductions financières (éco-contribution…), ce champ d’activité représente encore plus de 30% de notre volume d’activité.

C’est au nom de son efficacité, prouvée dans le parcours d’achat du consommateur mais aussi de la chaîne de valeur que représente cette filière, que l’UNIIC a  immédiatement attiré l’attention des pouvoirs publics sur l’impact des projets visant à réformer le décret publicité, ouvrant ainsi à la publicité télévisuelle promotionnelle segmentée et géo localisée les secteurs qui en étaient jusqu’alors interdits.

Les réflexions de la DGMIC (Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles) dans un secteur aussi sensible impliquent, si elles devaient se traduire par une modification du décret, une étude d’impact au périmètre large à un moment où Presse départementale et Presse régionale s’interrogent, tout comme les imprimeries de labeur, sur leurs modèles économiques.

Si les médias TV généralistes ne sont pas adaptés à la publicité promotionnelle, l’impact que pourraient avoir les campagnes sur des chaines régionales ou thématiques serait à rapporter aux optimisations budgétaires qui dictent les choix des annonceurs. À suivre…

Clic.EDIt – “Tous les voyants sont au vert”

Conçu et porté par le SNE (Syndicat National de l’Edition) et l’UNIIC, Clic.Edit (relire notre entretien) a commencé ses travaux… Ainsi les différents Groupes de travail ont-ils été lancés et les premières ébauches de descriptifs techniques d’ouvrages posées, chose dont l’association se réjouit : “Tous les voyants sont au vert. les coanimateurs se sont emparés du sujet avec motivation et dynamisme” fait savoir un membre du Bureau. De sorte à nourrir les réflexions de manière aussi large que possible, c’est Pierre Esquibet (Cabinet Kalpa), en tant que Directeur de projet, qui a pour charge de gérer les équilibres directement au sein desdits Groupes de travail et insuffler un cap au projet. L’objectif : s’assurer que toutes les voix seront représentées et entendues, pour faire de Clic.EDIt la juste synthèse des attentes collectives.

L’association travaille par ailleurs “sur la mise en place d’une solution de gestion électronique de documents et d’un espace de travail collaboratif” nous fait-on savoir, ce qui permettra, via une plateforme dédiée, de centraliser de manière sécurisée les apports “d’une centaine d’utilisateurs”.

Mais la priorité reste le recrutement de nouveaux adhérents, les Groupes de travail Clic.EDIt n’étant à ce jour pas définitivement constitués et nécessitant encore d’enrôler différents profils – dont des éditeurs – pour une efficacité optimale.

Pour prendre une part active et concrète au projet et connaître les modalités d’adhésion à Clic.EDIt, un contact : clic.edit@gmail.com

 

L’union fait la force…

Un an après avoir consacré son édito à la Frenchprint et à l’UNIIC, l’Usine Nouvelle réitère en célébrant les noces du papier et de l’électronique chez Culture Papier.

Une prise de conscience bienvenue et une reconnaissance qui va droit au cœur des professionnels mais aussi des bénévoles qui œuvrent pour faire passer nos messages auprès des entreprises, des donneurs d’ordres, du gouvernement, des administrations et du grand public.

Dématérialisation des factures : Le ridicule ne tue pas

Si vous avez sacrifié aux recommandations d’EDF, vous êtes passé à côté de cette preuve de bon sens de notre distributeur d’énergie préféré :

Au recto de l’enveloppe (pour celles et ceux qui ont encore la chance de la recevoir) le laconique message : Stop au papier !

Et au verso de la même enveloppe les avantages (supposés) de la facture électronique parmi lesquels: imprimez vos factures à tout moment !!

Tout cela serait risible si ce n’était pas triste et surtout si cela ne démontrait pas une nouvelle fois que les coûts d’impression sont allègrement reportés vers les utilisateurs finaux que nous sommes tous sans pour autant en retrouver le bénéfice dans les frais fixes d’abonnement et bien sûr sans aucun gain environnemental.

“Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage” comme on dit chez Culture Papier

 

Entretien – Conçu et porté par le SNE et l’UNIIC, « Clic.EDIt est devenu un projet incontournable »

Ce n’est plus une option : mettre en place un langage commun visant à faciliter, accélérer, standardiser et sécuriser les échanges de données informatisés entre les différents acteurs de la chaîne du livre, fait aujourd’hui figure de passage quasi-obligé, dans un contexte de baisse continue du tirage moyen et avec lui, de hausse des coûts administratifs associés. Clic.EDIt est le projet ouvert qui se veut élaborer tel langage unique, sur la base d’un travail de filière forcément collectif et représentatif de la diversité de ses acteurs. Nous avons rencontré Jean-François Lyet et Loïc Ménage, respectivement vice-président et secrétaire général de l’association, pour en savoir plus…

Le Bureau Clic.EDIt est constitué, de gauche à droite, de Frédéric Fabi (trésorier), Jean-François Lyet (vice-président), Pascal Lenoir (président) et Loïc Ménage (secrétaire général).

Clic.EDIt a pour but de définir un langage structuré commun, ayant vocation à automatiser les échanges entre tous les acteurs de la filière livre et éliminer  les coûts de non qualité liés aux données administratives et techniques. C’est une ambition de filière mais nombre d’acteurs n’ont-ils  pas déjà optimisé tous leurs process ? Est-ce que certains n’ont pas déjà une belle longueur d’avance sur les flux de gestion ?

Jean-François Lyet : Il y a des expériences qui ont effectivement pu être menées par certains grands acteurs, mais elles ont été conduites à chaque fois de point à point. C’est-à-dire qu’il faut réexpliquer voire redéfinir les règles dès lors que l’on change de prestataire. Et le problème, même pour les structures les mieux armées, c’est que plus on travaille avec de nombreux acteurs, plus cela suppose des réécritures et des redondances dans la conduite des échanges. Si nous parvenons à définir tous ensemble un langage unique et ouvert, sur un périmètre suffisamment large pour s’adapter à toutes les tailles d’entreprises et toutes les configurations, il ne sera plus nécessaire de retraduire les données reçues ou envoyées. L’objectif est vraiment de faire en sorte que le travail d’intégration d’un langage commun soit fait en interne, une seule fois, et peu importe ensuite que l’on travaille avec 10, 20 ou 100 acteurs différents : ça ne génère plus de coûts supplémentaires, tant pour le donneur d’ordre que pour le fournisseur papetier, le professionnel du prépresse ou l’imprimeur. Tout le monde y est gagnant, dans un contexte où l’on cherche à produire au plus proche de ce que l’on vend, réduire les stocks et optimiser la logistique. Le tirage moyen est à la baisse depuis au moins 15 ans et la réduction des tirages s’est accompagnée d’une augmentation des actes de fabrication. Qui dit actes de fabrication dit supports de gestion avec son corollaire, une augmentation de la charge des coûts administratifs liés aux ressaisies et autres rigidités dans les échanges de données qui va devenir proportionnellement insoutenable.

Loïc Ménage : Pour un dossier de fabrication qui m’est envoyé par un éditeur, qu’il s’agisse d’imprimer 20 000 ou 2000 exemplaires, le temps de traitement est rigoureusement le même. Or, je reçois de plus en plus de dossiers à 2000 exemplaires et cela génère des situations où il faut pouvoir enchaîner les jobs avec le plus de fluidité possible, faute de quoi, c’est le chiffre d’affaires qui est touché…

Jean-François Lyet : Un point me semble fondamental : nous ne souhaitons pas qu’il s’agisse d’un projet de langage utilisable seulement par une partie des acteurs, nous veillons à ce que tel langage puisse s’adapter à toutes les situations et toutes les tailles d’entreprises. Au sein du SNE notamment, nous avons voulu que de toutes petites maisons d’édition puissent nous rejoindre et il s’avère que certaines, parfois des maisons de seulement 5 à 6 personnes, ont manifesté un véritable intérêt pour la démarche. Nous espérons que certains rejoindront non seulement l’association, mais pourront aussi figurer dans les groupes de travail que nous avons constitués pour ne pas créer une sous-représentativité des petites et moyennes entreprises. C’est en effet un problème que nous rencontrons notamment pour l’activité prépresse, où le groupe n’est à ce jour constitué que de moyennes et grandes maisons, ce qui n’est pas assez représentatif de la réalité du métier. Il en est de même pour l’UNIIC qui veut offrir à ses membres de toute taille la possibilité d’entrer dans un système fluide dans lequel les codes sont harmonisés.

Comment fonctionnent et s’organisent les différents groupes de travail au sein de l’association ?

