Noémie Regardin – “Il faut amener les jeunes dans les ateliers”

Cet article, publié ici en avant-première, sera au sommaire du magazine Acteurs de la Filière Graphique n°152.


C’est un petit crève-cœur, mais pour la première fois depuis de nombreuses éditions, Acteurs de la Filière Graphique n’a pas pu couvrir les Finales nationales des Worldskills 2025, qui se sont tenues à Marseille en octobre dernier. Qu’à cela ne tienne, quelques semaines après sa victoire dans la catégorie Imprimerie, nous nous sommes entretenus avec Noémie Regardin, 23 ans aujourd’hui, qui s’était déjà distinguée en 2023 avec une remarquable médaille d’argent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a de la suite dans les idées…

Noémie Regardin (représentante des Pays de la Loire), entourée de Killian Fehringer (à gauche, Auvergne-Rhône-Alpes), lauréat 2023, et Tom Krzciuk-Paillot (à droite, Nouvelle-Aquitaine).

Félicitations Noémie pour cette victoire. On a l’impression qu’après ta très belle médaille d’argent en 2023, tu n’étais pas rassasiée. Est-ce que tu as su tout de suite que ce n’était pas suffisant et que tu allais retenter ta chance en 2025 ?

Après les finales 2023, je n’étais plus censée pouvoir concourir à nouveau puisque je dépassais l’âge requis. Mais quelques mois après ma médaille d’argent, j’ai appris qu’ils avaient repoussé la limite d’âge en question et on s’est justement dit avec Killian [Killian Fehringer, lauréat des Finales nationales 2023, NDLR] que c’était l’occasion de refaire la compétition. Il est en tout cas certain que dès que j’ai su que je pouvais tenter à nouveau d’aller chercher l’or, je ne me suis même pas posé la question : il était évident que j’allais réessayer. Une médaille d’argent ne me suffisait pas.

C’est une petite consolation après l’exclusion des métiers de l’imprimerie des compétitions internationales ?

Oui, même si j’ai l’impression que ce sont les métiers qui ont été exclus des compétitions mondiales et/ou européennes qui ont bénéficié de ce rehaussement de l’âge limite de participation. Parce qu’il ne faut pas se cacher que nos métiers peinent un peu plus à avoir des candidats. Il faut se rendre compte que d’autres métiers comme les paysagistes ou les coiffeurs par exemple, ont même des présélections avant les épreuves régionales, tant les candidats sont nombreux.

La France figurait parmi les nations favorites dans le secteur graphique et elle avait plutôt tendance à montrer l’exemple. L’imprimerie ne figure plus parmi les métiers à l’échelon international parce que le seuil de 14 pays participants peinait à être atteint…

Oui, on a le sentiment de faire le maximum pour porter nos métiers en France en motivant d’autres jeunes et c’est forcément rageant de se dire qu’on rate les compétitions internationales parce que d’autres pays ne fournissent plus ces efforts…

“L’impression numérique a pris encore plus d’importance.”

Revenons à ces Finales nationales. Tu avais l’expérience de l’édition 2023, est-ce que l’édition 2025 t’a semblé similaire ou est-ce qu’au contraire tu as senti une évolution dans l’approche des épreuves ?

C’était plutôt différent sur cette édition, pour plusieurs raisons. Déjà j’ai travaillé avec deux experts qui ont deux manières distinctes de penser les épreuves : Dorothée Bouchend’Homme, qui a pris la suite de Dominique Gendre, et Thierry Mack. Et puis surtout, l’impression numérique a pris encore plus d’importance. On m’a dit que c’était déjà le cas en 2023 en comparaison des éditions précédentes, mais cette année c’était encore plus flagrant : nous avons eu cinq épreuves relatives à l’impression numérique et une épreuve offset, qui a dû être annulée en raison d’une panne. C’était certainement la nouvelle la plus triste pour moi, parce que même si je suis tout à fait ouverte au numérique – qui demeure un complément nécessaire – le cœur de nos métiers, ça reste l’offset. Et pour le coup, j’avais eu le temps de faire cette épreuve, la panne est survenue juste après mon passage et ça a été une vraie déception.

Tu avais prévu cette mise en avant de l’impression numérique ? Est-ce que tu t’y étais préparée ?

