Note d’information sur les huiles minérales et les papiers graphiques

[COMMUNIQUE UNIIC]

Depuis plusieurs mois, l’UNIIC sensibilise, avec d’autres parties prenantes, le secteur graphique et l’ensemble de la filière sur la nécessité de travailler à la recherche de solutions alternatives aux encres à base d’huiles minérales compte tenu, notamment, des contraintes règlementaires procédant de l’article 112 de la loi AGEC.

Les huiles minérales sont des substances (mélanges d’hydrocarbures) contenues dans les encres offset (heatset et coldset). Elles peuvent contribuer à exposer les consommateurs à des risques potentiels liés à la migration de leurs composés. Ce risque et la régulation réglementaire qui y est associée concernent certes en premier lieu le secteur de l’emballage. Mais les imprimés publicitaires et à terme les périodiques, vont être impactés par cette interdiction.

Les imprimeurs et acteurs amont/aval (producteurs d’encres, de colles, fournisseurs et transformateurs d’emballages, éditeurs, industriels de recyclage etc.) ont travaillé sur des solutions alternatives techniquement disponibles et économiquement supportables. A ce titre, plusieurs imprimeurs en partenariat avec leurs fournisseurs d’encres et certains éditeurs ont testé la pertinence et l’efficacité technologique et économique d’encres alternatives dites “encres blanches”.

Les retours d’expériences, grâce notamment à l’investissement Recherche et Développement des fournisseurs d’encres et des imprimeurs, sont positifs. Toutefois, les premières remontées de tests, si concluants soient-ils, font apparaître un surcoût dont la moyenne s’établit entre 3 et 5 %.

L’UNIIC, sans s’ingérer dans les politiques commerciales de chacune des entreprises adhérentes, a vocation à fédérer ces initiatives et s’est investie dans la promotion de l’appel à projet Citeo dont les résultats seront déterminants quant à la pertinence de l’appropriation des encres alternatives par les imprimeurs.

Et, dès à présent, compte tenu des enjeux économiques qui impactent lourdement le paysage graphique et notamment les imprimeurs, qui ont fait le choix d’anticiper le basculement aux encres blanches, il nous semble indispensable que nous prenions collectivement et individuellement la mesure des surcoûts ainsi engendrés qui ne peuvent rester à la seule charge des industriels, déjà confrontés à des aléas qui menacent leur chaine de valeur.

Etude : quels impacts en cas de déstabilisation de la Filière Papier Graphique ?

Une étude, construite sur la base des perspectives et données fournies par ADREXO, COPACEL, MEDIAPOST et l’UNIIC , mandatée par Culture Papier et réalisée par le cabinet Ernst & Young (EY), s’est donnée pour objectif “d’évaluer l’empreinte socio-économique et les externalités positives de la filière papier graphique en France en général et de l’imprimé publicitaire en particulier. L’étude cherche également à évaluer les conséquences directes et indirectes qu’aurait une restriction de l’usage de l’imprimé publicitaire sur la société et sur les différents acteurs de la filière”. Retour synthétique sur les principaux enseignements d’une étude d’envergure, dans un contexte conjoint d’inquiétudes liées à la préservation de l’environnement et de fragilité sectorielle, due à une contraction continue des volumes imprimés…

Si l’étude s’attache tout d’abord à définir chaque maillon de la bien-nommée “Filière papier graphique” en France, sans omettre d’en analyser les dynamiques respectives, c’est à la fois pour en souligner la diversité et relever la profonde imbrication des intérêts économiques qui en découlent. “La filière papier graphique soutient ainsi, au total, 311 590 emplois directs, indirects et induits en France. A travers ses retombées directes, indirectes et induites, elle contribue au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 16,9 milliards d’euros et génère 1,3 milliards d’euros de recettes fiscales” nous précise-t-on. Des ordres de mesure qui – il nous faut le souligner – datent de l’avant-crise sanitaire, laquelle aura inévitablement bousculé les équilibres sur lesquels s’appuie l’étude présente…

