« Bonus-malus » : le Conseil d’État annule le dispositif

Surcotisation patronale et Assurance chômage : l’UNIIC voit tous ses moyens de droit validés par le Conseil d’État

Visé par un dispositif de bonus-malus conçu pour « lutter contre la précarité » et notamment le recours abusif aux contrats courts, le secteur de l’imprimerie et des Industries Graphiques et six autres secteurs avaient uni leurs efforts pour renforcer l’attractivité des métiers de l’industrie menacés par une classification arbitraire et incohérente que l’UNIIC a demandé au Conseil d’État de censurer.

Cet arrêt qui fait droit à toutes nos demandes de fond et de forme, annule les articles 50-2 à 51 du règlement d’Assurance chômage, c’est-à-dire l’ensemble des dispositions relatives à la modulation de la contribution d’assurance chômage et ce, à compter du 1er janvier 2021.

Nous avons rédigé un communiqué (reproduit ci-dessous) avec plusieurs autres organisations professionnelles confrontées à la même menace et parties prenantes au recours. Au-delà du pourvoi et de la censure ainsi apportée par la juridiction administrative, l’UNIIC qui a construit cette défense au nom du secteur, souhaitait réaffirmer que le dispositif ainsi créé générait des distorsions avec l’univers du digital non ciblé par le texte à un moment où les pouvoirs publics nous invitent à défendre l’industrie, l’emploi et les compétences qui y sont associés.

À nous donc d’être en vigilance pour travailler avec l’État sur des éléments objectifs qui fondent notre identité à un moment ou toute la branche s’est engagée sur un accord d’activité partielle de longue durée synonyme d’engagements en termes d’emplois et d’imprimerie du futur.

[COMMUNIQUE DE PRESSE – 26 novembre 2020]

« Bonus-malus » : le Conseil d’Etat annule le dispositif

Satisfaction des organisations professionnelles à l’origine de ce recours qui saluent une décision « juste »

Saisi d’une requête en annulation contre le décret du 26 juillet 2019 relatif au régime d’assurance chômage déposée par 10 organisations professionnelles en septembre 2019, le Conseil d’Etat a rendu le 25 novembre sa décision qui annule le dispositif du bonus-malus. Une bonne nouvelle saluée par ces organisations professionnelles qui voient en cette décision un signal positif qui tient compte de la spécificité de leurs activités en termes d’emplois.

Rappel du contexte

Par décret du 26 juillet 2019, le Gouvernement a instauré un dispositif de modulation de la contribution patronale appelé « bonus-malus » destiné, initialement, à pénaliser le recours aux « contrats courts » et lutter contre la précarité de l’emploi. Mais le décret visait toutes les ruptures de contrats de travail donnant lieu à une inscription à Pôle Emploi, CDI inclus, par le biais d’un dispositif opaque et discriminant. Sans raison objective, le dispositif stigmatisait 7 secteurs d’activité, remettait en question l’employabilité durable et conduisait à l’effet inverse escompté dans un contexte économique particulièrement tendu, en proie à une forte concurrence internationale et malgré la mise en œuvre d’investissements massifs en formation pour s’adapter aux transitions technologiques, économiques et écologiques.

Dix organisations professionnelles s’étaient regroupées en déposant un recours en annulation pour dénoncer cette réforme injuste et contre-productive.

Le Conseil d’Etat annule le mécanisme de calcul du bonus/malus

Cette décision du Conseil d’Etat, rendue publique ce 25 novembre, annule l’ensemble des dispositions relatives à la modulation de la contribution à l’assurance-chômage et ce, à compter du 1er janvier 2021.

En l’état de l’annulation prononcée, aucun dispositif de modulation ne peut être mis en œuvre.

Une décision bienvenue dans un contexte particulièrement difficile

Alors que les 7 secteurs d’activité représentés par les dix organisations professionnelles connaissent une année 2020 particulièrement difficile en raison des conséquences de la pandémie COVID 19, les mois qui viennent vont être déterminants pour assurer une reprise de toute l’activité et garantir au maximum l’emploi. Cette décision va permettre aux entreprises de se concentrer sur leurs activités économiques sans être pénalisées par un dispositif contre-productif pour l’emploi et qui ne tenait absolument pas compte des spécifiés de ces secteurs.

Une nouvelle méthode et une vraie concertation pour un dispositif plus équitable et opérationnel

Les 10 organisations réaffirment leur engagement pour lutter contre la précarité de l’emploi et le chômage afin de valoriser leurs secteurs d’activité qui représentent plus d’un million de salariés en France.

Mais c’est bien la méthode et le fondement juridique du dispositif que les 10 organisations professionnelles ont remis en cause et pour lesquels elles ont été entendues. Elles souhaitent reprendre une véritable concertation avec le Gouvernement, tenant compte des spécificités de chaque secteur et sans créer une nouvelle « usine à gaz » pour continuer à créer des emplois au moment où l’économie française en a bien besoin.

Les 10 organisations professionnelles dépositaires du recours :

ANIA, Association Nationale des Industries Alimentaires

Fédération de la Plasturgie et des Composites,

FNB, Fédération Nationale du Bois,

FNTR, Fédération Nationale des Transports Routiers,

FNTV, Fédération Nationale des Transports de Voyageurs,

OTRE, Organisation des Transporteurs Routiers Européens 

SFIC, Syndicat Français de l’Industrie Cimentière,

UNIIC, Union Nationale des Industries de l’Impression et de la Communication,

UNIDIS, Union inter-secteurs Papiers Cartons pour le dialogue et l’ingénierie sociale.