Oui, au cours d’un stage préparatoire chez Konica Minolta, on avait effectivement anticipé l’importance grandissante de l’impression numérique dans les épreuves et je m’y étais préparée. Il faut dire qu’en revenant sur les intitulés des épreuves des dernières éditions, on voyait bien l’accent mis progressivement sur l’impression numérique. Je dois beaucoup à mon coach, Philippe Tanguy [formateur impression chez Grafipolis, NDLR], qui m’a énormément apporté à la fois sur le plan technique mais aussi sur le plan de la gestion du stress. Et la chance que j’avais, c’est que son oncle a une imprimerie en Bretagne, l’Imprimerie Tanguy située à Pont-l’Abbé. Il se trouve qu’elle est justement équipée d’une Presse Konica Minolta et même si ce n’est pas le même modèle qu’en compétition, j’ai pu me faire la main [RIRES].

Tu es conductrice offset chez Atlantique Impression. Comment ton parcours a été accueilli dans l’entreprise pour laquelle tu travailles ?

J’avais fait un premier stage chez eux dans le cadre d’un BAC Pro en communication visuelle et c’est mon patron qui est revenu vers moi et m’a démarchée suite à ça. C’est ce stage qui m’avait permis de me rendre compte que j’étais davantage attirée par la production et que j’avais envie d’être en atelier, pas devant des ordinateurs. C’est ensuite toujours lui qui m’a poussée à faire les Meilleurs Apprentis de France et quand je lui ai parlé du concours, il m’a soutenue de façon inconditionnelle. Nous sommes une toute petite entreprise – nous ne sommes que trois – et c’est sûr que mon parcours au Worldskills a été une chance pour tout le monde.

“Dans de toutes petites entreprises avec moins de moyens, on doit développer son savoir-faire autrement et j’en suis super fière.”

Ton profil est intéressant à double titre puisque tu es la première fille à remporter le concours, ce qui tend à démontrer que le métier est certainement en train de se féminiser. Par ailleurs, le fait que tu travailles dans une TPE doit également rappeler que l’essentiel du tissu industriel français est constitué de ces toutes petites structures, où l’on trouve donc de grands talents…

Oui, je suis d’accord avec ça et j’ai même un exemple tout bête à mettre en avant. Il se trouve que la dernière épreuve – celle de la recherche de teinte – était la seule où tous les candidats passaient en même temps, alors que nous alternions les épreuves sur les machines. Nous étions côte à côte à rechercher une teinte avec du cyan/magenta/jaune et la consigne était claire : nous n’avions pas le droit d’utiliser un spectrophotomètre. Il fallait travailler à l’œil et demander à mesurer le delta E [soit la mesure de la différence visuelle entre deux couleurs, dans un espace colorimétrique perceptuellement uniforme, NDLR] une fois que nous considérions que c’était OK. J’ai obtenu un delta E de 1,11 et tous les jurés étaient surpris que je tombe si proche, juste à l’œil. Certains m’ont demandé suite à ça quel était mon secret et la vérité, c’est juste que je travaille depuis cinq ans sans spectro’ [RIRES]. Parce que parfois, dans de toutes petites entreprises avec moins de moyens, on doit développer son savoir-faire autrement et j’en suis super fière.

Tu ne peux donc plus reconcourir, mais est-ce que tu as gardé contact avec d’autres compétiteurs, experts, coaches etc. ? Voire, est-ce que tu envisages d’intégrer un jour le staff de l’équipe de France, pour devenir coach toi-même, par exemple ?

Oui, totalement ! Quand on rentre dans la famille Worldskills, on n’a pas du tout envie d’en sortir. Il y a même un contrecoup quand la compétition s’arrête : on sait qu’on ne va pas pouvoir la refaire et personnellement, je me suis toujours dit que je voulais garder un pied dedans. Ça commence en effet par nouer des relations de long terme avec les gens que l’on rencontre, dont nos « adversaires ». Avec Killian on a gardé un très bon contact et ça concerne même plus globalement toute l’équipe régionale notamment. Quant aux Worldskills et la suite que j’imagine possible, j’aimerais d’abord commencer en tant qu’ambassadrice pour témoigner et mettre en avant le concours. Et petit à petit, je verrai comment je peux essayer d’intégrer les jurés régionaux.