EY décline ensuite, dans le détail, le poids socioéconomique de chaque produit imprimé issu du périmètre étudié, évaluant même les impacts probables sur la filière d’éventuelles baisses de volumes sur un segment particulier : celui des imprimés publicitaires. Sur la base de scénarios prospectifs, l’étude établit ainsi qu’ “une réduction de 40 % des imprimés publicitaires en circulation (par exemple à l’occasion de l’interdiction de l’utilisation d’un composant chimique/procédé d’impression ou de la mise en place d’un « Oui Pub ») aboutirait, selon les hypothèses du modèle, à une diminution dans les mêmes proportions des retombées socioéconomiques, hors externalités négatives. Soit des retombées socio-économiques amoindries de 23 917 emplois, 1 051 millions d’euros de contribution au PIB (0,05 % du PIB français) et 63 millions d’euros de recettes fiscales par rapport à la situation actuelle. Une réduction de 70 % des imprimés publicitaires en circulation amoindrirait les retombées fiscales de l’imprimé publicitaire de 41 856 emplois, 1 840 millions d’euros de contribution au PIB français (0,1 % du PIB français) et 111 millions d’euros de contribution aux recette fiscales par rapport à la situation actuelle”.

Mieux encore, l’étude va jusqu’à modéliser les conséquences d’un transfert d’une campagne de publicité imprimée vers une campagne de publicité digitale, là encore sur la base de conditions particulières. Si, à visibilité équivalente (l’efficacité sur les ventes n’étant pas traitée ici), les deux campagnes affichent des coûts déséquilibrés (une campagne imprimée étant sans surprise plus coûteuse), une campagne strictement digitale soutient un nombre d’emplois plus de 4 fois inférieur à celui d’une campagne imprimée. Une illustration prouvant une nouvelle fois qu’au-delà des seules logiques comptables visant une économie de coûts – moyennant un possible déficit d’efficacité sur la cible visée, qu’il faudrait effectivement pouvoir déterminer également – la “chaîne papier” est un moteur d’activité économique nettement plus important.

De fait, et dans un contexte où la légitimité/durabilité de l’imprimé – tout particulièrement sur le segment du prospectus – est contestée, cette étude apporte des réponses claires et étayées en termes d’impacts socioéconomiques, anticipant ainsi les conséquences probables d’une déstabilisation de la filière par des voies réglementaires. Des éléments d’importance majeure que l’UNIIC n’a pas pas manqué de porter à la connaissance des élus de la nation, de sorte à ce que les débats parlementaires (récents et à venir) se fassent sur des bases aussi éclairées que possible…

Accéder à la synthèse de l’étude

 

Mon mailing est ROI : retour en images

Dans un contexte sanitaire évidemment compliqué, les équipes de l’UNIIC et du SNCD ont uni et conjugué leurs efforts pour maintenir un événement qui n’a pas échappé aux questionnements : devant tant d’incertitudes, fallait-il repousser ou opter pour un format numérique ? Non sans quelques contraintes – certains intervenants n’ont effectivement pu faire entendre leur voix que par écran interposé – Mon Mailing est ROI s’est bel et bien tenu ce lundi 14 septembre au Grand Rex, réunissant près de 100 participants et occasionnant des échanges à ce point riches qu’ils qui auront sans mal justifié la décision des deux organisations. Retour en images sur les temps forts d’une journée qui n’en a pas manqué…

Bruno Florence, Président du SNCD.

Benoît Duquesne, Président de l’UNIIC.

Les Présidents respectifs du SNCD et de l’UNIIC ont rappelé l’importance de maintenir un événement physique porteur de sens, en des temps où les alternatives numériques ont tendance à s’imposer par défaut. Ils trouveront un écho bienvenu en l’intervention – filmée et retransmise par écran, pour le coup – du Sénateur de la Haute-Vienne, Jean-Marc Gabouty : “Il y a une nécessité de tisser des liens entre les différents métiers de la chaîne graphique” déclarait-il en effet, convaincu que “la diversité des techniques et des savoir-faire est un atout pour demain”. Des velléités de rapprochements et d’actions croisées incarnées par l’événement lui-même, dédié à situer au plus juste le print dans le monde sensiblement digitalisé du marketing direct. Car Jean-Marc Gabouty n’en doute pas, le tout-numérique est une impasse dont nous apercevons déjà les failles, dénonçant notamment un “manque de hiérarchie” dans des contenus volatiles et mal ciblés.

Christophe Barbier, Directeur de rédaction de l’hebdomadaire L’Express.