Union TLF, Union des Entreprises de Transport et de Logistique de France,

Activité partielle de longue durée

Depuis le début de la pandémie, tous les acteurs du paritarisme (collège employeurs et collège salariés) se sont mobilisés aux côtés des pouvoirs publics nationaux et territoriaux pour en limiter les conséquences économiques et sociales. A ce titre, le dispositif d’activité partielle de droit commun mis en place par l’Etat a joué un rôle incontournable d’amortisseur social complété, pour notre secteur, par les mesures exceptionnelles décidées au profit des salariés et des entreprises (Lourmel, Plan anti crise de l’OPCO-EP par exemple). C’est dans ce contexte inédit que l’UNIIC et l’ensemble des membres de la CPPNI (Commission Paritaire Permanente de Négociation et d’Interprétation) ont estimé nécessaire et urgent de passer à une seconde étape attendue par les entreprises et les salariés et ce pour préparer au plus vite la relance adossée à la préservation des compétences-clefs et des emplois.

C’est sur le fondement de ce diagnostic partagé que nous avons souhaité mobiliser le dispositif spécifique d’activité partielle créé par la loi du 17 juin 2020.

Nous l’attendions, l’arrêté d’extension de l’accord APLD en date du 16 novembre 2020 a été publié au JO du 16 janvier 2021.

L’accord est donc désormais entré en vigueur conformément à son article 11. Les entreprises qui souhaitent mettre en place le dispositif d’activité partielle de longue durée sur le fondement de l’accord de branche peuvent donc le faire dès à présent.

Dans ce cadre, il appartient donc aux entreprises d’adapter le document trame annexe de l’accord à leur situation spécifique, consulter le cas échéant le CSE pour avis et transmettre ce document à la DIRECCTE pour homologation. L’administration dispose de 21 jours à compter de la réception du document établi par l’employeur pour l’homologuer. Le silence gardé par l’autorité administrative pendant le délai de 21 jours vaut décision d’homologation.

En l’absence d’accord d’entreprise, cet accord de branche dont nous accompagnerons la mise en œuvre sur le terrain, permettra d’offrir aux TPE/PME un outil ré-appropriable par elles et susceptible de recevoir l’homologation des Direccte.

Le succès de cette initiative forte se mesurera à sa traduction opérationnelle dans les entreprises avec le dialogue social qui doit accompagner ce type de dispositif qui fait le pari de préserver l’avenir…

Le Président d’Intergraf fait le point sur le futur de l’imprimé publicitaire sans adresse en Europe

Cees Verwij, Président d’Intergraf, l’association des fédérations européennes  de l’imprimerie avec laquelle l’Uniic travaille et coopère activement en tant qu’adhérent, aurait dû développer le sujet lors de son intervention prévue au Congrès de la filière graphique organisé par l’Uniic. Il a eu la gentillesse de nous en confier un condensé afin que nous puissions le partager avec nos lecteurs.

La rapide digitalisation de nos sociétés et la volonté de promouvoir la prévention des déchets influencent l’utilisation des imprimés publicitaires sans adresse et poussent certains gouvernements à envisager des mesures pour limiter ce support publicitaire.

En effet, nous constatons depuis quelques années que les systèmes d’opt-out, ou ‘STOP PUB’, mis en place dans la plupart des pays européens sont menacés.

Outre la France, la Belgique a envisagé à un moment adopter un système d’opt-in, ou ‘OUI PUB’, pour remplacer le ‘STOP PUB’. Le secteur a réagi et a réussi à convaincre les trois régions du pays de ne pas renverser le système. Les acteurs du secteur se sont engagés à améliorer le système actuel avec notamment un meilleur respect de l’autocollant ‘STOP PUB’ de la part des distributeurs ainsi que la prise en charge de l’impression et mise à disposition des autocollants ‘STOP PUB’.

En Allemagne, une pétition à l’initiative d’une ONG environnementale a rassemblé plus de 15,000 signataires et a été présentée fin 2019 au parlement allemand demandant aussi d’inverser le système ‘STOP PUB’. Cette première pétition n’ayant pas mené à une action des instances fédérales allemandes, une nouvelle pétition a récemment été initiée sur internet et rassemble déjà plus de 82,000 signataires.

Le pays qui est confronté à la pression la plus forte en ce moment sont les Pays-Bas. C’est là que le futur de l’imprimé publicitaire sans adresse en Europe risque de se jouer. La ville d’Amsterdam a décidé en 2016 de remplacer le ‘STOP PUB’ par un ‘OUI PUB’ pour réduire les déchets papier. La fédération néerlandaise des imprimeurs, la KVGO, a rapidement réagit et introduit une action en justice à l’encontre de la ville d’Amsterdam. La procédure est toujours en cours et nous attendons maintenant que la cour de cassation se prononce et formule une demande de question préjudicielle auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne sur l’interprétation du droit européen en la matière. La décision de la cour de cassation est attendue pour janvier 2021. Entre temps, d’autres villes néerlandaises ont suivi l’exemple d’Amsterdam et proposent la mise en place d’un système similaire. La KVGO est aussi en procédure judiciaire avec ces villes.