“Je suis bien placée pour dire que c’est souvent en étant face aux machines que l’on se rend compte que ça nous plaît…”

Il y a de vifs débats qui secouent nos métiers sur la question de l’attractivité du secteur graphique. Comment est-ce que tu perçois la difficulté croissante des entreprises à attirer et recruter ?

J’admets que pour ma part, je ne me reconnais pas toujours dans ce qui attire les gens de mon âge. J’ai un compagnon qui est agriculteur et je pense que lui comme moi, on a une vraie sensibilité pour l’artisanat et les métiers de mains. C’est vrai que c’est un trait de caractère qu’on retrouve peu chez les jeunes que l’on peut côtoyer. Le fait que le numérique commence à s’imposer, y compris dans nos métiers, à la fois ce n’est pas forcément ce que je préfère – comme je l’ai déjà dit, je suis plus sensible aux techniques traditionnelles – mais c’est aussi sûrement l’opportunité de donner une image plus moderne et attractive de nos métiers. L’autre enjeu, je pense, c’est d’arriver à créer des rencontres. Je suis bien placée pour dire que c’est souvent en étant face aux machines que l’on se rend compte que ça nous plaît… Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut essayer de créer ces moments en amenant les jeunes dans les ateliers. C’est là que peuvent se produire de belles surprises, parce que c’est un métier de passion. Mais il faut le vivre pour le comprendre, en parler ne suffira jamais.

Et l’Intelligence Artificielle ? Comment est-ce que tu imagines l’avenir de ton métier au regard de ce qui se passe autour de l’IA aujourd’hui ? Est-ce que tu te sens directement concernée par les impacts que cela peut générer sur la façon de produire ?

Il est certain que le prépresse est déjà complètement impacté. On voit de plus en plus de clients utiliser l’IA pour des créations de fichiers, mais j’admets que même pour quelqu’un de jeune comme moi, on a du mal à réaliser exactement ce qui va se passer. Ce que je peux dire, c’est que je nous imagine mal y échapper : ce n’est pas une perspective qui me rend très enthousiaste, mais je me fais à l’idée que nos métiers composeront avec l’IA également, jusque dans les ateliers de production. Mais encore une fois, je fais le parallèle avec le développement des technologies numériques dans nos métiers : c’est une façon de faciliter le travail de production et on a peut-être besoin de se rendre plus accessibles.

La famille UNIIC s’est agrandie

Florentin Lavaud occupe depuis maintenant près de six mois le poste de Responsable des affaires économiques pour l’UNIIC. C’est donc un portrait certes un peu tardif que nous publions ici, mais qui nous permet de donner un plus large aperçu des chantiers dans lesquels il est aujourd’hui déjà intensément plongé…

Diplômé du Trinity College de Dublin et de l’ENSAE Paris, passé par une start-up spécialisée dans la finance appliquée en stage de fin d’études, puis cofondateur d’un moteur de recherche intelligent dédié à la mode, Florentin Lavaud ne semblait pas forcément prédestiné à une carrière dans les Industries Graphiques. Mais il l’assure, son goût prononcé pour le papier et la lecture l’a poussé à opérer un petit virage professionnel, qui n’arrive donc pas tout à fait par hasard. C’est ainsi que les missions sur lesquelles il s’est investi ces derniers mois auront déjà largement eu de quoi nourrir sa curiosité naturelle, pour ce qui commence à dessiner un pôle « Economie & Statistiques » aux contours très étendus, avec déjà quelques livrables en ligne de mire :

– Une enquête Annuelle de Production : élaboration en cours d’une photographie complète et actualisée des moyens de production des entreprises.

– Un tableau de bord : création d’une interface intuitive permettant aux adhérents de consulter et exploiter les chiffres clés du secteur.

– Imprim’Emploi : cartographie des besoins en recrutement et identification des profils les plus recherchés.

– Cyber’Print : mise en place d’une offre dédiée à la cybersécurité afin de renforcer la résilience du secteur.

Des approches à la fois plurielles et exigeantes, qui nécessitent de recueillir et travailler des données sensibles, dans un contexte de concentration progressive de l’activité. C’est d’ailleurs pourquoi il importe, plus que jamais, d’y voir clair.  « Et Les facteurs d’évolution à analyser sont nombreux » relève-t-il, citant notamment « les efforts de recherche & développement, des tendances de concentration et de rationalisation (…), les effets du développement durable (éco-conception, empreinte carbone, RSE et nouveaux modes de production) ou encore l’impact des innovations technologiques en cours ».

