Journée technique “Grand format”, retour en images

Assurant lors de son discours introductif que l’UNIIC avait la volonté de “remettre le grand format au cœur de l’échiquier”, Guillaume Trias, à la fois membre du Bureau exécutif de l’UNIIC et dirigeant de Nuances Impression, rappelait également qu’au-delà des positionnements stratégiques de chacun, il s’agissait souvent de répondre aux “mêmes clients” et d’apporter des solutions à de “mêmes problématiques”. Un mouvement de convergences croisées qui voit les initiatives de diversification s’intensifier chez les imprimeurs, de plus en plus convaincus qu’à couvrir des gammes de produits à la fois plus étendus et complémentaires, on s’inscrit de façon pertinente dans un phénomène de désegmentation de la communication.

Retour en images (commentées) sur une journée technique organisée en partenariat avec HP et Caractère, sur le thème du “Grand format” :

La terrasse panoramique du siège d’HP offrait pour cette journée technique un cadre privilégié.

Via des démonstrations commentées sur Latex R2000 & Latex 1500 (en direct et par écran interposé, depuis le site barcelonais de la marque), ainsi que des ateliers animés sur place sur latex 315 Print & Cut, Stitch S500 et Pagewide XL, HP a fait valoir un ensemble d’applications à même, pour un imprimeur dit “Labeur” de “toucher de nouveaux marchés et compléter son offre”. Ici à gauche, Nadine Lalanne (HP) en discussion avec Janette Cacioppo (BS2I).

Au gré des interventions techniques qui ont rythmé la journée, l’accent a notamment été mis sur la variété des supports imprimables, en soulignant notamment combien certains marchés – celui de la décoration, tout particulièrement – représentaient de sérieuses opportunités de développement . “Aujourd’hui moins de 1 % du marché potentiel de la décoration est imprimé en digital” précise notamment Jonathan Sido (Brand Management Group), laissant entendre que telle proportion allait forcément exploser ces prochaines années.

Sébastien Tison, Responsable Développement du Marché Arts Graphiques (à droite), rappelait, en évoquant la gamme HP Pagewide XL, combien “ce type de machines, autour de 20 000 euros en entrée de gamme, intéresse beaucoup les enseignes de grande distribution”. De quoi s’interroger sur le repositionnement (nécessaire ?) des imprimeurs de métier, à l’heure où certains clients tentent la désintermédiation… Et si la clé constituait à devancer ce type de besoins dans une offre globale ?

Christophe Villar, Directeur de Projet chez Graphic Audit Consulting, expert certifié UGRA qui accompagne les entreprises pour l’obtention de la certification PSO, rappelait combien “la colorimétrie est une problématique toujours centrale chez les donneurs d’ordre, notamment dans les marchés du luxe”. Un constat renforcé par la baisse des tirages moyens, au profit de retirages plus fréquents. “Il faut sortir du subjectif” estime-t-il, évoquant la persistante omniprésence “d’opérateurs travaillant à l’intuition, en ne se fiant qu’à leur œil”. Pour rappel, Christophe Villar conduit également une solution collective baptisée UNIIC’COLOR.

Alors que les problématiques liées à la pose des supports imprimés (garanties qualitatives, respect d’une réglementation de plus en plus exigeante et croissance de nouveaux marchés réclamant de nouvelles compétences) ont été présentées par Rémy Falaize (ResoSign), la question sensible du recyclage des supports “grands format” a permis de clore la journée. C’est Hélène de La Moureyre (Bilum) qui s’est attachée à décrire le concept d’upcycling, consistant ici à réutiliser des bâches pour confectionner des objets uniques : sacs, trousses, carnets, agendas etc. Une seconde vie qui, dit-elle, voit “certains annonceurs passer par nous plutôt que de faire fabriquer des sacs en Chine pour leurs clients, leurs congressistes etc”.