Homme de Presse, mais aussi homme de scène et de théâtre, Christophe Barbier s’est livré à une un monologue passionné en forme d’hommage au papier, célébrant notamment “une noblesse qui est le miroir de sa prestance intellectuelle”. Sans nier évidemment “la force grandissante du véhicule digital”, le journaliste a insisté sur les atouts du support imprimé qui lui sont exclusifs : il est générateur d’émotion via la sensorialité du matériau, meilleur outil de mémorisation, porteur d’une symbolique sociale forte etc. Et ce alors que, souligne-t-il, “le numérique paye aujourd’hui son immaturité : on ne sait pas encore le réguler et à certains égards, c’est une jungle où la haine donne à se répandre”. Faisant notamment ici référence aux échanges pour le moins tendus qui s’observent au quotidien sur les réseaux sociaux, Christophe Barbier n’a par ailleurs pas manqué de louer la capacité du matériau à être conservé : “Le papier n’est pas éternel, mais on sait à quel point il peut durer. En revanche, on ne connaît pas la capacité des contenus digitaux à durer, eux qui ont plutôt tendance à être volatiles et éphémères”.

Un collectif malicieusement baptisé “Vilain petit canal” s’est attaché à lire un manifeste théâtralisé, autour des atouts du mailing papier. Un autre moment de scène, qui derrière sa légèreté apparente, n’en a pas moins permis de prendre à rebours les idées reçues et rappeler les avantages de l’imprimé, notamment en termes de retour sur investissement.

Bernard Trichot, Directeur de l’IDEP.

Bernard Trichot (IDEP) puis Xavier Guillon (France Pub) ont nourri de leur expertise la séquence “Analyse économique du secteur” pour l’année 2019. Une année charnière puisqu’elle permettra de poser un socle pré-Covid-19, en forme de repère d’avant-crise. “Les volumes en marketing direct sont certes en baisse, mais il faut souligner à quel point ils restent massifs : cela représente 2,8 milliards d’euros pour les imprimés sans adresse (ISA) et 2,5 milliards d’euros pour le courrier publicitaire. C’est encore considérable, d’autant que la tendance baissière n’est pas continue : il y a des à-coups qui correspondent à l’arrêt de certaines grosses campagnes quand dans le même temps, une multiplicité de campagnes moins massives sont en plein essor” précise Xavier Guillon, illustrant notamment la chose avec le secteur caritatif, qui s’est distingué à la hausse sur la période considérée. “On trouve d’autres contre-exemples, notamment dans la PQR (Presse Quotidienne Régionale)” poursuit-il, expliquant combien “ces journaux locaux ont bien résisté pendant la crise sanitaire, par besoin d’informations locales et par la pertinence des circuits courts”.

Une table ronde bien nommée “Vis ma vie de mailing” a permis de présenter les différentes étapes de la création d’un mailing, ainsi que les innovations technologiques visant à optimiser la production des campagnes. Du donneur d’ordre à l’opérateur de data en passant par l’imprimeur/routeur, le cas d’une campagne caritative chapeautée par Fondation de France (qui se définit comme le “premier réseau philanthropique de France”) a ainsi été décortiquée dans ses moindres aspects pour mettre en exergue l’imbrication nécessaire des mondes du print et du numérique. Une façon de rendre concrets les rouages d’une “complémentarité” érigée comme un mantra tout au long de l’événement…

Restrictions sanitaires obligent, certaines interventions ont bel et bien pu être menées “en live” mais à distance. Ce sera notamment le cas de celle de Salvatore Spatafora, Directeur marketing de la Blancheporte. A l’occasion d’un test dont il aura exposé les enseignements et hypothèses de développement, 50 000 catalogues classiques ont été envoyés en même temps que 50 000 catalogues innovants et personnalisés. “Il ne s’agit aucunement de versioning mais bien de 50 000 catalogues uniques, ciblés sur la base des historiques d’achats de nos clients. Cela a généré des recommandations produits que nous avons incluses dans des catalogues personnalisés” détaille-t-il, avant de préciser, pêle-mêle, que “deux fois plus de clients se souviennent avoir reçu un catalogue quand il est personnalisé (89 %) avec un panier moyen qui augmente en moyenne de 7 %. On constate également un fort effet drive-to-Web grâce à ces catalogues : deux tiers du chiffre d’affaires est réalisé sur le site, par effet de redirection” souligne-t-il également. S’il ne désigne encore la chose que comme un “Test” qui demande à être validé en des conditions de production plus habituelles, Salvatore Spataforta ne cache pas combien l’expérience est encourageante : “Ces catalogues accomplissent un formidable travail d’avant-vente. ce sont des outils de séduction précieux avec un taux de transformation à deux chiffres” s’emballe-t-il en effet, évoquant à terme des catalogues à la fois plus singuliers, mais également plus enclins à “intégrer des contenus éditoriaux ainsi que du conseil”, conclue-t-il, non sans rappeler qu’il faudra pour cela tirer profit des nouvelles technologies qui rendent la chose possible (IA, impression numérique etc.)