D’ici à pouvoir dresser des scénarios prospectifs à horizon 2030, la route est encore longue, mais l’objectif est clair : il s’agit de se doter des outils économiques et statistiques suffisamment fiables et solides pour construire des plans d’action éclairés, pertinents et accessibles, moyennant – toujours – des énergies collectives que l’UNIIC s’emploie à mobiliser. A ce titre, nous devions nous renforcer et l’arrivée de Florentin Lavaud atteste de la meilleure des manières de nos ambitions en ce domaine.

contact – florentin.lavaud@uniic.org

Information : Nouvelle classification des emplois & qualifications

L’UNIIC vous propose un programme d’information consacrée à la mise en application de la nouvelle classification des emplois et des qualifications.

Japan Innovation Tour – Session 2025

Devant le succès remporté par la précédente session de notre voyage d’étude au Japon qui s’était tenu du 7 au 14 décembre 2024, nous relançons une nouvelle session ajustée avec une visite de nouveaux centres d’innovation de fournisseurs qui compléteront la liste exceptionnelle de ceux qui avaient participé à l’enrichissement de cette précédente visite, riche en découvertes et en leçons pour l’imprimerie du futur (relire notre synthèse).
Avant même de lancer les préinscriptions, nous enregistrions des demandes d’entreprises que nous n’avions pas pu inclure dans notre précédent voyage faute de places.
Plusieurs modifications ont été négociées par l’UNIIC pour ce nouveau parcours qui se tiendra du 27 septembre au 4 octobre.
Parmi ces adaptations qui font sens, figure la visite de quatre pavillons de l’exposition universelle à Osaka qui sont consacrés à l’innovation technologique, aux solutions numériques avancées, aux encres écologiques, aux impressions fonctionnelles, aux start-ups de l’imprimerie mais aussi à l’histoire de l’imprimerie et des estampes notamment.
Cette opportunité sera le “must” de ce parcours qui entre dans notre stratégie de rendre accessibles les innovations disruptives portées par un pays et une culture qui sont à la source de nouveaux modèles.

D’un point de vue pratique inscrivez vous au plus vite par le biais du formulaire mis à votre disposition, sachant que le reste à charge pour les entreprises est très modéré par rapport au coût réel de cette initiative, qui fait le pari de l’excellence comme nous avons su le faire pour la Drupa ou les Hunkeler Innvations days.
Il est important de rappeler que ce parcours est cofinancé par l’UNIIC, les entreprises et Ambition graphique sur des fonds développement innovation exclusivement dédiés à ces accompagnements et non sur des fonds de formation.
Il n’y a donc aucune amputation des droits des entreprises tant sur la formation que le développement.

Pascal Bovero, Délégué général de l’UNIIC

Pour vous préinscrire, merci de remplir ce formulaire. Notez qu’en raison de places limitées, deux participants par entreprise maximum seront autorisés. Quiconque a déjà participé à la précédente session de ce voyage n’est pas autorisé à se réinscrire. Vous pourrez par ailleurs être mis sur liste d’attente, si le plafond de préinscriptions est atteint au moment de votre demande.

Le 20 Juin prochain, l’UNIIC vous convie en région Centre-Val de Loire pour parler (notamment) de la nouvelle classification des emplois et des qualifications

Le président de l’UNIIC Centre, Sébastien Lemaire, a pris l’initiative d’organiser une réunion d’information dont l’un des points de l’ordre du jour sera consacré à la mise en application de la nouvelle classification des emplois et des qualifications, ainsi qu’à l’accord paritaire portant sur un dispositif sectoriel d’activité partielle longue durée.

En ce qui concerne la nouvelle classification, les deux négociateurs de l’UNIIC (Iris Delloye et Pascal Bovero) vous aideront à vous approprier la méthode procédant de ce texte, afin de sécuriser vos approches en matière de définition des emplois et à les coter dans la grille applicable à l’ensemble des entreprises du secteur.