Le Danemark est aussi un pays où la menace sur les imprimés publicitaires sans adresse est très présente. Deux partis politiques souhaitent instaurer un système ‘OUI PUB’ à l’échelle nationale depuis plusieurs années. Déjà en 2012 et 2016, un parlementaire danois qui siège au Parlement Européen a demandé à la Commission Européenne si un tel système serait compatible avec la règlementation européenne. Début 2020, un autre parlementaire danois a demandé comment formuler la loi nationale pour être conforme aux Traités.

La compatibilité d’un système ‘OUI PUB’ avec la règlementation européenne est un point clé. In fine, seule la Cour de Justice de l’Union Européenne est à même d’interpréter la règlementation européenne et le cas d’Amsterdam apportera peut-être un éclaircissement au niveau juridique. En attendant, la Commission européenne a apporté à Intergraf un certain nombre d’éléments qui nous confortent dans l’idée que le système ‘OUI PUB’ serait une mesure légalement disproportionnée. Selon la Commission Européenne, pour que le système soit compatible avec le droit européen, il faudrait que la règlementation nationale ait un objectif autre que la protection des intérêts économiques des consommateurs. L’objectif pourrait être la protection de l’environnement. Même dans ce cas, la législation nationale devrait être non discriminatoire, justifiée d’une raison impérieuse d’intérêt général et être proportionnée.

Nous ne devons pas forcement nous limiter au débat juridique sur le sujet. Au contraire, notre industrie a les moyens de défendre l’imprimé publicitaire sans adresse et d’avancer des arguments plus encrés dans les réalités d’aujourd’hui :

L’imprimé publicitaire permet aux consommateurs de comparer et d’accéder aux offres promotionnelles, notamment les consommateurs les plus vulnérables qui n’ont pas accès aux informations et aux promotions en ligne. L’imprimé est aussi généralement perçu comme moins intrusif que la publicité sur internet, car exempt d’utilisation des données personnelles et donc de tout outil d’identification, de traçage ou de profilage.

Alors que les entreprises doivent gérer l’impact économique de la crise sanitaire, il parait inopportun de leur retirer un outil de communication aussi efficace qu’est l’imprimé publicitaire. C’est en particulier le cas des petites et moyennes entreprises qui ont besoin d’un outil de communication au niveau local. C’est tout aussi vrai pour les clubs de sport ou autres associations locales qui souhaitent faire connaitre leurs activités. L’imprimé publicitaire est efficace à l’échelle locale. Le limiter ne fera que soutenir la publicité sur internet et le commerce en ligne qui profitent essentiellement aux géants du numérique plutôt qu’à nos entreprises européennes.

Enfin, les considérations environnementales liées à l’imprimé publicitaire sont primordiales car souvent le prétexte pour introduire des mesures restrictives. Avec un taux de recyclage de 72%, l’Europe est le leader mondial en matière de recyclage papier. Les systèmes de collecte sélective du papier et les installations de recyclage sont bien établis et performants. Le papier recyclé est une ressource précieuse pour la production de nouveaux papiers ou cartons d’emballage. Les imprimés publicitaires sont d’ailleurs généralement imprimés sur du papier contenant une large proportion de fibres recyclées.

Si on restreint les imprimés, les budgets publicitaires seront redirigés vers des alternatives numériques, qui ne sont pas exemptes d’impacts environnementaux en raison de leur consommation d’énergie ainsi que de la création toujours croissante de déchets électriques et électroniques.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de nous rassembler autour de notre fédération européenne Intergraf pour échanger et défendre ensemble nos produits et nos métiers.

Le livre, un bien essentiel

Nous reproduisons ci-dessous in extenso le communiqué co-signé par le Syndicat national de l’édition (SNE),  le Syndicat de la librairie française (SLF) et le Conseil permanent des écrivains (CPE) quant à la nécessaire qualification du livre en “bien essentiel”, justifiant la continuité d’activité pour la Filière Livre – fabrication comprise – durant la période de confinement.

L’UNIIC s’associe sans réserve aux constats dressés par ses partenaires auteurs, libraires et éditeurs, avec la volonté ferme de ne pas revivre l’épisode de mars dernier, les librairies ayant en effet toute légitimité à se présenter comme un indispensable rempart culturel, face au risque d’isolement. 

[COMMUNIQUE]

La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles.

L’extraordinaire appétit de lectures chez les Français, jeunes ou adultes, s’est à nouveau confirmé ces derniers mois ; les livres assouvissent notre besoin de compréhension, de réflexion, d’évasion, de distraction, mais aussi de partage et de communication, y compris dans l’isolement.

Le premier confinement n’avait pas permis hélas de maintenir les librairies ouvertes, blessant au cœur toute la filière du livre ; les professionnels n’y étaient pas préparés. Mais depuis, les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées.

Le « click and collect » est indispensable et d’ores et déjà en place dans un très grand nombre de points de vente. Mais il ne saurait combler toutes les attentes des lecteurs, notamment dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année où plus d’un quart des livres sont achetés. Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ?

Aussi, auteurs, illustrateurs, éditeurs et libraires lancent un appel solennel, solidaire et responsable, au gouvernement : laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel. Nos lecteurs, attachés à la librairie indépendante, ne le comprendraient pas et le vivraient comme une injustice.

Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités culturelles et sanitaires.

Syndicat national de l’édition (SNE)
Syndicat de la librairie française (SLF)
Conseil permanent des écrivains (CPE)

Source : site du SNE

L’imprimerie et les industries graphiques relèvent-elles des secteurs “aidés” visés par l’article 65 de la loi de finances rectificative ?

La situation sanitaire a conduit les pouvoirs publics à prendre un ensemble de mesures (confinement, fermetures administratives, restriction de circulation et de réunions, couvre-feu etc.).

Ces mesures qui sont appelées à se renforcer ont un impact économique récessif sur des champs d’activités de notre secteur jusqu’alors peu affectés par un semblable niveau de sous-activité.

Dès l’origine, l’UNIIC s’est rapprochée des services de Bercy pour voir le secteur imprimerie et industries graphique intégré à la liste S1 bis listant les secteurs dépendants de celles des activités qui ont fait l’objet de restrictions engendrant une très forte baisse de leur chiffre d’affaires.

Les dispositifs d’exonération de cotisations sociales et d’aide au paiement des cotisations et contributions bénéficient en effet aux entreprises relevant des secteurs listés et ce pour la période allant du 1er Février au 31 mai 2020. Ce dispositif exceptionnel est aussi complété par le renforcement de la prise en charge de l’activité partielle jusqu’à la fin de l’année pour ces secteurs  et l’éligibilité  prioritaire au fonds de solidarité.

Cependant, le code caractérisant l’activité de l’entreprise (code Ape) en référence à la nomenclature NAF, demeure la référence pour les pouvoirs publics, alors que la réalité de l’activité de l’entreprise ou de l’établissement peut être différente de l’attribution du code dont l’objectif est purement statistique.

C’est compte tenu de ce contexte que le Président de l’UNIIC, Benoit Duquesne et le Délégué Général pascal Bovéro, parlant au nom de toute la branche, ont rencontré ce jour jeudi 22 octobre le Ministre des TPE, Alain Griset, pour voir précisée la notion de Métiers graphiques telle qu’elle relève des textes et y intégrer nos codes Naf, dont l’activité réelle a été impactée par l’arrêt de toutes les dépenses de communication (non digitales). Et ce que ces investissements dépendent de l’événementiel, de la culture, du tourisme, de la publicité de proximité, de l’hôtellerie etc.

Après avoir rappelé le cadrage économique de la branche et les défis que des entreprises familiales avaient à relever, Le délégué Général de l’UNIIC, a insisté pour qu’une définition large de la communication graphique puisse relever de ce dispositif spécifique, compte tenu de la vulnérabilité des TPE qui en représentent la composante essentielle.

Le Ministre, complété par le cabinet, a confirmé que notre demande était dans la liste arbitrée par Monsieur Le Maire depuis que nous avons saisi Les services de Bercy, laquelle est déjà actée pour  le code 18-14 Z reliure et activités connexes.

Compte tenu de l’urgence de la situation, nous sommes convenus de nous revoir avec le cabinet dans les prochains jours pour nourrir le décision du Ministre, qui semble déjà largement acquise et devrait se traduire par une modification de la liste S1 bis

Note d’information sur les huiles minérales et les papiers graphiques

[COMMUNIQUE UNIIC]

Depuis plusieurs mois, l’UNIIC sensibilise, avec d’autres parties prenantes, le secteur graphique et l’ensemble de la filière sur la nécessité de travailler à la recherche de solutions alternatives aux encres à base d’huiles minérales compte tenu, notamment, des contraintes règlementaires procédant de l’article 112 de la loi AGEC.

Les huiles minérales sont des substances (mélanges d’hydrocarbures) contenues dans les encres offset (heatset et coldset). Elles peuvent contribuer à exposer les consommateurs à des risques potentiels liés à la migration de leurs composés. Ce risque et la régulation réglementaire qui y est associée concernent certes en premier lieu le secteur de l’emballage. Mais les imprimés publicitaires et à terme les périodiques, vont être impactés par cette interdiction.

Les imprimeurs et acteurs amont/aval (producteurs d’encres, de colles, fournisseurs et transformateurs d’emballages, éditeurs, industriels de recyclage etc.) ont travaillé sur des solutions alternatives techniquement disponibles et économiquement supportables. A ce titre, plusieurs imprimeurs en partenariat avec leurs fournisseurs d’encres et certains éditeurs ont testé la pertinence et l’efficacité technologique et économique d’encres alternatives dites “encres blanches”.

Les retours d’expériences, grâce notamment à l’investissement Recherche et Développement des fournisseurs d’encres et des imprimeurs, sont positifs. Toutefois, les premières remontées de tests, si concluants soient-ils, font apparaître un surcoût dont la moyenne s’établit entre 3 et 5 %.

L’UNIIC, sans s’ingérer dans les politiques commerciales de chacune des entreprises adhérentes, a vocation à fédérer ces initiatives et s’est investie dans la promotion de l’appel à projet Citeo dont les résultats seront déterminants quant à la pertinence de l’appropriation des encres alternatives par les imprimeurs.