Jérôme Martel, Directeur commercial d’Adrexo.

Florent Huille, Direction commerciale du Groupe La Poste.

Si l’efficacité du média courrier n’est plus démontrer, conviennent conjointement Jérôme Martel et Florent Huille, il convient toutefois d’observer la baisse des volumes qui transitent par les boites aux lettres, pour prendre acte des évolutions à engager… “Il est exact de dire que la boite aux lettres s’est vidée. mais le paradoxe, c’est qu’elle est devenue d’autant plus précieuse : le papier demeure ainsi un média ROI-iste dont il est difficile de se passer” affirme le Directeur commercial d’Adrexo. “Mieux on ‘toilettera’ nos adresses, mieux on ciblera et plus le média papier fera la preuve de sa pertinence” enchaîne Florent Huille, insistant par ailleurs pour rappeler que “la moindre requête Google a la même empreinte carbone que la production d’un sac plastique”, faisant ici écho aux attaques environnementales dont font continuellement l’objet les ISA.

Pascal Bovéro (Délégué général de l’UNIIC) et Nathalie Phan Place (Secrétaire générale du SNCD).

En conclusion, Nathalie Phan Place a voulu rappeler combien “la data est l’arme de personnalisation du papier. Ce n’est en rien un atout réservé au digital”. S’appuyant sur le même constat, Pascal Bovéro estime pour sa part que “la volumétrie imprimée ne pourra pas être maintenue et notre défi, c’est de passer d’une économie de volumes à une économie de valeur” met-il effectivement en garde. Un défi qui nécessite précisément d’intégrer de la data au print intelligent de demain, même si “notre travail sur l’ennoblissement des imprimés est plombé par des normes environnementales qui sanctionnent la qualité”, regrette le Délégué général de l’UNIIC, pointant là un autre chantier majeur : celui d’une responsabilité soutenable pour les Industries Graphiques, sommées d’évoluer au centre d’injonctions contradictoires. Se refusant toutefois de finir sur autre chose qu’un bon mot, il l’assure : “Bien que nous soyons dans le République de la créativité, on peut dire vive le ROI”.

A venir : un article sur cette journée d’échanges et de réflexion dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques…

Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19

L’UNIIC a été consultée avec d’autres branches industrielles sur le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19.

Si nombre de mesures s’orientent vers la prise en compte de la spécificité de nos process industriels et les bonnes pratiques sanitaires qui y sont associées, il demeure nombre d’incertitudes voire de complexités de mise en œuvre (port de visières, obligation de désinfection à chaque rotation, promotion du télétravail etc…) et de manière générale la non prise en compte du coût complet de ces mesures.

L’UNIIC sera en ce domaine en première ligne pour continuer à convaincre les pouvoirs publics que la protection de la santé ne saurait se concevoir sans prise en compte de nos modes de production et des process qui y sont associés…

Voici les 6 points sur lesquels porte cette consultation :

  • Les modalités de mise en œuvre des mesures de protection dans l’entreprise dans le cadre d’un dialogue social.
  • Les mesures de protection des salariés.
  • Les dispositifs de protection des salariés.
  • Les tests de dépistage.
  • Le protocole de prise en charge d’une personne symptomatique et de ses contacts rapprochés.
  • La prise de température.