Jean-François Lyet : Depuis quelques mois, tous les groupes de travail ont été lancés, avec à la tête de chacun d’eux, deux co-animateurs, dont l’un représente systématiquement les donneurs d’ordre et l’autre les fournisseurs. Ces groupes de travail regroupent une demi-douzaine à une douzaine d’acteurs, ce qui les rend gérables et permet à chacun de prendre la parole s’il le souhaite. Si toutefois on constate des déséquilibres, c’est le rôle des co-animateurs de distribuer le temps de parole de façon équilibrée. Les groupes aujourd’hui actifs sont ceux du prépresse, du papier, de l’impression noir (auquel on a rattaché le brochage) et de l’impression couleur (auquel on a plutôt rattaché la reliure). Il existe un support transversal qui prend la forme d’un groupe de coordination technique, son rôle est de donner une impulsion générale, de déterminer vers quel type de langage il faut aller et qui s’assure de la bonne délimitation des périmètres.

Pourquoi ne pas avoir impliqué les éditeurs de progiciel ?

Jean-François Lyet : Nous n’avons pas voulu, malgré des demandes en ce sens de leur part, répondre tout de suite aux sollicitations des développeurs de logiciels. Nous voulions vraiment que tel langage soit d’abord entre les mains des acteurs de la filière, sans l’enfermer dans un progiciel donné. Alors même si c’est encore prématuré, il est bien entendu d’ores et déjà prévu d’informer les acteurs du logiciel (entre autres) de cette démarche, en leur expliquant ce que ça peut leur apporter, de façon à ce que eux puissent également développer de façon native, dans leurs versions logicielles à venir, la capacité de transmettre, de livrer ou de sortir, des données, en s’appuyant sur ce langage. Et de la même façon, les éditeurs de progiciel en question n’auront à intégrer ces informations qu’une seule fois.

Loïc Ménage : L’idée effectivement, c’est bien d’éviter qu’un éditeur d’ERP s’approprie la technologie pour la refacturer à chacun de ses clients. Il vendra bien sûr toujours ses logiciels, mais avec le langage commun déjà intégré, en tant que standard. Mais une phase de communication/information est prévue en amont et c’est aussi sur cette base que la demande pour l’intégration d’un langage commun aux progiciels du marché aura du poids et donc, d’autant plus d’intérêt pour les éditeurs de progiciel.

Est-ce qu’en standardisant, on ne risque pas de perdre une forme de singularité ? Est-ce que certaines différences ne constituent pas une sorte de propriété intellectuelle ?

Jean-François Lyet : Non, je ne le pense vraiment pas. C’est d’ailleurs pour ça qu’un de nos premiers travaux a consisté à établir un glossaire commun. Il s’agit donc de s’entendre autour de définitions et en l’occurrence, donner un nom différent à quelque chose ne constitue en rien un avantage concurrentiel. Au contraire, c’est davantage un élément de confusion dans la tête de celui qui va recevoir l’information… Et contribuer au risque de se tromper, au nom d’une forme de différenciation, ce n’est profitable à personne. Pour autant, aucun glossaire ne sera en mesure de couvrir 100 % du spectre des échanges entre deux acteurs, d’autant qu’on ne sait pas ce qui pourra être créé demain. Après, encore une fois, l’objectif c’est bien de couvrir l’essentiel de ce qui fait le volume d’échange administratif entre les donneurs d’ordre et les fournisseurs.

L’automatisation et la suppression de certaines étapes, ça ne va pas engendrer l’abandon d’éléments contractuels ? On aura toujours des bons de livraison, des bons de commande, des ordres de lancement… ?

Loïc Ménage : L’objectif c’est d’éviter les ressaisies, pas de supprimer les documents contractuels, dont il restera effectivement toujours des traces papier. L’absence de ressaisie n’empêche pas non-plus les contrôles, ça laisse au contraire plus de temps pour mieux contrôler. Il faudra toutefois peut-être effectivement s’assurer qu’il reste des gens chez les imprimeurs qui font encore ce travail-là. Il en va du niveau de service que l’on est en mesure d’assurer et peut-être que certains devront prendre conscience que c‘est important. Ce qu’il faut voir, c’est que c’est du temps de gagné pour peaufiner son niveau de service, ce qui est très positif.