Et, dès à présent, compte tenu des enjeux économiques qui impactent lourdement le paysage graphique et notamment les imprimeurs, qui ont fait le choix d’anticiper le basculement aux encres blanches, il nous semble indispensable que nous prenions collectivement et individuellement la mesure des surcoûts ainsi engendrés qui ne peuvent rester à la seule charge des industriels, déjà confrontés à des aléas qui menacent leur chaine de valeur.

Le Congrès de la Filière Graphique est annulé !

Contraints et forcés, nous sommes dans l’obligation d’annuler cet évènement et nous en sommes navrés.

La participation, malgré les circonstances, était au rendez-vous tant le contenu était brillant et s’inscrivait dans les tendances de nos précédents événements.

Face aux incohérences et aux imprécisions des récentes décisions prises par les pouvoirs publics du Rhône qui impactent l’établissement d’accueil que nous avions choisi, il ne nous est malheureusement pas possible de mener à bien cet évènement dans des conditions optimales.

Toute l’équipe de l’Uniic qui s’est tant investie ces derniers mois pour bâtir un programme à haute valeur ajoutée partage votre déception face à ce cas de force majeure qui nous impose de respecter le principe de réalité.

Nous ferons tout notre possible avec les intervenants pour exploiter au maximum les sujets de qualité qui devaient être développés lors de cette journée. Nous vous les proposerons sous d’autres formes et vous disons à très bientôt en vous remerciant pour votre confiance et votre fidélité.

Mon mailing est ROI : retour en images

Dans un contexte sanitaire évidemment compliqué, les équipes de l’UNIIC et du SNCD ont uni et conjugué leurs efforts pour maintenir un événement qui n’a pas échappé aux questionnements : devant tant d’incertitudes, fallait-il repousser ou opter pour un format numérique ? Non sans quelques contraintes – certains intervenants n’ont effectivement pu faire entendre leur voix que par écran interposé – Mon Mailing est ROI s’est bel et bien tenu ce lundi 14 septembre au Grand Rex, réunissant près de 100 participants et occasionnant des échanges à ce point riches qu’ils qui auront sans mal justifié la décision des deux organisations. Retour en images sur les temps forts d’une journée qui n’en a pas manqué…

Bruno Florence, Président du SNCD.

Benoît Duquesne, Président de l’UNIIC.

Les Présidents respectifs du SNCD et de l’UNIIC ont rappelé l’importance de maintenir un événement physique porteur de sens, en des temps où les alternatives numériques ont tendance à s’imposer par défaut. Ils trouveront un écho bienvenu en l’intervention – filmée et retransmise par écran, pour le coup – du Sénateur de la Haute-Vienne, Jean-Marc Gabouty : “Il y a une nécessité de tisser des liens entre les différents métiers de la chaîne graphique” déclarait-il en effet, convaincu que “la diversité des techniques et des savoir-faire est un atout pour demain”. Des velléités de rapprochements et d’actions croisées incarnées par l’événement lui-même, dédié à situer au plus juste le print dans le monde sensiblement digitalisé du marketing direct. Car Jean-Marc Gabouty n’en doute pas, le tout-numérique est une impasse dont nous apercevons déjà les failles, dénonçant notamment un “manque de hiérarchie” dans des contenus volatiles et mal ciblés.

Christophe Barbier, Directeur de rédaction de l’hebdomadaire L’Express.

Homme de Presse, mais aussi homme de scène et de théâtre, Christophe Barbier s’est livré à une un monologue passionné en forme d’hommage au papier, célébrant notamment “une noblesse qui est le miroir de sa prestance intellectuelle”. Sans nier évidemment “la force grandissante du véhicule digital”, le journaliste a insisté sur les atouts du support imprimé qui lui sont exclusifs : il est générateur d’émotion via la sensorialité du matériau, meilleur outil de mémorisation, porteur d’une symbolique sociale forte etc. Et ce alors que, souligne-t-il, “le numérique paye aujourd’hui son immaturité : on ne sait pas encore le réguler et à certains égards, c’est une jungle où la haine donne à se répandre”. Faisant notamment ici référence aux échanges pour le moins tendus qui s’observent au quotidien sur les réseaux sociaux, Christophe Barbier n’a par ailleurs pas manqué de louer la capacité du matériau à être conservé : “Le papier n’est pas éternel, mais on sait à quel point il peut durer. En revanche, on ne connaît pas la capacité des contenus digitaux à durer, eux qui ont plutôt tendance à être volatiles et éphémères”.

Un collectif malicieusement baptisé “Vilain petit canal” s’est attaché à lire un manifeste théâtralisé, autour des atouts du mailing papier. Un autre moment de scène, qui derrière sa légèreté apparente, n’en a pas moins permis de prendre à rebours les idées reçues et rappeler les avantages de l’imprimé, notamment en termes de retour sur investissement.

Bernard Trichot, Directeur de l’IDEP.

Bernard Trichot (IDEP) puis Xavier Guillon (France Pub) ont nourri de leur expertise la séquence “Analyse économique du secteur” pour l’année 2019. Une année charnière puisqu’elle permettra de poser un socle pré-Covid-19, en forme de repère d’avant-crise. “Les volumes en marketing direct sont certes en baisse, mais il faut souligner à quel point ils restent massifs : cela représente 2,8 milliards d’euros pour les imprimés sans adresse (ISA) et 2,5 milliards d’euros pour le courrier publicitaire. C’est encore considérable, d’autant que la tendance baissière n’est pas continue : il y a des à-coups qui correspondent à l’arrêt de certaines grosses campagnes quand dans le même temps, une multiplicité de campagnes moins massives sont en plein essor” précise Xavier Guillon, illustrant notamment la chose avec le secteur caritatif, qui s’est distingué à la hausse sur la période considérée. “On trouve d’autres contre-exemples, notamment dans la PQR (Presse Quotidienne Régionale)” poursuit-il, expliquant combien “ces journaux locaux ont bien résisté pendant la crise sanitaire, par besoin d’informations locales et par la pertinence des circuits courts”.