L’UNIIC interpelle les professionnels du marketing et de la communication dans une lettre ouverte

Via une lettre ouverte cosignée UNIIC/IDEP publiée à la fois dans un numéro de Stratégies paru le 20 mai dernier (un numéro consacré « à la relance et au monde d’après »), ainsi que dans le mensuel « Lyon Capitale », Benoît Duquesne, Président de l’UNIIC, détermine les axes par lesquels les Industries Graphiques tâcheront, une nouvelle fois, de se réinventer. L’occasion d’annoncer notamment la création de comités de filière régionaux (avec des professionnels de la communication, du marketing, de la Presse et de l’impression) et le déploiement de diagnostics territoriaux pour un objectif clair : développer une communication de proximité, appuyée par des liens collectifs et intersectoriels forts, avec le soutien des collectivités…

Lire la Lettre signée Benoît Duquesne

 

Merci !

L’UNIIC face au Covid-19

Pascal Bovéro, Délégué général de l’UNIIC, a été interrogé par le magazine “Caractère” sur la gestion collective de la crise sanitaire. Nous reproduisons ci-dessous l’entretien dans son intégralité, qui évoque à la fois les urgences auxquelles l’UNIIC a dû répondre, cellule de crise à l’appui, mais également à moyen et court termes, les plans de reprise actuellement en réflexion…

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur le secteur graphique ?

Le secteur des industries graphiques est pluriel et les modèles économiques de chaque marché ont tous leurs spécificités. De ce constat découle une exposition au “risque de sous-activité” bien différente et un chemin critique de réponse qui variera en fonctions de ces marchés. Les plus immédiatement impactés ont été ceux liés à l’événementiel, au tourisme, à la publicité, au périodique à moyenne volumétrie et au livre… Depuis le début du confinement, nous nous sommes trouvés confrontés à plusieurs catégories de situations :

– Des annulations de commandes des grandes enseignes ou des enseignes territoriales du fait notamment du recentrage sur les consommations essentielles ne nécessitant pas une « promotion » accélératrice de l’acte d’achat.
– Une concurrence évidente des canaux de choix et d’achat digitaux imposés par la restriction des sorties et le confinement.
– La notion de « force majeure » invoquée par des donneurs d’ordre pour se retirer de marchés actés pour lesquels les imprimeurs avaient acheté le papier notamment.
– Un effondrement du marché du livre lié à la littérature générale, à la suspension de l’office, à la fermeture des librairies notamment, le livre n’étant pas considéré comme produit essentiel.

Ces marchés ont donc été réduits en volume à la portion congrue, voire à l’effondrement intégral, à l’exception des périodiques IPG frappé par ailleurs par des problématiques structurelles concernant leur distribution… Ce tableau est bien sûr à nuancer en fonction des régions et en fonction de l’hybridité du tissu graphique qui comprend des cartonniers, des acteurs industriels de l’emballage et de l’étiquette, des professionnels de l’éditique moins ou pas impactés. De manière générale, compte tenu du panel que j’ai pu créer avec L’Insee, le Medef et France stratégie, nous nous trouvions le 25 avril à 40 % de l’activité d’un mois d’avril normal avec un taux d’occupation des salariés de 35 à 45 % évoluant vers une reprise progressive par étapes.

Comment l’UNIIC aide ses adhérents à traverser la crise sanitaire ?

Dès la confirmation du confinement, l’UNIIC a décidé de créer une cellule de crise pour gérer les demandes dans le domaine social (droit du travail et sécurité au travail), économique (avec des donneurs d’ordres et des fournisseurs) et financier (avec l’Etat et les établissements financiers avec lesquels nous sommes en partenariat d’intervention : société de caution mutuelle Banque de France et Bercy).
La cellule droit social a été construite de façon à traiter l’urgence, la veille d’information et les arbitrages pour rendre compatibles les dispositifs légaux avec la convention collective. Compte tenu de notre expertise et de l’urgence de la situation, nous avons accepté d’accompagner des non adhérents.
Le travail que nous faisons avec le service social comporte plusieurs étages :
– Le travail en amont sur les projets de textes qui me sont transmis pour avis par le Medef et la CPME.
– Les interpellations directes de l’UNIIC par ce canal pour sécuriser les interprétations de l’Etat sur la profusion de textes qui s’annulent (ordonnances, décrets, communiqués, déclaration des Ministres du travail et de l’économie, que l’UNIIC a la chance de pouvoir interpeller lors de visio-conférence)
– L’accompagnement conseil au quotidien relayé par notre lettre « Com’Uniic » qui fonctionne comme une chaîne d’information en continu.
Au-delà du social, nous nous positionnons sur le plan anti-crise de notre OPCO pour le décliner et favoriser pendant la crise la prise en compte et le développement de la formation à distance.