“Vu l’importance du sujet, j’ai souhaité associer deux représentants syndicaux qui se sont investis dans ce chantier qui en appelle d’autres” précise Pascal Bovero, à savoir “les deux chefs de file représentant la FILPAC CGT (Eric Martin) et la F3C CFDT (David Letailleur)”. Afin de vous aider à répondre aux principales questions engendrées par ce texte de référence et prendre en compte toutes les spécificités, l’UNIIC remettra aux participants une foire aux questions/réponses qui illustre le guide paritaire d’explication, lequel vous sera remis sur place.
Cette réunion permettra aussi d’organiser un échange entre des entreprises aux activités multiples, de la TPE à L’ETI, du rotativiste Labeur à l’imprimeur numérique grand format, de l’offsettiste à l’imprimeur d’étiquettes, du sérigraphe au façonnier etc.

Pour illustrer l’accord paritaire et répondre à vos questions, nous vous proposons le programme suivant :

16h/16h30 : Accueil des participants par le Président de l’UNIIC Centre

16h45 : La classification, un outil de pilotage des compétences

– Présentation des 4 intervenants

– Fondement de la nouvelle classification et méthode (différence avec l’ancien texte, définition des emplois repères, définition et utilisation des critères classants, évaluation des emplois etc.)

Les cas spécifiques :

– Les ex IDCC 614 (Sérigraphie dont l’entier de la convention collective a fusionné avec l’imprimerie de Labeur).

– Reliure brochure dorure (dont la spécificité faisait l’objet d’un avenant lié au code naf 18-14 Z).

Et demain ? La convergence des outils, des compétences, de la gestion des flux se traduira-t-elle pour une classification adaptée à une communication multi procédés et multi produits agnostique par rapport aux spécificités métiers ?

Pour vous inscrire : merci de nous retourner ce coupon-réponse

Ouvert aux entreprises adhérentes ou non à l’UNIIC, l’événement vous propose d’assister au programme décrit ci-dessus le vendredi  20 juin dans les anciens locaux de l’imprimerie TRANSPRINT à La Riche (37520). Réponses attendues avant le 13 juin.

Non, le “Oui Pub” ne sera pas généralisé – Une décision de l’Etat en forme de désaveu

Ce texte, qui signe l’édito du magazine Acteurs de la Filière Graphique n°149, a été rédigé suite à la confirmation – attendue – de la non généralisation du dispositif ‘Oui Pub’, qui nous a été communiquée par l’Etat, au moyen d’un courrier adressé aux territoires pilotes. Il y est notamment explicitement dit ceci : “Compte-tenu des éléments très contrastés issus de l’expérimentation et du contexte de transition déjà à l’œuvre en matière de publicité, le rapport d’évaluation n’est pas accompagné d’un projet de loi proposant la généralisation du Oui Pub”… 

C’est peu dire que le papier aura été attaqué avec plus ou moins de bonne foi ces quinze à vingt dernières années. Dernière offensive en date : laisser croire qu’il fallait avoir la tête du prospectus imprimé pour réduire mécaniquement le volume de publicité associé, tout en supprimant les impacts environnementaux afférents. L’erreur est en réalité double : non seulement les marques ne se laisseront évidemment pas déposséder du droit de communiquer leurs offres & promotions par d’autres voies (numériques, en l’occurrence), mais rien n’indique à date que pareil transfert ne se fera pas pour le pire, environnementalement parlant. L’ADEME est à ce titre plus ou moins contrainte d’admettre que le mouvement en cours vers plus de numérique et moins de papier, ne saurait être qualifié de ‘responsable’. Un constat malheureux mais prévisible, qui a déjà produit l’essentiel des dégâts socio-économiques au sujet desquels l’UNIIC alerte l’État, depuis les prémices (à l’époque) d’une possible expérimentation Oui Pub. Nous ne saurions ainsi trop nous réjouir du fait que ledit dispositif ne sera, conformément à nos préconisations, pas généralisé : il est des ‘victoires’ au goût amer et cette validation tardive de nos arguments est de celles-là.
Il faut toutefois saluer les efforts collectifs mis en branle – et dont ce numéro d’Acteurs Graphiques se fait l’écho – pour ramener un tant soit peu de raison dans le débat. L’UNIIC est fière d’avoir porté ce message dans tous les copil dans lesquels nous nous battions. Il en restera un acte de résistance, des documents scientifiques, une parole politique et un film (« Une fibre vous parle ») que nous projetterons en régions
à la fois pour témoigner de cet acte de résistance, mais aussi pour échanger & convenir d’un plan d’action s’attachant à préparer le rebond d’un support essentiel. Car l’urgence est là : il y a trop à repenser, développer & reconstruire, pour s’appesantir sur ce qui a été abîmé.