A venir dans un prochain numéro d’Acteurs Graphiques, un résumé plus complet de cette journée…

Quand les Youtubeurs parlent de l’imprimerie

Dans le cadre d’une initiative portée par l’IDEP, le Youtubeur Dave Sheik (200 000 abonnés, excusez du peu) s’est fendu d’une vidéo de 9 minutes, intitulée “La fin de l’imprimerie ?” (SPOILER : Non).  Après s’être rendu notamment au Musée de l’Imprimerie de Malesherbes et à l’imprimerie Laballery à Clamecy, Dave Sheik remonte le fil du temps sans oublier de préciser qu’il s’agit de métiers mouvants, en constante adaptation. Avec près de 23 000 vues en quelques jours, l’opération est d’ores et déjà un succès, l’IDEP ayant tenu à “faire connaître les métiers des Industries graphiques à un public jeune, les 16 -25 ans, amateurs de vidéos de vulgarisation historique”.

… Nous ne résistons pas, au passage, à compléter le propos en partageant également la vidéo de Max Bird ci-dessous, qui a le mérite de répondre – moyennant un ton plus extraverti – au raccourci tenace selon lequel la production de papier participerait à la déforestation (SPOILER : Non, toujours pas).

L’imprimé publicitaire menacé ?

Alors que le tentaculaire projet de Loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », lui-même consécutif à l’édiction en avril 2018 d’une « Feuille de route de l’économie circulaire », promet la création de nouvelles filières REP et s’arrête notamment sur les problématiques liées au recyclage et/ou au réemploi des matières plastiques, préconisant au passage un système de consignes qui serait alors géré par un nouvel éco-organisme, Brune Poirson, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre de la Transition Ecologique, a fait savoir qu’une « Mission publicité » était également en réflexion.

Si à ce jour l’emploi du conditionnel est encore de rigueur, les axes autour desquels cette mission serait construite semblent s’appuyer sur une volonté de réduction des volumes de prospectus publicitaires distribués, d’incitation à apposer des autocollants « Stop Pub » sur les boites aux lettres, voire – si l’on s’en réfère aux quelques amendements déposés – de basculer vers un modèle d’opt-in active et donc vers un « Oui Pub ».

L’UNIIC reste évidemment vigilante et ne manquera pas de rappeler les répercussions sévères qu’aurait la généralisation d’un tel dispositif – celui de la normalisation du Oui Pub – sur la Filière dans son entier, tant en termes d’emplois que d’activité économique.

Plus encore, nous ne saurions souligner les impasses environnementales vers lesquelles peuvent paradoxalement mener une cabale contre des produits imprimés à la fois mal définis et injustement amalgamés les uns aux autres, dans un contexte général de dématérialisation de la communication. Une dématérialisation dont les impacts environnementaux affleurent enfin et indiquent de tout autres priorités : sortir d’une surconsommation numérique galopante, laquelle s’appuie justement sur des prétextes verts fallacieux…

Relire notre article : Le prospectus, bouc émissaire du greenwashing ?

Presse – Franck Riester énumère les enjeux prioritaires

Au sein d’un discours fleuve prononcé à l’occasion du dîner de la Fête de l’Humanité, le jeudi 12 septembre 2019, Franck Riester, Ministre de la Culture, a balayé nombre de sujets incontournables, dont nous extrayons arbitrairement quelques passages…

– Sur le droit voisin pour les agences et éditeurs de presse : « La valeur que vous créez est aujourd’hui accaparée par les plateformes et les moteurs de recherche, qui réutilisent vos contenus sans les rémunérer, alors même qu’ils engendrent d’importants revenus publicitaires. La France est le premier pays européen à transposer la directive droit d’auteur sur ce sujet. (…) Nous mettons ainsi fin au pillage organisé des contenus par ceux qui ne les produisent pas. »

Notons que les médias « producteurs de contenus » qui visent à être protégés ici sont souvent des médias print. S’il existe bien sûr d’évidents contre-exemples (citons notamment Médiapart) la problématique liée à la réutilisation abusive de contenus s’observe en effet quasi-exclusivement dans la sphère numérique, qui a vu certaines plateformes brouiller les repères entre ce qui relève du rôle de l’intermédiaire, et ce qui relève du rôle de média à proprement parler.