Jean-François Lyet : On pourra même aller vers une dématérialisation totale des échanges. Clairement, la loi le prévoit déjà sur de la facture, il n’y a aucune raison qu’un document dématérialisé ne puisse pas avoir valeur contractuelle, à partir du moment où il comprend les éléments nécessaires. Ce qu’il faut entendre aussi, c’est que la ressaisie est à double tranchant : incontestablement, c’est l’occasion d’un niveau de contrôle supplémentaire. Mais c’est aussi l’occasion de faire de nouvelles erreurs… J’aurais plutôt tendance à dire qu’il faut contrôler la donnée à la source et l’enrichir à chaque étape des échanges. C’est dans ce mouvement de va-et-vient que doivent s’effectuer les contrôles, pas lors de ressaisies.

Jusqu’à quel point souhaite-t-on harmoniser les échanges ? Est-ce que cela va jusqu’à calibrer les contenus et imposer un nombre de lignes de données par exemple ?

Jean-François Lyet : Non, on veut qu’il y ait une étendue qui soit la plus large possible, mais après subsiste une relation entre deux acteurs qui feront leurs propres choix. Et ce sont ces deux acteurs qui décideront du volume d’échanges, des éléments qu’ils seront prêts à partager ou non etc.

En termes de calendrier, il était prévu 4 phases (rédaction des documents techniques, formation des acteurs, déploiement & mise à disposition, communication élargie & suivi du projet) + une phase « Zéro » (pilotage), est-ce que vous êtes en mesure de nous en repréciser l’avancement ?

Jean-François Lyet : Nous avons pratiquement bouclé la phase zéro, celle du pilotage du projet, et en l’occurrence, un point en particulier a fait l’objet de beaucoup d’attente, c’est celle de la nomination d’un Directeur de projet. Parce que des groupes ont commencé à travailler dans le cadre de la Phase 1 – celle de la rédaction des documents techniques – mais sans un minimum de coordination, ce travail-là aurait tendance à se perdre. Il était donc important de ne pas brûler les étapes et suivre une méthodologie de projet. C’est la raison pour laquelle, après avoir reçu plusieurs candidatures et présélectionné trois acteurs susceptibles d’occuper ce poste, nous avons choisi un Directeur de projet (Pierre Esquibet, ndlr) qui va nous accompagner au moins les deux prochaines années et qui va assurer ce rôle de leadership, que nous avions nous-même un peu de mal à assurer en plus de nos responsabilités quotidiennes, en tant que membre du bureau. Il fallait quelqu’un capable d’intervenir dans un projet complexe car multifacettes et qui fait intervenir des parties prenantes très diverses. Le langage Clic.EDIt veut s’inscrire dans la durée et ce nouveau Directeur de projet, nous le pensons, a toutes les qualités requises pour mener à bien cette mission.

Est-on capable de dire quand ces différentes étapes seront achevées ?

Jean-François Lyet : Non, même si nous avons constitué un macro-planning, longuement rediscuté pour l’instant. Un travail va maintenant s’opérer avec les co-animateurs de chacun des groupes de travail, de façon à tronçonner ce macro-planning en un planning plus détaillé pour chacun des groupes. Nous allons tâcher de gérer un avancement équilibré, sans générer de trop grands écarts entre des groupes de travail qui ne progressent pas forcément tous au même rythme. Chacun devra d’ailleurs être conscient que des retours en arrière restent possibles : une question traitée en avance, même prévalidée par les autres groupes, peut devoir être reconsidérée.

A-t-on des éléments pour déterminer un ROI lié à ce langage commun ?

Jean-François Lyet : Il n’est pas mesurable en l’état. Ce que je sais, c’est que c’est un avantage concurrentiel pour tous les acteurs qui s’y grefferont. Le temps gagné se traduira forcément en gain de valeur ajoutée. Il est certain que si nous ne faisions que de gros tirages, nous n’aurions pas besoin de Clic.EDIt. Le problème, c’est bien que c’est l’inverse qui se produit : on fait de plus en plus de tirages entre quelques centaines et 2000 exemplaires et par conséquent, ils doivent s’enchaîner plus vite. C’est ce qui rend tel projet incontournable aujourd’hui.

L’association Clic.EDIt (Coordination langage informatique commun – Edition de livres) est créée par le Syndicat national de l’Edition (SNE) et l’Union Nationale des Industries de l’Impression et de la Communication (UNIIC), associés aux principaux acteurs et prestataires de la chaîne du livre. Ce projet est soutenu par la DGE. 

Pour prendre une part active et concrète au projet et connaître les modalités d’adhésion à Clic.EDIt, un contact : clic.edit@gmail.com