Pascal Bovéro (Délégué général de l’UNIIC) & Yoan Rivière (Rédacteur en chef, Acteurs de la Filière Graphique)

Notices pharmaceutiques : l’UNIIC alerte sur la publication d’informations fausses ou incomplètes et anxiogènes

Le secteur des industries graphiques, au-delà de toutes ses missions et ses domaines d’activité, conserve une fonction régalienne : celle d’être une industrie du message et d’informer les citoyens en utilisant un support qui permet l’accès à toutes et tous à de l’information non dégradée par l’instabilité du digital, renforcée par la société du commentaire.
C’est dans ce contexte que depuis plusieurs jours sont diffusées des informations tronquées concernant la suppression prochaine des notices pharmaceutiques, avec les risques que ce type de mesure ne manquerait pas d’entrainer pour la sécurité des patients, la responsabilité des metteurs sur le marché et l’accélération de la fracture numérique, alors que les seniors sont ceux qui ont le plus besoin de traitements et de cette information fiable sur un support fixe.

L’UNIIC travaille sans relâche depuis 2023 sur ce sujet comme sur de nombreux autres en Europe, en étroite collaboration avec Intergraf et les autorités européennes. Le texte en cause, qui a fait l’objet de nombreux amendements, est l’article 63 de la directive “Medicinal products for human use”. Le travail que nous menons avec le soutien de plusieurs de nos adhérents majeurs s’inscrit dans le processus MLPS (pour “Médical Leaflets = Patient Safety”).

Les premières tentatives de marginalisation de la notice papier, que nous avons contestées, ont été immédiatement revisitées et ont surtout fait l’objet d’un soutien d’associations de consommateurs telles que l’UFC Que Choisir et la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie, une association nationale qui défend exclusivement les intérêts spécifiques des consommateurs et des usagers). Ces associations, ainsi que les représentants des officines de pharmacie, dans l’attente de l’expérimentation, réaffirment le principe cardinal d’un libre accès à tous d’une information certifiée et non sujette aux aléas du nomadisme numérique.

L’UNIIC va s’employer avec ces associations de consommateurs à faire entendre une autre voix aux chaines d’information qui ont, sans précaution, diffusé des projets partiels voire partiaux en laissant entendre que cette dématérialisation était actée et profitant par la même occasion de l’aubaine pour diaboliser le media papier, pourtant seul garant de l’intégrité des informations délivrées et inscrivant sa production dans une boucle vertueuse qui pourrait servir d’exemple aux médias alternatifs non traçables.

Il nous revient de rappeler que l’urgence est mauvaise conseillère et que l’UNIIC est à la disposition de toutes les parties prenantes concernés par ce dossier, y compris la presse professionnelle, pour nourrir cette thématique si sensible.

Publication du décret Activité partielle de longue durée rebond (APLD-R) : l’UNIIC à vos côtés pour constituer vos dossiers

Le secteur de l’imprimerie et des industries graphiques est aujourd’hui confronté, depuis la fin de l’exercice 2024, à un retournement conjoncturel qui affecte nombre de ses marchés à haute volumétrie notamment, à l’exception de modèles gagnants qui résistent et continuent à se  développer. L’UNIIC qui enregistre les licenciements économiques ès qualités de gestionnaire de la commission paritaire emploi/formation/compétences, constate une recrudescence de PSE dans plusieurs bassins.

Depuis plusieurs semaines nous œuvrons avec les partenaires sociaux pour accélérer la publication du décret Activité partielle de longue durée rebond (APLD-R), décret sur le contenu duquel nous avons été consultés.

Nous considérons donc que ce dispositif est un des outils parmi d’autres pour conserver les compétences et construire le sursaut collectif dont la branche a besoin. Pour offrir aux entreprises et aux  salariés la réponse la plus appropriée à ces difficultés, l’UNIIC va engager deux actions opérationnelles :

Construire et négocier un accord paritaire APLD-R avec les organisations syndicales.