Sur la réforme de la loi Bichet : « L’information politique et générale garde un droit d’accès absolu au réseau de distribution. Les titres CPPAP sont distribués dans le cadre d’un assortiment, défini par accord interprofessionnel. Pour les autres titres, l’avis du diffuseur permettra de mieux valoriser les titres les plus à même de rencontrer l’intérêt des lecteurs. Il étend les principes fondamentaux de la loi Bichet aux kiosques et agrégateurs numériques. »

Tiraillée entre la nécessité de préserver une pluralité maximale de l’offre, et la volonté de répondre aux problématiques d’encombrement avancées par nombre de revendeurs, bien en peine de disposer sur leurs modestes étales l’ensemble des titres qu’ils étaient pourtant tenus de proposer, la réforme de la Loi Bichet se voulait ménager et soulager les 24 000 points de ventes encore recensés en 2018, censés distribuer non moins de 6000 titres. L’objectif : substituer aux obligations d’exhaustivité la possibilité de proposer des « assortiments », en fonction notamment de la demande locale et de l’expertise de terrain des kiosquiers…

Sur le statut de la Presse en ligne : « Je vais confier à Laurence Franceschini, présidente de la CPPAP, une mission de réflexion sur ce sujet. Je sais que certains acteurs souhaiteraient que le critère « du contenu utilisant essentiellement le mode écrit », qui sert à définir le service de presse en ligne par analogie avec la publication de presse, soit abandonné. Une large concertation avec l’ensemble des acteurs permettra de faire émerger l’ensemble des demandes et de nous aider à adapter nos outils juridiques aux nouvelles attentes des lecteurs. Les conclusions me seront remises à la fin de l’année. En 10 ans, beaucoup de progrès ont été accomplis pour que les éléments principaux du régime économique de la presse bénéficient à plein aux services de presse en ligne :

–         Accès au fonds stratégique du développement de la presse,

–         TVA à taux super réduit,

–         Création des aides à l’émergence,

–         Soutien à l’actionnariat individuel (amendement Charb, etc.),

–         Accès aux annonces judiciaires et légales à partir de l’année prochaine.

Ces progrès ne sont cependant pas complets dans le domaine des aides au pluralisme. Des travaux sont en cours depuis plusieurs mois. »

Après des remontrances répétées de la part des autorités Européennes envers la France, laquelle appliquait de sa propre initiative à la Presse en ligne le même taux de TVA – dit « super réduit » – que celui de la Presse papier (et ce alors que le taux légal pour ces publications était fixé à 19,6 %, la Presse en ligne étant alors assimilée à un « service »), Bruxelles avait fini par valider, fin 2018, une harmonisation desdits taux de TVA. Le prochain objectif pour les acteurs du numérique consiste semble-t-il à faire rentrer dans la définition « Presse » les contenus audiovisuels (vidéos, podcasts etc.) qui constituent une part de plus en plus importante de leur offre…

Sur la responsabilité environnementale de la Presse : « Les objectifs doivent être réalistes et tenir compte des réalités économiques de chaque secteur. Concernant le vôtre, des décisions importantes devront être prises dans les prochaines semaines. Je pense au projet de loi économie circulaire, qui prévoit à ce stade l’extinction de la possibilité pour les éditeurs de presse de contribuer en nature en 2023. Vous nous avez transmis de nouvelles analyses juridiques, que nous avons partagées avec le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Le point va être réexaminé. En tout état de cause, si cette lecture était confirmée, des mécanismes de substitution seraient à envisager. Je pense aussi à une mesure réglementaire plus immédiate, relative à l’utilisation des huiles minérales dans les encres. Vous savez que cette utilisation pose un grave problème de santé publique que nous ne pouvons pas ignorer. Nous devons trouver des solutions alternatives. Sur tous ces sujets, nous sommes à l’écoute de vos observations et de vos propositions. Des échanges nourris ont eu lieu durant l’été entre mes services, ceux du Ministère de la Transition écologique et solidaire, et les équipes des organisations qui vous représentent. Ils se poursuivront dans les prochaines semaines. Je veillerai à ce que les décisions prises soient soutenables pour vos entreprises. Soyez-en assurés. »