Quel regard portez-vous sur l’état de santé de la profession face au Covid-19 ?

Je ne souhaite pas avec l’UNIIC regarder dans le rétroviseur, le dernier Edito de notre revue reprenait un titre célèbre “réparer les vivants” et notre objectif tient en trois impératifs : sauvegarder, recapitaliser, relocaliser… Le travail que je mène avec la Banque de France a conduit à revisiter certains éléments de la cotation pour le code 1812Z, mais lorsque l’heure de la reprise aura sonné, il nous faudra recapitaliser les imprimeries afin qu’elles puissent faire face à des échéances lourdes. Pour cela, il nous faut utiliser plusieurs outils financiers que l’UNIIC a mis en place voici quelques années (haut de bilan et gestion du compte clients notamment). La question de l’exploitation est centrale – à quel moment et avec quels moyens ? – mais la question portant sur la vulnérabilité financière de TPE sous-capitalisées l’est sans doute au moins autant. Si dès à présent nous sommes à même de travailler sur indicateurs de reprise future par marchés, il nous faut de toute urgence, travailler à la recapitalisation des entreprises, en étroite relation avec les établissements financiers dédiés. Si ce travail de fond n’est pas réalisé, le rebond qui se profile ne trouvera pas l’assise financière des entreprises pour produire.

Le plan de reprise construit par l’UNIIC ne saurait faire l’impasse sur un appel à la responsabilité des donneurs d’ordre, des fournisseurs, du monde de la banque et surtout du monde de l’assurance-crédit, qui se doivent tous de participer à cet élan de filière en évitant à tout prix un crédit crunch qui anesthésierait – j’insiste – le rebond que nous sommes en train de construire dans chaque région. Les informations qui nous remontent sur des assureurs-crédit qui inviteraient leurs clients à restreindre les encours et imposer un paiement comptant de certains produits, nous conduisent à penser que comme en 2008 lors de la crise financière, grand est le risque de priver certaines entreprises du légitime rebond sécurisé dont l’ensemble de la filière a besoin. L’UNIIC est en état de veille par rapport à ces dérives pour construire avec tous le comité stratégique de filière dont nous avons identifié l’impérieuse nécessité, sauf à considérer que le choix priorisé par certains est de consacrer l’adage « mourons même si nous mourons tous guéris ».

Jugez vous les mesures de chômage partiel et de fond garanti par l’état suffisante ?

Il y aurait beaucoup à dire sur l’activité partielle (sept modifications en un mois), plusieurs changements d’interprétation sur le taux horaire de prise en charge, plusieurs intervention de l’UNIIC devant le Ministère du travail pour éclaircir le statut des cadres et le statut social et fiscal des compléments patronaux, pour maintenir les rémunérations, pour un plan de soutien de la Carpilig que porte l’UNIIC et les organisations de salariés etc. Quantitativement nous pourrons faire un point complet à l’issue de l’urgence sanitaire. Mais au vu des dossiers acceptés par les Direcctes, nous comptons à ce jour 880 dossiers acceptés (sur 3900 établissements) pour 12495 salariés concernés en chômage partiel. En revanche, en activité partielle alternant périodes de travail et périodes sans, le nombre de dossiers commence à s’étoffer au fur et à mesure de la « sortie de crise » les imprimeurs faisant partie de notre panel évoquant la possibilité d’un retour à 50 à 60 % de taux d’activité en mai.

Quelles autres mesurez demandez-vous à l’Etat  pour améliorer la situation des imprimeurs ?