Une table ronde bien nommée “Vis ma vie de mailing” a permis de présenter les différentes étapes de la création d’un mailing, ainsi que les innovations technologiques visant à optimiser la production des campagnes. Du donneur d’ordre à l’opérateur de data en passant par l’imprimeur/routeur, le cas d’une campagne caritative chapeautée par Fondation de France (qui se définit comme le “premier réseau philanthropique de France”) a ainsi été décortiquée dans ses moindres aspects pour mettre en exergue l’imbrication nécessaire des mondes du print et du numérique. Une façon de rendre concrets les rouages d’une “complémentarité” érigée comme un mantra tout au long de l’événement…

Restrictions sanitaires obligent, certaines interventions ont bel et bien pu être menées “en live” mais à distance. Ce sera notamment le cas de celle de Salvatore Spatafora, Directeur marketing de la Blancheporte. A l’occasion d’un test dont il aura exposé les enseignements et hypothèses de développement, 50 000 catalogues classiques ont été envoyés en même temps que 50 000 catalogues innovants et personnalisés. “Il ne s’agit aucunement de versioning mais bien de 50 000 catalogues uniques, ciblés sur la base des historiques d’achats de nos clients. Cela a généré des recommandations produits que nous avons incluses dans des catalogues personnalisés” détaille-t-il, avant de préciser, pêle-mêle, que “deux fois plus de clients se souviennent avoir reçu un catalogue quand il est personnalisé (89 %) avec un panier moyen qui augmente en moyenne de 7 %. On constate également un fort effet drive-to-Web grâce à ces catalogues : deux tiers du chiffre d’affaires est réalisé sur le site, par effet de redirection” souligne-t-il également. S’il ne désigne encore la chose que comme un “Test” qui demande à être validé en des conditions de production plus habituelles, Salvatore Spataforta ne cache pas combien l’expérience est encourageante : “Ces catalogues accomplissent un formidable travail d’avant-vente. ce sont des outils de séduction précieux avec un taux de transformation à deux chiffres” s’emballe-t-il en effet, évoquant à terme des catalogues à la fois plus singuliers, mais également plus enclins à “intégrer des contenus éditoriaux ainsi que du conseil”, conclue-t-il, non sans rappeler qu’il faudra pour cela tirer profit des nouvelles technologies qui rendent la chose possible (IA, impression numérique etc.)

Jérôme Martel, Directeur commercial d’Adrexo.

Florent Huille, Direction commerciale du Groupe La Poste.

Si l’efficacité du média courrier n’est plus démontrer, conviennent conjointement Jérôme Martel et Florent Huille, il convient toutefois d’observer la baisse des volumes qui transitent par les boites aux lettres, pour prendre acte des évolutions à engager… “Il est exact de dire que la boite aux lettres s’est vidée. mais le paradoxe, c’est qu’elle est devenue d’autant plus précieuse : le papier demeure ainsi un média ROI-iste dont il est difficile de se passer” affirme le Directeur commercial d’Adrexo. “Mieux on ‘toilettera’ nos adresses, mieux on ciblera et plus le média papier fera la preuve de sa pertinence” enchaîne Florent Huille, insistant par ailleurs pour rappeler que “la moindre requête Google a la même empreinte carbone que la production d’un sac plastique”, faisant ici écho aux attaques environnementales dont font continuellement l’objet les ISA.

Pascal Bovéro (Délégué général de l’UNIIC) et Nathalie Phan Place (Secrétaire générale du SNCD).

En conclusion, Nathalie Phan Place a voulu rappeler combien “la data est l’arme de personnalisation du papier. Ce n’est en rien un atout réservé au digital”. S’appuyant sur le même constat, Pascal Bovéro estime pour sa part que “la volumétrie imprimée ne pourra pas être maintenue et notre défi, c’est de passer d’une économie de volumes à une économie de valeur” met-il effectivement en garde. Un défi qui nécessite précisément d’intégrer de la data au print intelligent de demain, même si “notre travail sur l’ennoblissement des imprimés est plombé par des normes environnementales qui sanctionnent la qualité”, regrette le Délégué général de l’UNIIC, pointant là un autre chantier majeur : celui d’une responsabilité soutenable pour les Industries Graphiques, sommées d’évoluer au centre d’injonctions contradictoires. Se refusant toutefois de finir sur autre chose qu’un bon mot, il l’assure : “Bien que nous soyons dans le République de la créativité, on peut dire vive le ROI”.

A venir : un article sur cette journée d’échanges et de réflexion dans le prochain numéro d’Acteurs Graphiques…

Protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19

L’UNIIC a été consultée avec d’autres branches industrielles sur le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie de Covid-19.