Certainement convient-il de rebondir sur les propos du Ministre, soulignant que « Les objectifs doivent être réalistes et tenir compte des réalités économiques de chaque secteur »… Car sur le sujet des huiles minérales contenues dans les encres, aucune « solution alternative » existante ne saurait malheureusement à ce jour assurer la continuité de la production imprimée et l’intégrité des modèles économiques associés. L’UNIIC a toutefois pris le sujet à bras le corps et joué son rôle (depuis 2015 maintenant) auprès de CITEO, mais aussi des metteurs sur le marché comme des fournisseurs d’encres et de colles, au sein d’un groupe de travail pour anticiper une réglementation sanitaire à ce sujet. De fait, ces « alternatives » restent à travailler et si certaines pistes sont d’ores et déjà prometteuses, des tests plus longs sont nécessaires. Restez à l’écoute, des informations complémentaires sont à venir sur ce sujet…

Du numérique en toute chose…

“Il faut de la mesure en toute chose” voilà ce que nous inspire la préparation de la rentrée scolaire 2019-2020. Le site de la Région île de France nous apprend en effet que : “La Région dotera tous les lycéens et leurs professeurs de manuels et ressources pédagogiques papier ou numériques”.

Si le soutien annoncé se veut neutre quant au support – numérique ou papier –, à la lecture des quatre principes qui régissent l’action de la Région, nous sommes plus dubitatifs. L’aide est ainsi explicitement conditionnée au « virage numérique pour que tous les lycées professionnels deviennent 100 % numérique et qu’au moins la moitié des lycées généraux et technologiques le deviennent aussi. »

La Région ne semble absolument pas tenir compte des retours d’expérience nombreux et études tout aussi nombreuses qui mettent en avant les effets pervers d’un apprentissage “100 % numérique”. Citons notamment une étude signée de l’OCDE – qu’on aura du mal à qualifier d’anti-numérique – qui, dès 2015, écrivait ceci noir sur blanc :

– Les ressources investies dans les TIC dans le domaine de l’éducation ne sont pas liées à une amélioration des résultats des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences.

– Dans les pays où il est moins courant pour les élèves d’utiliser Internet à l’école dans le cadre du travail scolaire, la performance des élèves en compréhension de l’écrit a connu une amélioration plus rapide que dans les pays où cette pratique est plus répandue, en moyenne.

– Dans l’ensemble, la relation entre l’utilisation des ordinateurs à l’école et la performance s’illustre graphiquement par une courbe en forme de U inversé, qui suggère qu’un usage limité des ordinateurs à l’école peut être plus bénéfique que l’absence totale d’utilisation, mais que les niveaux d’utilisation supérieurs à la moyenne actuelle des pays de l’OCDE sont associés à des résultats significativement plus faibles.

… Et nos interrogations se portent sur un deuxième point que nous avions évoqué dans un article précédent (Des manuels scolaire IOS et ANDROID) : le transfert de charges. Si ici des investissements importants sont annoncés pour équiper les lycées, il est précisé que cet équipement revêt un caractère d’urgence : « Un pool de tablettes ou d’ordinateurs sera mis à disposition dans chaque lycée pour parer aux urgences et éviter qu’un élève se retrouve privé d’équipement sur une trop longue période. Des jeux de manuels papier seront également mis à disposition dans les CDI ». Que faut-il comprendre par « cas d’urgence » ? Une Mise à disposition temporaire avant de nécessaires investissements ? Le principe selon lequel chaque élève est – ou « sera », à terme – équipé en numérique à son domicile pour accéder au contenu pédagogique est probablement une source d’inégalité nouvelle. Là où le manuel physique donne accès en tout lieu et sans condition aux contenus pédagogiques relevant du programme scolaire, les écrans dépossèdent : il s’agit, moyennant les capacités de connexion adéquates, d’un droit d’accès devenu limité ou révocable. La numérisation totale et la course à la dématérialisation en tant qu’innovation ultime n’est-elle pas en train de créer en marche forcée de nouvelles inégalités profondes ?

Clic.EDIt : des tests concluants

Conçu et porté par le SNE (Syndicat National de l’Edition) et l’UNIIC, Clic.Edit a pour objectif de mettre en place un langage commun visant à faciliter, accélérer, standardiser et sécuriser les échanges de données informatisées entre tous les acteurs de la chaîne de fabrication du livre.