Longue est la liste de nos axes exposés par deux fois au cabinet de Bruno Le Maire et aux conseillers industriels de l’Élysée :
– Prioriser les circuits courts y compris (et surtout) dans la commande publique en revisitant les règles qui interdisent le localisme.
– Changer le statut fiscal des imprimeurs aujourd’hui considérés comme des livreurs de biens meubles corporels et acquittant la TVA sur la facturation, alors qu’ils sont des prestataires de services qui devraient acquitter la TVA sur les encaissements.
– Renforcer de manière drastique la loi LME du 4 août 2008 sur les délais de paiement interentreprises.
– S’appuyer sur les organisations professionnelles comme l’UNIIC pour faciliter le recours massif au prêt garanti par l’Etat, d’autant plus nécessaire que les entreprises graphiques sont sous-capitalisées et ne pourront faire face à certaines échéances.
– Donner des consignes strictes aux organes de la procédure (commissaires au plan) lors de plans de continuation pour moratoriser les échéances, dont le respect est impossible dans la période actuelle pour les entreprises.
– Accélérer la régularisation BPI des créances liées au paiement de la fabrication des imprimés électoraux, par un dispositif du même type que celui qui a été initié au moment du CICE.
– Suspendre transitoirement certaines obligations découlant de la Loi sur l’économie circulaire, tant que l’étude d’impact (sur laquelle l’UNIIC est consultée) n’est pas finalisée.
– Considérer le secteur graphique, dont les caractéristiques de vulnérabilité sont connues, comme un secteur qui peut rebondir. A condition, au vu notamment de l’actualisation de l’étude Banque de France que nous avons présentée, que les moratoires sociaux (à l’exclusion du précompte) et fiscaux (à l’exclusion de la TVA) fassent l’objet d’un abandon de créances total ou partiel. Cette proposition a été présenté aux Ministres le 23 mars dernier.
– Donner des consignes aux assureurs crédits de la place pour qu’ils puissent revoir leur scoring pour celles des entreprises qui sont sur des modèles économiques viables, mais traversent des difficultés transitoires.
– Travailler avec les assureurs pour élargir la garantie pertes d’exploitation aux circonstances actuelles et futures.
– Cesser de diaboliser le média papier sous prétexte que le distanciel serait l’unique barrière protectrice dans les rapports économiques et humains.
– S’investir à nos côtés pour travailler dans les territoires, dans le cadre des « UNIIC Tour » de la reprise, que nous organisons dans les régions avec les donneurs d’ordre, les fournisseurs et les experts qui nous aident à construire le jour d’après.

Sortir la Presse d’une situation critique

La presse quotidienne va mal : on se déplace peu pour acheter le journal et il est à craindre que pour ceux qui s’y seront essayés, l’habitude de l’abonnement numérique perdure et que BFM ou autre LCI dont on se nourrit à longueur de journée ne viennent grignoter encore des parts de marché…

Et ce n’est pas la distribution pléthorique de la Poste qui a décidé de ne plus servir nos boites aux lettres les lundis et mardis qui va arranger les choses… Pas plus que la disparition programmée de Presstalis qui entraînerait aussi toute la presse magazine et une partie du livre dans cette spirale infernale avec l’effet domino que l’on imagine sur les imprimeurs concernés, les rotativistes du magazine bien sûr mais pas que, si l’on prend en compte leurs sous-traitants.

C’est pourquoi l’UNIIC continue à se battre avec l’appui des principaux adhérents concernés pour sauver, non seulement la distribution, mais une partie de la filière et a interpellé le CIRI (Comité Interministériel de Restructuration Industrielle) et l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes) afin qu’ils prennent en compte les difficultés du secteur, actuelles mais aussi celles qui vont apparaître après la reprise, et fassent remonter au Gouvernement toutes les données du problème : l’écoute a été attentive, les discussions constructives, les réponses et les décisions sont espérées rapidement car les imprimeries qui relèvent du champ d’activité du labeur sont des contributeurs essentiels à la continuité du devoir d’information, de culture et de distraction et de « déconfinement » que les autres canaux gérés par l’instantanéité anxiogène ne sauraient apporter. L’écosystème édition/impression/distribution/diffusion (kiosquiers) s’organise autour de maillons interdépendants dont tout lecteur/consommateur peut bénéficier, quel que soit sa situation professionnelle ou son positionnement géographique…

Pour un secteur comme le nôtre, qui réalise un CA de 5 milliards d’euros toutes activités confondues et compte les plus belles entreprises d’Europe positionnées sur ce marché, une fragilisation de l’activité des éditeurs de périodiques entraînerait une condamnation irréversible de tous les acteurs de l’amont à l’aval de ce segment (acteurs du prépresse, imprimeurs, façonniers, routeurs, transporteurs rédacteurs, kiosquiers, etc.) avec les conséquences qui y sont associées en terme d’emplois et de vitalité des territoires….

À la suite de nos interventions nous apprenons que les MLP viennent de déposer un projet visant à assurer la continuité du secteur de la distribution : nous vous en dirons plus dès que possible…