Si nombre de mesures s’orientent vers la prise en compte de la spécificité de nos process industriels et les bonnes pratiques sanitaires qui y sont associées, il demeure nombre d’incertitudes voire de complexités de mise en œuvre (port de visières, obligation de désinfection à chaque rotation, promotion du télétravail etc…) et de manière générale la non prise en compte du coût complet de ces mesures.

L’UNIIC sera en ce domaine en première ligne pour continuer à convaincre les pouvoirs publics que la protection de la santé ne saurait se concevoir sans prise en compte de nos modes de production et des process qui y sont associés…

Voici les 6 points sur lesquels porte cette consultation :

  • Les modalités de mise en œuvre des mesures de protection dans l’entreprise dans le cadre d’un dialogue social.
  • Les mesures de protection des salariés.
  • Les dispositifs de protection des salariés.
  • Les tests de dépistage.
  • Le protocole de prise en charge d’une personne symptomatique et de ses contacts rapprochés.
  • La prise de température.

“Nous avons de fortes convictions mais peu de certitudes !” Pascal Bovéro, Délégué Général de l’UNIIC

Dressant à la fois une synthèse des impacts de la crise sanitaire sur les Industries Graphiques, et dessinant les conditions et contours d’une relance difficile à appréhender dans un contexte où des facteurs sensibles s’amoncellent (crise de la distribution, remise en cause de la publicité, digitalisation accélérée des usages etc.) l’interview de Pascal Bovéro, Délégué Général de l’UNIIC, est à lire sur le site de Culture Papier.

Quel est l’état général des entreprises du secteur de l’imprimerie après la crise du Covid ?

La branche “Industries Graphiques” regroupe en fait plusieurs secteurs d’activité dont le poids pondéré en nombre d’établissements (hors emballages) peut être synthétisé de la manière suivante :

– Pré-presse/imprimerie: 79 % des effectifs entreprises

– Sérigraphie/impression numérique grand format : 12 %.

– Routage et Reliure, Brochure, Dorure : 9%

Il n’est, à cet égard, pas inutile de souligner que 96 % des entreprises de ces secteurs comptent moins de 50 salariés.

Le poids des marchés

Pour pouvoir mesurer l’impact de la crise, il faut, en premier lieu, rappeler que les chiffres doivent être maniés avec prudence car dans une catégorie statistique (imprimés publicitaires, périodiques, livres, travaux administratifs et commerciaux etc.) sont agrégées des réalités multiples en termes de procédés, de process, de nomenclatures et de compétences, avec des vulnérabilités d’entreprises sensiblement différentes. C’est après avoir rappelé, ce contexte structurel, qu’il nous faut intégrer les conséquences d’une crise inédite qui a vu, pour partie, s’effondrer nos repères et une partie de nos modèles économiques, la branche graphique étant un outil de facilitation des échanges, peu compatible avec la notion de distanciation.

L’impact de la pandémie

En fonction des marchés adressés par les entreprises nous pouvons dresser le constat suivant :

Les imprimeurs de magazines d’information à haute volumétrie ont subi la baisse de la pagination publicitaire et la baisse relative des tirages, mais nous pouvons considérer que ces biens sont à classer dans la catégorie des services essentiels au titre du devoir d’information, limitant ainsi la baisse d’activité pour cette catégorie de supports. Toutefois, pour les autres catégories de périodiques, la crise endémique ayant affecté Presstalis a renforcé la frilosité des éditeurs avec les conséquences qui ont frappé toute la chaîne des acteurs de la fabrication/distribution de la presse (abandon de certains hors-séries, fermeture de certains kiosques etc.). Cette “cassure” a été renforcée par une discontinuité du service postal pour les abonnés, qui a affecté pendant plusieurs semaines la diffusion de ce qui était devenu pourtant un lien social incontournable.

Les imprimeurs orientés publicité et périodiques ont pu conserver 50 % de leurs effectifs à la production et 40 à 60% de leur taux d’activité. Toutefois, les ISA (Imprimés sans adresse), la communication événementielle, les catalogues  etc. ont disparu des plannings pendant 6 semaines en moyenne, faute de clients certes mais aussi de distributeurs.

Les imprimeurs de livres : Les éditeurs ont été contraints de supprimer l’office, de décaler leurs titres phares à la rentrée avec les risques d’écraser le “fonds” et ont dû faire face à l’annulation du Salon du Livre. En outre, le confinement s’est traduit par une fermeture des librairies qui ont vite repris le chemin du conseil et de la créativité dès qu’elles ont pu rouvrir mais une part non négligeable de celles-ci, malgré la mise en chômage partiel des salariés de ces commerces de proximité, sont vulnérables, avec les risques de disparition pour 25 % d’entre elles.

A noter en outre que les audiobook s’installent dans notre paysage culturel.

Au niveau des ressources humaines, tous marchés confondus, les conséquences ont été les suivantes :

– Un recours massif à l’activité partielle, aux moratoires de charges sociales et fiscales, aux PGE voire aux procédures collectives…

Un recours plus modeste au télétravail pour les fonctions support.

En synthèse, le volume traité au cours de l’année 2020 sera en net repli certes mais la contrainte la plus conséquente tient à la sous-capitalisation des entreprises qui fragilise celles-ci, entreprises que nous devons accompagner…

L’état a t-il pris les décisions qui s’imposaient pour le secteur ? En espérez-vous certaines en particulier ?  