Continuer de travailler avec l’Etat par le biais d’un groupe technique d’information pour répondre à toutes les questions liées au nouveau dispositif et sécuriser l’instruction des dossiers par les Dreets, qui lors du précédent dispositif avaient parfois refusé certaines prises en charge.

Iris Delloye et moi-même seront plus que jamais à votre disposition pour vous aider dans la maitrise de cet outil, y compris en attirant votre attention sur la nécessité de prioriser les diagnostics économiques et compétences que la puissance publique estime désormais incontournables pour considérer vos dossiers comme recevables.

Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC

> POUR ACCEDER AU DECRET <

Cyberprint : un projet UNIIC pour garantir la sécurité de votre système d’information

La transformation digitale des modes opératoires du secteur génère une augmentation, dans plusieurs domaines d’activité, de la surface d’exposition de nos adhérents aux risques cyber. Après avoir échangé avec plusieurs de nos membres qui gèrent des fichiers numériques et de la data en général, nous avons pu constater que le degré de connaissance, voire de maitrise, des entreprises sur ces sujets sensibles était faible, alors que les grands donneurs d’ordre étaient désormais très exigeants en ce domaine.

L’UNIIC, fidèle à sa mission de défense des entreprises du secteur, lance un plan d’action sur la maitrise des risques informatiques qui nécessite de construire une action structurée, à construire autour de phases de sensibilisation, de webinaires, d’audits de vulnérabilité (confidentiels) et d’accompagnement vers un référentiel AFNOR (ISO 27001).

Ce plan, accompagné par le service système d’information de l’UNIIC et un expert cyber sécurité, est pris en charge par l’UNIIC et la branche (Ambition Graphique) pour une première cohorte de 10 entreprises non concurrentes.

Le constat

  • Le secteur des industries polygraphiques (tous procédés & tous marchés) est très atomisé puisque sur 4000 entreprises, 78 % relèvent des TPE (moins de 10 salariés).
  • Vu la variété de leur positionnement marché (du généraliste au spécialiste) de la TPE à l’ETI, de l’entreprise travaillant sur appel d’offre à l’entreprise travaillant sur devis etc. il est devenu essentiel de protéger les informations sensibles des entreprises et de construire un système de management d’un système d’information.
  • Au-delà de ce constat, après avoir sondé plusieurs entreprises exposées, nous avons pris la mesure de la vulnérabilité de certains types d’entreprises qui travaillent avec des donneurs d’ordre exigeant de pouvoir contrôler par sondage, la fiabilité des systèmes de management de l’information dans l’entreprise (données entrantes, sortantes, partagées ou stockées). Ce pouvoir de contrôle s’étend désormais au PCA (plan de continuité d’activité) devenu lui aussi essentiel pour être référencé dans certains appels d’offre.
  • En outre, à la vulnérabilité technique s’ajoute l’insuffisance des clauses de garanties assurantielles. En effet, dans les polices multirisques, les clauses traitant des données numériques sont souvent réduites à une garantie de « reconstitution d’archives » en cas de sinistre non intentionnel.
  • Les TPE/PME de notre secteur sont donc démunies face à ces risques et l’inflation de propositions d’accompagnement a conduit l’UNIIC à partager un constat et une méthode avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) notamment.

Aussi, il nous importe désormais de :

  • Définir les segments d’activité les plus exposés et cartographier les risques.
  • Sensibiliser les entreprises témoins à la multiplicité des dangers.
  • Lancer des « crash tests » couverts par la confidentialité.
  • Présenter le référentiel ISO 27001.
  • Elaborer des préconisations pour construire un système de management de ce type de risques.
  • Accompagner les entreprises qui le souhaitent vers la certification ISO 27001.
  • Mobiliser les collaborateurs des entreprises sur cette thématique.
  • L’UNIIC qui porte ce projet, veut construire un plan d’action opérationnel en commençant par une phase préalable qui va de la sensibilisation à l’évaluation du degré de maturité des entreprises du panel que l’on vise ; et en tirer ainsi des conclusions pour passer en mode actif.