La version expérimentale testée par douze binômes (éditeur-imprimeur) couvrait trois grands modèles d’échange de commande : prépresse, impression et papier. Les résultats de ces tests ont été riches d’enseignements sur le langage, mais également sur l’organisation à mettre en place dans les entreprises pour utiliser ces nouvelles fonctionnalités.

La V1 est en préparation et permettra de tester la commande mais aussi la facturation et la livraison.

Pour en savoir plus lire le communiqué de presse Clic.EDIt.

Le livre et le droit d’auteur en fête

Officiellement datée au 23 avril, la Sant Jordi (Saint Georges en France) ne porte rien de moins que la journée mondiale du livre et du droit d’auteur. La tradition a d’abord voulu qu’on offre en ce jour une rose, avant d’y adjoindre un livre dans les années 1920. C’est aujourd’hui l’occasion de manifestations dédiées au livre partout dans le monde, comme celle notamment portée et relayée cette année par Arctic Paper : “L’idée, initiée par l’association Verbes en partenariat avec les Editions Gallimard, prend cette année la forme d’un livre d’artiste ; un fac-similé d’un véritable trésor de l’édition française. Tiré à 16 exemplaires à l’origine, en 1947, il présente en parfaite alchimie, les onze gravures sur bois de Serge Rezvani et le poème « Elle se fit élever un palais », de Paul Eluard”. Un livre que vous pourrez vous voir offert dans chaque librairie indépendante participant à l’opération intitulée “Un livre, une rose”, le samedi 27 avril.

“Le fac-similé a été reproduit, en réduction, à partir de l’exemplaire no 13/16. Il est composé de 40 pages non reliées, contenant les onze gravures accompagnées harmonieusement par le poème “Elle se fit élever un palais” par Paul Eluard. L’impression des 28.500 ex a été assurée par La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts, sur le papier design Munken Lynx Rough 170 et 300 g/m². Le Munken Polar Rough 120 g/m² a également été utilisé pour le livret de texte de 24 pages Le papier est fabriqué par Arctic Paper Munkedals” précise le communiqué de Presse d’Arctic Paper.

 

Si le 23 avril sera donc certainement l’occasion de célébrer la littérature au travers de différentes opérations – ou, pourquoi pas, de poursuivre les récents débats dédiés au droit d’auteur – ne manquez pas de prolonger la fête, en vous rendant le 27 avril chez un libraire indépendant partenaire…

Lien utile : la liste des librairies participant à l’opération.

… Et en bonus : A l’occasion de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, redécouvrez, sur le site de l’INA, cette incroyable interview d’un étudiant qui, en 1964, déclarait son opposition au “Livre de poche” et revendiquait une “élite des lecteurs”.

Intrusivité numérique, un nouveau palier ?

Alors que le Conseil de Paris vient de voter le retour – après un an de retrait – des panneaux publicitaires dans la capitale (1 630 panneaux confiés à Clear Channel pour des “informations sur l’actualité culturelle, sportive et associative, ainsi que des communications citoyennes, solidaires et municipales auprès des Parisiens”), occasionnant déjà des discussions tendues sur la pertinence de réinjecter (ou non) de la publicité dans le paysage citadin, le débat pourrait s’étendre au-delà de ce strict aspect pour évoquer, dans le cas des écrans publicitaires numériques… La collecte de données.

L’obsession de la mesure d’audience

S’il est une donnée que s’arrachent les professionnels du marketing et de la publicité, c’est bien celle de la mesure d’audience. Les médias connectés, forts d’une capacité à comptabiliser les visites et les clics, n’ont à ce titre pas manqué d’avancer cet imparable argument pour attirer à eux les budgets des annonceurs, avec la promesse de retours statistiques plus complets et précis que jamais. Si certains écueils n’ont pas tardé à être massivement observés – robots-cliqueurs, explosion des adblocks, errances de la publicité programmatique capable d’envoyer certaines annonces sur des sites empilant les fake news etc. – un nouveau cas avéré d’intrusivité numérique vient ajouter une ligne supplémentaire à la liste déjà relativement fournie des motifs de défiance vis-à-vis du monde digital. Il s’agit de capteurs d’audience équipant discrètement certains écrans publicitaires digitaux, capables de récoler les adresses MAC (Media Access Control) de vos smartphones, à condition que ceux-ci aient leur Wifi activé. C’est la régie publicitaire de la RATP (Metrobus) qui s’est autorisée cette “expérience” de façon aléatoire dans les couloirs du métro, veillant tout de même à crypter les informations récoltées pour les anonymiser et rester dans un usage légal. L’objectif est simple : estimer un taux d’exposition (combien de personnes pourront voir ces publicités ?) et un taux de conversion (combien s’y arrêteront ?).