L’état a incontestablement pris la mesure des besoins des entreprises en développant un système très attractif d’activité partielle dont il faut cependant regretter que les règles aient changé à de multiples reprises, au cours de la dernière période (cinq modifications légales ou réglementaires). Néanmoins nous avons compté 60 % des effectifs salariés du secteur en activité partielle avec une reprise progressive à partir du déconfinement, système de rémunération ne supportant pas les charges sociales. Ces combinaisons de dispositifs ont permis aux entreprises du secteur, d’amortir le choc de la sous-activité, qui a été en moyenne de 70 % par rapport à l’année passée à semblable époque ! En ce qui concerne les PGE, ceux-ci ont bénéficié majoritairement à nos adhérents comptant moins de 20 salariés et nous œuvrons pour que ceux-ci soient transformés en quasi-fonds propres, afin d’éviter les effets de ciseaux. D’autres mesures figurant dans le plan de relance sont de nature à consolider des secteurs comme les nôtres

Vous organisez le 25 septembre le Congrès de l’UNIIC à Lyon , quelles sont les principales lignes de forces que vous allez développer ? Les principaux thèmes abordés ? 

Nous avons choisi un lieu symbolique (L’Institut Louis Lumière à Lyon) pour valoriser le secteur et rapprocher son histoire et son identité, de l’art cinématographique. La construction du programme est un riche pari sur les futurs possibles des industries graphiques, à un moment où chacun s’interroge sur les innovations que nous devons porter pour rompre avec la monotonie ambiante. Nous allons changer de format pour mieux identifier les changements à l’œuvre dans plusieurs pays Européens que nous avons conviés et qui interviendront avec Intergraf pour partager les bonnes pratiques mises en œuvre dans certains pays ayant subi les mêmes contraintes que les nôtres.

En outre, nous avons associé plusieurs donneurs d’ordre et fournisseurs pour disposer d’un regard croisé sur les pistes de diversification qui s’offrent à nous dans un contexte où la Drupa se redimensionne. Vu les circonstances, notre interrogation collective portera sur la façon dont le secteur doit créer de la valeur ajoutée et partagée dans les territoires en axant notre approche sur une stratégie de filière. Le congrès sera aussi l’occasion de marier les innovations historiques des frères Lumière et la spécificité de nos positionnements. Le parallélisme des deux secteurs transformés par le numérique nous conduira à remettre en perspective nos chemins critiques d’évolution.

Pensez-vous que nous allons assister à une vague relocalisation de nos industries comme l’a annoncé le président de Système U ?

La sensibilité aux relocalisations est grande dans les secteurs industriels qui font l’objet aujourd’hui de toutes les attentions. Mais, du discours aux faits, le cycle est long. L’un des cas que nous avons valorisé – L’enseigne System U (relire notre interview) –  est spécifique du fait de l’organisation de cette enseigne : un lien de proximité très fort et une “ruralité” affirmée. L’organisation des principales enseignes n’est pas construite sur le même modèle et la part pondérée d’enseignes de centre-ville par rapport aux grandes surfaces de périphérie distingue les enseignes “massifiées” de type hyper par rapport aux autres.

Le rapport à l’imprimé publicitaire et à la communication responsable adossé à des circuits-courts est donc sensiblement différent suivant l’histoire et l’ADN des magasins et des marques. C’est dans ce contexte que nous avons salué le volontarisme de System U, en étant toutefois prudent quant à l’effet “dominos” que pourrait avoir cette initiative. L’UNIIC travaille avec plusieurs donneurs d’ordre sur cette thématique mais il faut dépasser les discours pour entrer dans un concret mesurable. La communication responsable doit intégrer la relocalisation des flux, vu les conséquences que ces activités ont sur les compétences et l’emploi. Il faut toutefois convaincre les “metteurs” sur le marché qu’éco-conception, ACV, pédagogie active du support et circuits-courts doivent être combinés pour faire de l’imprimé intelligent, le garant du “mieux-disant”.

Quels types d’innovations attendez-vous de l’écosystème du papier face aux nouveaux enjeux qui se profilent ?

Nombre d’innovations constituent déjà une réponse à la nouvelle donne qui nous fait passer d’une économie du volume à une économie de la personnalisation. Il n’en demeure pas moins que la question de notre reconversion multisupports/multiprocédés est à l’ordre du jour, si nous ne voulons pas restés mono-orientés sur une filière de la seule massification qui pourrait nous être reprochée à l’heure où le digital a laissé croire que tout était mesurable, profilable et déclinable… La période de confinement a laissé des traces en termes de comportement et de digitalisation des relations. Il nous faut donc nous réapproprier ce qui fait notre noblesse : le sens, la profondeur mais aussi les vertus environnementales de notre support et jouer la carte des innovations technologiques, mariées avec les innovations alternatives biosourcées).

L’innovation procédé doit s’adosser à l’innovation matériau, l’innovation créativité et l’innovation organisationnelle (flux optimisés par exemple). L’UNIIC travaille avec un club d’imprimeurs, par le biais de Webinars, pour tester des solutions avec les donneurs d’ordre. C’est à ce prix que nous passerons du prix à la valeur pour éviter de prioriser la seule moins-disance économique qui est aussi une moins-disance écologique et sociale.

Propos recueillis par Culture Papier le 27 juillet 2020