Les quelques cibles pré identifiés :

  • Toutes les entreprises intervenant sur le secteur du marketing adressé 360 degrés (print et digital).
  • Toutes les entreprises positionnées sur une diversification Web to print.
  • Une grande partie des entreprises d’éditique que l’on appelle aussi courrier de gestion, dont les clients relèvent du monde de l’assurance ou des mutuelles par exemple.
  • Des entreprises qui maitrisent l’électronique imprimée.
  • Les routeurs personnalisateurs.
  • Les imprimeries positionnées sur les périodiques ou le livre.

Plan d’action

  • Présentation des enjeux à un panel d’entreprise.
  • Définition d’une cartographie des risques avec l’expert accompagnant.
  • Présentation d’études de cas.
  • Audit de vulnérabilité.
  • Présentation détaillée du référentiel AFNOR ISO 27001.
  • Préconisation aux entreprises tests avec rapport d’audit individuel.
  • Accompagnement vers la norme iso pour les volontaires.
  • Construction d’un mémento pratique orienté méthodes, témoignages et solutions.

Au moment où l’Intelligences Artificielle accroit les risques qui pèsent sur votre système d’information, L’UNIIC est à votre écoute pour recenser les risques cyber et construire la boite à outils dont vous avez besoin.

 

Retour sur la diffusion du film “Une fibre vous parle”

Diffusé en avant-première le 3 février dernier, le film “Une fibre vous parle”, réalisé par Jean Desmaison, commenté par François Berléand à la voix off et porté par le collectif du Cercle d’Alliés (auquel se sont joint l’UNIIC, Pub Audit, la Copacel, Two Sides, Culture Papier, Médiaposte, Federec etc.) s’est voulu, en une petite demi-heure, procéder à quelques mises au point : rappeler l’importance socioculturelle écrasante du papier, faire état de ses nombreux atouts écoresponsables et souligner ses efforts continus en la matière, en repréciser les bienfaits cognitifs essentiels face à l’emprise grandissante des écrans, ou encore apporter d’autres éclairages face aux discours qui acteraient de ses archaïsmes prétendus.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, ledit film fait encore l’objet de tractations pour des diffusions ultérieures, sur des médias grand public qui restent à déterminer. Raison pour laquelle nous ne pouvons encore en partager le contenu (mais comptez évidemment sur nous : nous nous ferons le relai des canaux adéquats dès que possible). En revanche, sa prime diffusion a donné lieu à une demi-journée d’échanges précieux, rythmés par trois tables rondes dont nous vous laissons ci-dessous les captations vidéo.

Première table ronde : L’intégration de la valeur environnementale au cœur de la filière papier (de la forêt au recyclage).

Mme Muriel CANIEZ, Directrice du bureau de vente France et Bénélux, NORSKE SKOG
M. Maxime CHAUMET, Directeur Général de France Bois Forêt
M. Jan LE MOUX, France Country Manager de Two Sides
M. Stéphane PANOU, Président filière Papiers Cartons FEDEREC, Directeur Département Négoce et Valorisation Matières PAPREC GROUP
M. Matthieu PREVOST, Directeur du département QHSE et RSE UNIIC
M. Philippe VANHESTE, Directeur Général Adjoint Groupe PRENANT

Deuxième table ronde : Le rôle social du papier

M. Fabrice BAK, fondateur et directeur du 1er cabinet français de consultation en psychologie cognitive appliquée
M. Pierre BARKI, Président CULTURE PAPIER
M. Laurent DE GAULLE, fondateur et ancien Président CULTURE PAPIER
M. Hubert PEDURAND, Directeur Général du groupe LABALLERY, Président de l’imprimerie FLOCH et membre exécutif de l’UNIIC.

Troisième table ronde : Dynamiques locales : commerce, consommation raisonnée et réfléchie – le papier pour un marketing porteur de sens et d’avenir

M. Arnaud DUBIN, Directeur commercial et marketing associé PUB-AUDIT
M. Alban DUCHEMIN, Directeur général NANOTERA
Mme Nathalie GRAND-CLEMENT, Directrice générale CENTRAKOR
M. Hubert LECHAT, Président HYPER U Evron & Binôme Achat Non Marchand – Communication TRACT à la coopérative
M. Ulbe JELLUMA, Directeur général Europe PRINT POWER
M. Jean-Marc MEGNIN, expert retail