Peu visible sur la tranche de l’écran, il est indiqué que “Ce mobilier est équipé d’une mesure anonyme de l’audience opérée par Retency pour le compte de Metrobus” avant d’indiquer – en plus petit encore – l’adresse Web permettant de se désengager de “l’expérience”… Vous avez dit intrusivité ? [Source]

Souriez, vous êtes tracké

Pour s’en libérer, il faut faire valoir son droit d’opposition sur la page Retency dédiée, ou à défaut, désactiver le Wifi et le Bluetooth de votre téléphone, via une manipulation moins évidente qu’il n’y paraît : il faut en général s’aventurer loin dans les paramètres système, sans se contenter de cliquer sur des icônes de déconnexion. Notons toutefois que la collecte se fait ici sans aucun engagement préalable, l’usager des transports ignorant effectivement totalement qu’il peut être identifié, puis comptabilisé, en tant que cible publicitaire. Et comment le pourrait-il – sauf à tomber sur ce genre d’article – puisque si les stratégies de tracking sont désormais connues et indiquées dès lors que vous naviguez sur le Web (le RGPD, entre autres, est passé par là), les importer dans le domaine de la publicité physique, sans consultation forcément proactive de contenus, est une grande (et triste ?) première.
Mais au-delà du caractère à première vue légal du procédé, c’est plus encore la volatilité de l’écosystème dit “phygital” qui pose question. Car il semble encore difficile de garantir que lesdites données seront suffisamment sécurisées par leur détenteur, même de bonne foi, avant d’être croisées par de bien-nommés “agrégateurs de données” capables de qualifier la data pour déterminer des profils ô combien rentables. De quoi interroger la pertinence d’une “expérience” dont les cobayes s’ignorent…

Source : Le Figaro

Livre & développement durable, débats en deux temps

Après deux journées de rencontres et d’échanges dédiées au “Livre durable”, tout d’abord à la Bibliothèque Nationale de France le 4 décembre dernier, et plus récemment au Centre National du Livre ce 28 mars, c’est peu dire que le Livre interroge actuellement ses axes de progrès à l’aune des exigences éco-responsables qui fondent l’époque. Si la première journée était dédiée à faire le point sur les initiatives de filière, la seconde s’attachait à définir le rôle (grandissant ?) de la puissance publique, non sans mettre en lumière de nombreux objectifs communs…

“Il s’agit à la fois d’éco-concevoir, de bien choisir son papier, de bien choisir son imprimeur & son procédé d’impression, de faire les bons choix de réimpression, d’être attentif à la gestion des stocks, d’intégrer le transport dans sa problématique de production et de faire les bons choix liés au travail de promotion” énumère Pascal Lenoir, Président de la Commission Environnement et Fabrication du Syndicat national de l’Édition (SNE), qui énonce là les sept recommandations prioritaires établies par le SNE, dans l’optique de faire rimer, autant que faire se peut, Livre et éco-responsabilité. Un travail qui nécessite en parallèle un échange constant avec l’ensemble des acteurs de la Filière, pour déterminer au mieux et au plus juste des bonnes pratiques qui, heureusement, ne sont pas figées dans le temps. Rappelant que, selon les statistiques de la Banque de France, “179 entreprises déclarées fabriquent du livre en France”, Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC, ajoute que “l’essentiel du chiffre d’affaires du livre dans l’hexagone (environ 300 millions d’euros, ndlr) est assuré par une quarantaine d’opérateurs industriels”. Une relative concentration encore largement issue d’une massification structurante, mais que doit venir contrarier une volonté de raccourcissement des circuits de production et de diffusion, là encore caractéristique de l’époque… “L’hyper réactivité doit bénéficier à toute la chaîne : il nous faut passer d’une logique de stock à une logique de flux” fait entendre Pascal Bovéro, soulignant à ce titre que “la logistique et le transport doivent faire partie de notre offre commune”.
Sur le plan strictement environnemental – lequel concentre encore une large part des débats – “On est passé de l’ère de la correction – respecter la loi – à une ère d’amélioration, consistant à progresser et s’adapter aux nouvelles technologies” résume Matthieu Prévost, Responsable environnement pour l’UNIIC et animateur national de la marque Imprim’vert. Ainsi les différents labels et autres certifications ont-il permis l’édification d’une dynamique complémentaire entre l’approche dite “site” (Imprim’vert, normes ISO…), l’approche “produit” (PEFC, FSC, Papier recyclé, Ecolabel…) et le développement relativement récent des bilans carbone (ClimateCalc). Au risque d’empiler les mentions difficile à décrypter, le secteur s’est donc emparé d’une forme d’auto-responsabilisation, en anticipant souvent les exigences attachées au support imprimé. Au chapitre des fausses pistes, toutefois, il faut probablement noter un emballement vis-à-vis du papier recyclé, trop souvent désigné comme une solution miracle alors qu’il ne saurait s’intercaler partout et sans limite. Les raisons en sont simples : la boucle de recyclage nécessite un apport constant de fibres vierges d’une part, et nombre de produits imprimés ne sont pas (ou peu) éligibles au papier recyclé, pour des raisons souvent techniques.

Vincent Monadé, Président du CNL, regrettait, en ouverture des débats de la seconde journée, “que nous continuions trop souvent à imprimer dans des pays où le développement durable est loin d’être une priorité”.

Mais l’originalité de cette double journée consistait en la mise en avant quasi-intégrale de la chaîne du livre, sur une thématique habituellement plutôt “confisquée” par un cercle restreint d’experts, certains admettant d’ailleurs ne pas être habitués à prendre la parole… “Quand on nous demande ce qu’est un auteur éco-responsable, on est un peu décontenancé” explique Hélène Rajcak, auteure et illustratrice, passée notamment par l’école Estienne. “On a l’impression que ces questions appartiennent surtout en amont aux fabricants, ce qui peut d’ailleurs être une frustration, parce qu’on a le sentiment de ne pas vraiment pouvoir agir là-dessus” développe-t-elle. Or, sur les éternelles questions de sur-publication – plus de 68 000 nouveautés parues, selon les données Electre/Livre Hebdo, en 2017 – ou même sur des problématiques plus techniques, certainement faut-il convoquer un maximum d’expertises, dans ce que Pascal Lenoir définit de la sorte : “Réduire le delta entre ce qui est fabriqué et ce qui est vendu”. Pourtant, selon Guillaume Husson, Délégué général du Syndicat de la Librairie française (SLF), “avec un taux de retour moyen de 18,8 %, nous sommes encore loin de ce qu’affiche la grande distribution par exemple. mais c’est encore trop” concède-t-il. L’occasion également pour lui de déborder – déjà – sur le possible concours de l’action publique, qu’il juge en l’état partiellement contre-productive… “Les circuits courts sont interdits pour des raisons de loi de la concurrence. C’est une aberration économique, dans la mesure où les commandes locales devraient prioritairement bénéficier aux entreprises locales”. De même qu’à ses yeux, la vente en ligne génère “des commandes éclatées dans des camions vides, avec des cartons qui ne sont, la plupart du temps, pas recyclés”. L’objectif est toutefois clairement identifié, avec ses écueils, puisque Patrick Volpilhac (Directeur de cabinet du Président de Région Nouvelle-Aquitaine) dit avoir mis en place, en marge d’un contrat de filière régional, “une logique d’accompagnement économique visant à soutenir le tissu industriel local, face notamment à l’Espagne sur la fabrication du livre” en réaction à un autre constat, implacable celui-là, d’une “hausse des recours à des imprimeurs de l’Europe de l’Est : République Tchèque, Pologne etc.” Ainsi pourra-t-on toujours s’assurer que les problématiques observées sont les bonnes, de sorte à ce que les solutions de relocalisation/réindustrialisation en format “circuit court”, comme imminemment testées en région Hauts-de-France, bénéficieront d’une oreille particulièrement bienveillante et attentive…